J'étais garée au bord d'une petite route reliant un minuscule village à un grand hameau.
En Espagne il y a parfois des contradictions surprenantes. Je n'en suis plus à une près au cours de mes pérégrinations.
Le grand hameau avait toutes ses entrées solidement interdites à tout intrus.
J'avais donc battu en retraite à regret.
Autour de moi c'était des prairies, des vaches rousses et un ruisseau blond, cernés de lointaines montagnes au relief tabulaire
Je lavais ma vaisselle au bord de la route, devisant avec Lison mais comme elle était allongée sur le siège avant au grand soleil de printemps, on ne la voyait pas. Ainsi le promeneur solitaire me surprit il en plein monologue. Ma gêne ne gêna que moi, apparemment, il ne parut pas surpris; peut être lui aussi avait il l'habitude de soliloquer, apanage des gens seuls.
Je lui avouai "je parle avec mon chat" et ici, au milieu des prairies emplies de vaches , cette remarque eut pu sérieusement l'inquiéter. Même pas ! Joignant le geste à la parole je lui désignai la demoiselle mollement allongée et là enfin je notai sa surprise .
Nous engageâmes la conversation en espagnol puis il m'invita au Catalan que je maîtrise moins mais que je me plais à utiliser.
Ensuite il m'invita à aller boire un café à sa "masia" ce que j'acceptai par pure curiosité : visiter une masia quelle aubaine.
El Joan (en catalogne le prénom est toujours précédé d'un article) et moi nous partîmes à pas lent vers le hameau tout proche.
Joan vivait seul dans cette immense demeure; l'autre habitant du hameau étant ...son épouse.
Ils vivent séparés mais dans une bonne entente , s'invitant comme deux bons voisins. En harmonie.
La masia est très vieille, ses origine remontant à l'époque romane : on peut en voir les traces dans l'immense atelier bâti sur la roche, dans lequel Joan a installé son atelier de menuiserie.
1er plan à gauche: bâtiments agricoles en haut gauche, l'atelier |
Nous traversons l'immense atelier avant d'entrer dans la maison proprement dite dont chaque niveau mesure 400m2 !
Les masias ont très souvent des galeries à arcades.
J'entre à la suite del Joan dans un monde merveilleux ! La bâtisse fut édifiée et agrandie au fil des siècles et lors de la guerre civile (1936/1939) la chapelle attenante fut détruite.
Joan a apporté sa touche personnelle en augmentant la bâtisse d'une cuisine d'été dans le jardin , face à la piscine : une vraie maison, tant c'est vaste ! Joan était entrepreneur de maçonnerie .
Donc je pénètre à sa suite dans la vaste maison et je n'en crois pas mes yeux : d'abord le sol, fait en vastes dalles de pierre tel qu'en les siècles précédents ou en solide parquet luisant, recouvert de tapis .
le bois omniprésent |
Il règne un luxe discret, un bon goût ambiant, un confort très moderne et un raffinement non ostentatoire.
Des meubles superbes et datés, en noyer massif, des tableaux dont ceux de son artiste de frère, des tapis, des bibelots, des lampes que sais je , il faudrait des heures pour tout apprécier.
Cuisine |
Armoires fin 18 eme siècle |
Tableau de son frère |
Compositions de son épouse : dentelles, point de croix et végétaux séchés
Joan m'ouvre les portes sans me connaître : cela me surprend; on fait confiance ici semble t'il...
L'homme est accueillant, sympathique et d'une grande simplicité malgré tout ce luxe.
Sa gentillesse n'a d'égale que sa courtoisie.
Aux murs quelques fresques sont le témoignage d'un jeune élève prêtre résidant ici en 1906 et qui avait peint la masia (bas gauche) et une chapelle sans doute disparue
Depuis la véranda, en attendant le café que je refuserai d'"arroser" selon la tradition locale (un caraquillo), je contemple l'enfilade des pièces et la vue sur les corps de ferme ainsi que la montagne lointaine, tel un navire.
La ferme compte près de 200 hectares, louées.
Le café bu très convivialement, je prends congé car, si j'ai fait ma vaisselle, "el" Joan selon la tradition d'ici, n'a pas encore pris son repas! Et il est plus de 15 h !
Cependant il me réserve encore une surprise, le cellier enfoui dans la roche, une vraie caverne d' Ali Baba !
Un sol dallé ou simplement couvert de la roche à nu, de très vieilles bouteilles (ainsi celle de 1872, ci-dessous), une collections d'outils agricoles, une atmosphère fraîche aux senteurs de vieille cave, il doit faire bon s'y réfugier les jours de grande chaleur estivale.
Joan m'explique tous les vieux outils .
Celui ci, aux armes de la famille servait à marquer le bétail...Objets simples et usuels qui ont l'âme du passé.
Oui, cette masia a vraiment une âme que El Joan a su me faire partager l'espace d'un instant hors du temps, hors du monde....
Merci, Joan et je reviendrai, je l'ai promis,, avec du muscat !
Je reprends la route vers Lison mollement allongée, siestant au grand soleil...
Au bord de la petite route au milieu des champs et des vaches rousses qui lui font si peur.
Bonjour Lison,
RépondreSupprimerJ'aime... que puis-je dire de plus ?
C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai retrouvé, 25 ans après mon précédent passage, ces vieilles demeures du Lot dont celle de mon grand-père datant de 1871. Certaines abandonnées et, petit à petit, reprises et remises en état par des anglais ou irlandais. Dommage pour les français....
Une bien jolie rencontre comme tu sais les faire.
RépondreSupprimerLa visite d'un endroit de rêve avec un monsieur finalement très sympathique.
Gros bisous Lison.
Belle journée à toi et ta petite Tribu du Sujet
Você teve sorte de conhecer Joan, ele é muito simpático e tem uma casa muito bonita,
RépondreSupprimerse encontra mais móveis como aqueles!
Obrigada por compartilhar sua visita a Joan e seu adorável gato.
beijos
Adri
Impressionnante cette masia !!! Merci pour cette visite ... Tu as bien fait de parler à ton chat ! Cette conversation t'a ouvert cette maison ... Merci pour ce reportage Biz
RépondreSupprimerQuelle belle propriété ! J'ose à peine imaginer la somme de travail pour l'entretenir. Merci pour cette belle visite.
RépondreSupprimerElle a peur des vaches rousses, Lison ?
RépondreSupprimerSuper cette visite surprise dans cette grande et belle ferme. Tout à l'air si bien entretenu. Je suis admirative. Mais c'est un peu triste une si grande demeure pour une personne seule je trouve (même avec un chien et un chat roux ;-) )
Il est très sympathique El Joan pour inviter ainsi la voyageuse à boire un café. C'est un geste qui devient rare.
Une visite au paradis ou au musée .Quelle belle rencontre chaleureuse, cela fait plaisir .Merci de la partager.
RépondreSupprimerIl t'a permis de prendre des photos, c'est sympa!
Belle journée, bises Lison
La vie nous réserve toujours de belles rencontres. Tu as la chance de savoir parler l'espagnol. Moi qui vais m'y rendre fin juin, je ne sais pas le parler, dommage cela ne facilitera pas les échanges avec les espagnols, mais bon, j'aurai un traducteur sur mon smartphone, faut de mieux...
RépondreSupprimerTrès belle bâtisse, mais immense !... pour une seule personne...
Bisous, Lison.