lundi 29 juin 2020

"Triathlon" entre amis dans les Corbières (11 & 66)

Sortir entre amis n'est pour moi pas chose ordinaire !
Mes amis ne sont pas ordinaires non plus donc je me devais de leur concocter une petite balade qui fut à la fois sportive, musclée, originale et, cerise sur le gâteau, festive. Mais pour ce dernier point je leur fis confiance absolue!
Théâtre des activités: Serre de Vingrau (66) et Grau de Padern (11)
Nature des activités de "triathlon": mini rando, varappe et natation. Voire plongeon...Et conquête d'un sommet ! Tant qu'à faire...576 m de haut, ce n'est pas l'Everest !!
Nature des festivités: celle pré-citées auxquelles allait s'ajouter un succulent pique nique..Là ce n'est pas mon fort!
Serre de Vingrau et le village en bas

Après un vote un peu trouble fête, je file vite à l'autre bout du département, il n' y a pas de temps à perdre. La journée est grise, peu propice à la découverte du somptueux paysage qui devait être le nôtre, mais ce jour le confinement sera de rigueur, pour le soleil, la mer, le ciel bleu. Seuls les étangs nous offriront un bout de gris..
La Grande Muraille et le maquis difficile à traverser
Il est un peu plus de 9 h lorsque nous démarrons au pied de la Grande Muraille (214 m) qu'est cette montagnette qu'ils découvrent. Sa face Est est tellement amollie et arrondie qu'il ne viendrait à personne l'idée de s'y balader. Et pareil pour l'autre face, tellement abrupte qu'il ne viendrait à l'idée à personne...Mais en plus quand dans cette face se cachent des (MES) chemins secrets, invisibles à l'oeil nu (tout comme chaussés de lunettes) et bien...et bien c'est ce que je leur réserve.
Peu emprunté , le sentier est devenu une vraie étrille pour nos mollets nus , mais quand ensuite il faut foncer à travers buissons pour gagner les cônes de déjection au pied des falaises, là c'est carrément souffrant.

Dans le cône de déjection
Bref toutefois : altitude 420 m on attaque la montée du cône de déjection qui n'a qu'une idée, nous rejeter en bas. On s'accroche, la sueur ruisselle car il fait chaud et lourd et nous voilà (440m) à l'entrée du goulet qui héberge le sentier secret. Un joli piton style Serre Mourène (cirque de Troumouse) miniature marque l'entrée, que je me hâte d'escalader jusqu'en haut cette fois (je fais des progrès) puis Alain fera de même. La vue est superbe, le sommet est monoplace, peint en jaune par les lichens. le ton est donné, les mains seront de sortie aujourd'hui.

Les "Conquérants de l'inutile"
La plate forme du sommet
Après le piton, dans une sorte de fournaise, on attaque le mur : un vrai mur de roche qui rebute tant un chemin semble improbable. Il ne faut pas être grimpeur mais il faut aimer la roche, savoir trouver des prises et ici ça ne manque pas puisque les végétaux du coin sont tous ancrés dans le rocher avec solidité.

La montée du mur
Le mur franchi, étroit goulet, ensuite c'est le paradis car voici le menu à la carte : éboulis fins, éboulis grossiers, roches, le cirque est riche et s'évase sur ses 160 m, on choisira résolument d'aller sur une arête, à gauche, ainsi on dominera le paysage et c'est beau! Belle grimpe, on s'amuse comme des enfants...mais on est des enfants tant qu'on garde leur âme. Et nous trois on sait faire ! Aujourd'hui je laisse Alain faire la trace, il est plus isard que moi. De plus ...j'ai "mal partout" ce qui me vaudra un ridicule roulé boulé tout en haut dans un buisson épineux dont j'aurai du mal à m'extirper mais je respecte la Nature qui offre à mes douleurs une séance d'acupuncture inédite! Christelle inquiète,  me voit déjà faire du parapente en ayant oublié mon aile volante !!

On va attaquer l'arête bientôt

Belle séquence de grimpe



Panorama vers le Canigou voilé et la vallée de Tautavel




Arrivés sur la crête, 546 m, la mer boude, les étangs grognent, les Albères sont voilées, le Canigou confiné, on a une symphonie de gris bleus et de verts de gris à nos pieds.


Il y a quand même du dénivelé
Voyageurs immobiles des cimes




 Le sommet conquis, 576 m, pylône jeté à terre par la tempête, inspecté par nos soins, on revient sur nos pas pour la descente avec visite de l'arche perchée du Petit Dru ( nom de voie d'escalade) . Là c'est plutôt impressionnant, cette béance sur un grand vide sans fond. Je grimpe presque sur son toit, mais cela m'impressionne un peu, je préfère redescendre, qu'en aurai-je de plus ?



Vue d'en bas 


Vue d'en haut
Dans l'embrasure de l'arche ; univers minéral au possible
Photo Alain
Presque sur le toit, pas osé aller plus loin
photo Alain

Vue prise  depuis (presque) son toit


 La descente (95 m de dénivelé négatif) est un étroit chemin d'éboulis entre les murailles, absolument invisible d'où que ce soit. Il faut vraiment connaître le site ! Tout au bout de cet entonnoir en virgule se trouve...un mur évidemment ! Et une grosse chaîne permettant la désescalade. Nos mains moites peinent un peu, je suis pataude avec ma rouille articulaire qui grince mais on s'amuse bien, c'était le clou du spectacle ce passage-là.







Plein soleil 

Le sentier de descente, entre les murailles
Descente facile sur quelques mètres

 
Dernier mur 
Au pied du mur on reprend quelques forces en observant la façade, chacun évaluant jusqu'où il serait capable de grimper...encordé ! Alain prend de l'altitude...il nous regarderait de haut (euh d'en haut).
Nous voilà en bas, visite du petit refuge pourvu d'un grand nombre de couchages.
Au pied de l'arche le refuge



 Et retour à la voiture, séance d'acupuncture encore tant le sentier est encombré.
Résumé de la rando escalade :

Distance : 4.4 km
Niveau : II à II +
Dénivelé: 362 m
                                                  ............................................

La dernière partie du triathlon nous conduit dans l'Aude, au bout de 15 km de route, au bord du charmant Verdouble en un lieu assez peu fréquenté car un petit sentier de chèvres permet d' accéder au bord de l'eau mais en plus Alain découvre une échelle verticale qui nous permettra , armes et bagages (solides et liquides) compris d'aller là où personne ne va ! On est sur une sorte de presqu'île étroite et bétonnée, repas les pieds dans l'eau et vin frais "dans le coco".

Notre site et les gros blocs d'effondrement
Photo Alain
En alternance avec baignades (eau glacée), escalade de rocs et plongeons dans du cristal liquide. Un délice auquel on a rêvé sur les falaises du matin! On est servis au delà de nos espérances. Moment de convivialité et d'amitié.

Sans légende...lol


Les naïades du Verdouble: photo Alain

Je ne devrais pas donner l'adresse mais c'est au Grau de Padern, un site d'effondrement cataclysmique de rocs monumentaux, qui obstruent la rivière .Je n'ai su trouver l'époque mais tous les rocs et fractures sont gris donc oxydés depuis la nuit des temps et les immenses rocs dans le cours d'eau, leurs jumeaux, sont blancs, polis, lisses comme marbre. Pour que l'eau ait fait cette oeuvre bien au dessus de son lit, cela doit se compter en milliers d'années sinon davantage...

Elegant bijou le hameçon du Verdouble, plus dangereux que
 les pitons de pierre, j'aurais risqué les urgences !

Soudain je découvre une grotte haut perchée dans la muraille d'où s'est effondré le chaos : une belle grotte. J'appelle Alain et en 5 minutes le voilà parti dans le chaos. J'irai un jour, là je n'ai pas la force. Et puis c'est un excellent grimpeur!
Il reviendra avec des photos, où dominent les jolies couleurs de l'intérieur. Un long couloir d'une dizaine de mètres.
Peut être l'une des trois grottes de Padern où furent découverts des vestiges du paléolithique?

La zone d'effondrement et l'emplacement
de la grotte
Dans le lit de la rivière, les gros rocs


Alain dans l'ouverture de la grotte
Dans la grotte : photo Alain (de Cromagnon)

Ph Alain

Finalement l'eau venue du ciel, accompagnée de roulements de tambour donnera le signal du départ, au terme d'une journée d'amitié. rare dans ma vie de solitaire "ensauvagie", j'apprécie donc en conséquence...Merci à vous deux..



mercredi 24 juin 2020

La Carança : chemins oubliés 2 eme: Els Meners

Ou le Sentier des Mines ainsi nommé sur une carte qui n'est pas IGN; il semblerait qu'il y ait eu des mines de fer abandonnées fin Moyen Age. Vais-je trouver des traces ?


Haute Carança : prairies de Borgunya (rive droite)


Jeu de piste, jeu de miroir





Ainsi, convertie en potentiel "fin limier des montagnes", je quitte le camp (855 m) à 6 h du matin, aube claire, ciel pur, c'est de bon augure. La mise en jambes est immédiate : montée au village de Thuès (du haut) d'où part le sentier qui mène au village ruiné de Tres Valls. Un promeneur incongru et en loques croise ma route, c'est mon reflet dans un miroir cassé, dépoli et crasseux abandonné au bord du chemin depuis ....Je souris à mon reflet, ce sera la seule rencontre du jour.

Et je vais marcher en rive droite cette fois, sur les hauteurs. A l'opposé de la semaine passée.

Lever du soleil sur le verrou de Villefranche

La randonneuse solitaire et le soleil levant

Le sentier s'élève en sous bois, le ton est donné mais la couleur est rosée, incandescente, c'est lever de soleil sur le verrou de Villefranche. Des fleurs, des oiseaux, le chant de la Têt et les premiers moteurs, ainsi que Llar qui me nargue de haut, voilà le décor. J'ai pas dit le dernier mot, Llar, ma joie sera de te regarder d'en haut (ouais..t'es un repère, vieux !)


Muletier il fut
En forêt : chênes



Le sentier fut muletier, solidement construit, plaisant, 14 lacets conduisent à l'endroit où je dois le quitter. J'ai pris des repères sur mon écran à la maison, fait des schémas et noté des chiffres sur mon carnet,  donc le limier s'éveille..et ne trouve pas ! Je pousse jusqu'au ravin qui chante, celui de Tresvalls, faire le plein, je furète un peu et je trouve le départ du sentier "oublié". 1120 m. C'est parti!
Un très beau sentier, bien tracé, lisible, s'élève rapidement sur cette pente orientée plein nord où gisent quelques restes de solides murets: la chênaie devait être autrefois lieu de cultures en terrasses.
28 lacets rendent cet escarpement bien maîtrisé, voire confortable, les travailleurs du Conflent savaient maîtriser à souhait les versants et économiser leurs trajets (et leurs forces), chaque fois c'est une évidence.



Quelques girolles posées au bord du sentier attendront mon retour, je ne crois pas qu'il passe quelqu'un par ici ! Un croisement m'invite à ne pas aller à droite (croix verte) je comprendrai beaucoup trop tard qu'au retour j'aurais du y pousser ma curiosité ! Mais j'y reviendrai...
Donc j'arrive sur le secteur de Brilles, vaste espace autrefois peuplé de bergeries dont il ne reste que des ruines. Le secteur commence par une vaste clairière de cistes en fleurs et des points de vue - enfin- sur le paysage .

Cistes feuille de laurier et églantier

Brilles : un des cortals




 Le sentier musarde et ondule puis entre sans transition dans une épaisse sapinière où gisent deux cortals en ruines; mais où est donc l'espace aéré du hameau ? Rien; il brille par son absence...Je visite amplement les ruines, (1440 m) leur architecture, on devine une voûte de lauzes effondrée, magnifique !! Mes souvenirs de vue aérienne sont autres, on verra au retour. Je prends des forces dans cette oppressante futaie sombre, tout ce que je n'aime pas mais apprivoise. Arrivent à moi les moteurs puissants de motos 600 m en contrebas, la clameur de la Têt et les chants d'oiseaux. Quand on n'a pas d'ouverture sur des paysages, l'ouïe prend le relais ! J'ai parcouru 4.4 km et 600 m de dénivelé il faut cesser d'être à jeun !




 Le sentier est à présent quasi rectiligne (sud-est) mais escarpé, il va me conduire toujours en forêt dans un décor dont je ne verrai rien que des arbres immenses, d'autres jetés à terre comme un géant mikado, témoins de vieilles et violentes tempêtes, les coupes de tronçonneuse jalonnent le parcours, quelques arbres sont récemment tombés, je les enjambe et en guise de mines je ne vois rien d'autre que de vastes places charbonnières.

Un jeu de mikado géant
 Nulle vie sinon les oiseaux et je me dis "Faut être fêlé pour venir par ici. Mais le pire ? C'est de s'y régaler !!". Alors que je n'aime pas marcher en forêt...Un comble, et celle qu'a renvoyé le miroir et avec qui je marche, moi, est parfois encore une parfaite inconnue. On peut se révéler à soi même des surprises, magnifique me dis-je de s'étonner soi même encore à mon âge...Je soliloque, siffle avec les oiseaux, leur réponds, parle aux arbres, interroge le décor et ne m'ennuie pas.

La porte


Me voilà au virage sec qui fausse compagnie au chemin, je dois piquer droit vers les cimes . 1676 m, je trouve deux ruines en pierres et un câble effiloché sortant du sol. Il ne me dira rien.

A quoi tu servais toi ?

Une des deux ruines




A présent le sentier (sud-ouest) vise directement la cime ; balisé de points colorés sur les hêtres, il est fort plaisant et après 113 m de dénivelé je parviens à toucher le bleu du ciel, c'est pas trop tôt ! J'ai parcouru 6.6 km depuis le départ, j'ai une forme éblouissante, à condition de garder mon rythme, j'ai le temps, du moins je le prends.

Dans la hêtraie (aux charbonnières, encore)
Bien balisé
1789 m est une révolution dans le paysage : plein ouest ce sont les Hauts Cantons, la Cerdagne, la vallée de la Têt, l'ouverture sur la saignée de la Carança et des aiguilles rocheuses vers lesquelles je me précipite, je me juche presque au sommet, la haute vallée de la Carança s'inscrit dans le décor avec ses pics frontaliers, c'est superbe ! Enfin de la vue !
Regardez ! 


Relief typique de la Carança, en aiguilles
Le petit arbre dans la fenêtre et moi presque au sommet
Sans escalade, en passant par la droite
Le Carlit

Llar : je t'ai dépassé ! 1200 m, moi 1789 !

Les Péric, nos pyramides


Je vais appeler la suite le "Petit Troumouse" qui me rappelle en modèle réduit le Pas de Gerbats, en moins périlleux, mais la couleur, la configuration, éveillent des souvenirs. Heureux.
La suite se termine à un col que je nomme de l'Arbre Mort, 1817 m et le sentier bascule plein sud, parallèle à la Carança mais en hauteur, 600 m en contrebas coule le torrent glacé et tonitruant. Alors si j'ai été privée de paysage pendant 6 km, ce sera rattrapage : mais que c'est beau!

Le petit Troumouse

Le seul curieux du groupe !

A ma droite se déroule la rive gauche de la Carança "du sol au plafond" où je vais repérer mes dernières randos, le site de Dona Pa, Campilles, le Cami Carboner, les hauts de Campilles, Le Gallinas, et deux cascades extraordinaires, invisibles de partout ailleurs, hormis celle où je me suis baignée récemment.
Quel monument !

"Ma " cascade"  baignade
Pic de Gallinas 2624 m: bientôt

La vallée de Carança, vers l'Espagne, au fond 

Au centre, ma rando de dimanche dernier : Campilles, ses prairies, son "Planell" là haut, que je n'ai pas su atteindre

Relief d'ici


Pourtant je dois rester concentrée sur le sentier qui mérite son surnom d'oublié.


Voilà le sentier !! Faut savoir lire...et compter
 Légèrement visible, un peu cairné, je peaufine à pas lents le balisage, ajoutant cairns et repères pendus aux arbres, je cherche souvent, je progresse parfois en regardant des coupes de branchettes et arbustes faites au sécateur (un excellent repère) quand soudain, j'ai perdu le sentier, si peu marqué que je lui fausse compagnie sans m'en apercevoir. Si sauvage qu'il est envahi d'isards. Si escarpé qu'il circule entre des barres rocheuses. Si désert que c'en est merveilleux. Sauf que je le perds et me perds à sa recherche; je vais ainsi parcourir  un relief de barres rocheuse à éviter, de pierriers gris et genêts verts où je m'enfouis jusqu'en haut des cuisses (nues) espérant qu'aucune vipère n'y prendra le frais.
Et je vais grimper, grimper, espérant arriver à mon but en faisant le tour ainsi de cette sorte
d'amphithéâtre.
En images


Dans quoi je marche : genêts purgatifs

Et dans quoi je marche : éboulis

Et d'où je viens , tout là bas

Il veille sur moi, ce molosse
Toutefois certains accidents de terrain sont bien masqués et au final, voyant que j'épuise mes forces, je stoppe à 1913 m, (après 1058 m de D+), résolue à redescendre après un petit repas sans faim. Sur la carte le sentier passe par une source, à 1755 m d'altitude donc je suis 160 m trop haut. La sagesse veut que je ne poursuive pas ma quête et que je revienne sur mes pas. Je retrouve mes traces, j'ai une corde si nécessaire pour m'aider et sans encombre je retrouve le sentier et un énorme cairn moqueur. La suite sera un jeu d'enfant et je garderai de cette expédition musclée de 900 m des cuisses griffées et des muscles raidis. La source dels Corralets est glacée, domestiquée, et coule dans un grand bassin, c'est peut être ça la vraie mine du jour !

La fatigue !

Le chemin, la source et les rhododendrons
Je ressens encore les bienfaits de cette eau lavant ma fatigue
Le bouleau : à présent je sais comment
boire de l'eau de bouleau
Un bouleau peut donner 200 litres/jour




 Une aubaine pour moi qui bois tout mon soul, emplis mes gourdes et me baigne presque, lavant ma fatigue. Un cèpe me salue et je débouche sur la belle prairie en pente que je briguais la semaine passée, celle de Borgunyà, 1758 m d'altitude, un alpage oublié, un orri en ruines et une pente vers le haut, vers Prats de Dalt (2088 m) où je n'irai pas. La vue est magnifique, pas un humain, pas un animal, pas un bruit de civilisation, le début du monde dans ce lieu si sauvage et en même temps si doux, au sortir de ces rocs acérés.


Prairies de Borgunya, jusqu'à 2000 m 'altitude; ici, 1758 m, donc étendues

Telles que je les voyais depuis Campilles, la semaine dernière (tache verte)



Le Pic de Gallinas, juste en face



Le hors sentier d'où je viens : beau décor, relief difficile
Massifs cerdans et capcinois (Carlit au centre)


Je laisserais bien couler le temps ...
Repos
Le sentier continue et s'il ne se perd pas, sil ne faut pas passer le temps à le réhabiliter et le chercher, j'en ai encore pour des heures. On m'a affirmé "il se perd". Soyons sage une nouvelle fois, ce parcours, avec retour par les gorges, pour un marcheur moyen comme moi, ne peut se faire que sur 2 jours.

Haute vallée de la Carança, vers l'amont, le chemin continue vers "là bas", je n'irai pas
Alors je refais le chemin à l'envers, peaufinant mon balisage  et...je perds le sentier...évidemment au même endroit puisqu'il n'est plus marqué lisiblement. ça alors !! Je prends mon calme à deux mains, je prends des repères à vue et le retrouve rapidement, cette fois, les marques sont en place et le retour sera un jeu d'enfant. Ce sentier est assez accidenté, il monte, descend, se faufile entre des barres rocheuses, disparaît comme un serpent, et le dénivelé s'accumule. Des isards m'observent de loin en soufflant puissamment.

C'est dans ce relief accidenté que serpente le sentier, entre rocs, arbres et herbes : un jeu de pistes
Je savoure, débarrassée du guidage, les paysages qui ont pris une autre lumière, un autre relief, la forêt même qui danse sous les taches de soleil et dont les feuillages de hêtres et bouleaux s'agitent au vent léger. Je vais explorer un tronçon de sentier laissé de côté, le sentier dels meners je pense, encore, au vu de son architecture, mais il s'avère vite encombré de troncs, je ne vais pas m'y user. Un autre jour.

Retour

Le relief me fascine, des pentes comme en Ariège mais sans herbe, sans fleurs ni eau : il faut vraiment prévoir la boisson dans ces montagnes, c'est vital ! Ce sera le conseil du jour.


Sansa, 17 km vol d'oiseau

Llar


Je pense à ces hommes de jadis, à leur labeur, à cette vie phénoménale dans ces pentes abruptes; les charbonniers voisinant avec les bergers et agriculteurs, le petites baraques en pierre, sombres, leur contenu, les outils, le charbon qui fumait nuit et jour dans une senteur âcre, les cris, les animaux , mulets et autres, la fatigue, la joie de redescendre...enfin, il me semble être spectateur d'une histoire en filigrane. Ma randonnée n'en est que plus riche et plus belle. La montagne n'est pas muette.
Me revoici à Brilles : mais comment trouver sa clairière et sa vaste ruine ? Partir à travers bois ? Et si je me perds ? Certes j'ai la boussole, mais ...



Ecorce ayant modifié son ergonomie pour s'enrouler autour
d'une branchette
 Finalement , zappant encore une fois le sentier barré d'une croix verte, je comprendrai plus tard qu'il m'y aurait menée. Et bien je reviendrai, et bientôt même, pas du tout "fin limier" ici! Le sentier des 28 lacets m'invite à récolter mes girolles sagement assises au bord du chemin. Mais comme j'ai une pêche d'enfer et que j'avalerais encore des km et du dénivelé je pars en visite; ce sera TresValls, qui fut petit village fortifié, style "cellera", j'observe avec attention l'ancrage des murs dans la roche, l'église St Jean extraordinaire (qui sert de refuge parfois), une grange en ruines très surprenante, avec son pilier central qui soutenait le toit, et puis, à la rivière, les aménagements construits par l'homme pour domestiquer l'eau et le sol, ce serait trop long à conter ici. Mais le village était doté d'un aqueduc !
Tres Valls fut ruiné au 18 eme. Je plonge dans le ravin, je grimpe, je furète, j'admire la perfection des murs qui, ironie du sort,  près d'une grand route (la 116) célèbre pour ses effondrements à répétition, font preuve d'une solidité bravant les siècles.


Eglise St Jean, anciennement St André



 Je regagne Thuès, au terme d'une somptueuse journée, encore, même si le miroir m'a renvoyé une image ternie, l'éclairage nuisant à cette image...mais qu'importe, une "auto photo" me fera bien rire car ce n'était pas calculé, juste le jeu du hasard ! J'ai "la lumière à tous les étages", pour sûr aujourd'hui j'ai été "fin limier des montagnes"...Moquons nous de nous même...avant que d'autres ne le fassent !

Rigolo ! Et fortuit
En Chiffres
Distance : 17.7 km
Dénivelé positif cumulé: 1300 m
Temps d'absence : 11 h 30
La route : 140 km AR


La Carte

En bleu mon trajet sentier A/R
En rouge mes "divagations" hors sentier