mercredi 20 août 2014

"Mon" Espagne d'eau et de roc.

Mon petit camion, Lison et moi, nous traçons la route vers un but bien précis : le barrage de Cavallers. Trois trajets sont à ma disposition,tous longs, soit en temps, soit en km : embarras du choix.


Celui que je choisis descend très au sud des montagnes, en Espagne (exactement en Catalogne), mais il est reposant car c'est presque tout de l'autovia (autoroute gratuite). Donc je me repose en découvrant un nouveau visage de cette Espagne en pleine mutation : grâce à l'irrigation, les terres sèches ont cédé le pas aux fruitiers : pommes, figues, poires, pêches; c'est superbe et savoureux.
L'Espagne que j'aime



Mon voyage commence par un partage de mon âme : je suis heureuse et triste à la fois, je laisse 5 chats tristes à la maison.

444 km plus loin, j'arrive en le lieu le plus affreux dont on peut rêver pour des vacances : au pied du barrage de Cavallers, tout au bout de la belle Vall de Boi (prononcer Boy) dont je vous parlerai..
Affreux car cerné d'immenses falaises noires, hérissées d'aiguilles rocheuses elles mêmes hérissées de noirs sapins.
C'est résolument granit, le ton est donné pour le séjour.
Au fond coule une rivière bondissante née du barrage, la Noguera de Tor. (Encore une Noguera!).
Si c'est moche, mon lieu de sommeil, je pousserai le vice jusqu'à y passer 3 nuits sur 5, pas par masochisme, mais c'est le lieu de départ de mes 3 randos que je nomme de "pierre et d'eau".
D'ailleurs la 1ere nuit, -en ce "cadre enchanteur" pour cauchemars-, commence par un déluge; j'ai l'impression d'être en mer, en barque, avec de grandes vagues qui me submergent, le tout illuminé de grands éclairs blancs singulièrement silencieux. Rester ou partir ? Je n'ai pas peur et si l'immense barrage cède, de toute façon je n'aurai pas le loisir de savourer l'instant. Faut dire que j'ai horreur du fond des barrages.
En 3 nuits je l'oublierai.
Pour apprivoiser ce 1er soir avant l'orage, je m'offre un festin fait maison, avec un plat de girolles, en plus des produits du jardin ! Ce sera mon menu quotidien  dorénavant...quelle chance !
Les girolles sont locales (j'ai pu vérifier dans les bois)
au prix de 15 euros/kg; les falaises et le barrage

Et...les raisins de ma vigne rafraîchis au vin muscat...

Au matin d'un nouveau jour, la brume se déchire par lambeaux, laissant apparaître une montagne qui ruisselle de cascades en un vacarme étourdissant : sinistre et grandiose. Je me décide vite à partir, il est tard déjà, 9h.
Bien évidemment, j'opte pour des sentiers non battus, bien évidemment je serai seule tout le jour dans un immense paysage rocheux, d'une époustouflante beauté.
Cap sur les étangs de Comalesbienes! 
Ma carte est fausse, ça commence bien, mais je finis par trouver le sentier après une erreur de parcours.
Ensuite pas d'erreur possible, c'est un sentier tout droit (250m de dénivelé sur 400m de longueur à peine) et à pic dans un étroit goulet, lit d'un torrent qui gronde sous les pierres de son lit.
Fantastique montée qui s'apparente à un couloir de grimpe.Au milieu des fleurs et en particulier d'un lit d' iris des montagnes, superbes.

Je viens d'en bas (ph gauche) et je vais là haut

Camaïeux emperlés de pluie

Au débouché de ce couloir ardu que je grimpe sans peine, il y a un passage d'escalade facile 
Passage d'escalade facile
















Les falaises d'où se détachent les rocs

et enfin je débouche sur un paysage ouvert fait de roc et d'eau, avec des sommets caressés par la brume ce qui me plait moins. Pas un humain, pourtant il y avait des traces fraîches sur le sentier, volatilisées d'un coup : ce mystère m'occupera un moment. Puis vient l'explication. Un gros vacarme dans la montagne, deux blocs se sont détachés et font une folle et bruyante course poursuite le long des falaises avant de s'écraser sur leurs congénères qui gisent tout au fond. Suivis par un hurlement! Deux humains, pas sur la trajectoire heureusement, terrifiés, s'enfuient autant qu'ils le peuvent dans ce dédale de roches. Sains et saufs, je les rencontrerai au retour: deux jeunes qui avaient perdu le sentier, s'étaient fourvoyés au pied des falaises et de terreur ont fait le demi tour.
Après de tels déluges, mieux vaut se tenir loin des falaises. Le calme revenu, je poursuis mon chemin entre sapins, torrent de Comalesbiennes et falaises, tantôt sur du sentier, tantôt dans le chaos rocheux.






Jusqu'aux étangs bordés de névés, caressés par la bise froide, surmontés de sommets jouant à cache cache avec la brume.



Torrent de Comalesbienes qu'il ne faudra
heureusement pas traverser



La montagne est froide, glacée: sans odeurs, de celles qu'exaspère le soleil les jours d'été, parfums d'herbe, de terre, de sapins et même de pierre. Rien qu'un désert glacé, sans vie; une seule marmotte sifflera furieusement, mais cet été 2014 est un été quasi sans marmottes. Bizarre....

Quant au silence, il n'existe pas: le vacarme de l'eau est omniprésent sous toutes ses formes.
Univers minéral

J'adore le minéral, je m'y sens bien.

Sous le névé coule le torrent

Sommets, entre 2900 et plus de 3000m  (La punta Alta)

Altitude 2550 m

Extrémité de l' étang de Comalesbienes

Cascade entre les 2 étangs (c'est le déversoir)

Sans légende : randonneuse gelée 2605 m
 Il faut dire que pour un été, je suis en pull, pantalon, kway, et...gants. Bronzage garanti !
15 minutes d'arrêt sous abri pour manger et mes pieds sont congelés .

L'estany Gelat (à peu près comme moi) depuis 2649 m

D'eau et de roc...disais je
 Je ne cherche pas à aller plus haut, au 3 eme étang ou mieux, à la Punta Alta, 3029 m. Je suis partie trop tard, il n'y a pas de sentier, il fait froid et cette rude montée m'a un peu coupé les jambes. je garde mon énergie pour le projet que j'ai mûri en venant en cette région... ceci est une mise en jambes...

La descente offre un joli regard sur les montagnes d'en face (chaîne des Besiberri, Comaloforno) où j'irai pour ne point faire de jaloux...
Paysage sublime dans les yeux dont j'ai profité à la montée car je regarde souvent en arrière, ne fut ce que pour prendre des repères.

Les montagnes d'en face
 Une descente plaisante, rapide, 2 h 1/2 contre 3h à la montée : dans les rocs, on va aussi vite pour monter que pour descendre, précautions obligent.

De rocs et de sapins.


Et me voici auprès de Lison qui dort à poings fermés...c'est de bonne heure voyons, à peine 15 heures.


En chiffres : 900 m de dénivelé, 5 h 1/2 de marche, parcours assez physique. 7,3 km.Un bon entraînement.


A suivre : 2eme partie, "Mon Espagne de rocs et d'eau" (pour rester dans le thème...)
Je vous conterai -un peu- ce qui voyage dans ma tête quand je marche....


5 commentaires:

  1. Je viens d'ouvrir avec 1000 difficultés mon ordinateur
    et je viens de lire ton adorable commentaire à propos
    de mon collage. Merci Amédine-Lison. Je vais prendre
    le temps de faire cette dernière ballade avec toi . Tant
    que ce fichu PC fonctionne encore un peu.. Je vais
    passer une soirée formidable sans aucun doute. Tes
    reportages sont tellement vivants. Bises à toi et à
    plus tard. ELZA

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    1. Ma chère Elza, j'ai fait du rattrapage dans mes lectures et ce fut un plaisir de te retrouver. Mon ordi aussi est en vacances ;moi je marche, lui, il rame. Bisous Elsa/Elza

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  2. un très bel univers, et miam le plat de girolles, pendant mon petit séjour en Bourgogne, nous avons fait une balade dans les bois, juste à côté de la maison, et j'ai trouvé quelques girolles, quel plaisir, cela faisait longtemps...
    bisous

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    1. Cela reste mon champignon préféré, mieux que le cèpe à mon goût : je les fais simplement en persillade; ici accompagnées de viande et salade de mon jardin, parfois quelques frites (du jardin), le cadre s'y prêtait bien. Alors les demoiselles furent bourguignonnes? Tu les as initiées aux grands crus, j'espère ? Bisous

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  3. Lison, l'intrépide !... :-) mais le danger existe, tu en parles dans ton billet, alors prudence belle randonneuse... :-) Bisous.

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