Je nourris un projet tout simple, depuis longtemps, aller faire "un tour" sur les crêtes frontalières entre Ariège, Pyrénées Orientales et Andorre, juste en face du Col du Puymorens, précisément au Col dels Clots 2142 m puis suivre la crête à mon envi...
Photo prise depuis le Col du Puymorens, 1915 m |
Donc tout est bien orchestré, je dors à l' Hospitalet, devant le gîte où l'accueil est super et en ce lundi matin 18 mai, je pars sous un ciel grand bleu.
L'Hospitalet près l' Andorre : 1435 m |
Le village est bordé d'une mer de brume, c'est comme si j'avais dormi dans une station balnéaire à 1435 m d'altitude. Tous les rêves sont permis !
Très vite je quitte la forêt lumineuse et je débouche à 1732 m à la Jasse de Pouzole, éclairée de l'or flamboyant et quasi nauséabond des genêts purgatifs; j'ai parcouru 300 m de dénivelé dans la lumière verte des sous bois de hêtres et bouleaux.
Les genêts d'or |
Au télé |
C'est le même chemin que la semaine passée mais, cette fois, en ce point je prends à gauche vers l'Etang du Siscar
Le genêt et les monts vers l'aval |
En attendant j'observe les fleurs. On quitte le jaune.
Il fait grand beau et je suis déjà en tenue légère : short et débardeur.
Le sentier est détrempé, l'eau sourd de partout, je croise des ruisselets curieusement peuplés de tétards en gestation, comme de drôles d'yeux qui me regardent par en dessous.
Des cascades invisibles mugissent en tous sens
et j'arrive à mon départ pour la nouveauté.
Je serai servie en matière de nouveauté.
J'attaque la pente assez prononcée, bien balisée et émaillée de névés.
La neige est fondante, molle, mes chaussures se plantent bien et je laisse sagement dormir le piolet sur mon sac à dos.
Le paysage dans le cirque du Siscar est grandiose. je retrouve le Cylindre d' Escobas (2497 m).18 mai |
très enneigé la semaine passée.... Souvenez vous...(Ceux qui me suivent sur Facebook)
9 mai |
et je ne me lasse pas d'admirer un paysage qui manque un peu de couleur.
Quelques passages plus délicats sont franchis avec moultes précautions ; j'ai la flemme de poser le sac et de prendre le piolet, la neige porte bien. Et puis je suis hyper prudente.
Et soudain, au tout dernier névé....patatras !!! je dévisse !!!
Cela devait bien arriver un jour, l'ânerie conjuguée à l'imprudence !
En attendant je glisse, impuissante et aterrée; je sais qu'en dessous il y a des rochers; (dans ma grande prudence j'ai bien observé tous les fonds de névés).
L'idée fixe, dans le peu de secondes de glissade rapide style capitaine Haddock au Tibet, c'est : "s'arrêter et ne pas s'exploser la tête sur les rochers".
Faute de piolet j'utilise le frein à pied, ce qui est proscrit et mon pied explose en bulles de douleur sur un ressaut rocheux quelques mètres plus bas. (Tu avais bien raison Ludo, ça faut pas faire !!!)
Je suis dans de beaux draps : 2100 m d'altitude, pas un humain, pas de réseau...et mon mal au pied.
Je m'ébroue, je récupère les bâtons en évitant de rejouer les filles de l'air et ...je marche.
ça fait mal, très mal, mais je peux marcher, donc je monte jusqu'au col, tant qu'à faire, finissons le parcours.
La crête ouvre sur de beaux points de vue :
Je longe un peu la crête mais comme je souffre pas mal, je choisis de redescendre sans m'arrêter, "à chaud", piolet en main car il faut repasser tous ces névés.
Et je parcours le chemin à l'envers, véritable chemin de douleur. A chaque pas je choisis prudemment où et comment poser le pied droit pour adoucir sa peine.
Je me régale quand même du paysage...ironie du sort, je vais lentement et je peux en profiter à loisir....
Des bulles d'eau éclatent dans le torrent, joyeuses et primesautières; elles aussi s'attardent comme pour me tenir compagnie.
Mais j'avance, cuite de soleil, déçue quand même par mon incommensurable bêtise.
Enfin j'entre dans la forêt fraîcheur et au bout de 2h 1/2 j'arrive à mon véhicule pour un repos bien gagné: repas, lecture, bain de soleil, c'est de saison, il fait 30°.
Bien sûr l'épopée n'est pas finie....lorsque je prendrai la route, 2 heures plus tard, le pied sera si douloureux, comme pris dans un étau, que je le poserai délicatement sur l'accélérateur et que les 2h 1/2 de route de montagne seront négociées du pied gauche pour débrayer ou freiner. Une petite gymnastique somme toute très aisée....mais oui !
La crête ouvre sur de beaux points de vue :
Col du Puymorens et route vers l'Andorre et l' Ariège |
Le Pas de la Case andorran, 1er "supermarché" de pleine montagne |
Les anciens bâtiments miniers (mines de fer) |
Cirque du Siscar (Ariège) |
Sur les crêtes |
Et je parcours le chemin à l'envers, véritable chemin de douleur. A chaque pas je choisis prudemment où et comment poser le pied droit pour adoucir sa peine.
Je me régale quand même du paysage...ironie du sort, je vais lentement et je peux en profiter à loisir....
Des bulles d'eau éclatent dans le torrent, joyeuses et primesautières; elles aussi s'attardent comme pour me tenir compagnie.
Mais j'avance, cuite de soleil, déçue quand même par mon incommensurable bêtise.
Enfin j'entre dans la forêt fraîcheur et au bout de 2h 1/2 j'arrive à mon véhicule pour un repos bien gagné: repas, lecture, bain de soleil, c'est de saison, il fait 30°.
Hêtre |
Bien sûr l'épopée n'est pas finie....lorsque je prendrai la route, 2 heures plus tard, le pied sera si douloureux, comme pris dans un étau, que je le poserai délicatement sur l'accélérateur et que les 2h 1/2 de route de montagne seront négociées du pied gauche pour débrayer ou freiner. Une petite gymnastique somme toute très aisée....mais oui !
Pour conclure j'ai eu une chance inouïe: ni entorse ni fracture, juste des tendons qui ont vite repris leur place et leur élasticité....c'est sûr mes pieds n'ont qu'une idée : repartir et ma foi, je leur emboîterai le pas avec plaisir !
A bientôt sur les crêtes ....ou ailleurs....
Bonjour Lison, très beau texte et belles photos comme d'habitude. Ensuite le petit accident... cela me laisse songeur. Je sors de chez le médecin qui m'a conseillé une heure de marche par jour... Ok taote (docteur), je vais essayer.
RépondreSupprimerPrends soin de toi....
Bonjour Pierre, tu es au moins assuré d'une chose, à Tahiti, tu ne glisseras pas sur un névé en marchant, hihihi....Alors, lève toi et marche ! Bises
SupprimerL'imprudence finit toujours par conduire à la raison. C'est une leçon sans frais heureusement.
RépondreSupprimerTu deviens la spécialiste locale à présent. Une chose est certaine, c'est un endroit où on n'y croise personne.
Pourquoi je ne croise (ni ne double ) jamais personne là où je vais ? Je t'assure que j'ai bien reçu la leçon, je m'en tire à bon compte, "tinc molta sort encara aquesta vegada !"
SupprimerOuf pas trop de mal ! mais attention Lison, reste prudente.
RépondreSupprimerJe suis toujours émue lorsque je lis : Ariège. Ma grand-mère paternelle que je n'ai pas connue est née en Ariège mais hélas j'ignore où exactement car l'acte de naissance de mon père n'indique aucune ville en particulier ni date de naissance.. donc c'est l'inconnu et ça me titille de savoir.
Quoiqu'il en soit tes photos sont superbes et me permettent de découvrir des endroits magnifiques. Merci à toi pour ce partage et pour ta façon imagée de nous narrer tes aventures.
Bisous
C'est bien ce que je disais, Lison l'intrépide !... mais qui s'en sort toujours bien, et j'en suis heureuse ! Mais sois prudente, à l'avenir, ma belle, sors le piolet... :-)
RépondreSupprimerMerci pour ces splendides photos aux si belles couleurs.
Gros bisous, et une bonne soirée.
Retardataire pour découvrir les aventures de l'intrépide Lison, non par indifférence mais par grande occupation, car tes récits et photos il faut prendre le temps de les savourer.
RépondreSupprimerMerci pour cette part de rêve que tu nous offres, et nous voulons rêver longtemps avec toi alors merci aussi de prendre soin de toi. Fifi