mercredi 10 janvier 2018

La neige à tout prix !

Voilà 24 heures que je tergiverse : la météo est "pourrie" pire nous sommes en alerte orange, en alerte orage (c'est le jour des tornades). Et moi qui attendais avec impatience d'aller à la neige : objectif le Cambre d' Aze...Rien que ça ! Alors, lassée d'attendre et aimant par dessus tout conduire dans la tempête, je prends la route avec mon vaillant petit camion, habitué à mes facéties. Je suis prudente tandis que s'abat un déluge sitôt partie de la maison . Je roule dans de vastes flaques boueuses, sous un ciel zébré de superbes éclairs verticaux : le tonnerre franchit même le bruit de mon moteur et de la musique ce qui n'est pas peu dire. (Oui mon camion vient d'avoir 31 ans, il a gagné des décibels). Le ciel est magnifique, tout est noir, les lampadaires sont déjà éclairés en ce milieu d'après midi et ce qui m'ennuie un peu c'est la neige qui recouvre les montagnes bien plus bas que prévu. Je sens que mon programme sera modifié.

Dans la tourmente, en plein après midi

Je suis certes téméraire mais prudente à la fois donc je décide de m'arrêter à la limite pluie neige. Olette est dépassé , Fontpédrouse sera ma "carte prudence" : la neige  est à 150 m au dessus, je ne vais pas aller me risquer à la "côte de Fetges" et ses 10%.

Fontpédrouse, de toute façon, j'adore y dormir. Ce village a une histoire puissamment marquée par la nature, par les avalanches. Comme j'aime dormir à l' Hospitalet (Ariège) servi par une même histoire.
Une plaque a été apposée à Fontpédrouse narrant ces épisodes passés (18 eme et 19 eme S). Le village garde encore une fracture, coupé en deux et la montagne témoigne des efforts humains pour couper les avalanches.

Fontpédrouse by night



Les yeux jaunes de l'église de Prats Balaguer

Il pleut sur Fontpédrouse et la nuit qui tombe, il pleut sur Fontpédrouse et la nuit tombée. S'il neige dans la nuit, je file ! Dans le calme et la chaleur de mon "micro hôtel" je passe une délicieuse soirée, au rythme de la pluie qui fouette.

Fontpédrouse et son clocher vu d'en bas et d'en haut

Dans la nuit, le ciel est serein, étoilé et c'est d'un pas léger, au matin,  que je pars marcher. Oh, surprise, la neige empoussière le bord de la route, elle s'est arrêtée quelques mètres au dessus de mon toit!
Je veux juste aller rejoindre les grands arbres immaculés, vêtus intégralement de blanc qui scintillent plus haut, dans ce petit jour serein.


Alors j'entreprends le sentier que j'avais déjà parcouru et tant aimé un jour de mai 2016. Il grimpe très vite en une série de lacets bordés par des murettes : aujourd'hui je sais que ce sont les pare avalanches édifiés il y a longtemps.


Murs pare avalanches anciens

Les cailloux du sentier sont couverts d'une carapace de glace qui rend ma progression prudente.
Les épais tapis de feuilles mortes du sentier sont plus confortables, bientôt la neige les recouvre et le paysage se transforme.


Prats Balaguer et la neige de la nuit

De la vallée qui s'amenuise me parviennent les bruits familiers, entrecoupés de chants d'oiseaux printaniers. Voitures, camions, chute d'eau, moteur de la centrale électrique, cloches de Fontpédrouse, puis plus tard de St Thomas, le sifflement plaintif du petit train jaune enfin le grand silence du blanc.
C'est pas l'authentique train Jaune ou Canari


 J'ai atteint le lieu magique où le paysage est immaculé, vierge de traces (sinon celle des biches) .





Les arbres se parent de plus en plus au fur et à mesure que je monte et le grand silence -qui n'en est pas un- du blanc devient musique en une riche partition feutrée. D'abord quelques petites fleurs de neige glissent des arbres et c'est comme le bruit de la pluie qui accompagne ma marche. Puis, la couche s'épaississant, c'est le glissement feutré de petits paquets  qui s'écrasent au sol avec un bruit mat. Cela bruisse de partout, la neige ruisselle des arbres en fine poussière, c'est magnifique. Bien sûr je profite de cette douche glacée dans mon cou et sur mes bras nus!








Un rayon de soleil fait son apparition dans ce ciel bleu gris et tous les arbres se mettent à scintiller: c'est la fête de la lumière sur le sentier, dans la forêt! Une pluie de gouttes lumineuses dégringole des arbres et la forêt chante allègrement : dans ma solitude, c'est féerique.

Oui en marchant il fait chaud
Et j'ai une belle ombrelle




















J'ai bifurqué sur un sentier que je ne connais pas, qui conduit vers Sauto, village haut perché(1575 m) . La gare est en bas, tout près de la route, le village à 350 m plus haut, il fallait du courage pour remonter ce dénivelé afin de rentrer chez soi !!


Sauto 1575 m

Le paysage , de l'autre côté de la vallée, est magnifique. Prats Balaguer dans son décor, les vallées creusées, les sapins de cartes de Noël (c'est versant adret), les pics enneigés, mon regard se perd dans ces lointains quasi monochromes...Tout ce gris bleu...


Prats Balaguer (à droite) enfoui dans la neige de la nuit








Vallée de la Riberole , Pics de Monellet et Raco Petit



Sur leur château perchés




Evidemment ma randonnée ne m'offre aucune rencontre et cela me va : ainsi je peux entrevoir deux biches apeurées moins curieuses que les isards et sur un "château"  de rochers effilés, une colonie d'oiseaux immobiles, comme sculptés dans la pierre.








Eboulis saupoudrés
Coulée granitique




J'ai atteint depuis longtemps les arbres blancs : les chênes nus, zébrés de noir et blanc, puis les sapins - comme de Noël-  ces sapins des cartes de voeux d'antan, et enfin les hêtres de sucre candi. C'est magnifique...Je l'ai eue, ma neige à tout prix, et une balade banale s'est transformée en féerie.








Canal de llar





Je m'arrête au Canal de Llar(1470 m), il est près de midi : petite pause casse croûte (debout), je ne finirai pas d'arriver à Sauto, 100 m plus haut.



J'ai déjà fait ce parcours. Par contre revenir en suivant le canal est impossible. Je connais le chemin, incertain, éboulé, raviné, exigu : sous ce manteau neigeux, il est carrément dangereux.


 Sagement je repars par le même sentier, paysage à l'envers, autrement séduisant, espérant toujours LA rencontre : des animaux sur mon chemin.




La vallée de La Riberole

 Rien. Les bruits familiers de la vallée remontent doucement vers moi, les cloches de St Thomas puis de Fontpédrouse n'ont pas d'imagination : un seul coup, 13 h, le "pic et le repic" puis la demie. J'arrive à mon camion, ma tenue estivale a de quoi surprendre les automobilistes, je me hâte d'aller m'habiller.


Fontpédrouse
Additif : après ma randonnée, un gros bloc de rochers (3 tonnes) s'est détaché de quelque part dans (ou en dessous de) ce parcours et a atterri sur la route et la voie ferrée en contrebas. Je n'y suis pour rien ...j'espère...-))

En chiffres:

Dénivelé : 450 m environ
Distance: 8 km










8 commentaires:

  1. Huguette GUISSET10 janvier 2018 à 15:02

    Encore une belle balade dans tes chères montagnes. Photos magnifiques et récit qui nous donne envie d'aller te rejoindre tout là haut.

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    1. La prochaine fois on prend le train (jaune ou non, celui de la vie) ensemble. Bisous

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    1. ah oui les paysages enneigés et pas encore salis, trop beau ! Bisous

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  3. De superbes photos, comme toujours, et un texte formidable.
    Une très belle promenade pour nous qui sommes au chaud.
    Une petite info, sur la photo "Vallée de la Riberole , Pics de Raco" le pic pointu au centre est le Monellet et on distingue seulement le pic de Racò Petit à droite.

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    1. Ah je croyais que c'était les 2 Raco! J'ai rectifié, toi tu sais tu les as foulés de tes grands pas...Je n'irai jamais, c'est trop long pour moi. Dommage mais la vie si elle est pleine de regrets est aussi pleine de satisfactions, cette très modeste balade en est une. Au chaud ...ouais...tu es souvent au grand froid, et continue à y aller !

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  4. Magnifique balade... toujours des paysages à couper le souffle... de magnifiques photos !!!
    Bon aprem, bisous, câlins à tes félins
    Ps : pas sûre de l'avoir déjà fait : une belle et heureuse année 2018.

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    1. Bonne année aussi à toi ma Belle, et oui il y a chez nous une diversité de décors qui chantent en toutes saisons. Bisous félins et humain(e)

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