dimanche 31 mai 2015

Graphismes et couleurs Gersois

Le Gers en France



Le Gers où je vais vous conduire aujourd'hui est un département du Sud Ouest de la France, région Midi Pyrénées, à l' ouest de Toulouse. (A 250 km de chez moi).
La région du Gers parcourue


Ce département de cultures et de gastronomie a une physionomie toute en rondeurs, collines molletonnées, gamme de verts en cette saison sur de belles terres riches, grasses et lourdes.
De jolis villages y sont implantés, propres, clairs et abondamment fleuris. Un vrai cliché de France profonde qu'il faut s'offrir le luxe de découvrir par les plus petites routes.



Je vais donc vous y emmener en silence, juste avec le vent léger de la balade tranquille, sous un ciel habité de beaux nuages et un chaud soleil. Par des routes minuscules sur lesquelles chassent les chats des fermes environnantes, des routes vertigineusement pentues . Bercées par le chant des rossignols.
On s'offrira toutefois un intermède gourmand.












Le regard du voyageur curieux ne peut que se poser sur le graphisme et la couleur. C'est cette balade inédite que je vous offre.
Sans GPS, comme toujours , juste avec la bonne carte Michelin (336- Gers Lot & Garonne 1/150 000).


Route du Gers







Rondeurs moelleuses des collines de blés et seigles, camaïeux de vert : une belle cure de verdure.
on y lit les roues du tracteur qui a glissé légèrement sur la glaise mouillée du sol, ailleurs, celui qui a patiné pour monter.





Graphisme aussi dans l'habitat : de très vieilles demeures un peu chancelantes, courbées sous le poids des ans mais toujours vaillantes.
C'est le pays de la terre crue (le pisé) dans les vieux murs et de la terre cuite en briques car la roche est quasi inexistante.


Montpezat








  J'aime ces courbes élégantes et fantaisistes au regard (mais répondant à une technique logique dans le travail) : l'écartement des rampes de sulfatage, un arbre à contourner, un pylône à éviter : tout est lecture.
Graphisme animal....

Graphisme mural.....

Gimont
Cette folle avoine s'en donne à coeur joie de n'être point policée


 On fait la pause gourmande ? Ce sera à Gimont, village bastide haut perché et enroulé autour de sa halle.
Gimont

Vue sur halle...autrement


Brochette de canard






La halte gourmande, c'est du canard (divin !) en brochette  (magret et coeur) accompagné de succulentes frites (maison, pas de doute)  et d'une délicieuse salade . Avec le vin du cru et un petit dessert, moins de 20 euros.



On reprend la route ?


Les routes....
A travers bois, à travers champs, en montant, en descendant....


Routes de campagne, routes des champs....







Les sols de glaise lourde et dense sont fendus de profondes crevasses, graphisme au pied des blés.



Mais alors ! Jaloux, le ciel nous fait un petit graphisme à son tour ?

Solomiac










Mais non, les maisons, on ne vous oublie pas....


Une halle originale s'il en est ! Mais qu'est ce donc que ce bâti haut perché sous le toit ?
Impossible à deviner...c'était...la prison !!! (me dit on)


Solomiac


Voilà, notre petite balade gersoise touche à sa fin même si les départements voisins du Tarn & Garonne et Haute Garonne ont un peu copié. Mais...chut ! ça ne se voit pas....



A bientôt.....


samedi 23 mai 2015

Vagabondage cerdan : Guils de Cerdanya

Avant de m'offrir une randonnée/glisse en Ariège, précédemment contée, je me suis accordé quelques vagabondages en Cerdagne espagnole, soit en Catalunya.
Plus précisément à Guils de Cerdanya.
Une part de mystère : le "partido " (???)
A 1385 m d'altitude et peuplé d'un peu plus de 500 habitants, Guils est ignoré du tourisme; c'est le premier village frontalier, voisin de la ville de Puigcerda , elle même à peine séparée de Bourg Madame par un torrent. Tellement ignoré que même la petite route qui y conduit le tient à l'écart, pressée de filer vers la station de ski nordique dont le village s'enorgueillit. Et qui a sûrement transformé sa vie. En effet ce petit village paysan connaît un renouveau : maisons restaurées, constructions touristiques: un moderne essor.

Guils est très proche du village français de La Tour de Carol, et les deux villages sont séparés par le Carol, rivière très torrentueuse et belle en cette saison. Une toute petite route les relie, ce sera un but de prochain vagabondage...

Je me penche en cette heure écrasée de soleil sur Guils l'authentique, dont je manquerai le joyau, par pure paresse. Revenue au bas du village, j'aurai la flemme sous le soleil rude de remonter voir l'église, c'est un joyau de l'art roman.
Donc voici Sant Estève de Guils comme je ne l'ai pas vue (image webb), mais je me rattraperai au prochain vagabondage. car un petit cimetière , comme je les aime, l'accompagne...
image web

C'est un village gris adossé à la colline...on n'y vient pas à pied mais le parcourir à pied 
est surprenant. 

Guils adossé à une proche colline

Décor élargi
. J'ai la sensation d'un village reptilien, style gros serpent se chauffant, immobile, au soleil, et moi déambulant entre ses courbes et enroulements...très agréable sensation s'il en est et jamais éprouvée auparavant....On comprend pourquoi je n'ai pas voulu remonter...lol...


Face à la Molina
Pic La Cumella 2078 m


Guils de Cerdagne : je me penche longuement sur l'étymologie du nom car c'est un de mes sujets de prédilection : je me heurte à une muraille, c'est le cas de le dire, je ne trouve rien. En cherchant bien sur internet dans des documents catalans je trouve : Guils provient de "equiles", écuries. Pourtant ce sont des vaches qui paissent autour du village et même dans le village....Tout change..
Au détour d'une rue je me trouve face à cet ancien "équipage" destiné à ferrer les bovins; piliers en granite local et ferrures encore bien en place.

 


La vie agricole prédomine dans ce village voué à l'élevage; derrière les hauts murs sommeillent de grandes fermes de village sur lesquelles veille un grand portail typiquement cerdan.












Les murs sont de pierre, à l'ancienne pour les vieilles bâtisses et modernes, bien taillées pour les constructions récentes qui, dans ces villages pyrénéens se doivent d'avoir leur structure en blocs recouvertes de pierre pour une harmonie architecturale .

Un beau et bon point.










Sur les façades anciennes on peut voir d'anciennes ouvertures joliment encadrées, de jolis loquets de portes et le classique "esquixe calces" (déchire pantalons) destiné à éviter qu'un malfrat s'introduise.
Je gage fort que sur cette vue, même un mannequin filiforme ne se glisserait pas...quant aux chats, ils n'ont aucun pantalon à déchirer....











Je déambule entre les murs de pierre, très hauts, qui cachent maisons, cours, fermes villageoises et jardins. Pourquoi des murs si hauts? A cause du vent des cimes, du bétail ? je l'ignore.




Alors je lève les yeux au ciel, vers les écailles  des toitures anciennes.
Reptiliennes , comme il se doit...





En rédigeant ce billet je m'aperçois que si le village paraît reptilien c'est que nulle trace de verdure ne s'échappe des hauts murs, sauf... 

La vie agricole, par contre, est bien présente, quoique silencieuse à cette heure.



Dans ce village non plus je ne rencontre personne, la vie sommeille derrière ses murs.

Je vais récupérer mon camion , étrangement garé , mais le relief connaît peu la planéité et je quitte Guils, face à la station de ski de La Molina, dépouillée de ses attributs hivernaux, vers une destination purement alimentaire mais....je ne serai pas déçue du voyage et je vous ferai partager cette bien curieuse destination vers laquelle juste le destin et le feeling m'ont conduite....


Plaine cerdane espagnole (altitude 1000m)
Station de ski de la Molina et pic de la Cumella 2078 m


NB : ce billet est mon 300 ème...

Complément d' enquête : merci à Joan Vila érudit catalan, à propos de ce vieux panneau.


Un peu d'histoire:

Un "partido"est l'équivalent d'une région judiciaire. Normalement cela a la même superficie que la "comarca", la comarque (nom français) étant un regroupement de communes, de taille intermédiaire entre canton et sous préfecture (français, pour comprendre l'équivalence).
Donc le Partido de Ribas (Ribes de Freser) était le centre judiciaire auquel appartenait Guils. Quand on connait les lieux, ces deux communes sont très éloignées , en km certes mais en temps  car des routes de montagne les relient. Et à l'époque....
Mais il y avait pire ! Camprodon et Puigcerda étaient encore plus éloignées et pourtant la 1ere dépendait de la seconde : il fallait au moins demi journée pour s'y rendre !
Au début des années 80, enfin, Catalunya fut précurseur et donna le statut juridique aux comarcas, évitant ainsi ces déplacements sans fin...