jeudi 28 mars 2019

Lacs d' Ariège (09)



Prélude :ce billet sera quasi sans texte, juste en couleurs...la couleur des souvenirs...

C'était au temps où je découvrais la Montagne, au temps où la Montagne m'apprivoisait.
C'était au temps d'avant les sommets.
Au temps des lacs.




Mes premiers pas je les fis en été. Il me fallait de l'eau. "En bas", chez moi, je me coulais sous la surface de la mer et je restais des heures à observer,  derrière mon masque, les couleurs changeantes des roches, des algues, de l'eau rayée de soleil. A écouter les sons assourdis mais bruyants de cette eau où jamais ne s'installe le silence.
Je me sentais protégée, isolée du monde d'en haut qui faisait mal...
Comme en un liquide amniotique...le ventre de la Mer, le ventre de la Mère...

Je découvris la Montagne, il me fallait de l'eau. Celle des ruisseaux, des torrents.


Je fis connaissance avec les lacs. Je m'y baignais, rapidement, l'eau y est si froide ! Même en été.
Je me sentais protégée, isolée du monde d'en bas qui faisait mal...
Plus tard vinrent les sommets.
Je découvris les lacs en Eté, étincelants, colorés, vivants.
Puis en Automne, un peu figés dans la nature qui flamboie, surface lisse pour mieux s'habiller de couleurs fauves.
Enfin je les abordai en Hiver, lorsque leur surface est blanche, lisse, en apparence seulement. Silencieuse, fondue au paysage mais traversée quelquefois de craquements inquiétants.
Les lacs dans tous leurs états.
Quant au Printemps...ah...le Printemps...
Pourquoi à présent me faut-il tant de sommets, de roches et d'arêtes, tant d'aspérités ? Tant de hauteur?

En images, sans mots....(2006 / 2010)


Eté


Couleur




Couleurs et reflets












Avec Lison





Automne


 






















Hiver







 









Envers....


Endroit 




Printemps


Dégel

















lundi 25 mars 2019

Balade de printemps : Nohèdes, 66

Ce fut une simple balade sans prétention et surtout sans objectif précis. Alain, après des mois d'absence voulait en douceur renouer avec la montagne; moi, après des mois intenses de montagne, je voulais juste me reposer. Et comme on ne s'était vus depuis longtemps, on a uni nos désirs et pris la route pour Nohèdes (66) et, le cas échéant, ses étangs.




Un matin calme, un ciel pur, une météo prometteuse, une bonne poignée de km de route et nous voilà au départ du sentier en forêt à 9 h 15. A 1230 m d'altitude, à Montella .  La forêt est déserte et somnole dans ce matin frais. Je retrouve avec plaisir ce décor que j'adore et dans lequel je découvrirai de la nouveauté : une très vieille histoire qui s'inscrit en taches noires sur le sol et que je n'ai jamais vues : des places charbonnières. Charbon de bois de hêtre. C'est ça qui fait le charme de la vie ; découvrir encore et toujours quelque chose...




On suit longtemps le sentier magnifique qui recoupe la piste. Le printemps s'annonce dans l'air, le bleu du ciel, la lumière, les oiseaux, la couleur, les premières fleurs. Petites touches impressionnistes.








A la sortie du sentier la neige nous accueille; elle souligne la piste, tapis blanc sur le côté avant que de l'envahir totalement. Neige dure et glacée, voire glace pure. Un reste d'isard nous attend sur la piste : 2 pattes aux os blanchis et une tête décharnée où les dents font une drôle de scie. Des questions nous occupent un moment : où est le reste de l'animal ? C'est gros un isard...


Détails d'isard ou un isard autrement


Col du Portus, 1736 m, croisement de pistes, on emprunte celle qui monte, barrée, envahie de gros coussins neigeux, la piste du canal de Jujols, ancien canal qui naît non loin d'ici et qui descend sur Jujols: long parcours de 8 km, mis en service en 1873, désaffecté depuis longtemps.
Les montagnes aux alentours présentent de belles coulées de neige dans les sapins, la rivière tout en bas au milieu de prairies roussies chante à pleine voix et le temps est superbe.



La chaîne des Pyrénées,au sud


Arrivés à la cabane pastorale, à 1880 m, Alain décide qu'il n'a pas envie de continuer bien que l'étang (Gorg Nègre) soit proche, au bout d'une belle grimpette.

Cabane pastorale de Morgou : 1880 m








On s'arrête donc on traverse la rivière d' Evol, celle là même qui chante tout en bas et qui se jette ici dans le vide et on va faire un petit tour à l'orri qu'on devine, appuyé à un gros rocher lui servant de mur. 1898 est gravé dans la roche.










L'intérieur, envahi de neige puisqu'il n'y a pas de porte est vaste, surmonté d'une charpente en bois supportant un toit de lauzes. Ce n'est donc pas un orri mais une cabane. Un petit sas d'entrée, un âtre, une cabane a le pouvoir de faire retomber en enfance et de provoquer un émerveillement. Avec une pensée pour les vaillants et ingénieux bâtisseurs ! On pique nique au soleil chaud sous un vent glacé; la montagne c'est ça .

Daté : 1898











L'intérieur : solives au plafond et tapis de neige

La cabane et son toit d'ardoises dans un somptueux décor

Prairie de montagne et vallée  de la rivière d'Evol


Restaurant de montagne

Alain paresse, moi je furète : les pierres couvertes de mousses et lichens, une vraie "pelouse" de roche parfois.




Rocher couvert de lichen

Un genévrier énorme coiffe un roc aussi énorme ; le tronc abrité dans le roc a pu se développer, fendre le roc au passage, et ça continue, recouvrir de ses branches quasi tout le rocher, une prouesse et une merveille de la nature .Qui ferait un très beau matelas, mais ça pique dur !


Le genévrier et le rocher

Un bon parasol

Ou un bon matelas

le tronc a poussé au coeur du rocher et l'a bien éclaté



Les énormes branches, juste posées sur le rocher

 J'ai marché pieds nus, me suis planté une épine de carline dans le pied, un vrai dard qui va empoisonner le reste de ma journée et la suite à venir !

Carline

On redescend, même chemin, pas de trouvaille ni de rencontres particulières; un petit salut à la rivière bondissante, nommée l'Homme mort

Sous bois de hêtres : les sols sont très secs


La rivière de l'Homme mort


 Je jette des regards acérés sur l'envers de mon décor des 2 week ends passés: le côté Jujols est fait, voici le versant Nohèdes, superbe, denté, abrupt, hostile et envoûtant.

VersantNohèdes

Nohèdes et sa montagne


Pensez donc...je ne retiens que l'envoûtant...l'hostile viendra plus tard, quand j'y serai...et je m'y vois , en plus, c'est ça le pire !





Je poste tout ça sur Facebook et j'attends, les renseignements attendus fusent...aïe, préparez vos souliers (et vos mouchoirs pourquoi pas, on risque de pleurer de fatigue là dedans) je vous promets : on ira ! Faut d'abord laisser nicher les rapaces jusqu'en juin, j'ai appris ça !



La fin du voyage s'arrête là pour nos estomacs, pour les roues ils manque encore quelques dizaines de km. Merci Alain pour ce beau voyage à bâtons rompus et amitié retrouvée.

miam !
En chiffres 
Dénivelé : 650 m
Distance parcourue : 8.5 km
Temps de marche : 4 h