lundi 28 mai 2018

Dans tout ce vert...

En Ariège, Mai étale ses fastes.
Et ses fastes sont verts, bouillonnants et fleuris.
Avec des lointains bleutés, des nuages tourmentés et des sommets enneigés.
L'Ariège pourrait être le Pays aux Mille Fleurs.
Elle est mon pays de coeur.
Pendant quelques années j'y ai regardé s'épanouir le printemps au cours 
de mes nombreuses randonnées.
Et si je l'ai délaissée au profit de montagnes plus proches, il est deux mois de l'année dont je ne peux m'en passer, mai et octobre.
Alors , de cette balade qui m'a conduite des Pyrénées Orientales au Donnezan, en passant par les hautes vallées de l'Aude, j'ai ramené quelques couleurs dans tout ce vert.

                                                          ------------------------------------

Vous me suivez ? Juste en images, sans paroles ni musique.
Mais entendez la chanson du vent, le crépitement de l'averse, le bouillonnement de l'eau et
 le grondement de l'orage, ce sera - presque - comme si vous y étiez....


Route du Col de Jau 66

Descente du Col de Jau et massif du Madres 11


Aude : descente du Col de Jau


Très anciennes fleurs à Counozouls 11

Les lilas de Le Bousquet 11


Pluie tiède sur le pare brise : le vert comme ci...



Ou le vert comme ça...

Prairies sous l'averse

Dans les près vers Escouloubre

Carcanières et Escouloubre les Bains, limite Aude /Ariège

Eaux d' Escouloubre, non thermales celles ci 

Le Puch 09

Zénitude féline

Dans tout ce vert, villages de Le Pla et d'Artigues (Pays de Donnezan, 09 Ariège)


Tourmente céleste


Les sommets enneigés  et leur écrin bleu et vert


Col de Pailhères, le vert s'éveille . 2001 m

Le ciel s'anime (Col de Pailhères)





L'orage gronde très fort : ruisseau de Pailhères




Zénitude avant l'orage

samedi 26 mai 2018

Le Pic du Tarbezou, 2364 m, Ariège

Ce pic ne faisait pas du tout partie de mes projets : mon but était un joli lac nommé Laurenti, dans une belle vallée, à 1941 m d'altitude, non loin du Tarbezou. Mais la montagne offre des impondérables qu'il faut respecter. A Mijanes, petit village où j'ai retrouvé mes anciens quartiers d'étape nocturne , renseignements pris, la vallée s'avère fort enneigée, la piste  sans doute aussi, et, la connaissant, la pluie qui tombe dru ne la rendra qu'encore plus impraticable. Qui irait me dépanner là haut?
Au matin, sous un ciel mitigé, j'ai déjà changé ma destination : ce sera le Tarbezou, bien plus en altitude, avec ses 2364 m, mais plus accessible.
Le Tarbezou vu de la station de ski de Mijanes (Ariège)

Une route en lacets, prisée des courses cyclistes et des motards, conduit au Col de Paillhères (2001 m), récemment désenclavé de ses neiges hivernales. Aller au Pic n'est "qu'une formalité " donc. La neige est plus haute que mon camion sur les bords de route mais le Tarbezou qui mérite peu le nom de Pic est partiellement déneigé et il ne doit pas cela à la DDE du 09 !

Hauteur de neige en congères au col
Un Pic ? Cette sommité arrondie, telle une colline ? S'il n'offre que quelques 400 m de dénivelé faciles à gravir, il vaut par le panorama somptueux qui se découvre de là haut. Je l'avais gravi avec une Lison bébé de 4 mois 1/2 qui était montée à la force de ses petites pattes. Inutile de préciser qu'elle avait dormi toute la descente et plus encore ! Ses premiers pas de randonneuse ! En 2009.


Lison au sommet du Tarbezou
30 août 2009

Encore très enneigé l'ensemble. Vu d'en bas



L'envers du décor : vu d'en haut

Pour atteindre ce pic, je me gare à 1955 m d'altitude et je dois traverser une plate prairie bourbeuse, une toundra dira t'on. Elle est en partie enneigée, une neige molle qui me casse les jambes tout de suite . Aïe ce sera dur aujourd'hui, ma santé n'est pas terrible. Alors je traverse en ce matin silencieux et désert tout en étudiant ma route au mieux pour éviter la fatigue.

Bleus ariégeois
D'abord, arrivée au pied des festivités je vais grimper un "tout droit" bien raide, mais le plus court chemin,  qui m'amènera sur la ligne dorsale, laquelle est la frontière entre versants nord et sud, le nord étant sans neige. Je marcherai au maximum hors neige.

Je chausse mes crampons par sécurité, et, piolet en main, j'attaque la pente. 70 m de dénivelé, 35 ° environ de déclivité, je monte bien. Je ne sais si en cas de glissade le piolet me serait d'un grand secours dans cette neige molle, mais une chute sur la toundra ne me serait quand même pas fatale. Je reste prudente tout en me livrant à quelques acrobaties photographiques (monter et descendre) car un personnage rend mieux la déclivité. Comme il n'y a que moi...le choix est vite fait. Je me régale et gère au mieux un souffle fort défaillant. Je n'en suis qu'au hors d'oeuvre!


Je monte

Vers le ciel

La pente prononcée


Arrivée en haut, je déchausse les crampons et marche vers la piste qui conduit, je pense, aux installations du domaine skiable d' Ascou. Ensuite je la quitte pour le sentier semi enneigé mais je louvoie et ne pose quasi plus les pieds sur la neige.



La végétation des cimes

Deux montagnes face à face et illusion d'optique

St Barthélémy et Soularac

Jusqu'au sommet, je vais marcher lentement, essayant de calmer un coeur endiablé : c'est qu'il est content le bougre, de retrouver l'hiver !! Mais il me fait suer d'une sueur glacée, il fait danser des papillons noirs devant mes yeux, un comble alors que tout est blanc. Je négocie avec lui car j'ai un peu la frousse mais je veux arriver en haut, j'en ai vraiment envie. Alors je monte. Le paysage est magnifique même sous la grisaille. Des sommets étincelants, des lointains bleutés, des champs de neige ourlés de corniches, des vallées blanches et même une étonnante montagne/cratère, juste l'illusion d'optique de deux montagnes se faisant face.
Le sommet est tout proche, il n'a rien perdu de ses rondeurs, elle ne sont pas illusoires.
Après 2 h de marche, je suis en haut : 2 h pour 409 m de dénivelé, un record...de lenteur !
Mais le coeur le valait bien !

Le toit du jour et son décor pyrénéen
2364 m

Version été (2009)


Là haut, je pose sac et bâtons et vais à la découverte des lieux en "hiver". Pour ce faire je redescends un peu et j'admire....

La Dent d'Orlu 2222 m et sa grise face d'escalade

La Jasse de Parau où j'ai randonné la semaine avant



Une montagnette posée en dessous de moi 

et son étang en train de dégeler


Le Canigou

Version hivernale des Rabassoles et son décor


Et version estivale du même lieu


Vers Péric, Carlit, Cometa d' Espagne, les 2700 à 2900 m des Pyrénées Orientales


Plus tard, je reprends le chemin du retour, cette fois décidée à ne le faire "qu'en neige". Un dénivelé de 380 m qui ne requiert pas les crampons, juste le frein nommé piolet, mais surtout de la prudence. Ces champs en pente douce sont bien ourlés de corniches et risquent de se détacher avec la chaleur : quel roulé boulé !! Alors je suis des traces anciennes et me tiens au plus près de la limite terre neige. La descente est amusante, j'en redemanderais.



Une corniche de neige

Descente dans la neige


Les seuls humains rencontrés..de loin
Je crois qu'ils ne m'ont même pas vue,
petit point rose dans cet océan blanc





Les trois skieurs qui sont arrivés au sommet après moi, se lancent dans la pente en un gracieux ballet.






A la fin je décide de ne pas reprendre mes traces de montée et je me lance sur une ancienne empreinte qui doit me conduire dans la pente. Au moment de se lancer "dans le vide", curieusement les traces font un virage à 90°. Supputant que mon prédécesseur a eu peur de la pente, je suis son chemin et je comprends rapidement : une belle corniche l'eut précipité dans le vide, et moi aussi si je ne l'avais suivi. Bon 50 m de glissade vers la toundra n'eussent peut être pas été méchants, mais on ne peut préjuger de rien en montagne. Pour une fois j'ai été très raisonnable.
En fait la neige de printemps me fait assez peur car je ne la connais pas et elle est très piégeuse. Donc je redouble d'attention. Ici l'attention se nomma chance...Je pouvais vraiment me lancer dans la pente donc dans la chute inévitable.


Les champs de neige du Col de Pailhères: altitude 1950/2000

Décor de Noël

La corniche que j'ai évitée par hasard


Sur "la toundra", les eaux issues de toute cette neige sortent à l'air libre, étonnées et chantantes, brillantes sous le soleil enfin arrivé. C'est joli. Je croise les premiers promeneurs, leTarbezou prend vie, alors que les skieurs ont disparu de ma vue, avalés par les forêts éparses.


Couleurs et musique du grand dégel
Une fatigue sans nom s'est emparée de moi et je ne sais pas encore qu'il me faudra trois jours pour récupérer d'un petit 400m D+. C'est dur de prendre 20 ans d'un coup !


Trajet approximatif : en jaune montée, en bleu descente
420 m de dénivelé positif, petite balade