Nicole est une femme en qui je me reconnais beaucoup. Nos
âges correspondent et on a chacune nos chemins de résilience qui ont fait de
nous des femmes ayant envie de découvrir, de dévorer la vie, de profiter de
notre santé et de nos aptitudes physiques, ce qui, hélas, n’est pas donné à
tout le monde. Le sachant et sachant comment tout peut s’arrêter brutalement
nous ne sommes pas avares de nos potentialités. C’est une femme que j’admire.
Elle vit dans un de ces petits villages au cœur des Corbières, dans ce site
même que j’ai tant exploré, de falaises en arêtes, de ravins en arches.
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Perdue et perchée, l'arche |
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Logée quelque part dans ce chaos |
L’arche, justement. Cette « arche perdue » comme
nous l’appelons, immense, évoquant un visage grimaçant, un œil dans la
muraille. Ma fascination est plus récente que la sienne qui date de l’enfance.
J’ai cherché la voie et un jour je l’ai trouvée. Nicole aussi la cherchait et
l’a trouvée mais elle n’a pas osé s’enhardir à grimper vers ce ciel. De plus
elle avait un petit défi à relever puisque on lui avait fermement affirmé qu’il
n’y avait pas d’accès à l’arche.
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Avant d'y aller, faut plonger, en sous bois |
Je lui offre donc de l’y conduire, j’ai déjà fait avec elle un
bout d’arête sous un vent violent, je sais qu’elle a le pied sûr. L’envie fait
le reste.
Nous voilà donc en un après midi de temps estival, sans
vent, ciel uniformément bleu dans ce décor de garrigues et de murailles
calcaires semblables à des forteresses.
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Le décor : Serre et vallée de Maury, village de Maury. Pour nous, c'est ombre de la face nord |
Nous laissons le kangoo se dorer au soleil de cet hivernal
été et nous partons légèrement équipées dans un sentier bien tracé face nord.
C’est humide et glissant, mais le sentier depuis ma venue a été revisité et sa
coupe rafraîchie rend la progression confortable. Une ou autre murette témoigne
peut être d’une ancienne culture dans ce sol ingrat à souhait. Rien ne freinait
les anciens, les vignes montaient presque à l’assaut des falaises.
Le
trajet est court, il descend plus qu’il ne monte en sous bois épais puisqu’il
cherche la base des falaises. L’arche a disparu aussitôt entrevue, mais je
connais son emplacement donc nous n’avons pas à chercher, de toute façon le
sentier s’arrête à un pierrier qu’il nous faut remonter brièvement.
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Montée sportive |
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Oui ça va grimper et rouler |
Alors on arrive à une première barre rocheuse, peu élevée mais très glissante. Un passage en diagonale nous ouvre l’étage au dessus, qui va être très sportif ! C’est un classique éboulis de montagne désagrégée, fait de rocs de toutes tailles, on a l’embarras du choix pour la vitesse de glissade ! Pour quelqu’un qui n’a pas pratiqué ce genre de terrain je comprends que cela peut inquiéter, je donne donc à Nicole quelques rudiments de technique au fur et à mesure qu’on s’élève. La descente est plus aléatoire dans ce décor là. De rocs en végétaux, on assure notre montée vers le bleu du ciel, seuls les genévriers nous narguent, pas question de s’y agripper ! Je reconnais que bien que j’aie déjà fait ce trajet, je suis toujours aussi fascinée par cette approche, on entre dans le cœur de la montagne. Une première fois on est concentré sur le chemin, la glissade, l’axe à suivre, mais une seconde fois, on aborde le site avec un autre bonheur. C’était au printemps, je fondais de chaleur et en ce 30 décembre estival, c’est pareil.
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Dubitative ? |
Je laisse Nicole aborder la partie finale, elle a tant rêvé, il faut se heurter seule au choc
de l’arrivée. Car on ne la voit qu’au dernier moment et c’est un véritable choc
visuel et émotionnel. Je la laisse savourer, en prenant des photos de loin.
Enfin je la rejoins, juchée sur un rocher dont je m’apercevrai ensuite qu’il a
la forme d’un cœur. C’est une arche cathédrale au plafond en ogive
singulièrement haut, une douzaine de mètres. Largement ouvert mais ne
permettant qu’un point de vue rétréci puisque encombré d’arbres. Ce qui
renforce encore cette sensation d’édifice sacré.
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Dernière longueur |
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Le paysage environnant et la déclivité |
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Style Nicole |
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Style perso |
On va s’y attarder, il se mérite et il nous accueille avec
un petit courant d’air froid dont il faut se méfier. Le bonheur de Nicole est
palpable .
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Sous son arche perchée |
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La clé de voûte |
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Le coeur de l'arche bat pour nous ! |
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Au coeur de l'arche |
Puis on redescend. Ce ne sera pas difficile, plutôt ludique,
certes ça glisse mais là encore les végétaux bienveillants nous aident. S’il y
a quelques cairns sur le trajet, nous balisons les endroits stratégiques car je
pense que Nicole osera revenir seule, elle en nourrit déjà le projet.
Je l’invite à d’autres projets où je vais lui enseigner
comme à Christelle la roche, l’arête et …la corde ! Elle a la chance de
vivre dans ce pays qui est si cher à son cœur.
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Descente attentive |
Revenues au kangoo qui n’a pas pris une once de bronzage
sinon celui offert par les flaques boueuses de la piste, nous partons vers une
autre découverte, un dolmen. Car ce pays de forteresses de pierres a aussi un
passé préhistorique fortement marqué et ce dolmen qui fut fortement pillé, à
demi enseveli dégage lui aussi une forte présence. Inventorié par les
archéologues il permet de bien le reconnaître car les affres du temps sont
passés sur lui et ont un peu compromis sa physionomie.
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Là haut se loge l'arche, on voit juste le haut de sa coupole Paysage d'ici : vignes, taillis et calcaires |
Logé dans un site grandiose et sauvage, il faut vraiment le
connaître pour le rencontrer. Voilà un après midi riche en découvertes et en
complicité qui s’achève. Une belle façon de terminer une année qui ouvre sur de
médiocres perspectives, encore.
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Le dolmen |
Mais on mordra à belles dents la vie, n’est ce pas ?
Bravo les filles un beau tandem ❤️
RépondreSupprimerDe beaux projets en perspective.
Dont tu feras partie, de ces projets, tu le vaux bien !
SupprimerBravo les filles pour votre ascension . Vous deviez être aux anges .
RépondreSupprimerSimone
Tout à fait, un pur régal !
SupprimerTu m'as fait l'immense plaisir, le magnifique cadeau de m'amener au coeur de cette montagne qui me fascine depuis l'enfance; de la fenêtre de ma chambre je voyais "ce visage" qui barrait l'horizon et je me racontais des histoires....C'est vrai nous avons des points communs mais je suis moins hardie, moins dégourdie que toi et tu me présentes d'une façon un peu trop belle. Et oui nous allons mordre la vie à belles dents !!
RépondreSupprimerNicole c'est exactement le ressenti que j'ai de toi et je reste modeste encore. Tu es aussi hardie que moi puisque tu commences un peu plus tard et ça promet, tu as fait et feras un parcours de Compostelle, seule, ce que je n'oserais pas, et surtout ne te déprécie pas ce serait dommage que tu passes à côté de toi même ! Un voyage seule, une rando seule, c'est faire connaissance avec soi . "N'a pas voyagé qui n'a pas fait au moins une fois le tour de lui même" . Confucius
SupprimerAvez-vous un endroit où vous pouvez voir et télécharger vos itinéraires ?
RépondreSupprimerHélas non, désolée.
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