mercredi 31 mai 2017

La Dent d' Orlu. 2222 m

Non Orlu n'est pas un ogre doté d'une énorrrme dent... C'est juste le surnom du Pic de Brasseil, 2222 m d'altitude, Ariège.
Mais un drôle de pic, point trop haut, fort pointu, pyramidal avec des faces disparates au possible, toutes envoûtantes et toutes peu praticables.
La plus pratiquée étant la voie d'escalade pouvant atteindre 1000 m de hauteur. De force jusqu'à 8a (pour les connaisseurs).

La dent d'Orlu depuis la route du Col de Pailhères

Je me contenterai ce jour du chemin de rando, déjà fort raide !

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9 heures 26 : j'arrive au sommet, 2222 m, altitude symbolique s'il en est.
J'ai mis 1 h 50 mn (hors arrêts) de marche pour "avaler" les 710 m de dénivelé, ce qui reste fort acceptable. Pourtant je ne marche pas vite ; cependant l' Ariège est championne pour la prise de dénivelé rapide, ce qui booste le moral.
Au sommet

Tout a commencé par une nuit sereine, porte ouverte sur les étoiles, en un hameau de la vallée. Nina n'est pas du voyage,j'apprécie. La demoiselle a refusé. J'ai toute liberté.

La route forestière de 7 km au petit matin  est un tunnel de verdure entaché de quelques arbres "grillés", les hêtres dévastés par la gelée noire. Soudain au milieu des frondaisons la Dent apparaît, le futur décor est annoncé.
La route forestière

Gelée noire



















La route forestière et la Dent qui "flotte"
dans les airs

J'arrive à la "poêle à frire" curieux nom pour un parking qui y ressemble.
Je suis la première à partir, les grimpeurs se préparent ou dorment encore. Je les retrouverai bien plus haut.


Dans la forêt

Une clairière et Elle est là 
Novembre 2016 : la Dent d'Orlu




 La forêt me happe instantanément, grandiose, silencieuse, somptueuse. Elle fait oublier la pente très raide que le sentier dévore, parce que les végétaux sont tellement immenses qu'on ne voit qu'eux... je marche, plutôt bien, en forme et très motivée. Depuis le temps que j'en ai envie...Cet hiver déjà....(clic)



la forêt version fleur bleue

J'ai le piolet dans mon sac au cas où un névé intempestif...mauvais souvenirs...pourtant la dent a l'air saine et pas cariée de blanc.
Sur une de ses faces des névés sont encore dans l'ombre d'été mais ce n'est pas sur mon trajet.
Je monte sans relâche dans la forêt, accompagnée par les chant des oiseaux, seul "bruit" ambiant. Pas un humain, pas un animal, le ruisseau est déjà loin. Silence...
Le trajet se découpe en quatre parties, les deux premières étant en forêt, séparées par une jasse ou prairie. Deux parties identiques: sentier escarpé, racines apparentes, terre brune et douce, gros blocs sur les côtés et hêtres . Sauf qu'au final, les petits bouleaux prennent le relais. Alors le paysage s'ouvre, le sentier est en crête au dessus de la Coma Grande d'où monte le chant de la rivière alors que la Dent s'impose en toute majesté. Les festivités sont à découvert : un sentier tout droit s'y dessine, sans virages ni fioritures, je le connais, j'en garde un souvenir de fatigue . Mais il faisait si chaud ce jour de juillet 2010.

Dans toute sa majesté : la Dent

Il ne fait pas froid aujourd'hui certes ! Les grimpeurs catalans et lozériens sont devant, ils m'ont doublée, 400 m de muraille les attendent avant l'ardeur du jour. Du 6 C m'annoncent ils . Du beau, donc...Je les envie.

Arrivée au Col de l'Egue, ce n'est pas du 6 qui m'attend mais une belle pente de 242 m de dénivelé pour 400m de trajet, un bon 30°, un presque couloir.

Le trajet suivant le sentier/ruisseau


Ce qui rend difficile la montée de ce tronçon c'est sa morphologie . C'est un sentier tout droit qui suit le cours d'un ruisseau. L'eau a emporté la terre et les blocs rocheux sont souvent très escarpés, hauts, obligeant mes petites pattes à des efforts démesurés. Je préfère la bonne pente régulière même plus  forte, voire en couloir, en herbe ou non, même glissante à ces efforts saccadés et éreintants. Le plaisir ? Se retourner, voir le paysage s'amenuiser, signe que les efforts ne sont pas vains. Je suis seule au monde ici, comme je le serai un grand moment au sommet,sitôt franchi un joli passage en roche fort à mon goût.
Parfois, le sentier en rocs complètement

Juste avant le sommet




J'émerge sur un toit étroit, coiffé d'un joli cairn mais surtout dominant de 1130 m la vallée d'Orlu tout en bas. Un vide brutal, vertigineux. Monte à moi le bruit d'une grande cascade échevelée, les cris des corbeaux qui s'élancent de la main, car Orlu a une main aussi, et rien d'autre de ce vaste panorama  que je (re) découvre, l' Ariège avec sa densité de sommets est un tableau permanent . A présent c'est le vert intense qui domine, là bas, tout est vert et constellé de fleurs, j'avais adoré au début de ma vie de randonneuse voir naître le printemps fleuri d' Ariège.

En premier plan, la Main d' Orlu, en fond la vallée de l'Oriège, vers l'amont,
direction En Beys

Les montagnes sont encore abondamment enneigées, les hautes randos attendront.







Une de mes prochaines excursions : j'ai eu le coup de coeur


La vallée de l'Oriège vers l'aval


Image Web
Je m'installe confortablement pour écrire: le sommet a un petit espace arrondi autour duquel quelques rochers plats forment autant de sièges inconfortables mais pratiques. Je peux visiter tous les azimuts en restant assise. Ma solitude sera de courte durée, les premiers marcheurs arrivent, jeunes jambes qui ont couru, jeunes gens fatigués de cette course. Ils viennent attendre leurs copains grimpeurs et s'égayent comme une volée de moineaux dans des lieux impossibles espérant découvrir le couple de gypaètes barbus qui vit là. On ne pourrait les manquer avec leurs 2.60 m d'envergure mais on les a manqués apparemment. Dommage.


Image web : le gypaète barbu

 Deux chiens font leur apparition, aussi, l'un d'entre eux a droit à mon admiration car son maître, grand coureur des cimes, le soumet à un rude entraînement. L'homme toutefois m'époustoufle autant que le chien. Dire que je me bats toujours avec mon souffle ...et mes crampes dues au manque d'oxygénation de mes muscles...L'homme s'en ira de son pas de danseur et très vite sera un point minuscule tout en bas...J '"épluche" les sommets pour les reconnaître, ma science grandit en ce domaine !Un jeune homme vivant dans la vallée me présente les sommets et lieux voisins, je prépare déjà une future rando, j'ai un coup de coeur pour une vallée perchée. Plus tard avec moins de neige. Il n'est guère amusant de marcher dans cette bouillie en cette saison ,
J'entreprends la descente et je suis surprise de mon agilité dans ce ruisseau et ces blocs. Face à moi la ferme  d'où j'ai photographié la Dent hier : envers et endroit du décor

D'en haut
Et l'inverse


























Au col de l' Egue je m'offre un petit cadeau : bifurquer pour aller voir les grimpeurs . Je n'ai jamais vu cette falaise étonnante, comme sortie d'un étroit précipice et s'ouvrant en un immense éventail ou une demi douzaine de grimpeurs s'activent. De ce théâtre s'élèvent des voix en français, anglais et catalan. Une grosse pierre se détache à grand fracas, roulant dans le vacarme et son écho, flanquée d'autres plus petites, toutes une arme potentielle. Les grimpeurs se figent, la chance sera avec eux. Perchée sur mon col j'admire. La pente plonge vertigineuse dans un vide invisible de 1000 m, quasi vertical. Dans la vallée d'Orlu.

La plongée vertigineuse dans la vallée et la falaise d'escalade (en partie)

La suite de la falaise qui grimpe jusqu'au sommet

Sur les voies de 400 m














Puis je prends le chemin du retour, il est plus de 11h, la chaleur est dense, les randonneurs grimpent avec lassitude, il est déjà trop tard.
Je dévale en trottinant le sentier virevoltant .

Ombre portée sur caillou

Vieux tronc transformé

Le bleu du ciel posé sur le sol en corolles

Un peu plus tard, bien au frais sous les ombrages, je m'accorde un long moment de "vacances": repas, sieste, lecture et vagabondage en pistes. Le retour à la maison sera long car je vais faire du tourisme sur roues en routes minuscules. L' Ariège c'est cela aussi. Et c'est indispensable à mon amour pour ce département.




A bientôt...en Ariège...sur mon 2nd blog

En chiffres
Distance Aller retour : 4.6 km environ
Dénivelé:  710 m


vendredi 26 mai 2017

Un château accroché aux nuages : Auriac (11)

Accompagnée de mes deux matous jaloux je parcours en ce samedi (13 mai)  maussade les petites routes audoises. ça râle dans le cockpit, parce que chacun eut aimé être unique. Et on partage, à grands crachements parfois, le siège passager. Pour mes cuisses le partage est terminé, Nina a trop grandi et grossi!

Mathurin : elle conduit toujours avec la moitié d'un oeil sur la route, avec le reste elle furette les talus, les collines, les ruisseaux






Nina : et même les végétaux!
Elle nous parfume à l'aubépine tardive et au thym en fleurs, heureusement nos croquettes ont un autre goût!


Mathurin : moi je suis allé me promener dans les sous bois mouillés; les arbres s'égouttaient sur mes poils mais au moins je voyais les fleurs par en dessous. Tu n'as pas voulu sortir, toi.
















Nina, oui mais j'ai  vu d'autres choses, un cimetière avec un gros papillon et un autre avec un chat couché




















Mathurin : Un chat couché ?? Ah !...c'était un faux chat...quelles idées ces audois!
Nina : ben tu sais peut être ils en ont pas assez: regarde dans le village où on a dormi, il y avait 5 habitants avec Elle et 20 chats avec nous deux.
Ensemble : et un ouah ouah !!! Quel pot de colle çuilà !!

Moi : parlons en du village. Je n'allais pas à Auriac, j'y suis passée par hasard et le charme a sévi en une seconde: il fallait que je m'y pose! Ah ce château perché! Comme suspendu aux nuages.

Vue depuis ma chambre

 Oui, c'est Auriac, un minuscule village peuplé de 4 habitants, la maman et ses trois enfants. Le reste des habitants, une trentaine se répartit dans les nombreux hameaux de cette région boisée et accidentée, pleine de mines désaffectées :les Corbières. A Auriac , malgré le nom, on n'a jamais trouvé d'or sinon des paillettes dans la rivière. Par contre il y eut des mines de baryte .
Le village comptait 3 églises : une dans le château, reconstruite en 1665 tout à côté, une au cimetière, démolie et enfin une autre qui existe toujours mais a changé de commune.
Quant au château, s'il était singulièrement imposant pour un village de "30 feux" (150 habitants) , c'était à cause de la richesse des mines.

Appareillage d'époques différentes

J'obtiens l'autorisation de pénétrer dans son enceinte alors qu'il est interdit au public. Et je ferai la visite soir et matin, sous le ciel bleu revenu. Le site est dangereux par son impressionnant à pic et par l'instabilité des ruines.
Le panorama des "châtelains" : très grande hauteur

On peut très vite y passer de vie à trépas sans s'en apercevoir. Donc je me garde prudemment en vie tout en allant partout, la seconde visite complétant la première.
On ne sait rien de ce château qui ne fut jamais fouillé. Ce mystère ajoute à son charme
Chaîne d'angle différente

Il apparaît dans les écrits en 1028. Au 14 eme siècle s'ajoutent les tours et le corps de logis.
Une immense tour carrée (14 eme S) perdure car elle fut bâtie sur un socle rocheux et non en bois comme cela  se faisait alors . Cette tour de 4 niveaux  était assez luxueuse, parée d'un escalier en  travertin, avec encorbellements au dessus du vide, de fenêtres grillagées et d'un crénelage en travertin.

Tour carrée  et léger encorbellement sur le vide

Fenêtre grillagée de la tour 


Elle était attenante au corps du logis un peu plus ancien (13 eme S), logis somptueux bâti par les archevêques et restauré au 17 eme. Enfoui dans le lierre, il garde belle allure encore et surplombe  le reste du château et des murailles plusieurs dizaines de mètres en contrebas. La vue est somptueuse et vertigineuse.

Le logis : 13 eme

Logis, détail


Autre détail




















La partie la plus ancienne du château est la plus haute, 11 eme S avec des murs bâtis en pierres non taillées et assemblées sans style particulier; cette partie contient la base d'un donjon arrondi et une citerne voûtée.

Construction du 11 eme siècle

La citerne, tout en haut : 11 eme


L'ensemble est vaste et imposant, voire somptueux.  Ces vieilles pierres ont un attrait quasi magnétique et j'ai du mal à m'en arracher.

Magnifique mur qui supportait des étages

Mon dortoir 




Le café de village de Marie Sarda
A ne pas manquer
Nina et Mathurin : pendant ce temps on attend ! Gardés par ce foutu chien . Oh là là...On dirait presque qu'elle a envie de rester ici : et voilà qu'elle s'installe au café de village, qu'elle boit une bière de la région, qu'elle achète du miel et qu'elle écrit sur son cahier bien installée sur la petite place de la mairie .

Fabrication à Ribaute
près de Lagrasse (excellente)

Le miel de Marie et de son père (Belvianes 11)

20 sont partis, 7 sont revenus


Ensemble : et nous ???

Moi : ce café de village est extraordinaire ! Tenu par Marie,  il propose des produits dérivés de l'apiculture; son père est apiculteur,elle vend et transforme; j'ai pris du miel et de l'essence de propolis. Cette femme est remarquable de dynamisme et de gentillesse. Elle et moi ça a fait clic !! Pas comme vous et son ouah ouah.
Eux : non mais tu as vu sa tête ?
Moi : Et bé quoi ?? Elle s'appelle Alba. Et elle a une tête de chien...Vous avez vu la vôtre ?





Eux : et en plus elle se fiche de nous !
Nina : eh tu louches plus que jamais...
Mathu : et toi le porc épic tu t'es vue ?
Moi : oh ça suffit sinon je finirai par croire que vous êtes comme chien et chat
Eux : !!! GRRRR












Allez on reprend la route, dans les sous bois d'un vert tendre à faire aimer le végétal à une carnivore comme moi !
Direction Fourtou dont le plus beau reste pêle- mêle le cimetière, les maisons blondes, les placettes nombreuses et ...les chats !







Mathu : la revoilà fourrée dans un cimetière : c'est une obsession !

Nina : fourrée à Fourtou trop drôle Mathu.








Nina : ça te fatigue pas Mathu tout ce vert ?
Mathurin : pas à Elle en tout cas . Comme s'il n'y en avait pas assez en l'air, la voilà qui s'en va plonger ses pattes dans du vert sous l'eau. La rivière salée qu'elle dit, la Salz. Cette bipède est déconcertante avec ses goûts, elle qui déteste manger vert.



Nous : c'est à n'y rien comprendre !

Mais enfin on adore la suivre dans ses périples

A quand le suivant ?
Avec nous car elle ne s'en prive pas !