samedi 20 janvier 2018

Suivez les traces, en raquettes

Ou une journée serEyne

Décidément,les week ends sont maussades, alors, c'est une chance de pouvoir profiter du lundi au soleil.
Une chance de retraitée !

Ma destination ? Derrière le Canigou

  Je prends la route, direction la montagne, mais je ne sais où, en voiture, ce sera juste à la journée. 90 km de route sinueuse, ce n'est pas du rapide, 1 h 45 plus tard, je serai à pied d'oeuvre. Ce sera justement à pied aujourd'hui, chaussée de ce que je n'aime pas particulièrement , les raquettes.
Les raquettes me fatiguent, j'ai l'impression de marcher dans la mer, cela épuise mon énergie, mais pour arpenter un blanc tapis de poudreuse, c'est le seul moyen de locomotion valable. Hormis le ski que je ne pratique hélas pas.
La semaine passée, je voulais la neige à tout prix, et bien cette semaine ce sera à ce prix : m'user jusqu'aux genoux, raquettes aux pieds.
Ce n'est pas une corvée, la balade me fait accepter ce moyen de locomotion.
Il est tard, ce n'est pas la peine de songer aux sommets, je veux juste me promener à travers champs!
Dès Mont Louis, le paysage est enchanteur, je n'ai que l'embarras du choix, alors en voiture, je continue à l'envi, au hasard.
Autour de la Cabanasse; station de la Molina en fond

Les champs que je choisis sont à 1500 m d'altitude, aux portes d' Eyne, village entre Mont Louis et Saillagouse. Eyne a deux visages : le visage paysan et le visage sportif, station de ski, bien séparés l'un de l'autre. Eyne village bucolique est souvent une de mes escales estivales : j'y ai mon rocher en bord de route, dans les champs, haut perché où je vais lire et bronzer à l'abri des regards.

Sur mon rocher perchée, été 2016, je contemple ...Pic de Quer, 2288m et vallée d' Eyne à gauche

Devant moi s'étendent des prairies qui ondulent jusqu'à la jolie vallée d' Eyne, jusqu'à la montagne qui s'élève brusquement en direction des 4 Puigmal. L'été j'y contemple les fleurs, j'écoute la musique des insectes , les sonnailles de troupeaux et je musarde au soleil







La route dans la forêt qui conduit à mon rocher a changé de visage, elle invite impérieusement à la balade .
Le rocher est inaccessible , quasi invisible mais c'est décidé, c'est là que je vais marcher !



Version été : prairies et vallée d' Eyne, juillet 2016


Même lieu, version hiver
Je laisse la voiture en bord de route et enfin équipée (il en faut des choses !!), je m'élance dans la neige étincelante de mille cristaux, sur des champs immaculés où pas un humain ne s'est aventuré.


Oh c'est une balade sans prétention, que j'entreprends, jusqu'au pied de la montagne, peut être ? Je n'en sais rien...Je marche. Mes pas s'enfoncent sans trop dans la poudreuse, dans un paysage à peine vallonné, coupé de chemins creux et de sentiers de randonnée qui se dessinent en relief.




Cette balade ne vaut que par le silence, l'immensité immaculée, les sommets environnants magnifiquement habillés;

Le Pic Pedros et ses 2915 m, à peine plus bas que le Carlit





Carlit : 2921 m


Font Romeu, le Carlit...et ma trace


 Elle vaut par les multiples traces d'animaux qui sont comme une invitation aux voyages et je me plais à les faire parler, ces animaux inconnus dont je ne saurai jamais ni le nom ni la direction.

- N'ai je pas l'air de venir du lointain Carlit ? dis-je ?
- Moi, j'hésite un peu finalement ce sera Capcir.
-  Quant à moi je suis très déterminé, en régulières foulées !



- J'ai quand même les plus belles empreintes, regardez ce chic dans ma démarche !
- Je suis comme un peu ivre, ce blanc m'enivre très fort...
- Dis, tu me laisses faire un bout de chemin avec toi ?

- Mais tu as fait quoi là ???
- J'ai réinventé la clé de sol!
Sur mon chemin je rencontre, bien abrité dans sa chapelle façon guérite, St Michel, peu vêtu et  point trop gelé! Il dépense tellement d'énergie...à terrasser



Mes pas m'amènent doucement, au gré des empreintes d'animaux jusqu'à la forêt toute proche : le soleil resplendit mais un petit air aigrelet, venu de l'ouest, laisse augurer un lendemain qui chantera moins
A l'ouest, la belle Serra del Cadi étincelle dans sa robe plissée, juste baignée par un voile de brume tombé à ses pieds. sur la Cerdanya Catalana


Sa voisine, La Pedraforca aux multiples facettes a toujours un air austère et des crocs menaçants. Alors qu'elle sait être si élégante !



Pedraforca



















Eyne à ma gauche se dévoile doucement dans ce qui ressemble à un tableau  très épuré...A mes crayons ! Oui mais je m'assieds où ?

Clochers d' Eyne
Petit village de carte postale : Eyne
Je continue à travers champs, jonglant entre les traces des animaux invisibles, traces que je longe parfois mais que je ne veux pas fouler pour ne pas les abîmer, si élégantes.





 Je grimpe sur une petite butte couverte de sapins, Le Serrat de Sant Miquel, à près de 1700m. La poudreuse habille les arbres , tout étincelle et n'est que silence. La proche station de ski est muette, c'est lundi. C'est bien ainsi.
Je fais ma halte grignotage avant de me lancer dans la pente rude et petite qui mène aux sapins de Noël tout en bas ; et au pied coule une rivière ensevelie par la neige, elle chantonne sous son manteau et sort respirer à l'air libre par intervalles.

Du haut de mon perchoir, je décide de descendre en lisière de forêt.


Tout n'y est que silence et ombre profonde

La respiration du ruisseau, le Rec del Rondola

Je reviens doucement par la vallée avant de remonter sur le plateau, vaste, dénudé, aux horizons immenses. Passage obligé puisque j'ai semé mon bonnet quelque part sur la neige.
Cette fois ce ne sont plus les empreintes qui me captivent mais tous ces sommets et leur géométrie. Et cela ne manque pas. Qu'ils sont beaux, ces inconnus ! Je fais un pointage à la boussole pour les identifier sur une carte.


Identifié à la boussole : Pic Nègre d' Envalira, 2815 m

J'en ferai une destination estivale.

Le Madres

Un peu plus tard, revenue à ma voiture, je reprends la route, alors que le vent aigrelet charge le ciel d'une flottille de nuées en route vers là où je vais, vers l'est...allez le temps va changer!
Je file, fatiguée mais revigorée. Je l'ai eue ma bolée de neige !

Sur le Cambre d' Aze
En chiffres dérisoires
Distance :4 km
Dénivelé : 150 m


Par curiosité, l'évolution agricole des lieux où je me suis promenée


Années 60 et de nos jours, sources Géoportail

4 commentaires:

  1. L'art du conteur est de savoir captiver, de rendre personnel ce qui passionne le lecteur ! Merci pour cette balade si bien détaillée, plein soleil, avec de très belles photos. Graciès senora. ASP

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    1. C'est aussi en pensant à vous, lecteurs, que j'engrange des sensations pour vous les restituer et autant que faire se peut, vous donner envie de voyager avec moi. De partager ce que je vis avec intensité. Le monde est cruel, pour un instant, l'oublier. Gracies a vous de me donner envie, aussi

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  2. CC... MERCI pour cette magnifique balade... que de merveilles, tu as la chance d'admirer... merci de nous en faire profiter !!!
    Douce soirée, bisous, câlins à tes Félins

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    1. Sûr que cette mini balade est magnifique avec son décor. Je vis dans un des plus beaux et variés départements de France "en bas là bas", j'ai de la chance. Gros bisous de nous

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