Tout a commencé un jour de juin 2020, je me promenais sur les hauteurs de la Carança, en rive gauche, vers 1700 m soit 500 m au dessus de la Carança; de la rivière et de ses gorges je ne voyais rien mais la rive en face attirait mon regard, tout aussi escarpée, accidentée, quoique moins rocheuse que mon environnement immédiat, quand soudain mes yeux furent attirés par la chevelure blanche d'une immense cascade. C'était parti pour des rêves, des recherches, qui m'amènent en ce dimanche de Pentecôte, avec mes amis sur les traces de la cascade enfouie.
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Le site |
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Vue d'ensemble |
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La cascade |
Nul ne la connait, on ne la voit ni ne l'entend, seule une certaine quantité d'initiés en connaissent l'existence, qui reste confidentielle, et que cet article révèlera discrètement: le lieu est quasi introuvable et surtout très dangereux, donc aucune indication ne sera donnée. Principe de précaution. Les fins limiers feront comme nous.
La Carança a un cours de 15 km et reçoit plusieurs ravins affluents. Deux d'entre eux ont une cascade, bien cachée.
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La grande cascade sur un torrent |
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La petite sur le torrent voisin |
Avec Christelle et Alain, nous sommes lancés dans l'aventure. Une première approche eut lieu le 1er juillet, on chercha une ébauche de sentier, en vain. Le projet fut rangé et ressorti samedi dernier, une ébauche de sentier nous ayant été confirmée par un trailer. Alors tous trois nous remontâmes le ravin, parcours du combattant s'il en est ! Escarpé, glissant, malaisé, il nous permit au moins deux choses, la première étant de voir en partie la cascade, la seconde de réaliser son inaccessibilité.
Images de cette tentative :
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Remontée du ravin |
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Chemin encombré |
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Je les contemple d'en haut |
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1er obstacle: une première cascade |
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Et la grande, convoitée et inaccessible |
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Bon on doit réfléchir... |
En était-ce fini de notre rêve ? C'est mal nous connaître...Je consultai la carte et résolus d'essayer un autre passage par un site n'ayant rien de commun avec notre cascade.
Pourtant le hasard me permit de jeter un rapide regard sur une carte particulière à la buvette du parking. Un fragment s'imprima sur ma rétine et du fond de mon lit, je compris. Il répondait parfaitement à mon idée saugrenue d'autre chemin.
Ainsi en ce dimanche matin pluvieux, alors que rien n'était prévu sinon le temps maussade, nous partons (8 h38) pour une remontée rapide des gorges désertes, rien ne nous y amuse ou presque, sinon nos projets, j'ai mon vieux sac plein de cordes, l'essentiel..2 h plus tard, nous prenons un sentier remontant un ravin qui n'a rien à voir avec celui de notre cascade, mais je suis sûre de mon fait. Le sentier tourne à droite vers un autre horizon, on remonte directement le cours escarpé et enchevêtré du ravin et on parvient à un cairn : LE sentier, accompagné d'un petit panneau discret. Je ferais presque des sauts de joie.
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On a trouvé : c'est parti ! |
C'est un joli sentier escarpé mais de façon régulière, collection de lacets dans un magnifique sous bois de chênes, hêtres et conifères, semé de places charbonnières. C'est propre, vert, pimpant, égayé de chants d'oiseaux, le ciel gris ne gâte rien.
230 m de dénivelé serré et 1.7 km. Mais un ancien sentier de travailleurs, donc bien équilibré.
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Oui ça monte ! |
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Construction charbonnière |
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Charbon de bois |
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Montée escarpée |
Des rochers pointus coiffent les hauteurs, puis le bruit de la cascade parvient à nous, instant de victoire. Vite douché, impossible d'atteindre la cascade.
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Dentelles de verdures ou de pierres |
On débute alors un petit périple en amont, remontant le cours du ruisseau. De cascades en eaux pétillantes, c'est un ruisseau étroit et vif, que nous remontons, usant même de la corde. Site idéal pour pique niquer, même l'averse fine et passagère ne nous dérange pas.
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Le versant en face, rive droite, d'où j'ai découvert la cascade |
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Belle forêt |
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Notre rivière en amont de la cascade |
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Une petite cascade |
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Place charbonnière et déchets |
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ça descend...sur les fesses |
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ça descend |
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Le bon passage, à gué |
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Survivor ! |
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Traversée prudente façon chasse préhistorique |
On revient vers la cascade. Se déplacer ici est malcommode, ça glisse, ça grimpe ou ça dévale, finalement j'installe la corde, seul moyen d'accès au départ de la cascade. Descente un peu difficile, prudence maximum exigée, et nous voilà tous les trois au sommet de la chute d'eau dont nous ne verrons RIEN ! Je tente l'escalade d'une vire étroite, plus que RIEN!
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Christelle En bas, j'assure...rien du tout |
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Alain |
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Le haut avant le grand saut |
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J'essaie d'arpenter une vire encombrée pour voir le grand saut en évitant le mien |
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Jardins |
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Faut de la poigne |
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Remontée à la corde |
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Le départ du rappel
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La déception s'installe, un vestige de corde autour d'un tronc nous laisse entendre que cette cascade n'est accessible qu'en rappel.
C'est mal connaître notre obstination. Un regard circulaire nous indique un promontoire d'où on pourrait peut être voir...il est facile de s'y rendre, Alain tente et réussit un passage, j'ai peur et rebrousse chemin. Alors je décide d'escalader un bloc, nu pieds pour les prises, le départ est trop haut mais je réussis à contourner la difficulté et c'est nu pieds que j'explore mon sommet et me repais de la vue, rejointe par Alain nue tête! Franchement c'est subjuguant.
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Elle est si belle...
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Séquence shampoing |
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Jardins |
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Le bloc rocheux |
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Après tout, pourquoi pas ? |
Mais...il nous manque quelque chose d'essentiel...voir la base de la cascade. Alors on se lance dans un couloir repéré par Christelle, à la corde tant c'est pentu. Tous les 20 m un relais sur un arbre indique que tout un chacun descend, ou monte, ici, à la corde. Je descends mais aucune ouverture sur la cascade dans cette muraille, donc j'impose le demi tour. Finalement ce chemin descendait en voie directe sur la Carança, on le tentera une prochaine fois.
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Descente du couloir |
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Descente |
Parce qu'on est restés sur notre faim : on n'a pas vu la fin de la cascade.
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Tous les 20 m un relais dans le couloir |
Au final on essaie de suivre un très beau chemin qui semblait devoir rejoindre les hauteurs et le "vrai" sentier de randonnée mais finit en cul de sac au bord de la rivière, le chemin des charbonniers qui avaient sans doute leur habitat rustique ici; il y a pire comme décor !
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Décor |
Monter un tout droit dans la pente de près de 400 m, encombrée et escarpée serait "suicidaire" (pour moi) donc on revient par le même chemin, silencieux, las, bras et jambes usés, de la cascade plein les yeux mais avec une certitude : on recommencera ! On forme tous trois une bonne équipe, je savoure le plaisir de voir mes "folies et délires" partagés avec enthousiasme! Quel bonheur...
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De l'énergie à revendre pour la benjamine |
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Retour... |
17 h 40 on peut se poser devant une boisson fraîche et un repas chaud.
68 km de route m'attendent, le couvre feu sonne à ma porte à mon arrivée. Là bas, on vit hors du temps, hors du monde. On est riches d'une journée d'amitié, de complicité, d'efforts et récompenses partagés.
En chiffres
Distance : 15.2 km
Dénivelé cumulé : env 650 m
Temps de marche (et évolutions à la corde) : 6 h 20
En image, une partie de notre périple
En jaune nos parcours
En bleu, l'eau et la cascade
Toujours aussi bien écrit ton blog, un sacré jeu de pistes. Une journée épuisante mais riche de bonne humeur et découverte ils nous aura fallu parcourir 7 fois ce site pour découvrir cette cascade. Merci encore pour ces belles journée. Je t'embrasse
RépondreSupprimerOn n'a pas fini ! Tu vas apprendre à nouer 2 cordes entre elles, avec nos 40 m réunis on descend le couloir en double on n'aura plus qu'à tirer dessus tous les 20 m et on essaiera de grimper sur la falaise à droite du couloir, qui sera peu haute et on verra - j'espère- la fin de la chute d'eau ! ça vous dit ? bises
SupprimerMoi oui, Et bien d'après ce que nous avons vu pour nouer deux cordes ce sont les nœuds les plus simples, les nœuds de 8 sont à banir trop dangereux.
SupprimerNous tenterons donc, et pourquoi pas la seconde cascade? A y être...faut investir, faut amortir...
SupprimerTrès belle balade !merci
RépondreSupprimerMais attention près de ces Cascades niche parfois le gypaète !
Nous n'avons pas eu le plaisir de le voir, par contre nous avons vu des emplacements dans les falaises où nichaient de grands oiseaux, j'ai supposé des vautours, sans doute étaient les gypaètes alors ! Sui vous connaissez le site, peut être en messagerie pourriez vous répondre à quelques une de mes interrogations? Déjà vous m'apportez un précieux élément. Lison066@gmail.com
SupprimerUne véritable aventure. Félicitations à vous trois. Superbe récit, vif et détaillé. Mon écrivaine favorite? Sûrement ces derniers temps.
RépondreSupprimerAmitiés à vous trois
Merci pour l'écrivaine non pas parce que tu y mets un E, moi, les professions au nom masculin pour les femmes ne me dérange pas, c'est plutôt le contraire : une professeure, une cheffe ...je trouve ça pas naturel du tout. Pour moi c'est un honneur pour une femme de porter sa profession au masculin, c'est une reconnaissance , féminiser est presque rétrograder! Mais bon, je suis "de l'ancien temps" hihi. Et moi je me régale de faire crapahuter mes lecteurs (trices) et rêver pourquoi pas ? Bises del Migdia, mon prochain article
SupprimerOk. Mais l'écriture inclusive , quelle horreur! J'avoue que je n'apprécie pas non plus cette féminisation à outrance de professions. En plus dire écrivaine te catalogue en écrivain femme et ne t'inclut donc pas dans le totalité des écrivains. Poutous
SupprimerUn vrai parcours du combattant mais une belle découverte cette cascade avec ses jardins suspendus et fleuris. Bravo à tous pour cette exploration fort bien décrite, un jeu de piste intéressant. Votre persévérance a payé. Bises à tous, j’ai envie d’ajouter "un poc botchs" LOL.
RépondreSupprimerTu peux le dire : un poc i hasta mes que aixo bojos, ou un peu beaucoup fous! On a pensé à vous là bas, vous vous y seriez vus ? C'est pourtant envoûtant...On compte y revenir , la cascade n'a pas livré tous ses charmes. Si ça vous tente...y aura de la descente en s'aidant de la corde juste pour ne pas se fatiguer, ça se descend à pied....et à pattes !. Bises
SupprimerLa folie serait de ne pas faire de folies...vous avez raison.
SupprimerNous, on préfère s’éclater en montagne au dessus de la forêt, alors oui pour une rando mais plutôt sur les hauteurs. Roxanne a hâte de s’aérer car on est entrain de vider la maison de ma mère depuis plus d’une semaine donc pas de randos, heureusement s’est presque fini. Bises.