Je reprends la plume pour changer de décor, de relief, de couleur, car j'ai repris la route.
Parmi la palette de couleurs qui me sera offerte, je privilégie le bleu, en cet "octobre rose" que la France célèbre chaque année pour une bonne cause.
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| Dune du Pilat. Gironde |
Un périple de 1200 km et 13 jours (mon plus grand périple pour le moment), en espérant avec impatience qu'un jour enfin je puisse aller plus loin, plus longtemps, changer de latitude et de longitude, voire de pays. On peut toujours rêver, n'est ce pas ? Des contingences familiales me brident.
Mes voyages se font en solo avec mon chat, en camping car, hors des grandes routes, en privilégiant les petites routes, sans GPS pour me guider (j'ai juste le téléphone pour vérifier parfois un point sur la carte), avec de simples cartes et sans caméra de recul, le but c'est d'aller de l'avant. J'ai la chance d'avoir un camping car moderne, confortable, mais dépourvu de ces attributs qui engourdissent le cerveau.
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| Les plus petites routes sont mon dessert |
C'est mon opinion, et une étude citée hier à la télé l'a confirmé.
Donc me voilà partie pour la France Atlantique. Avec une limite nord à ne pas dépasser, l'île d'Oléron. Inutile d'empiler les kilomètres, je préfère empiler des lieux vus avec délectation en les savourant.
J'arrive donc à l'océan après une traversée occitane et aquitaine par le sud de Toulouse. Le ciel est grand bleu, sans un nuage. Le Gers, les Landes, quelques pas sur les traces de mon adolescence en Lot et Garonne, une incursion au Pays de Mauriac (Gironde) qui inspira mon mémoire de Maîtrise comme on le nommait alors en 1972 et je me pose enfin derrière une dune à Biscarosse plage. Avant de voir l'océan, je savoure cet instant, comme lorsque en montagne je vais déboucher sur un col, ou une cime, je prends une petite pause pour humer, écouter, et imaginer...
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| Biscarosse plage : résidence "La Rafale" logements à louer interdits d'accès depuis 2019 |
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| On l'appelle aussi "les villas jumelles" |
L'océan me surprend aussi non parce qu'il est bleu, mais parce qu'il est d'un calme olympien. Où sont ses grandes vagues, ses rouleaux d'écume et son mugissement ? Où est sa brume bleutée nageant habituellement au dessus des flots ? Bien sûr je me baigne mais je reste au bord, l'océan est dangereux avec ses baïnes, courants mortels qui entraînent au large. J'en ai une peur bleue !
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| Balade en mer avec Nina la chatte, dans son panier |
Un peu plus tard, l'océan virera au bleu sombre puis au rouge flamboyant, quand l'astre du jour y plongera avant d'aller visiter un autre continent.
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| "Tu en fais une tête !" une vraie cloche |
Quant à ma nuit, derrière la dune, sur un parking, elle sera bercée par le chant de l'eau mais à marée haute seulement.
J'adore l'océan, j'en ai besoin en automne. Même en hiver.
Le lendemain, toujours grand bleu sur la forêt landaise ou girondine, il n'y a pas de frontière. Mais voilà que la forêt est clairsemée, de vastes espaces bleu ciel enveloppent le paysage, et oui, j'ai gagné le pays du grand incendie de 2022, des coupes sombres faites par le feu, les hommes y ont ajouté leur grain de sel, ont ouvert des espaces, des coupe feu....dérisoire se dit on ...
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| Les vestiges nettoyés de la forêt incendiée en 2022 |
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| Coupe-feu |
Et voilà que s'annonce la Dune du Pilat, orthographe dérivée de "pilot" ou tas.
La Dune du Pilat, c'est une hauteur de sable de plus de 100 m, s'étirant sur 2.9 km. Les archéologues ont étudié ses strates, il y a - 4000 ans, le sol était plat. Depuis, elle continue sa vie entre forêt qu'elle recouvre et étouffe et océan dont elle se retire juste un peu.
130 marches d'escalier conduisent au sommet, c'est la 12 eme plus haute mondiale, la 1ere place étant occupée par une dune argentine, 1230 m, quel sport ce doit être pour y grimper ! Ensuite c'est balade à l'envi si on aime le sable.
Il y a du bleu partout, toutes sortes de bleus, mais il est amusant d'abord d'observer les gens. Certains photographient sans regarder, d'autres déambulent, ou lisent, ou mangent. Un groupe de vieilles anglaises vêtues comme au 19 eme siècle ont extirpé d'une caisse en osier bouteille de rouge et verres et trinquent. Plus tard elles descendront la dune en voie directe, en se soutenant.
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| C'est une longue dune adossée à la forêt noircie, à un camping brûlé ; les vestiges de ruines diverses sont effarants |
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| Du haut de la dune |
Et moi ? Et bien je regarde les empreintes, humaines et animales mêlées. Et je lis l'océan. Et je bois cet air bleuté.
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| Vers le sud |
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| Vers le nord |
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| Langues de sable |
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| On y accède en bateau. Secteur du Cap Ferret |
Je reprends la route, pour contourner le Bassin d' Arcachon, joli voisin de la dune.
La marée basse l'habille de vert; j'ai le temps d'en faire le tour, de visiter les villages ostréicoles de Gujan Mestras, de savourer mon premier festin d'huîtres nacrées dans le décor bleu de la mer qui s'est retirée, de rallier le Cap Ferret, un lieu très particulier où voisinent les villas cossues et les villages ostréicoles en planches datant de la nuit des temps et, entre temps, la mer est remontée dans le Bassin.
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| "Quand la mer se retire", prix Goncourt 1963, Armand Lanoux |
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| Cabane ostréicole, altitude maxi et plaisir gustatif |
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| Marée basse au Bassin |
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| Presque marée haute dans le Bassin |
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| Ben, t'en fais encore une tête toi ! |
Mais j'ai de la chance devant ce décor rougi : sur les conseils d'un résident du site, je vais gagner un joli coin pour dormir contre le bleu nuit du bassin à nouveau rempli ; cet habitant m'a dit : "demain vous verrez le soleil se lever sur le bassin".
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| Le bleu nuit contre la nuit de mon lit |
Quelle chance je vais avoir ! A dormir entre deux eaux. Bercée par l'une d'elles, celle du soleil levant.
