D'aucuns diront que je cultive mon égo...allez savoir, ces "d'aucuns" savent mieux que moi. D'autres diront que je suis un peu cinglée et je partage (un peu) leur point de vue, puisque Aventure sous tend une certaine Folie. Sinon il n'y a pas d' Aventure. On peut aussi trouver banale la moindre de mes Aventures et j'adhère, même si j'ai dépassé la date limite de fraîcheur pour celles-ci. Enfin certains ne diront rien, soit parce qu'il n'y a rien à dire, ou parce qu'on respecte mes délires (délices), sans porter de jugement ou émettre un point de vue.
Et moi, les points de vue, je vous les offre par mon blog. Inédits ces points de vue car peu y ont accès. Je suis une Femme Fidèle, fidèle à ses rêves d'enfant...Même si je n'ai plus l'âge.
Là bas, en face...on découvre |
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Dans ce Défilé dont j'ai refait ces temps ci mon QG après plus d'un an de pause, quand je crois que c'est fini, tout recommence. C'est Diabolique et point besoin de Murailles du Diable, Belvédère du Diable ou autres diableries, tout est diabolique. Même mon cerveau !
J'avais exploré les sentiers sur la rive gauche, sentiers de crête pour la plupart car la pente rocheuse est si tourmentée que point n'est besoin d'y chercher quoi que ce fut.
Rive gauche depuis la fenêtre |
Un des ravins du secteur |
Qui aurait l'idée de grimper là dedans ? Et pourtant....cet extrait de plan du cadastre napoléonien est un vrai défi; oh j'ai essayé de le retrouver celui ci, mon courage s'est évaporé après quelques mètres de glissades échevelées. Cela vaut il une crise cardiaque ?
Introuvable chemin |
Quant à la rive en face, la droite, nommée en certain lieu "Murailles du Diable", je n'imaginais pas y mettre un jour les pieds. Et pour cause, quels humains auraient eu l'idée d'y loger jusqu'à la simple idée d'un sentier ? J'y ai fait quelques incursions (seule et entre amis) dans le tunnel de chemin de fer (1381 m) et son obscur boyau d'une incommensurable richesse. Seul chemin devenu pédestre, au ras de l'eau avec une pente avoisinant les 1 pour mille.
Rive droite |
Je suis allée y visiter (seule puis entre amis) les galeries d'essai de cette voie datant de la fin du 19 eme S. Dans la foulée, soyons folle, j'ai rallié seule le pied de quelques falaises d'escalade, mais tout cela est resté raisonnable, du moins dans la définition que j'ai de ce mot.
J'ai partagé le déraisonnable avec Paul et Eric sur les traces du Sentier Rose, déjà un itinéraire bien plus corsé puisque en mode découverte et recherche d'un très ancien chemin dont on ignore encore le pourquoi de son existence. Nous avons donc tâté de la pierre. Du vide, du vertige et de la glissade.
Avec Eric nous avons tâté du sous terre, un magnifique boyau, ancien parcours de cours d'eau. Toujours en cette rive.
Mais non contents de cela, nous avons grimpé dans un site impensable, conduisant au sommet de falaises d'escalade et frôlant la base d'autres falaises, déjà le petit brin de folie s'accentuait. Et nous n'avons surtout pas mis un point final à ce brin là, d'autres idées d'exploration s'offrent à notre curiosité sans bornes.
La rive droite de l' Aude et ses sites dits "du Diable" |
Dans ces "randonnées" allais-je dire, plutôt "incartades à la norme", nous avons trouvé...des cordes !
Certes j'en avais 2 ou 3 dans le sac, mais sur place, le panel fut large en dimensions, calibre, matière et couleurs.
Euh également en état sanitaire...
Alors nous les avons expérimentées, certaines avec circonspection. A qui et à quoi servaient elles ? Aux grimpeurs, assurément, non pour l'assurage mais pour s'aider à accéder au point de grimpe comme pour en revenir, car le sol est un véritable tapis roulant.
Ancien chemin sécurisé |
Usage grimpeurs ? Il semblerait |
Cependant il fallut bien supposer aussi que les chasseurs pouvaient s'en servir.
Le soir, au bivouac, j'interrogeai un monsieur de 81 ans, spectateur de pétanque, qui me dit "Une nuit, il y a longtemps, j'accompagnai mon frère jumeau au poste de chasse à l'isard. dans la nuit noire il me fit monter à la corde et, au matin, quand je vis où j'étais passé, j'ai dit plus jamais". Témoignage édifiant !
Mixité des cordes entrevues, utilisées, encore, je présume davantage par les chasseurs que par les grimpeurs. Surtout en voyant le balisage usagé de ce site.
Donc, en ce 15 juillet et en solo, j'ai envie de revoir la corde qui ne m'inspirait pas la veille. Et d'analyser le passage qu'elle suivait : un chemin ? Le "sentier rose" peut être ? Poursuivons donc notre rêve...
La corde qui ne m'inspirait pas |
Voie ferrée, tunnel, fenêtres, toit, amorce du couloir et voici la corde à noeuds, noire et rêche. Je suis juste sur site pour vérifier si ces cordes balisent un sentier taillé dans le roc, ou pas.
J'agrippe la corde d'une main, je cherche des prises de l'autre, lâchant le roc pour un tronc d'arbre et, malgré mon manque de confiance, je me hisse : non ce n'est pas un chemin taillé dans le roc, mais une sorte de vire naturelle à laquelle la corde a emboité le pas ; site d'escalade me dis-je. Et je redescends, prudemment rassurée par ma propre corde.
Le voyage pourrait s'arrêter là.
Mais...hier Paul m'a dit "Je ne sens pas de monter par ce ravin". Logique, il est affreux.
Voilà le ravin /couloir sur la droite |
Donc, je vais essayer d'y grimper . Logique, j'en meurs d'envie, mais par un autre chemin. Et là je n'ai pas le choix : un mur de terre et de pierres, heureusement nanti de buissons. Et je monte, je me griffe, mais j'en vois la fin.
La fin c'est regagner le lit du ravin, bien pentu et glissant, où gisent deux cordes : une "tigrée" en chanvre effiloché dont il ne reste que quelques brins et une verte en nylon, plus qu'effilochée. Les deux réunies en faisant la moitié d'une au niveau sécurité, je me hisse, toujours une main sur les prises rocheuses.
La verte toute effilochée |
Tigrée mais en piteux état |
Je me hisse car devant moi c'est une féérie colorée de cordes.
Il y a toujours cette corde noire qui suit le bas de la falaise et qui finalement est "LE" chemin pour remonter le ravin et ensuite, de la bleue, à noeuds, de la rouge, à noeuds, qui traversent, se jouent de la pente, des glissades et autres incivilités des ravins.
LE chemin de montée et de descente |
La noire qui sert à la montée : les gradins sont le sol du ravin |
La noire, je lui confierai ma vie en descente Je ne le sais pas encore à cet instant |
Transversale |
Et voilà, je tiens en mes mains le chemin des chasseurs.
Car il s'éloigne de la falaise, ce que ne cherchent pas les grimpeurs .
Alors je grimpe, avec ou sans cordes, les chasseurs ont fait le ménage annuel, coupé des arbustes, libéré le chemin du ciel.
Je m'amuse et j'ai peur, adrénaline et prudence, fatigue et énergie alternées, c'est grandiose. Voilà un chemin inédit : un ravin !
Le lit est rectiligne, couvert de rocs, les rives sont boisées, nanties de falaises ou de ravins selon la rive.
Le ravin vers l'amont, terrain de chasse |
La pente, ici |
C'est raide, je sue, j'entends diminuer les bruits de la route, je regarde les croisements avec les poids lourds sur le serpent d'asphalte, j'écoute gronder le fleuve et siffler les oiseaux.
Des rubans bruyants |
J'écoute mon corps pour ne pas l'épuiser, j'écoute le rythme fou de mon cerveau qui continue à chercher des marques roses, celles dont on a tant rêvé. Et bien je trouverai une vieille marque bleue et un enchevêtrement de lettres oranges : BELVIANES. Territoire de chasse.
Moi je cherche du rose !
C'est signé : Belvianes , limite de communes de toute manière |
Plus tard le chasseur me dira "Vous savez que vous prenez des risques ? Vous savez que c'est dangereux ?" Mais il ajoutera "vous pouviez monter jusqu'en haut du couloir et arriver sur les crêtes".
Il me dira aussi qu'il n'y a aucun départ de sentier balisé de rose (merci j'ai pu vérifier).
Et oui, monter sur les crêtes... Sauf que je stoppe à 409 m et que le haut est à...800 m. 400 m de cet enfer ? Avec 1/2 l d'eau et deux dattes ?
Allons, revenons à nos cordes !
Et je sortirai les miennes pour un peu de hors parcours, explorer les chênes verts qui n'ont pas été exploités ici, ils ont bien leur tronc d'origine, examiner le relief pour faire quelques visites plus tard et retrouver, pourquoi pas ? le sentier rose...ne doutons de rien n'est ce pas ? Avec Eric de préférence.
En rouge, le ravin, en jaune mes excursions (encordées) |
C'est comme ça que je les utilise |
De mon perchoir j'entrevois une corde blanche : elle est bien de grimpeurs celle ci, donnant accès à la falaise.
La corde d'accès à l'escalade |
La falaise d'escalade |
Reste la descente : le choix est draconien.
- Le tracé escarpé de la montée dans les buissons? Pas engageant
-Désescalader le ravin en me servant de mes cordes? Si les chasseurs n'ont pas opté pour cela c'est que ce n'est pas sûr.
Sagement inutiles |
- La longue corde noire au ras de la falaise ? C'est plus excitant même si j'ai une (grosse) pointe d'angoisse.
Ben...faudra bien... |
Et je me lance. D'abord c'est rigolo, je franchis la rouge, la bleue, j'attrape la noire et ça va tout seul. Elle est rêche, vieille, voire effilochée. Je descends cette vire plutôt belle, avec quelques points chauds en désescalade mais je mets la marche arrière, sans rétroviseur et ça va tout seul.
En descente |
Cor (de) de chasse en traversée de ravin |
La noire, plus ancienne |
ça ressemble à rien mais c'est le chemin |
En gradins |
En désescalade |
Un peu usagée |
C'est une vire ? ou un ancien chemin? |
Oups, ça se complique |
Et on s'accroche, latéralement parlant |
Petite joie à l'arrivée |
Terminus on descend sur le toit de la voie ferrée |
Ben voilà ! J'ai eu l'impression de faire un énorme parcours, il s'avère ridicule mais c'est de loin le plus escarpé.
Et oui, voilà le lieu de l'action : pas facile, mais orné de cordes |
Et, cerise sur le gâteau, Eric reviendra avec moi une prochaine fois car ces cordes là, quelle qu'en soit la couleur, ça le tente !
Dans le tunnel, comme une corde de lumière |