Il y avait beaucoup d'eau en ce mois de juin. Bien trop d'eau venue du ciel , qui nous faisait oublier le bleu du ciel, le bruit du vent et la chaleur du soleil.
Chaque jour était novembre même s'il ne faisait pas froid; cela en était désespérant.
Entre averses sporadiques et déluges momentanés, j'appelais cela "la mousson catalane".
Et si je le mets à l'imparfait c'est juste parce qu'hier, soleil, vent et ciel bleu sont revenus.
Mais déjà, ce jour, novembre a repointé son nez et une averse a furtivement glissé sur la campagne .
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Sous la pluie et la grêle réunies |
Voilà une semaine, je décidai , malgré le temps maussade, d'aller aux Bouillouses, ce site si charmant tout au bout du département. Un épuisement comme j'en connais parfois est un bon moteur pour partir : me reposer, ailleurs, devient une nécessité .
Je pris la route avec quand même l'espoir d'une petite balade dans ce que l'on nomme "Désert du Carlit", une sorte de plateau cerné de sommets et émaillé de lacs, un ancien cirque glaciaire évidemment. Plus d'une dizaine d'étangs auxquels s'ajoutent des "basses" soit des étendues marécageuses à 2200 m d'altitude. je comptais pousser mes pas vers les Coll Roig, sur ce plateau dont une grande partie m'est inconnue.
Je déchantai fort vite, la grisaille ne lâchait rien.
La pluie rattrapa ma route et m'accompagna sans faillir. A Mont Louis, cette eau venue du ciel s'orna de jolies petites billes blanches : le grésil.
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Cambre d'Ase sous le déluge |
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St Pierre / la Cabanasse strié par l'averse |
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Les lilas rappellent que ce n'est pas l'été |
Je commençai à douter mais l'envie de Bouillouses fut la plus forte.
Que d'eau !!
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Monument à Emmanuel Brousse En fond le Cambre d' Ase |
La route étroite sur 13 km longe la rivière La Têt, née aux Bouillouses mais cette fois, c'était une belle rivière tantôt calme et large, tantôt bouillonnante et endiablée, comme si elle avait le Diable aux trousses. Le ciel s'étant calmé, je m'octroyai un moment de repos/écriture au bord de l'eau, mais personne ne s'attardait en ces lieux pourtant très plaisants ...oui, sous le soleil revenu me saluer pour me laisser imaginer que...peut être... Que nenni, oui !
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Un peu de soleil dans tout ce vert et sur l'eau froide |
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La Têt |
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Repos au bord de l'eau |
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La Têt endiablée |
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Moment de rire : elle refuse de s'écarter Je dois la pousser avec le camion |
Les Bouillouses croulaient sous la grisaille qui me laissa entrevoir quand même deux Péric chapeautés et sur leur gauche la Serra de l'Orri et la vallée de la Llose bien enneigée encore.
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Les Péric maussades et à leur gauche, vallée de la Llosa |
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Avant le barrage : années 1900 |
Tandis que grondait au loin le tonnerre, des gouttes de pluie rendaient encore plus sinistre le paysage, les eaux noires du lac et les Péric qui, après m'avoir saluée d'un grand coup d'ailes, devait disparaître à ma vue pour le reste du séjour.
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Au centre, la noire Serra de l'Orri et ses 2711 m |
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1955 |
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63 ans plus tard la petite fille de la barque a vieilli |
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Autre temps des barques Mes grands parents étaient enfants à cette époque là |
Je me promenai un moment dans un paysage franchement et fraîchement désolé, étant presque la seule habitante des lieux. Un pêcheur courageux et éphémère, un campeur gelé, quelques filles et femmes seules venues certes pas chercher l'été ou l'âme soeur, ne s'attardèrent guère sur la digue du barrage, véritable belvédère. Les lieux de vie étaient fermés à l'exception du Bones Hores où je ne suis jamais allée, je m'en aperçois en écrivant ces lignes.
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Chalet Hôtel des Bones Hores |
Imperturbables, vaches et chevaux donnaient de la sonnaille sous les averses fines et pénétrantes.
Toutefois, après la balade, je me réfugiai dans l'abri bien chauffé de mon camion, dont j'émergeai pour le repas du soir au petit refuge CAF où Christophe concocte des repas magnifiques. La tablée n'était que de 5 mais conviviale, c'est aussi le charme des lieux.
Un matin plus loin après une nuit de repos que la chanson des averses effleura à peine, la brume rôdait autour du lac, sur le lac, se permettant parfois une escapade noyée de ciel bleu mais revenant à la charge, décidée à ne pas lâcher un pouce de terrain .
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Calme et silence |
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Le Barrage année 1904 et 2001 m d'altitude |
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Construction du barrage: 1903 / 1910 |
Je continuai ma lecture interrompue par la pluie : depuis 2017, un grand livre de métal raconte au fil de ses lourdes pages l'histoire de la construction du barrage; une fascinante épopée très joliment contée.
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Le livre du barrage |
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Le livre dans son décor (ou ce qu'il en reste ce matin) |
La brume s'obstinait , m'enveloppant comme si je fusse devenue fantôme, aucune perspective de balade à moins de m'y fondre, de m'y perdre.
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Au parking : en 1ere plan, le déversoir du barrage coule à pleins flots |
Sagement je décidai de rentrer. Comme le déversoir du barrage trop plein,la Bouillousette, cette étendue marécageuse rarement noyée était devenue telle que pouvaient la voir les constructeurs du barrage lorsque les lieux étaient deux zones marécageuses en ces années 1900.
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La jolie Bouillousette |
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Les pins à crochets pleurent leurs larmes de pluie |
La route étroite et bordée des (mal) odorants genêts purgatifs que je nomme "le soleil d'or de la montagne" offrait en ce matin quelques jolies perspectives d'accidents : des pêcheurs pressés, comme si le lac dut s'évaporer, montaient à toute vitesse imaginant la route déserte.
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La route construite en 1903 |
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Mimétisme |
Je laissai la route à ses brumes et à ses chauffards, la rivière à ses gros bouillons tonitruants et filai vers ma plaine, 95 km au delà, toujours noyée de grisaille, évidemment.
En projet sur mon 2nd blog : la construction du barrage, inspirée par "le grand livre du barrage", à consulter in situ, devant l'Office du Tourisme des Bouillouses
Encore un site à visiter en été je ne sais s'il y a des campings la bas ou un camping mais j'irai bien en août un jour pas cette année trop chargée de projets. Un lieu de calme pour se ressourcer et des vacances de balade .merci pour ton récit toujours passionnant et prenant et ton retour sur le passé. Une belle évasion bises à la prochaine et pleins de caresses à ta tribu et particulièrement à Nina qui s'est laissé faire .
RépondreSupprimerIl y a un camping sur cette route de 13 km, au km 2 ou 3 près de Mont Louis. En été le site ,'est accessible qu'avec une navette. Interdit à la circulation car protégé et route très étroite comme tu as pu le voir. J'y ai rencontré un autobus, c'est pas facile !
SupprimerOk merci j'ai noté c'est à faire les alentours sont bien aussi
SupprimerOk merci je note des balades à pied aussi
SupprimerCamping du Pla de Barrès super, en pleine montagne et traversé par la Têt. J'ai beaucoup aimé y faire une halte il y a une quinzaine d'années. Et les Bouillouses, magnifiques
SupprimerIl leur en manque encore à ces Bugnot !! Incroyable !! Allez on leur en fait voir des choses et de toutes les couleurs
SupprimerTrès beau récit comme d'habitude. Nous irons, en famille, y faire un tour en septembre sans doute. Cela fera jaillir quelques vieux souvenirs de jeunesse dont une "célèbre" partie de pétanque sur le Pla de Barrès infesté de moustiques ! Fa temps ! Encore merci pour cette balade ! ASP
RépondreSupprimerLe Pla de Barrès n'a rien perdu de ses charmes...quant aux moustiques ? A voir sur place !!
SupprimerToujours aussi agréable à lire...
RépondreSupprimerEt fort instructif pour un maritime comme moi qui n'ai que très peu parcouru ces montagnes
Si tu avais la pêche de mon jeune âge je te les ferais parcourir...hihi, si ça te dit...
SupprimerTristounettes les Bouilouses en ce jour de « mousson Catalane » mais envoûtantes tout de même. Belles photos anciennes qui nous font découvrir qu’elles n’étaient qu’un laquet avant la construction du barrage. J’aime bien y aller hors saison lorqu’il n’y a pas encore trop de monde. Belles photos malgré un temps maussade, toujours un plaisir de te lire. La route qui y conduit est très belle, plus on monte plus c’est beau, la multitude de lacs est un petit paradis et pour finir le pic Carlit est la cerise sur le gâteau. Tout un programme à la portée de tous car différents niveaux de randos sont possibles. Bises Amédine, câlins à ta tribu. Nous bricolons....
RépondreSupprimerJe bricole tu bricoles, elle bricole, nous...ça se conjugue chez nous !! Bon un jour je vais au Coll Roig vous connaissez ? Bises
SupprimerOui, nous connaissons, nous y sommes allés avec des amis qui étaient sensés connaître le parcours et qui en réalité ils ne se souvenaient pas très bien... le GPS de Claude a été d’un grand secours... en plus nous sommes partis de Brongoli et c’est très long par là. Je pense que l’on peut partir dès Bouillouses pour plus de confort. Vu notre épuisement, nous ne sommes arrivés qu’au lac en bas du pic. Le sommet sera pour une autre fois car c’est très beau, roches rouges. On n’y a rencontré personne a part un berger, la vue est magnifique. On pourrait peut-être le faire ensemble si tu es d’accord ?
SupprimerAvec grand plaisir
SupprimerCC... c'est tristounet une balade entre pluie et brume !
RépondreSupprimerBelle semaine, bisous, câlins les Félins
Tristounet mais garant de repos car dès qu'il fait beau je ne peux que galoper. Et là j'avais besoin de me poser. Bisous...tu n'as pas su mais j'ai perdu 2 félins en 3 jours, morts écrasés. Bertille ma Douce que j'adorais et le beau Firmin qui m'avait choisie. Beaucoup de chagrin
SupprimerLes Bouillouses, pour moi ... c'est le paradis ! J'y suis allée un nombre incalculable de fois, été comme hiver. En voiture, avec le camping-car. Que c'est beau ... Je viens de lire Lison que tu as perdu deux chats. Comme tu dois être triste. Nous, nous avons perdu notre Cannelle, notre chatte rouquine. Et notre chienne Urka (je viens de mettre un billet sur mon blog où je parle d'Urka justement). Trop triste ...
RépondreSupprimerOh...donne moi les références de ton blog si tu veux bien...
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