mardi 14 août 2018

Le Tuc de Molières (Val d'Aran) 3010 m

Ce fut comme un grand éclat de joie qui ne devait rien à Molière bien que cela se passât dans un grand théâtre, ou plutôt un amphithéâtre, de roches et de neige.
Cet éclat de joie était du à la rencontre fortuite entre deux personnages, l'un n'étant ni Avare de son temps, de ses paroles et de sa virtuosité, et l'autre n'étant pas une Femme Savante, mais une femme savamment pourvue de témérité et d'audace.
Ainsi Didier, rencontré par hasard sur ma route, m'adopta aussitôt à la manière d'un chat et lui, le virtuose des cimes, qui jonglait avec les arêtes et les impressionnants dénivelés, me demanda comme une faveur de pouvoir randonner avec moi! Tout simplement. Car cette "petite" balade (pour lui) manquait à son actif.
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Molières est le nom d'un pic du Val d' Aran, en Espagne, juste celui que j'avais choisi ce jour, pour m'offrir un 3010 m, mon cadeau annuel.
Molières...d'où vient ce nom ? A présent que je suis redescendue de ce pic et ses environs où tout se nomme Molières, cela vient tout simplement de la quantité d'eau contenue dans cette montagne; presque jusqu'au sommet, la montagne expulse de l'eau : du sol et même des rochers. Un vrai réservoir d'eau ! On peut partir la gourde vide on ne périra pas de soif !

Au bivouac, le Molières tout au fond



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Iris des montagnes; on en trouve bien plus haut
à plus de 2000 m d'altitude
Ainsi, en ce petit matin du 5 août, à 6 h 36, je prends en solitaire le chemin qui doit me mener à ce dôme arrondi que je voyais depuis mon lit.Une des particularités est que le parking est en bord de nationale, à l'entrée du long tunnel de Vielha( plus de 5 km)  et que le sommet est visible, presque à portée de main, mais en levant bien le bras quand même !
Je marche seule dans le silence du petit matin : des fleurs sur mon chemin et de l'eau  tout au long, la première des 4 cascades est là, somptueuse .


La 1ere cascade

Le ton est donné : fleurs , roche et eau
Ah j'oubliais, neige et ciel bleu

Les cascades sont autant d'étages dans la montagne, je grimpe vers la seconde, plus modeste mais plus pittoresque car il faut vraiment la longer, elle se partage en plusieurs chutes , c'est frais et "chaud" à grimper. Les premiers marcheurs sont là.

Que d'eau ! 2 eme cascade

Un peu plus haut, cela m'enchante. J'entre dans un grand cirque de montagnes bordé de crêtes et d'arêtes déchiquetées, sur un ciel d'un bleu profond. Des éboulis, des pentes magnifiques, des reliefs tourmentés, je suis dans le coeur de Molières. Pas d'animaux. Dans mon dos, d'autres massifs, les Bésiberris sont une musique bleue sur laquelle les notes des arbres noirs se découpent en caractères japonais. Je me retourne souvent car c'est beau, ce bleu contraste avec le minéral blanc et ocre qui est mon décor.


On ne voit plus le sommet, il est derrière tout là haut
Donc ça va monter fort

Derrière moi, que c'est beau

Un catalan qui avait bivouaqué au bord de l'eau me rejoint et me montre une jeune marmotte qui paraît endormie. Elle se réveille stupéfaite et disparaît. Je n'en reverrai pas. La montagne commence à se peupler, le catalan passe son chemin et un autre homme me rejoint, pour l'heure je suis le seul représentant de la gent féminine. Je grimpe dans une pente assez soutenue qui remonte la 3 eme cascade, non loin de laquelle passe le chemin. A mon "Holà" il répond "Bonjour",  et ne me quittera plus de la journée. Singulière rencontre qui va me marquer.

Didier : dorénavant, il "habillera " mes photos
Un personnage met en valeur la montagne (et réciproquement)





Dominique et Françoise, mes compatriotes

 Didier navigue habituellement de crêtes en arêtes, de corniches en pas d'escalade, presque toujours en solitaire, un funambule des cimes et je vais, au long de la rando, me régaler de ses récits aériens, paysages en surimpression de celui d'ici. On a en commun cet amour de la roche et de l'inhabituel, alors on scrute les arêtes, on observe les ciselures, un monde enchanteur naît du paysage revisité par ses mots. Quel heureux hasard que cette rencontre. Chemin faisant on a abordé aux rivages des lacs, de beaux lacs de montagne que les névés caressent. 4 lacs dans un écrin parfaitement minéral, la pelouse disparaît, les fleurs restent, entre les roches, jardins de rocaille, de grande rocaille.



Que de roche ! Sur fond de Massif des Besiberris

Les lacs : 4 en tout

On monte; Besiberris en fond

Altitude 2400 env: le derrnier des 4 lacs
A partir de là, avec Didier on va s'offrir de la fantaisie. On monte lentement car il a tant à me raconter! Et on se concerte furtivement, d'un simple regard parfois : "on y va ?" et nous voilà partis sur les rochers, grands dômes granitiques arrondis ou un peu plus raides.


A présent, hors du sentier


Chemin pavé 

Je me régale


Jardin de montagne

La 4eme cascade, mince et fine est loin, le sentier non plus n'y passe pas. Les lacs s'amenuisent, avec leurs névés baigneurs à la peau blanche. Nous, on est brique plutôt.

Couleur brique pour tout le monde
On a déteint sur la neige !!

 On marche sur des névés rougeâtres, des rochers gris ou pâles, de l'eau sourd de partout. On monte en hors sentier mais le sentier il n'est guère carrossable : notre chemin est bien meilleur et surtout plus sympathique, voire original.




La roche dans tous ses états

Un chemin de Misanthropes que nous sommes, soucieux d'éviter nos semblables, l'un comme l'autre. Le sommet nous regarde, avec ses habitants et nous on scrute une brèche qui part en arête vers le sommet. Je suis sûre que seul, Didier l'eut tentée. Je l'aurais suivi mais si je suis incapable de passer?...donc on rejoint le gros de la troupe, au passage le plus délicat de la journée, le névé. Très pentu, il mériterait crampons et piolet, j'ai le piolet et je suis les traces que Didier approfondit, c'est plus sécurisant mais j'ai le coeur battant ! Le Molières a aussi son Ecole des Femmes, dirait-on ! En élève appliquée, j'avance. Beaucoup l'ont contourné dans les rochers. Seule? Qu'aurais je fait ? Avec le piolet je serais peut être passée.



Le névé pas facile

ça se voit pas mais j'ai peur de dévaler


Le dernier "mur" en escalade facile

Le névé s'achève sur un vrai mur qui se monte facilement en varappe et soudain, devant mes yeux, c'est l'arête avec une échancrure qui ouvre sur...waouhhh...un panorama d'exception ! Tout le massif de la Maladetta, et ses pics de légende : Russel, Aneto, Maladetta, son glacier, le tout enrubanné de nuages, quelle beauté, quelle élégance !

Sous mon nez, l'arête, 2935 m, devant mes yeux : waouhh, l' Anéto en Majesté

Massif de la Maldetta et Pic d' Aneto, 3404 m, un des 3 toits  d' Espagne



Pour rester dans l'élégance, on suit l'arête de vastes blocs enchevêtrés pour parvenir au sommet, à l'aplomb du grand théâtre sur lequel ouvrent des couloirs que Didier évalue, tous sont "faisables" en descente...euh...





Didier scrute un à un les couloirs ..euh..facile dit-il

Le sommet est peuplé, sans trop, le Molières est un 3000 facile. On file directement vers la proue de ce navire et Didier part inspecter l'arête tentatrice. Bon il semblerait que ce ne fut pas facile, on a bien fait.
Sur le fil de l'arête , là d'où l'on vient (la prairie en fond de photo)


Il scrute

Egalement


Le sommet est un belvédère remarquable, il est difficile de s'en lasser. Des lacs étagés, des pics dont je découvre les  noms, je ne les connais pas, tout est nouveau pour moi.
On se balade, on observe, on déguste, on se restaure aussi, à la terrasse de ce restaurant panoramique!


Le 2nd toit de la Péninsule Ibérique

Le toit du jour : 3010 m
Faudra que je pense à celui du dessus !





















Plus tard, on descendra tranquillement, le névé me rend ma condition d'élève appliquée et puis au rythme lent des conversations, on refait le chemin à l'envers, pas de variante ici. Le parking est juste long à arriver, mon pied demande grâce mais n'aimera pas la balade du pied nu.


Le sentier, la partie la moins carrossable
Ce genre de terrain me va en descente, je file



Il file aussi

Un randonneur contemplatif sur notre chemin

Dominique et Françoise, mes sympathiques voisins de camp, venus eux aussi du 66, nous rejoignent sur le sentier et font part de leurs randonnées passées; ainsi, chemin faisant on arrivera au parking : une bonne bière fraîche nous attend au voisin refuge de Conangles, porte du Besiberri (3017 m)...auquel je pense déjà ! Encouragée par Didier, mais à quoi ne m'encouragerait-il pas ? "Tu peux faire bien plus de dénivelé" me dit-il. Euh...ça dope, toutefois.


Il est quand même beau...avec sa pelouse, un peu haute toutefois


La montagne perd ses eaux


Voilà ...une belle rando qui s'achève...

Mais...j'y songe déjà...pourquoi ne rattraperai-je pas le 3000 dont je fus privée l'an passé, campée sur mes béquilles et criant de douleur ?
                                                                                                                        A suivre donc....


En chiffres
Dénivelé : 1400 m
Distance: 13.6 km
Temps de marche...impossible à calculer, on a pris le temps de prendre le temps et on a bien fait


A Didier pour sa présence  et ses encouragements


7 commentaires:

  1. Annie BUgnot et Ludovic Peytavi, vos commentaires se sont perdus...dommage, désolée

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  2. Bonjour Lison, je viens de lire vos échanges sur Facebook aux sujet des commentaires. Toujours curieux, je vais essayer...
    Je n'ai pas eu le temps de lire... mais les photos !! magnifique, je viens de faire un voyage sur la lune ou sur mars. Je confirme ce qu'écrit Jordy Adell : "Époustouflante randonnée. .avec des commentaires dignes d'un "roman d'aventure ".
    Je clique pour voir si ça marche...

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    1. Ici ça marche, par contre leurs coms, ils ont un mal fou pour les publier...merci de ton passage en haute altitude et en terre de roche, un peu dure comme moi, lol... Bisous Pierre

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    1. essai transformé Nika, au sujet de la présentation du comm, ça marche

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  4. Un jour peut-être ... si je rencontre un magicien. A mon tour je t'enverrai des photos pour te remercier de tous ce merveilleux endroits (ou quelques-uns) que nous tu nous partages. Merci

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    1. Quel joli commentaire...malheureusement anonyme..euh...pourquoi pas juste 2 initiales ?

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