mardi 10 juillet 2018

Aventure pour l'arche perchée

Récit d'une balade originale et sauvage réalisée le 30 juin 2018


Voilà des mois, j'avais pris cette photo et,si je trouvais fascinant le décor dans son ensemble, cette ouverture en plein ciel, qui me faisait un petit clin d'oeil m'attira inévitablement.

Vue prise de la route de St Paul de Fenouillet

Je la revis un peu plus tard, drôle de visage un peu boudeur au regard toujours attirant.

Route de Lesquerde

Ce fut décidé en un clin d'oeil : j'irai !
Oui mais par où ?
Le plus difficile n'est pas de vouloir y aller mais de savoir comment y aller et , dans ces machins là, il n'y a pas de topo. Et même pas de sentier.
Tout ce que je savais c'est qu'un individu y avait trouvé la mort.
Ce sont des choses qui arrivent.
Oui, une seule fois puisque c'est la bonne !
Je ne rédigeai pas mon testament, d'autres en sont revenus, depuis, et je cherchai sur les vues aériennes le meilleur moyen d'accès. Il y avait bien un sentier, mais ailleurs, plus loin et il y avait surtout des tas de cailloux qui seraient mon chemin , sinon c'est un maquis épais, dense et piquant.

Me voilà partie pour 45 km de route, 2 km de piste et, en préalable, sur ma route, j'ai bien observé l'arche côté nord : rien, aucun accès. Je prends quelques repères, les seuls accès possibles sont au sud, et là mieux vaut ne pas se tromper.

Face nord

Détail : l'arche, on devine un éventuel accès

Je dépose le kangoo sur la piste qui sépare schistes et calcaires et je file dans les blocs calcaires.

Piste de desserte des vignes



Début de la rando

Mélange de roche et de maquis

Montée aisée toutefois.  Je louvoie pour éviter le maquis et lorsque c'est impossible et bien, il est presque impossible de s'y frayer chemin hormis en mode sanglier. C'est leur chemin, ça pue à outrance !!
Aspect du maquis
J'arrive sur la crête et je m'apprête à parcourir celle ci jusqu'à l'arche que je vois, toute proche : j'arriverai juste sur son toit.
La progression se fait avec un peu de varappe et l'évitement  du maquis qui la dévore. Comme pour regarder le paysage "d'en bas".

Montée en crêtes, j'irai assez loin en évitant les buissons

Un couloir étroit descend vers l'arche, envahi d'arbres, goulet sombre qui me tente mais que je ne risque pas.
Me voilà soudain forcée de ramper, poussant mon sac devant moi, suant dans cette épaisseur et touffeur car le calcaire, l'été, dans le midi, ça chauffe . Si des sangliers me chargent, impossible de leur échapper. Je regrette le grelot de chien de chasse que j'ai trouvé la veille, il pourrait me sauver la vie.

au zoom 

La vie sauve, j'aboutis SUR l'arche ! C'est bien beau : le paysage, certes, malgré les brumes, la roche que je varappe toujours mais de l'arche je ne vois rien. J'y suis dessus. Et si je la fais effondrer il y a des chances pour que je ne la vois pas davantage.

Le paysage de ma rando
Du toit de l'arche vue vers l'ouest
Alors je rebrousse chemin dans les fourrés, perds un bâton que je ne retrouverai pas et je me remets en crêtes, plein est cette fois jusqu'à leur terminus : la civilisation est bien là ! C'est tout ce que j'en verrai ce jour. Avec l'ébauche de ce sentier qui me fait voir la vie en rose.
En images : 
Train touristique (zoom) des vignes
De Rivesaltes à Axat

Vue vers l'est

Parcours en crêtes

Genévrier

Ebauche d'un couloir plongeant dans le vide

Cairn moderne







Le sentier sous la falaise






La vie en rose disais-je ?

Pas pour longtemps, l'enfer vert recommence, le sentier ni cairné ni balisé, juste ébauché se perd dans le maquis face nord, plus haut, plus épais, mieux arboré. Je suis une esquisse de chemin au pied des falaises et enfin j'oblique vers la muraille car ELLE est là.


Je vais grimper par là

Cela va me demander un peu d'efforts dans la chaleur ambiante. J'escalade une paroi rocheuse, des éboulis en me tenant solidement aux gros rocs et en un dernier effort, c'est elle cette fois qui est au dessus de ma tête. Inutile de mettre le casque ....

Eboulis glissants et pentus


Je m'aide des mains et je suis en nage


Elle est là !!

Je suis très heureuse, en nage,  même si je ne vois pas grand chose. Certes j'ai un toit élégamment courbé sur ma tête, une porte fenêtre ouverte à tous vents, un tapis de sol quelque peu encombré, des plantes vertes mais ce n'est pas un salon où on s'attarde même s'il est agrémenté d'une belle volière d'hirondelles.

Un toit bizarre

Tout près, un mur de roche facile à escalader conduit au couloir que je dédaignerai pour la seconde fois de la journée.

Dans cette falaise on peut trouver un couloir d'accès aux crêtes

Il ne me reste qu'à redescendre éboulis et mur et retrouver le sentier,

Je me glisse là dedans et parviens à retrouver mon chemin

 Je suis presque étonnée dans ce chaos et ce désordre de retrouver mes traces, ce champignon sec, ce rocher que j'ai fait glisser, cet autre que j'ai rayé avec mon bâton, ce bout de bois servant de flèche...et enfin l'air libre, la vallée qui réapparaît et la route avec sa rumeur, que j'avais oubliées tant j'étais concentrée.
Un peu de chemin sur la piste, au milieu des vignes  poussant sur un tapis de schistes et me revoilà à la voiture.


Vignes sur schistes à deux pas du calcaire

Calcaire et schistes se côtoient

Un tel périple ne se chiffre ni en hauteur, ni en longueur, juste en bonheur...
Tandis que non loin se profile ce coeur en plein ciel qui m'attend et bat pour moi.
Après le clin d'oeil...ce sera un coeur à prendre , oui mais à laisser !

Un coeur à prendre


4 commentaires:

  1. Beau coeur à prendre et quelle escalade difficile et vraiment très pentue. Tu as de la force en toi .superbes photos j'adore celle sous l'arche. Impressionnant ta performance . Je t'embrasse bien fort mille pensées à Blizzard et pleins de câlins pour lui et toute la bande .💖💖💖

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    1. Merci Annie, la journée est dure j'étais plus sereine à l'arche et même avec ce drôle de plafond sur ma tête. Bisous

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  2. Encore une belle arche, la prochaine sera encore plus séduisante ! Ces calcaires sont très beaux mais tu en as bavé entre la chaleur, le maquis, les éboulis et le risque de rencontrer un sanglier. Pour ma part j’aurais eu très peur des serpents.... rien ne te résiste, bravo ! Je t’embrasse fort Amédine triste journée pour toi, je fais plein de câlins à Blizzard sans oublier toute la tribu.

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    1. Merci Josy, période éprouvante mais c'est la vie. L'horizon se rétrécit parfois comme dans l'arche, il semble que le toit va nous tomber sur la tête et puis la fenêtre s'éclaire et les lendemains chantent à nouveau. L'affectif me perturbe beaucoup d'où le pourquoi d'une vie dans l'action, peut être. DE beaux projets se dessinent déjà , la météo n'a pas l'air de les suivre. Tu verras, je vais avoir de belles choses à raconter. Bisous un peu chat-grins

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