samedi 30 octobre 2021

Pays Basque (64) La Rhune 905 m

 On pourrait dire que la Rhune (905 m) est au Pays Basque ou Pyrénées Atlantiques ce que le Neulós (1257 m) est aux Pyrénées Orientales ou Catalanes. 

Rhune signifie landes, Neulós signifie nébuleux.

Rhune sur terre


Rhune sur mer

Le Pic Neulós


Les Pyrénées en ces deux sites entament leur descente vers la mer avant que de s'y engloutir comme des navires, ces deux sites sont le dernier bastion élevé avec vues imprenables sur France et Espagne (Catalunya ou Navarra) , tous deux sont bardés d'antennes de télécommunication, tous deux sont prisés des promeneurs, aucun des deux n'est accessible par route sauf autorisation spéciale, l'un des deux est plus haut de 352 m, l'un des deux (l'autre) est accessible par un train à crémaillère, les deux ont une géologie différente et un point commun botanique, des hêtres.


Rhune sur barques
Rhune entre mâts

  













S'il y a d'autres choses, je ne les sais pas. Ah oui, le nôtre a un magnifique puits à glace. 

Bon ceci étant dit, j'avais au cours de mon petit voyage programmé la Rhune, à pied évidemment. C'était sans compter avec un insoutenable lumbago né de velléités écologiques (arracher de l'herbe dans ma vigne au lieu de désherber, quelle funeste idée !) lumbago qui me clouait au lit de mon fourgon et réduisait mes gestes et mes pas au strict minimum. Fallait que cela tombe à mes premières vacances depuis 3 ans. Quand on est "desgraciat", soyons le jusqu'au bout !

Donc, bardée de tous mes attributs de rando, incapable de traverser le parking, je me rends à la gare et prends le billet. Je ne l'ai pas regretté. Valide, j'eusse fait les deux balades en suivant : sur pieds puis sur rails. Et voilà la gare de Saint Ignace, du nom de la petite chapelle proche, col de St Ignace, 169 m.


Aujourd'hui

1924


20 euros l'aller retour, 17 l'aller simple, premier train du matin, 9 h 30, retour impératif, 11 h 30 à la gare en haut. Bon...adieu auberges, restau, faut avoir l'oeil sur une montre que je n'ai plus depuis ma retraite...

J'embarque dans le wagon de tête, la machine "pousseuse" est à l'arrière. Mes voisins (de mon âge) parlent basque, je déteste ne rien comprendre. J'attends qu'ils me posent une question à laquelle je répondrai en catalan. Que dalle ! Je n'existe pas....ça ne m'empêche pas de vivre.



Les lambris : châtaignier ariégeois


Le plancher : pin des landes

Le toit : sapin pyrénéen




La montée : 35 mn au rythme lent de la crémaillère et de sa pente pas congrue sur plus de 4 km ! Je suis émerveillée. Du plus proche : les rails avec leur 3 eme à crémaillère, au plan rapproché, fougères, pentes, végétation d'ajoncs épineux plus qu'agressifs, falaises taillées au couteau, au plus large, forêts qui s'avèrent un vrai musée botanique, montagnes et enfin la mer océane, sans compter le ciel habillé de vautours, tout y est pour l'enchantement auquel je n'échappe pas...Je bénis mon horrible lumbago. Sanglée comme un saucisson, avec mon bâton de rando moins significatif que la béquille sénile, je débarque, masquant silencieusement le hurlement endolori par 35 mn de grimpe à 8 km/h, les fesses sur une dure banquette datant de 1924, comme le train qui la complète. 

4.2 km de voie métrique


La crémaillère permet au train de grimper les 250 mm / m




Le sommet se devine

Un passage amusant

Une des vallées dans le massif de grès (il y a aussi du basalte)

La végétation se raréfie au cours de la montée : prairies puis ajoncs, bruyères, conifères et feuillus
et enfin lande rase

Entre forêts, landes à ajoncs et fougères

Murs de soutènement en grés

La dernière rampe bien ardue !


Et l'inverse, descente


Arrivée en haut, je zappe d'entrée l'auberge / café / boutique et autres pour aller visiter la plate forme en pente douce qui déplie mes lombaires et exalte mes sensations. Le train s'en retourne vers sa nouvelle cargaison, 350 000 visiteurs l'empruntent chaque année.

L'antenne 1966
A sa place existait un hôtel construit en 1928,
ravagé par la tempête et fermé en 1937




Hôtel Imperator, 10 chambres face à la mer

Un des "produits phare" du site, qui le propulsa au 19 eme S fut la venue (1859) de l'épouse de Napoléon III, Eugénie de Montijo, à qui on érigea une stèle (1860). On n'a rien à envier : notre Neulós a celle de Manel, le berger des Albères (St Martin) , artiste, amoureux de la nature, qui sculpta la fontaine de l'Ouillat et construisit une pyramide où il grava quelques pierres. 
                                                                           La tour de Manel, l'original et la reproduction car                                                                                         démolie par le relais hertzien.

Stèle à Eugénie de Montijo






Les antennes TDF, les bâtiments cafés / restaurants / souvenirs et la mer en fond

 Dieu que c'est beau...imaginez ce que j'ai vu...des lointains noyés de brume allant de l'océan aux Pyrénées, des villages épars de chaque côté de la frontière, des collines, des rivières, des chemins, des champs, le tout comme vu d'avion. Mais aussi, cette montagne de grès, alors le grès, ça on ne connaît pas en 66. Ou si peu. Plutôt que le décrire je vous le présente en images. Et mon dos déplié comme une corolle florale va en profiter. J'arrive même à grimper les escaliers de grés, véritables degrés de pierre brute. Pour mieux voir les lieux en bord de mer où j'étais avant là haut.

Mais la première chose que je regarde avidement, c'est la mer. Noyée hélas de brume océane.

Hendaye et côté Espagne

Socoa

Entre St Jean de Luz et CIboure

Ciboure

Ensuite je promène mes pas sur tout le plateau habité par les pottoks, ces petits chevaux basques.








=

Du grès en plaques 

On peut remarquer une étrange construction quand on aime les pierres: comme taillée par l'homme. C'était un petit ermitage qui, avant 1793, servait d'école aux enfants de Sare qui montaient à pied avec des vivres pour une semaine. En 1793, il fut détruit par les armées de la Convention qui érigèrent une petite redoute militaire. Durant la guerre franco espagnole.


Du grès en escaliers
Ancien ermitage devenu redoute.

Angle de la redoute

Belvédère sur la voie ferrée

Vive arête de grès

La molle Sare

Côté France, la paysage basque

Un court plateau, 1.2 km, hérissé de formations de grés que je parviens à escalader.

La bergerie et le roc



Entre les lames de grès (gauche sur photo précédente)

Même site vu autrement

Le temps passe vite, j'ai une petite faim et me rue à l'auberge espagnole (una venta) ou le quart d'heure imparti me permet la grosse tranche de fromage, le pain et le verre de rosé presque couleur café. 

A l'origine..."una venta" (auberge)




Me voilà dans le train pour 35 ' de retour. Le temps de vous en conter l'Histoire. 


1809 : le projet de train (pourquoi ?)

1912 : début des travaux

1914/1919 : arrêt pour cause de guerre

1924 : voie achevée et inauguration.

Le parcours s'arrêta d'abord aux "trois fontaines", le lieu se nomma "le salon de thé" car les excursionnistes y faisaient une halte.






Site des 3 fontaines (il y a 3 sources)




Au lieu dit "des trois fontaines " ou sources miroitantes


Plus bas, site de croisement


Et bien, arrivée au terminus, si j'eusse été valide, je serais remontée à pied ! Parce qu'un sentier comme ça, on ne l'évite pas !


Sentier et chemins

Arrivée en bas je suis riche ! Riche d'un exceptionnel voyage. Des dizaines de voyageurs attendent leur tour d'aller s'enrichir...ou pas...

Un coup d'oeil sur cette auberge, qui semble n'avoir pas changé, juste à côté de la gare où lui tiennent compagnie boutiques, bars , souvenirs et Saint Ignace figé à perpétuité.


Autrefois

Aujourd'hui

Proche ferme basque, même style

Ignace de Loyola 
Prêtre basque (1491-1556)