dimanche 21 décembre 2014

Mon village : son architecture

Mon village a une histoire comme tous les villages. Il existe depuis le Moyen Age, est mentionné vers le 10 ème siècle mais la page la plus brûlante de son histoire s'écrivit pendant la guerre. Ni la 1ere Guerre Mondiale, ni la seconde. On était trop au sud pour cela.
Non, en 1793/1794, lors des Guerres de la Convention juste après la Révolution Française. Mon village était français depuis 1659, donc depuis 134 ans et une guerre farouche opposa les Français et les Espagnols, je vous en reparlerai dans un 3 eme volet.
Le village fut incendié par les Espagnols, des traces subsistent dans les vieilles maisons de quartier  18 eme siècle.

C'aurait pu être ainsi le 4 avril 1794...
Mais le clocher n'était pas construit....

Précédemment le village était enroulé autour de l'église et on suppose qu'il y avait une "cellera", périmètre de sécurité inviolable pour protéger les récoltes.




Autour de l'église, dissimulées entre des murs, dans un étroit passage, des arches de brique se succèdent, personne ne sait ce que c'était : les écuries des Rois de Majorque qui avaient leur résidence d'été ici ? Leur Palais d'été ? Elles sont inaccessibles mais leur configuration, parfois au ras du sol, montre que des comblements de terrain ont eu lieu depuis, une restructuration de l'espace qui devait être très en pente alors.

Un mur d'enceinte, daté du 14 eme siècle, fait en pierres de la garrigue, enserrait un périmètre dont on ne sait à quoi il servait : protéger les récoltes ? Il a été démoli au gré des constructions au fil des siècles, il en reste une petite partie mais sa construction est particulièrement harmonieuse.


Le village doit son unité architecturale aux fin 19 eme et début 20 eme. de nouvelles techniques de construction apparaissent ; avec de nouveaux moyens financiers dus à l'expansion de la vigne et du vin.


Le matériau est local :
Le même


L'art de l'arrondi en coin de rue pour
le passage des charrois



La brique occupe une place importante dans la façade : on la nomme "cayrou" (44 cm x 22 cm)


 Elle est grandement utilisée en chaînes d'angles (angles droits, obtus ou aigus et même ...en quadrature du cercle )





Encadrement de fenêtre en cayrous et chaîne d'angle


Corne de sorcière en faîtière




Chéneaux en terre cuite vernissée



Maison restaurée
Le luxe, à l'époque , était de crépir les façades.
Le luxe, de nos jours, est de les décrépir...ce luxe a un prix...J'avais présenté cela dans mon blog (clic)

Une grande cave à vin début 20 eme
Souvent, entre les pierres, scellés dans le mortier on incrustait des tessons : les rouges sont des fragments de cayroux en brique, les noirs sont des scories de forges catalanes . Cela a un joli côté décoratif, certes mais le but était de tirer l'humidité des murs. Car le village est bâti sur une nappe d'eau à faible profondeur.


Les ouvertures sont cernées de brique décorative.





Certaines demeures ayant un petit jardin se voyaient nanties d'un petit portail fort sympathique et élégant.




Quant aux toits, des corniches décoratives les habillaient avec plus ou moins d'emphase; cela reste un élément fort de l'architecture pour qui sait lever les yeux !


Je vous passe plein de détails ; il y en a à chaque coin de rue : heurtoirs de porte, dates, niches avec ou sans Saint Patron.Cornes de sorcières ou "peu de gall" (pied de coq) nommées aussi "espanta bruixas" (effraie sorcières).





Cependant je ne saurais taire les fenêtres et surtout leurs volets typiques 19 eme siècle : la face intérieure aux planches verticales et la face extérieure horizontales.

 La région, jadis, était infestée de moustiques à cause des lagunes littorales, des ruisseaux et autres eaux dormantes des étangs assez éloignés. La moustiquaire n'était pas un luxe. Chaque ouverture avait la sienne, répondant à des normes de construction.







Je ne vous présenterai pas les balcons en fer forgé, industriel ou fait main, mais une mention est faite pour les chénaux d'écoulement des eaux en terre vernissée, qui se fabriquent toujours, sont onéreux et durent le temps d'une rose...leur partie basse est volée avec régularité !


Je conclurai en disant que le village est bâti sur une colline elle même posée sur une nappe phréatique . Il y avait une demi douzaine de puits collectifs dont un seul subsiste et presque chaque maison avait son puits personnel, les caves à vin ayant cet appareil de façon indispensable...pas pour mettre de l'eau dans son vin !
J'en avais présenté un : mon puits (clic)
C'était le secret de mon jardin.


Et puis s'il y a plein de secrets dans mon village, comme "le souterrain" que peu ont eu l'honneur de parcourir, il y a aussi quelques mystères dont celui des ouvertures murées depuis la construction des maisons au 19 eme siècle.


C'est quoi le mystère ???

Allez, je vous le livre : les impôts étaient calculés au nombre d'ouvertures...alors , en attendant 
des jours meilleurs, on les construisait mais on les murait.
Cette maison construite au milieu du 19 eme a vu ses fenêtres enfin ouvertes fin 20 eme...

Vous avez bien parcouru les rues de mon village, virtuellement.
Un jour peut être vous viendrez à Tresserre, dans le département des Pyrénées Orientales,
tout au fond de la France, là où la montagne épouse la mer...

Il vous suffira juste de lever les yeux...



7 commentaires:

  1. c'est tellement beau les maisons de pierres. Merci pour cette belle présentation super intéressante.
    bisous
    Laurence

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  2. Adorei ver as fachadas de pedras e os ornamentos nos telhados, são muito bonitos.
    Quem pensaria em colocar uma peça bonita de barro vitrificado para escoar a água da chuva, achei interessante.
    Obrigada por compartilhar essas belas imagens.
    beijos
    Adri

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  3. Bonjour chère Lison!
    Un grand merci pour ce billet!
    Je rêve d'une maison de pierres comme chez toi!
    J'espère tu vas bienet je te souhaite de bonnes fêtes!!!!!!
    Je t' embrasse fort!!!!!!

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  4. De quoi rêver... merci à toi Lison pour la découverte de ton village..
    C'est beau..
    Bisous

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  5. Merci pour cet intéressant reportage architecturale. Il faut savoir regarder tous les détails. J'aime toutes ces vieilles pierres qui ont une histoire. Bisous.

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  6. Encore un billet que je ne devais pas louper. Il est très intéressant et très complet.
    Ici avant les impôts étaient calculés au nombre de génoises et là il n'y avait pas moyen de
    les cacher !!!!
    Gros bisous Lison.
    Belle soirée

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  7. De bien jolis détails. C'est vrai qu'il mérite le détour ton village...

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