Comme mes yeux furètent en tous sens (heureusement je n'en ai que deux contrairement à la plupart des araignées qui en ont 8), je scrute toujours le paysage ambiant. Je tiens de mon père cette particularité qui nous affecte aussi en conduisant. Et nous permet, c'est appréciable, de découvrir plein de choses.
Ainsi ce jour là, mon regard détecta un drôle de "truc" au loin. Un coup de zoom confirma la "drôle de chose" mais ne me donna pas d'explication. La drôle de chose était en pleine pente au milieu de terrasses abandonnées, une sorte de construction, qui pouvait évoquer une maison sauf que la ruine "était pleine" c'est à dire que s'il y avait des murs très épais, il n'y avait pas de pièces creuses entre eux.
Telle qu'elle m'apparut |
Je fis chou blanc, il ne me restait qu'à aller voir sur place.
Chose difficile puisque aucun sentier n'y conduit et que, depuis le chemin qui surplombe, le site n'est pas visible.
Situation de "la chose", au milieu des terrasses et au dessous du sentier (en blanc) |
Il fallait donc trouver une autre stratégie. Quatre jours plus tard, j'explorai les terrasses "suspendues" et je mis en oeuvre le moyen pour atteindre le site. Peine perdue, il demeura inaccessible mais cette fois je pus prendre des repères et l'atteindre par le sentier du dessus. Je me glissai dans la pente en une désescalade vive, saluai au passage deux jolis orris et j'arrivai à la forteresse de pierre, monument surprenant s'il en est puisque ne ressemblant à rien de connu. Balade musclée cela va sans dire.
Un immense tas de cailloux gris venus de je ne savais où, cailloux empilés de manière rationnelle, plusieurs étages (je me trouvai à l'étage supérieur), j'en comptai au moins 4 car la pyramide s'enfonçait dans une pente vertigineuse, que je ne cherchai pas à affronter, j'étais usée par ce que je venais de faire.
Oui, je suis en admiration ! Structure militaire pour ce dépôt de cailloux |
Vue de dessus |
Le travail du "pica pedrer" encore visible |
J'étudiai le site, j'en conclus que ce devait être une réserve de rocs pour la construction du Fort Libéria tout proche. Mais ces rocs devaient bénéficier d'un chemin pour leur transport. Une découverte impose toujours une hypothèse et un questionnement, c'est fatigant.
Je quittai le site, riche d'images mais pas d'explications. Je scrutai les murs de Fort Libéria, à ma descente, mais ils restèrent suffisamment muets.
La construction première (17 eme) de Fort Libéria s'appuie sur une falaise .
Mon hypothèse fut confirmée un peu plus tard. Oui c'était une carrière pour le Fort Libéria. Mais ...17 eme siècle ou 19 eme lors de l'extension ? ça change tout.
Extensions au 19 eme + le pont levis |
Depuis, j'ai avancé dans la connaissance : cette forteresse est faite des pierres taillées dans les falaises du site, il semblerait que cela date du 19 eme siècle, lorsque le fort fut agrandi sous Napoléon III et non lors de sa création sous Louis XIV. Comment je le sais ? A la lecture du cadastre napoléonien. Ce cadastre fait en 1810 ne porte pas trace de la carrière, en son lieu se trouvaient des vignes. Donc la carrière s'implanta sur des vignes existantes et bouleversa le paysage, le paysage agricole et la vie des propriétaires. Histoire intéressante qu'il serait intéressant de débusquer aux archives.
Situation de la carrière, implantée sur des vignes en 1810 |
Cela pose aussi la question de savoir d'où sortaient les pierres nécessaires à la construction de 1681 ? C'est une autre histoire....
Je consacrai une 2 eme visite au site : toujours aussi usée mais on ne lâche rien. Sauf que, trop usée, je renonçai à gagner la base de la forteresse. Trop dangereux. Que cherchais-je ? le chemin d'évacuation des pierres, chemin animal donc suffisamment large. J'eus beau scruter, chercher, côté carrière et côté Libéria, rien. Les terrasses sont bien présentes partout, mais il n'y aucune trace de chemin proche de la courbe de niveau. Pourquoi je privilégiai la courbe de niveau ? Cela me paraît cohérent pour les animaux qui tractaient. D'ailleurs, au débouché de ma courbe de niveau approximative, suivie à l'altimètre, le plan incliné d'un ancien chemin d'accès était sous mes pieds, curieusement étayé d'énormes dalles....
Sur le site |
A quoi servait ce petit bâti ? M'intriguent les deux vides |
Mais je n'ai pas dit mon dernier mot, je pense que la réponse se trouve soit au bas de la forteresse et à la partie basse où je n'ai pas accédé, parce que c'est très escarpé, soit en cette rampe solidement étayée de dalles, correspondant parfaitement à l'ancien chemin du Fort Libéria.
Voilà ce que ces incessants jours de pluie ont fait émerger de mon cerveau embrumé.
Quand cessera la pluie, alors, on aura la clef qui ouvre la dernière porte ?
En rouge : la carrière En blanc : le chemin de Bel Lloc ou de Ria En pointillés bleus : la cohérence du chemin des rocs |
Une partie de l'énigme est résolue, c'est vrai que les 2 vides sont intriguants. En tout cas c'est une belle muraille, vivement ta prochaine visite du site, elle nous éclairera sûrement.
RépondreSupprimerJ'ai emmené ma cousine à la clinique la Catalane, nous attendons les résultats...
Bises.
J'ai enrichi la connaissance en explorant la carrière qui le surplombe, anciennes traces de barres à mine, un dur labeur. J'ai un peu p)lus compris le site et je pense avoir trouvé le départ du chemin et son arrivée. Même si le chemin n'est pas trop visible mais rien ne ressemble plus à un chemin qu'une terrasse, alors laissons planer le mystère il est quand même cohérent. Recherches sympas mais usantes. Bises
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