Je fais référence au grandiose Roc de l'Aliga (ou de l'aigle) sur les hauteurs de Fontpédrouse que j'ai visité voilà quelques semaines. Un roc inaccessible et bien escarpé, normal, les aigles se perchent.
Cette fois cela se passe quelques étages plus bas, à partir de Serdinya.
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Serdinya |
Serdinya est emblématique car c'est à peu près dans le secteur que s'ancra en 2021 mon amour inconsidéré pour le Conflent, région des Pyrénées Orientales, vallée de la Têt.
J'avais ciblé alors, sur le secteur, les canaux d'irrigation, parcouru des km de canaux en service ou livrés à l'abandon, découvert leur environnement et rédigé quelques 196 pages de descriptif, plans, photos etc
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Mon ouvrage sur les canaux de Serdinya |
Depuis, j'avais abandonné Serdinya et "ratissé" le Conflent, de préférence toujours en rive gauche de la Têt.
Me voilà revenue ici sans réfléchir, un coup de tête ou un coup de coeur subit : ce sera le village abandonné dels Horts et le Roc de l'Aliga. Et cette fois, une rando sous l'égide de sentiers "civilisés".
Je démarre dans un matin éblouissant de lumière; Sedinya s'éloigne vite tout en bas, la pente du sentier est très prononcée. Un printemps étincelant, des oiseaux qui chantent, le cliché parfait! Les murs solides, les couleurs de la roche, le bleu du ciel, des fleurs et de l'herbe partout, la sécheresse passée semble un mauvais rêve, et je monte. Le thym est devenu fou cette année ! Je croise la belle ruine de La Guardia, déjà j'atteins le hameau de Marinyans. Les paysages me remémorent toutes mes recherches d'il y a 4 ans, un siècle, tant ma vie a été intense depuis.
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La Guardia |
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Eglise de Marinyans, 12 e S, détruite en 1895 car très ruinée |
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Prairies de Camp del Marc |
J'aborde la superbe montée sur Els Horts; le sentier s'engage dans les falaises rouges, les pâtures vertes en terrasse dévalent jusqu'en leur lisière, terre de contrastes.
Le sentier ! il escalade la falaise entre murs et lacets, 8 en tout, bien raides, pavés, et beaux.
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Les lacets du chemin |
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Les murs des lacets, sens montant |
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Côte pavée |
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Un lacet |
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Les murs des lacets, sens descendant |
Els Horts est sur l'autre versant. Dans une débauche de thym, genêts et fleurs multicolores, une farandole de parfums, le chemin suit son cours, est taillé en falaise, ouvre sur le décor du Roc Campagna et ses environs austères et déjà, dans le vallon aux verts multiples, se devinent les ruines ocres dels Horts. L'aubépine emplit l'air de son âcre parfum. Une perdrix s'envole lourdement à mes pieds, ce sera le seul coeur battant animal du jour.
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Chemin dels Horts taillé dans la falaise |
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Chemin dels Horts, passage en falaise |
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Arrivée als Horts |
Je connais els Horts, je cible ma re visite sur le captage des eaux qui permit la vie ici; les maisons se défont doucement dans les terrasses envahies d'arbres, la vie s'est retirée, c'est une vie douce et immobile sous les frondaisons. On s'y sent bien. Un escalier vers le ciel, un rouleau de pierre ayant servi à moudre le grain oublié dans les ronces, une fenêtre sans toiture ni volets, un lilas éclos dans le néant, c'est Els Horts, "les jardins", et au milieu coule une rivière sèche, dans une gorge immensément profonde qui témoigne de torrents effrayants il y a des millions d'années. Que j'avais longuement et difficilement visitée il y a 4 ans.
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Canal amenant l'eau du Querllong |
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Bassins |
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La source captée |
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L'eau du canal (tout est à sec) |
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Rouleau en pierre pour moudre le grain |
Je m'éloigne vers les hauteurs, un sentier sous le couvert suit le ruisseau de Querllong, direction le Roc de l'Aliga.
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Je vais suivre cette vallée : le Querllong |
Le sentier, non balisé mais bien tracé, grimpe très fort dans les sous bois: j'ai juste l'impression que c'est moi qui me traîne, les mollets sont douloureux; en descente je comprendrai pourquoi : c'est raide ! Je monte, il fait chaud, le décor est superbe : fleurs, pelouses, arbres et sur ma droite une série de falaises creusées de grottes, rochers que je gravirais bien si la forme était là.
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En sous bois de pins |
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Borne |
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Le site des falaises |
Soudain je la vois : une balme, abri sous roche fermé d'un grand mur, alors mes jambes piaffent mais ce n'est pas le moment. Une autre fois. Je quitte le sentier pour celui de l' Aliga et ma surprise est grande. Ce n'est plus un sentier, c'est un chemin, une avenue, un boulev
ard qui eut une utilité passée conséquente : chemin de transhumance ? Chemin forestier ? En lien avec les marbres griottes exploités plus haut ? Très surprenant car sur la carte c'est un pointillé noir sans destination . Sur le terrain il poursuit sa route jusqu'à Rocafumada, le joli secteur des marbres griottes que j'avais longuement visité il y a....déjà 6 ans. |
Un abri sous roche et son mur |
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Eb blanc chemin pour Rocafumada En rouge, pour le roc de l' Aliga |
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Chemin muletier |
Voici sur la gauche le Roc St Marc, je ne m'y rendrai pas car je suis attendue de façon très imprévue. Je me contenterai du Roc de l' Aliga, en suivant ce chemin muletier aussi inattendu que merveilleux.
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Roc Saint Marc |
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Même site avec Serdinya en fond |
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Le hameau de Flaça |
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Passage en sous bois |
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Passage de ravin |
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Le chemin dans son décor |
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Le chemin |
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Passage d'écoulement des eaux : j'en compte 6 |
Le Roc de l' Aliga sera une belle surprise. Je cherchais un roc escarpé, pointu, quasi imprenable et bien, contrairement à son peu lointain homonyme, 12 km à vol d'oiseau ...euh...d'aigle, il est en contrebas du chemin, sorte de plate forme rocheuse sans caractère. Mais ne nous leurrons pas : posée en équilibre sur son extrémité, j'ai sous les pieds exactement 200 m de vide absolu. Le roc est surplombant et ...je m'assieds !
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Ravin du Bonàs vers l'amont, vers Rocafumada |
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Bouquets garnis |
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Chemin montant de Flaça au zoom |
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Roc de l' Aliga 1123 m |
Le paysage aérien est somptueux, je ne peux m'en détacher. Je dirais presque que le Canigou trop familier fait pâle figure, malgré ses bleus rehaussés par la météo capricieuse.
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Bien sûr il est partout : el Canigó |
En bas, une vallée, celle du Torrent de Bonàs file jusqu'à Serdinya. Puis le hameau de Flassa, loin de tout, et son église remarquable. Sans compter les vallonnements descendant à Serdinya, toujours présent dans le décor.
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Le torrent de Bonàs vers l'aval, vers Serdinya |
Seule, peut être aurais-je choisi un itinéraire de retour en boucle mais je suis attendue sur le chemin du retour, de façon impromptue et agréable. Alors je file bon train, ce n'est que descente à présent, Canigou droit dans les yeux, crêtes lointaines ourlées de nuages menaçants . Il fait chaud, un temps estival. Un gros caillou roule sous mes pieds, effarée je l'entends bondir dans la pente, je perds le son, je crois qu'il court encore !
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Canigou |
En peu de temps, je rejoins les Horts et mon visiteur imprévu, nous arpentons un peu les ruines qui lui sont également familières et, finalement, avant le chemin du retour, on cherche une bonne table de restaurant avec vue imprenable, dans le parfum du thym, sous la chaleur ardente du soleil. En bavardant comme les vieux copains que nous sommes on rejoint le village, j'aurai bénéficié de deux belles chutes sans conséquence, histoire de voir que les cailloux sont durs et que les sentiers bien tracés ne sont pas toujours une panacée !
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Escalier vers le ciel : els Horts |
Depuis notre "restaurant", terrasse ombragée et clim'.
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La grande maison dels Horts |
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Le Roc Campagna |
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Dels Horts au Campagna, panorama |
Une rando impromptue qui m'a donné un goût de revenez y car elle m'a ouvert des horizons multiples. Et comme je fais du Conflent ma destination de prédilection, je crois que je vais y prendre racine...enfin façon de parler, je bouge sans arrêt !
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Et oui, je suis un peu pigeon voyageur. |
En chiffres
Dénivelé : environ 600m
Distance : 9.8 km
Temps de marche : 3 h 15 (hors arrêts
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