mardi 30 juin 2015

Retour à la montagne...entre Légendes et Réalité

Et oui je n'attendais que ce moment. Après ma blessure au pied et une météo exécrable, me voici sur les sentiers. J'ai choisi un lieu où j'aime à me rendre et je m'aperçois que après une précédente chute, c'est là haut que j'étais allée me ressourcer. Je ne savais pas alors pourquoi ce lieu avait une magie.
Maintenant je sais...c'est un lieu où il y a autant de légendes que de lacs sinon plus...sans doute est ce là la source de ma fascination.
Ce sont les Etangs de Nohèdes. Aux environs de 2000 mètres, ils sont quatre. Trois dans la même vallée, le quatrième est dissident, il occupe la vallée de l'autre versant, il est noir et chargé de redoutables suspicions. Je ne le connaissais pas. Il est aussi fascinant que redoutable ! le voilà dans toute sa splendeur.

Mais...commençons par le commencement...
Au commencement, il y a une heure et demie de route , 65 km dont 15 de redoutablement étroits puis une piste de terre de 3 km qui conduit au coeur des montagnes. Les villages sont loin derrière, ils sont petits, farouches et perchés ils ont pour nom Conat, Betllans et Nohèdes. Ils sont beaux et fiers.




Je pose le Land Rover gentiment prêté pour l'expédition et je prends le sentier dans la hêtraie, sentier que j'adore.

 Des sous bois magnifiques, une pente régulière, le silence de la forêt, le chant de l'eau et des oiseaux, c'est loin du maléfice des légendes.











Le premier étang , l' Etang del Clot, alimente une petite centrale électrique, ses eaux sont domestiquées, aucune fée n'y rôde de peur d'être aspirée par la conduite forcée.


Le Mont Coronat (2172 m) est tout en rondeur et douceur (apparente)...mais avec un nom pareil rien n'est acquis, surtout quand on saura de quels personnages il est entouré : de quoi est il couronné ? Qui s'y frotte peut s'y piquer...avec ce voisinage...Je le laisse au loin.


Les voici revenues


Je monte vers mon préféré, le Gorg Estelat. long et quasi rectangulaire, il est paradisiaque pour les campeurs, les pêcheurs, les randonneurs et peut être les baigneurs.

D'où vient ce lac ? Géographiquement parlant, il est sur la rivière...de l' Homme Mort, les fées furent elle mauvaises ? Un peu plus haut se trouve le Gorg Bleu. Où je suis montée un jour d'hiver.
Gorgs Estelat (le grand) et Blau (le petit)
La Légende raconte...
Quand Dieu créa le monde, il voulut améliorer son oeuvre et fit une pause à Evol (un superbe village) où il  rencontra une horde de sorcières; exigeantes, elles voulurent un étang. Dieu accepta mais le fit sombre et ténébreux comme elles. De l'autre côté de la montagne, à Nohèdes vivaient de douces fées que Dieu voulut récompenser. Un peu d'eau prélevée au Gorg Nègre fut déposée dans un creux de vallée , Dieu y déposa une poignée d'étoiles et ce fut le Gorg Estelat. Cependant une petite flaque d'eau lui avait échappé et, lovée au creux d'un rocher, Dieu l'habilla d'un coin de ciel, ce fut le Gorg Bleu.
Jalouses les sorcières se mirent en colère...Aujourd'hui dans leur étang sans fond gît le palais des Démons qui font jaillir les terribles orages dès qu'on jette une pierre dans l'eau et affolent les truites si énormes qu'elles sont insaisissables...

Qu'ai je donc vu ? Si je vous narre mon ascension , bonne nouvelle c'est que j'en suis revenue.

Je n'ai même pas vu ces Patous qui m'effrayèrent tant un jour où ils me cernèrent comme le loup qui rôde en ces parages. Mais enfin une jolie BD raconte tout ce qu'il ne faut pas faire face à eux pour conclure en une phrase laconique "restez Zen"...facile à dire face à ces redoutables gardiens!


Un pin très spartiate



Tout ce qu'il ne faut pas faire 


Ce qu'il faut faire 
dans mes archives

Torrent de l' Homme Mort

 Le Gorg Estelat est paisible, désert et très froid cependant je ne résiste pas à la balade lacustre: il fallait bien traverser le torrent de l'Homme Mort aux eaux limpides . Balade périlleuse , je m'aperçois qu'il y a d'énormes tessons de verre  sur le sable au fond de l'eau ! Bien que ce soit le domaine des Fées : si Dieu savait cela !!!





Je quitte ce petit Paradis et j'entreprends la montée ardue et belle vers les crêtes au milieu des couleurs du drapeau catalan . Sang et Or, bien que l'or domine ici.



Là haut (2160 m) c'est encore plus désert si cela peut l'être. Je marche dans les forêts puis dans la roche où d'inquiétantes rencontres immobiles mais féroces me regardent passer :


Depuis le Refuge de la Perdiu
Le Gorg Nègre
et je parviens au refuge de la Perdiu (perdrix) 2300m d'où la vue porte vers l'étang Noir (Gorg Nègre) et le Pic du Madres  qui m'est si cher.




J'ai une pêche d'enfer, j'ai parcouru 1150m de dénivelé il me resterait pour y parvenir 5 km aller retour et 150m de dénivelé supplémentaire. Je pourrais sans problème mais...ces nuages qui pointent leur gros ventre me déplaisent.

On ne les voit pas sur cette photo mais...ils guettent!



Depuis la porte du refuge on voit le Mont Coronat , très voisin des sorcières d' Evol et le Canigou au loin.







Je redescends donc : "promenons nous dans le bois tant que le loup n'y est pas; si le loup y était..." ...je ne pourrais point narrer mon périple!

Je dévale le sentier vers le Gorg Nègre : point d'orages ni de sorcières ni de truites phénoménales; il est plus joli d'en haut que d'en bas.
Vu d'en bas


Vu d'en haut






Le retour sera long, très long : mon sentier n'est pas "le bon" mais je ne me perds pas dans ces bois épais , par chance. Je croise une grande coulée de roches enchevêtrées qui mugissent férocement : les Sorcières ?? Non, le torrent s'est caché en dessous pour sortir triomphant plus bas. sur le vrai sentier je ne l'aurais pas vu ; bienveillantes sorcières....merci.



La montagne est un cadeau. Une palette de couleurs. Où bruissent les insectes.



 Rien que pour cela cela vaut la peine de grimper, descendre, aligner les mètres de dénivelé (1150m) et les kilomètres à pied ( 17 km).

Escalader les cimes et s'enfouir dans les bois. Dans la belle lumière glauque des hêtraies.



Puis reprendre la route avec le vieux 4x4 pour les 65 km du retour.



Village en ruine de Montella 


Et rêver déjà aux prochaines cimes.

mercredi 24 juin 2015

Derrière les bulles, une ville...

Tout le monde entend à la télé une jolie voix de femme, qui invite à l'été,  à la détente, avec l'accent du Sud, devant un verre d'eau pétillante :La Salvetat.







Sur ma terrasse




















Barrage de la Raviège
la Salvetat sur Agout
Si elle a mis le Sud dans sa bouteille, cette source exploitée depuis le 19 eme siècle se trouve au nord...de l'Hérault. En 1848, elle fut classée par l'Académie de Médecine eau minérale naturelle.
Elle se nommait alors Rieumajou.
Gazeuse naturellement. En 1936, les premiers Congés Payés amènent des vacanciers profiter du bienfait de ces eaux dont on reconnait les vertus contre les maladies gastriques, diabétiques, urinaires et autres...mais aussi profiter de la détente, la verdure, enfin les congés !



Image d'hier ...la source


En 1957, le Barrage de la Raviège engloutit la source ainsi que l'Hôtel de Rieumajou.





En 1992, l'eau , rachetée par Evian, est puisée sous le village de la Salvetat et l'usine d'embouteillage voit le jour. Qui se visite actuellement.







Cependant une ville se cache derrière ces bulles...




La Salvetat haut perchée



Que nous allons parcourir.



La Salvetat sur Agout (la rivière)  a plus de mille ans d'histoire. Une histoire émaillée de destructions, d'incendies et de reconstructions. Une histoire qui la jucha sur son piton rocheux au 12 eme siècle. Mais au moins un passé historique dense.
De ce passé, elle garde le cachet médiéval en la partie ancienne et perchée de son habitat.





Des rues étroites, des portes, des restes de murailles, des noms de rues évocateurs de métiers, ou de fonctions, ou de titres..
Je les parcours avec bonheur, dans le calme et le silence de cette journée en demi teintes d'avant l'été.

.Au fil de la balade sous un ciel gris et bas qui estompe le paysage, on découvre les assises du château  de Guillaume de Jourdain, une ancienne halle, un puits, un escalier qui permettait d'aller chercher l'eau à la rivière, si dissimulé que je ne sais le voir.

Ancienne halle
Fondations du château

















Le puits : 27 m de profondeur




Et puis des venelles,, des coins et recoins, des escaliers, enfin une vie inscrite dans la pierre.










Ici, une auberge toujours en service rappelle que nous sommes sur un des chemins de Compostelle.





La pierre : elle est très présente, même au delà du possible puisque de grands carreaux d'ardoise habillent les murs exposés aux pluies pour protéger de l'humidité.

Si la pierre austère coiffe aussi les toits ,  de rares rosiers parviennent à l'égayer, quoi de plus facile ?







Ancienne vitrine


La Salvetat vit : le tourisme y est très présent, des petits marchés de produits locaux mettent une pointe de saveur dans un habitat assez austère il faut le dire.


Au marché saveurs de France


Anciens anneaux où l'on accrochait les chevaux,
au nombre d'une vingtaine
Austérité







 La Salvetat a un décor tout en vert et en rondes collines. Que j'ai connu sous des cieux plus cléments ou sous une pluie diluvienne. Cette fois c'est brume: changeons de décor, ou plutôt oublions le.




Le décor s'est évanoui


Il suffit juste de le recréer


 Toutefois, la Poterne, porte étroite dans un escalier donnant sur le vide offre au regard les jolis jardins que le printemps a éveillés.






A cette heure aussi mes papilles sont éveillées .
Par chance,La Salvetat est aussi un lieu de gastronomie locale , à laquelle je saurai rendre hommage avec un bel appétit ; charcuteries locales, magret et potatoes : que du bon !




Faites donc un détour par "La Commanderie", dans la vieille ville, vous ne serez déçus ni par l'accueil ni par la qualité, pour un prix très raisonnable. Ni même par le cadre.

La Commanderie


Il ne reste plus qu'à aller se reposer. Près du lac de la Raviège, tout proche, au grand soleil,
 avec un bon livre : pourquoi pas ?

Photo août  2012 : le temps était plus clément.

A bientôt  me dit le chat caméléon de La Salvetat.-))