Il faisait très froid et j'étais vêtue d'été , oubliant que la montagne est en décalage avec la plaine.
Donc fallait oublier le froid, le vent et se réchauffer l'esprit : quoi de mieux qu'un bon sujet ? Va pour la solitude me dis-je puisqu'elle était omniprésente, depuis que j'avais quitté mon village la veille à midi.
Bon j'avais mon chat ! Ma Nina...
Nina et le Cambre d' Aze |
Tout avait commencé la veille avec le bonheur ineffable de revoir les montagnes, le Cambre d' Ase majestueux face auquel j'avais posé mes feuilles de papier et mon crayon. Instant de solitude prolifique, poursuivi à Formiguères devant un vin blanc et mes feuilles de papier..
Ecriture devant le Cambre d' Ase |
et au café à Formiguères, près du torrent |
Puis au soir tombant je gagnai la station de ski déserte et solitaire, bien être s'il en fut face à un superbe décor.
La douceur du soir qui tombe |
J'étais prête, dans le gel matinal à gagner les hauteurs si seulement la piste le voulait bien. Farouche, la piste, déterminée, moi, le camion passa et je m'étonnai plus tard de ne pas voir d'autre véhicule là haut...Peut être avais je été téméraire ? Mon vaillant camion avait adhéré au projet...comme au sol. Mieux valait ! Il avait même trouvé devant son nez un mur de neige ; on avait reculé, fait demi tour sur la piste , quelle aventure ! Somme toute banale quand on va dans les lieux où je vais; ce n'était pas la première fois.
Faut se réveiller ! |
Faut se concentrer |
Donc je me mis en route à 7 h 45 dans un froid matin étincelant et venté.
La neige était déjà présente et si je n'emmenai pas les raquettes ce fut juste pour ne pas me charger : mon projet serait celui que m'autoriserait le sol. Crampons et piolet étaient du voyage, c'était plus sûr.
Mer de brume sur l'Aude, le Madres, 2465 m, étincelle |
En forêt sur une piste de ski ; j'ai froid |
Au sortir de la forêt, m'attendait la Serra de Mauri, toujours différente d'un voyage à l'autre. Ce paysage pourtant monotone sait s'habiller de variété selon l'heure, le temps, et peut être le regard qu'on y pose.
Sur la Serrade Mauri Au fond le Morters |
Justement mon regard n'est pas rose, je ne suis pas encore présente à mon décor, je suis ailleurs, la joie et le bonheur habituels sont absents : n'aimerais-je plus autant la montagne ?
Pour tuer cette inquiétude, je songeais à la solitude, à son empreinte dans ma vie, cette solitude que je cultivais déjà à 5 ans à la "petite école", puis au lycée plus tard, à l'adolescence. Solitude consentie, recherchée et productive.
Dos aux Péric (Serra de Mauri) |
Une vie à deux ensuite, intense, mais que l'accumulation d'activités éloigna de la vie sociale, des amis. Vie à deux où l'on se suffit mais le jour où cela se termine, la solitude, la vraie, l'insidieuse saute à la gorge comme une louve affamée. Et c'est la débâcle! Je réfléchis à tout cela tandis que la Serra de Mauri égrène sa "toundra" , ses collines et ses crêtes, balayées par un vent, comme il se doit, bien glacé ! J'ai pris la tenue d'été et j'enfile par dessus mon pantalon léger mes...bermudas !! Chaud aux cuisses raides de froid. Plus tard je mettrai les guêtres.
La solitude...sur ce froid désert elle est totale. je me sens plus que jamais isolée du monde car j'ai perdu mon portable. Coupée du monde. Mais quel monde depuis ce belvédère! Jamais lassant...
Depuis le belvédère de la Serra on découvre les Camporeils (site, lacs gelés et Péric) |
La solitude...je poursuis ma réflexion du jour -entrecoupée il est vrai- en descendant vers les lacs en pensant à cet immense travail d'apprivoisement, les "soins palliatifs" dont je fis preuve pendant trois ans et que je cultivai jusqu'à la lie pour mieux l'apprivoiser plutôt que de la rompre (à chacun ses méthodes) avant qu'elle devienne mon amie, mon alliée, ma bienfaitrice...Ah je pourrais en écrire un "guide" : "Vers une solitude consentie et bénéfique" par exemple...!
En bas, devant le refuge |
Puis j'abandonne le sujet, la montagne m'habite à nouveau, mon esprit est requis par les pentes raides et enneigées que je descends en mettant mes pas dans les empreintes gelées de mes prédécesseurs.
Le paysage est splendide et je descends vers son coeur dans lequel bat l'eau sous la glace, celle des lacs qui commencent à dégeler en ouvrant qui un oeil bleu, qui un oeil vert.
Les Camporeils : une forêt classée pour ses essences, 12 lacs, un refuge mais aussi un site de bivouac, un lieu très prisé du tourisme de montagne. Bon cela se gagne quand même !!
Dégel |
Un tributaire, ruisseau qui relie deux lacs et passerelle |
J'arrivai au refuge fermé, dont la,terrasse se chauffait au soleil: une bonne collation, les crampons chaussés je redémarrai vers ce Péric (petit) qui me tentait tant.
En haut d'un mur de neige, pour jouer |
Je franchis en crampons, faut pas déraper |
Très enneigé au site des Camporeils |
Enfin à regret je quitte le monde des sapins, de l'eau et de l'abri pour regrimper sur la Serra de Mauri, une Sibérie ici.
Là je vais suivre les crêtes, histoire de prendre de la hauteur, pour descendre de longs névés soyeux et remonter des murs abrupts, piolet en mains, mais sans crampons aux pieds. J'ai un frein à main efficace. Je vois deux silhouettes humaines qui déchaussent des skis devenus inutiles, je ne verrai pas leur voiture, ils l'ont laissée en bas à la station. Je suis seule en haut. Personne n'est monté.
Serra de Mauri à nouveau |
Portella de Botadiol, Pic de la Tribune etc...je ne les connais pas encore mais ils sont au menu estival (Vallée du galbe) |
Pour le fun, un mur |
et pour le fun, la descente |
Vers la fin du voyage, je vais entrer en forêt En fond le Madres |
Mais là tout en bas m'attendait Nina, un déjeuner sur l'herbe, une sieste enroulée dans la polaire, de l'écriture au grand soleil, un tas de bois pour ma cheminée afin de ramener"le parfum séché des montagnes".
Au bas de la piste mon camion dans un beau décor |
Puis la piste à l'envers avec ce passage "chaud" entre névé et piste rouge...un frisson car cette fois le vide est au bord de moi...
Chaud...chaud |
Nina veille, confiante et ronronnante, rien ne peut donc m'arriver.
Je m'arrache difficilement à la montagne redevenue aimée.
En route.... |
En chiffres
Temps de marche (et de jeux): 4h
Dénivelé positif cumulé: env 740 m
Distance : 9 km env
Ils sont merveilleux ces lacs des camporeils surtout en cette saison car ils sont peu fréquentés on peut y savourer la solitude, belle réflexion d'ailleurs sur le sujet. Merci pour ces belles photos de cet endroit qui m'est cher. Nina a aussi apprécié !
RépondreSupprimerEn été la foule gâche un peu ce petit paradis.
L'été me tente moins là bas, je contourne pour aller vers la "plaine" des Camporeils, les plateaux qui conduisent au Mortiers par exemple. Quant aux Camporeils vus d'en haut du Pic de même nom c'est tout simplement superbe
SupprimerOui, nous faisons comme toi ! Le Mortier et le pic des Camporeils sont très beaux et moins fréquentés et la descente par les lacs est très agréable.
SupprimerBelle réflexion sur la solitude. Photos magnifiques et texte où perce une certaine mélancolie, me semble t il. Huguette Guisset
RépondreSupprimerEffectivement; mon grand questionnement était plutôt "est ce que j'ai toujours envie de faire de la montagne?" et comme je ne pouvais encore y répondre j'ai bifurqué vers la solitude
SupprimerCC... Quel exploit, encore... Bonne et belle reflexion sur la solitude... magnifiques photos, comme à l'accoutumée !!!
RépondreSupprimerBRAVO... On en redemande :)
Douce soirée, Bisous, Câlins @ tes Félins
Il faut aussi varier un peu les blogs donc dans un cadre familier pour le rendre un peu piquant faut un dérivatif, sur le terrain comme en récit. Mon prochain sujet sera je crois l'amitié. Bises
Supprimertrès beau magnifiques paysages . du courage dans ce froid ... La solitude un beau sujet .on a toujours besoin d'un peu de solitude, je l'ai connu comme toi mais avec 2 enfants, le soir elle était pesante. toujours un beau texte ... caresses à Nina qui elle t'attendait bien au chaud . bises
RépondreSupprimerElle est bénéfique quand on vit à 2 ou plusieurs s'il y a des enfants, ça fait du bien, ça détend. Ensuite à forte dose si on n'y est pas habitué elle est lourde. le tout est d'alléger, chacun fait à sa manière, soit en s'entourant d'amis soit en l'apprivoisant, ce que j'ai fait. Bisous et à bientôt j'ai un sujet de sortie.
SupprimerCoucou Amédine La Solitude est Notre Compagne à Tous :) La partager Nous rapproche un peu :) Merci Amédine pour La Balade Les Photos :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)
RépondreSupprimerMagnifique Paysage
RépondreSupprimerQuand le ciel est aussi bleu, les Camporeils sont magiques et ce, quelque soit la saison. Très beau reportage une fois encore et touchant de surcroît. Pour moi,la vue des Péric et des lacs depuis la serre de Mauri restera à jamais synonyme de mauvais souvenirs....Tu iras lire mon article et tu comprendras pourquoi.....
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