samedi 27 octobre 2018

Pic de l'Homme Mort par l'arête (2 eme )

"Enfin, c'est décidé, ce sera"...disais-je dans mon précédent article...
Rassasiée par mon frugal repas, avec en guise de dessert aucune envie de Péric par l'arête ni de Portella Gran, me restait-il donc à rentrer à la maison ? Pas du tout. Il est un lieu qui m'avait attirée voilà deux ans mais, fatiguée, je l'avais laissé à de futurs projets.




Ce lieu est un petit col (2605 m) entre les Pics de l'Homme Mort et la Portella Gran, qui a deux intérêts : aller voir de plus près une arête qui me tentait déjà  et aller se pencher sur le vide de la vallée ariégeoise au dessous.


Le vent glacé du nord m'oblige à me rhabiller, et je descends de mon restaurant rapidement, pour me réchauffer.


Ce ne sera que descente jusqu'à un petit lac, minuscule, en train déjà de geler. Un autre château de cartes fait d'éboulis rocheux et je reprends de l'altitude, voilà le col.


Château de cartes rocheux


Graphisme de glace
A ma gauche, une arête noire, découpée, noyée du soleil qui me fait face, conduit à la Portella Gran.

L'arête austère

Vue sous un autre angle
A ma droite...et bien encore une arête, celle qui conduit à l'Homme Mort que je crois invincible, avec son grand mur de soutènement.

Arête vers le Pic de l'Homme Mort
En face, des montagnes à l'infini.

Face à moi les montagnes d'Ariège
Et en bas ? cette vallée ariégeoise, 400 m plus bas qui s'enfonce jusqu'à moins 700 m, celle du Ruisseau de la Grande Porteille qui va grossir ma rivière préférée, l'Oriège. Belle leçon de géographie là haut.
La vallée ariégeoise, 400 m puis 700 m plus bas
Curieuse, je m'aventure sur l'arête en direction de l'Homme Mort : elle est aérienne, faite de gros blocs stables, et faciles à arpenter. Donc, je grimpe : j'ai ma seconde ration d'arête. Comme rien ne m'arrête, j'arrive au pied du mur, un immense mur qui plonge dans le vide, vertical, fauve et infranchissable.


Devant moi : mon chemin

Derrière moi : le chemin parcouru,
le col et l'arête effilée, prochain repas?

Au pied du grand mur infranchissable (à droite une faille)
Mais...en ce terrain là je me sens à l'aise alors je continue, cherchant la faille. Si facile ! Le bloc se contourne face est et je me trouve au pied d'un vaste escalier fait de dalles de schistes en mille feuilles facile à escalader , surtout par sol sec. Mouillé ce doit être hyper glissant. Et en un rien de temps je suis au sommet du Pic de l'Homme Mort (2668 m), nommé aussi de Morters, ou, sur les anciennes cartes, des Morts. Enfin ça fait beaucoup de morts par ici.

L'évitement : un grand escalier

Détail

Le grand mur plongeant dans le vide
 En effet, je suis partie le matin faire cette rando au Pic de Camporeils en pensant avec insistance que je serais au centre d'une triangulation de morts : le Pic certes, mais aussi les deux défunts récemment trouvés dans le secteur après des mois de disparition. C'était ce qui m'impressionnait le plus mais j'ai vite oublié, prise dans le feu de l'action.
Donc au sommet de ce pic, je savoure la vue, je savoure le vent et les couleurs, je savoure le vide et le silence . Je savoure la vie.
 Je pourrais redescendre par les grandes dalles mais je vais suivre l'arête jusqu'à son extinction.L'arête domine, à ma gauche, un vide de  700 m, à ma droite un vide de 100 m : disproportion énorme !


Panorama depuis le sommet


Un dédale de dalles

Que...dalles !



A son extinction elle n'est qu' à quelques dizaines de cm du sol, avec, de l'autre côté toujours des centaines de m c'est curieux !




Une arête d'une grande facilité malgré son côté aérien voire exposé. Une arête où l'on pose rarement les mains.
Dès lors, je n'ai plus qu'à regagner mon camion, tranquillement, dans un désert jauni émaillé de lacs encore bleus. Je tracerai tout droit, suivant une ébauche de sentier cairné, en grignotant mes fruits secs. Je change mes pneus, cette fois je les ai bien assurés !




Au passage j'examine les peu engageantes face et arête nord du Pic de Camporeils, décidément c'était pas facile...enfin pour mon niveau .

Face nord du Pic de Camporeils

Face sud du Pic de Camporeils

Le retour, avec le froid qui grandit en moi, ce qui ne me ressemble pas, est plaisant malgré sa monotonie, dans un désert humain mais n'y suis-je pas habituée ? Ne le recherchai-je pas ?
Un dernier regard sur ce site magnifique des Camporeils et je grimpe sur la Serra de Mauri où je croise 3 cyclistes s'époumonant contre le vent qui forcit sur la piste qui grimpe .
Magnifique paysage : le site est classé


Le sol est encore gelé , cela n'a pas vu le soleil

La forêt fait autour de moi un petit cocon protégé et soudain un grand éclat de rire intérieur me gagne : à travers les sapins, je distingue la jaune silhouette d'un canoë Kayak ! C'est Ana, ses chiens, son fourgon, son canoë et sa joie de vivre qui m'attendent au grand soleil !



Pic de Camporeils et son arête


Chiffres du jour (en 2 récits)

Temps de marche : 6 h 30 env
Distance parcourue : env 15.5 km

Dénivelé positif cumulé : env 980 m




8 commentaires:

  1. Quel panorama ! Le plus beau site des P.O. (Paradis oriental) la vue depuis les crêtes est sublime côté Camporeils comme côté Ariégeois. Bravo pour tes photos et ton parcours d’arête en arête, quelle pêche !
    Nous y sommes allés en juin mais la neige était trop présente nous avons dû nous arrêter un peu au dessus des lacs. Bises Amedine c’est super ce que tu fais.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme c'est en altitude, et en Capcir c'est vrai que la neige dure longtemps, j'ai rencontré ce problème l'an passé aussi puis une autre fois en haut de la vallée du Galbe. C'est pourquoi les randos d'automne sont sympas dans ce coin. Paradis Oriental cela me plait beaucoup !A prédent la neige y est déjà, c'était ma dernière rando ici...avant un grand moment. Les biches ont froid ! Bises

      Supprimer
  2. On dirait que rien n’est infranchissable pour toi
    Bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Une vraie partition de musique...la montagne....si je devais faire un film je crois que je l'illustrerais avec tes créations musicales car toutes deux on évoque la sérénité. Bisous

      Supprimer
  3. Je viens de relire cette magnifique journée, tes joies et ta boulimie d'arête ; ce fut un régal. C'était il y a un an pratiquement jour pour jour. Cela donne des idées à condition que le vent ne soit pas de la partie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui exactement le 22 octobre 2018 ma sortie. je n'en garde que du bonheur, j'étais hardie cette année là, je le suis moins mais ça reviendra! Un peu de courage que diable, non cette année j'ai un peu peur. Je pense que du coup cette lecture va te refroidir car c'est trop facile mais il te reste la voisine bien noire et aussi celle du Pic de Camporeils, tu peux faire le tour du cirque sans t'arrêter...euh t'arêter...hihi

      Supprimer
    2. Le seul objectif est de passer une bonne journée en montagne, qu'importe la difficulté.

      Supprimer
    3. Et bien c'est garanti; beau secteur où je reviendrai pour la xxxeme fois parce que dans cette vastitude qu'est ce qu'on est bien...

      Supprimer

Votre commentaire: