Demoiselles d'Honneur !
Quand on est voisin de l'illustre Monarque Carlit, il est difficile de garder son standing.
Tous les moyens sont bons pour cela. Ecoutez :
"On se nomme les Péric (le Grand 2810m, le Petit 2690 m) mais il nous manque 111 m pour égaler le Carlit...qu'importe.
Nous le Grand (et le Petit), nous nous mirons tout le temps dans le grand lac des Bouillouses. Et l'on nous admire, tout l'an...
ça ne suffit pas ?
Certes, le Carlit, notre prestigieux voisin est plus couru mais on ne le voit que lorsqu'on "y a le nez dessus". Nous on est comme une belle femme, on peut nous admirer sans bouger.
Et puis....et puis, on a nos Demoiselles d'honneur !
On sait, le Carlit aussi..
Nous sommes l'un comme l'autre fait de pierre et de rocs. Faits de pentes et de majesté.
Mais notre pierre, notre roche, est mise en valeur par des gouttes d'eau bleue, saupoudrées autour de nous, les lacs voulons nous dire. Le Carlit a les siennes nous les Péric les nôtres et c'est peut être ces perles turquoises, cobalt ou aigue marine qui font la différence...c'est du moins ce que dit Lison..., lisez la donc ..."
Voilà ce qu'on entend lorsqu'on rôde du côté des Bouillouses et que l'on prête l'oreille au murmure des montagnes...
C'est ce qui est parvenu jusqu' à moi dans la nuit étoilée, seule, dans le silence de la nuit a peine épousseté par quelque souffle d'air dans les branches, sous le toit du Land Rover remplaçant mon camion
hospitalisé.
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hospitalisé.
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C'est un matin limpide qui m'accueille, à peine un peu frais, zéro degré ambiant.
Comme c'est bizarre ! Tout à coup mon ombre est double : je rêve ? Non! Il y a 2 soleils, celui du ciel, celui de l'eau. Deux soleils pour 2 Péric, un signe non ?
Pour l'heure, bizarrement, je rame ! Mais qu'ai je donc ? Il n'y a sur le lac aucun bateau ni la moindre rame donc il me faudra marcher et non ramer.
Au sortir du lac et de sa forêt encore odorante, le silence est rompu par de grands cris rauques jaillis du fond de la Coma de la Grave (berceau de la Têt), ce sont des cerfs qui brament. Je m'immobilise pour un instant de pure félicité.
Pour l'heure, bizarrement, je rame ! Mais qu'ai je donc ? Il n'y a sur le lac aucun bateau ni la moindre rame donc il me faudra marcher et non ramer.
Au sortir du lac et de sa forêt encore odorante, le silence est rompu par de grands cris rauques jaillis du fond de la Coma de la Grave (berceau de la Têt), ce sont des cerfs qui brament. Je m'immobilise pour un instant de pure félicité.
La Coma de la Grave et un bras de la Têt Et au fond bramaient les cerfs... |
Puis je continue ma marche, en ramant.
Pour couronner le tout, je manque le sentier et je rallonge le chemin : ce sera une bonne chose que j'apprécierai au retour. Cela aurait grimpé fort un moment.
Je pars donc, de la Balmette, sur un autre sentier pour rejoindre l'étang de la Llose.(La petite)
Ce qui sera chose faite dans un joli parcours. C'est un désert humain hormis quelques catalans. Deux d'entre eux que j'ai mis sur le bon chemin (un comble alors que je me perds) prennent le chemin des crêtes pour rallier le grand Péric : ah que ça me tente... Mais je rame trop, d'ailleurs mon but se réduit comme peau de chagrin : ce ne sera pas le Péric à coup sûr. Peut être le Petit ? J'avance sans conviction dans le cirque des Pérics. Un vaste désert blond de pierre et de pelouse gelée et roussie, un ruisseau qui bondit en chantonnant et puis rien. Rien qui puisse me motiver .
Pour me décourager, je vois au bout du cirque deux points minuscules qui grimpent . Si loin, si au fond ? Je n'y arriverai jamais. Le demi tour s'impose et je le refuse.
C'est là que le mental prend le relais du physique . Au dessus de moi les crêtes me tendent leurs bras rocheux et noirâtres. Alors je quitte les tergiversations du fond et je m'envole vers ces crêtes: il suffit de grimper cette pente rocheuse faite d'éboulis et de schistes bien implantés, parsemés de végétaux. Je grimpe avec satisfaction et aisance: enfin je prends du dénivelé.
Me retourner me remplit d'espoir, et je grimpe sans ramer !
En haut c'est un enchantement ! Quel panorama! la vallée de la Llosa, 500m plus bas , parsemée de lacs et de ruisseaux , le Carlit qui domine des massifs rocheux.
Et puis les crêtes rocheuses tout ce que j'aime : alors j'avance . Une progression dans du schiste, facile : la roche est stable, faite de marches et de prises aisées.
Je rame moins et ma rencontre avec un couple de Catalans sera déterminante . On se prend en photo mais surtout Il m'encourage, conscient de ma fatigue et attentif à ma progression.
Lorsque la roche nous cache, il attend un peu pour voir si j'avance et il me crie ": 10 minutes..." puis "5 minutes..." et j'arrive au sommet, sans jambes, sans souffle, je me sens grise et asphyxiée mais j'y suis..Nantie d'une indication précieuse pour un retour plaisant.
Où que porte le regard c'est une myriade de lacs , de perles bleues, il avait bien raison le Péric ce matin de me parler de ses Demoiselles d'Honneur. Elles sont plus nombreuses qu'au Carlit et surtout mieux réparties, elle entourent le Péric. Voici les Camporeills avec ses 22 perles bleues . Et la Vallée de la Llose qui en compte bien une dizaine. Tout autour les pics alignent leurs 2600, 2700 et plus. Superbe écrin aux teintes fauves ou noires, la roche est emplie de fer.
Et moi, emplie de joie : qu'il eut été dommage de ne pas arriver jusqu'ici...
Je laisse le couple Catalan pour ne pas abuser de leur gentillesse et je me dis que les Catalans sont plus aidants et aimables que bien des Français en montagne.Je l'ai bien souvent vérifié.
En guise de digestif, je dévale ce que j'aime dévaler: une "tartera" soit une pente d'éboulis.
Elle est très prononcée, vêtue de schistes, un sentier précaire y est tracé et si ma fatigue a laissé quelques séquelles à mes jambes, je ne tombe pas.
La vallée de la LLosa : me voilà sur le chemin du retour, louvoyant entre les roches de moraines, les marécages et les lacs. Hors sentier . Il y en a un mais je ne le suis pas: je vagabonde.
Je prends mon temps, je profite du soleil encore brûlant relayé par un petit vent mordant pour donner des couleurs et brûler la peau. Je profite du torrent bondissant étonamment jailli de la crête: mais d'où sort il ? Qui lui donne autant d'eau là haut ?
Je pourrais, si je le voulais, profiter d'un bain de boue bleutée. Si j'avais posé les pieds à la place de mon bâton qui s'enfonce sans effort dans un magma glougloutant ! Camille m'expliquerait ces étranges flaques.
Je pourrais soulager mon pied encore bien douloureux dans l'eau fraîche de la Llosa qui bondit comme un troupeau libre.
Je pourrais prendre un grand bain de soleil et noircir les pages de mon cahier.
Et bien non, je profite du paysage qui me fait penser aux images de Mongolie, nu, vide, pelé, désertique et muet. Pas de chevaux, pas de cavaliers colorés, juste moi et la fatigue qui me colle aux basques.
Il ne me reste qu'à marcher, marcher encore, le chemin est long : pour une fois je le sous évaluerai, ce sera 19 km au lieu des 15 ressentis.
Toutefois je ne me lasse pas : ni du décor, ni de la lumière, ni de la solitude. A elle seule, cette vallée mérite un "voyage".
Comme sa voisine la Grave dans laquelle la Llose fantasque va se jeter du haut de plus de 200m pour grossir la Têt et alimenter le barrage. Conçu entre autres pour le Train Jaune, une autre histoire.
Je marche le long du lac avec précaution sur deux pieds douloureux (ne faisons pas de jaloux) mais emplie d'une joie sans égale : celle d'un merveilleux parcours sous le dernier "jour d'été".
Sur le parking, à mon arrivée la foule est immense : le Carlit a été honoré , encore une fois.
En chiffres :
Dénivelé: environ 900m
Trajet : environ 19 km
Pour couronner le tout, je manque le sentier et je rallonge le chemin : ce sera une bonne chose que j'apprécierai au retour. Cela aurait grimpé fort un moment.
Les Péric se rapprochent |
Etang de la Petite Llose et Péric en double |
Ce qui sera chose faite dans un joli parcours. C'est un désert humain hormis quelques catalans. Deux d'entre eux que j'ai mis sur le bon chemin (un comble alors que je me perds) prennent le chemin des crêtes pour rallier le grand Péric : ah que ça me tente... Mais je rame trop, d'ailleurs mon but se réduit comme peau de chagrin : ce ne sera pas le Péric à coup sûr. Peut être le Petit ? J'avance sans conviction dans le cirque des Pérics. Un vaste désert blond de pierre et de pelouse gelée et roussie, un ruisseau qui bondit en chantonnant et puis rien. Rien qui puisse me motiver .
Pour me décourager, je vois au bout du cirque deux points minuscules qui grimpent . Si loin, si au fond ? Je n'y arriverai jamais. Le demi tour s'impose et je le refuse.
Flêché en jaune, mon parcours pour accéder aux crêtes |
C'est là que le mental prend le relais du physique . Au dessus de moi les crêtes me tendent leurs bras rocheux et noirâtres. Alors je quitte les tergiversations du fond et je m'envole vers ces crêtes: il suffit de grimper cette pente rocheuse faite d'éboulis et de schistes bien implantés, parsemés de végétaux. Je grimpe avec satisfaction et aisance: enfin je prends du dénivelé.
Me retourner me remplit d'espoir, et je grimpe sans ramer !
En haut c'est un enchantement ! Quel panorama! la vallée de la Llosa, 500m plus bas , parsemée de lacs et de ruisseaux , le Carlit qui domine des massifs rocheux.
La vallée de la Llosa, de lac en lac |
La crête : au fond le lac des Bouillouses 2000 m |
Montse |
Et puis les crêtes rocheuses tout ce que j'aime : alors j'avance . Une progression dans du schiste, facile : la roche est stable, faite de marches et de prises aisées.
Je rame moins et ma rencontre avec un couple de Catalans sera déterminante . On se prend en photo mais surtout Il m'encourage, conscient de ma fatigue et attentif à ma progression.
"Il " m'attend... (j'ignore son prénom) Un grand merci à toi |
En désescalade |
Le trajet en crêtes |
Dernier effort avant les 2810 m |
Où que porte le regard c'est une myriade de lacs , de perles bleues, il avait bien raison le Péric ce matin de me parler de ses Demoiselles d'Honneur. Elles sont plus nombreuses qu'au Carlit et surtout mieux réparties, elle entourent le Péric. Voici les Camporeills avec ses 22 perles bleues . Et la Vallée de la Llose qui en compte bien une dizaine. Tout autour les pics alignent leurs 2600, 2700 et plus. Superbe écrin aux teintes fauves ou noires, la roche est emplie de fer.
Et moi, emplie de joie : qu'il eut été dommage de ne pas arriver jusqu'ici...
Le Petit Péric et les Camporeills (2200m/2300m) |
Les étangs Blau, Petit Blau , de la Llosa et le Carlit au fond |
Je laisse le couple Catalan pour ne pas abuser de leur gentillesse et je me dis que les Catalans sont plus aidants et aimables que bien des Français en montagne.Je l'ai bien souvent vérifié.
Je vais au restaurant, j'ai le choix du décor.
.....je ne sais ce que je savoure le plus...
Au restaurant face aux étangs Blau |
En guise de digestif, je dévale ce que j'aime dévaler: une "tartera" soit une pente d'éboulis.
Elle est très prononcée, vêtue de schistes, un sentier précaire y est tracé et si ma fatigue a laissé quelques séquelles à mes jambes, je ne tombe pas.
Le trajet en crêtes, puis la pente d'éboulis et le retour par la vallée de la Llosa |
Lac de la grande Llosa et Serra de l'Orri 2652 m |
La Llosa jaillie des cimes ! |
Je pourrais soulager mon pied encore bien douloureux dans l'eau fraîche de la Llosa qui bondit comme un troupeau libre.
La Llosa le 1er des affluents de la Têt |
Je pourrais prendre un grand bain de soleil et noircir les pages de mon cahier.
Et bien non, je profite du paysage qui me fait penser aux images de Mongolie, nu, vide, pelé, désertique et muet. Pas de chevaux, pas de cavaliers colorés, juste moi et la fatigue qui me colle aux basques.
Vallée de la Llosa et Grand Péric |
Toutefois je ne me lasse pas : ni du décor, ni de la lumière, ni de la solitude. A elle seule, cette vallée mérite un "voyage".
vallée de la Llose |
Comme sa voisine la Grave dans laquelle la Llose fantasque va se jeter du haut de plus de 200m pour grossir la Têt et alimenter le barrage. Conçu entre autres pour le Train Jaune, une autre histoire.
Les méandres de la Têt avant les Bouillouses |
Sur le parking, à mon arrivée la foule est immense : le Carlit a été honoré , encore une fois.
Etang Esparver (2100m )et Bouillouses (2000 m) |
Et qui dirait que peu de temps après cette photo (ci dessous) il va tomber une pluie fine et douce ?
Une première neige là haut bientôt ? Ou Déjà ?
En chiffres :
Dénivelé: environ 900m
Trajet : environ 19 km
Bonsoir l'intrépide et aventurière Lison ! (sourire)
RépondreSupprimerQuelle magnifique randonnée ! Quelles belles photos ! Tu as une volonté de fer, ma belle ! et une immense détermination. Bravo, tu es montée jusque là-haut ! Et c'est vrai qu'il y a une vue à couper le souffle, une vue qui se mérite.
Merci à toi. Je t'embrasse très fort, Lison.
La passion a ses raisons que la raison ignore ....je t'embrasse aussi, ma riche amie , pour tes idées sur ton blog...
SupprimerTon camion est en panne ?
RépondreSupprimerRien de grave : les freins. Et en montagne ça sert beaucoup ces machins là !!!
SupprimerWaouh, quelle belle balade tu nous as fait faire là :-) Les paysages sont époustouflants, on se croirait sur une autre planète. En tout cas, pour moi qui ne fréquente guère ce genre d'endroits (c'est plutôt plat par ici ;-) ) Dis-donc, il ne faut pas mettre le pied par inadvertance dans la "flaque de boue bleue" sinon on risque d'y passer la nuit.
RépondreSupprimerBen cette flaque de boue bleue, si on avait été en été, je m'en serais fait un bon bain mais pas dans la flaque, à côté. je l'ai même goûtée pour voir si c'était une argile bleue, semble que oui...au goût ! Quant à une autre planète, presque ..les steppes de l' Asie Centrale.
SupprimerVoilà un nouveau sommet à ta déjà grande collection, et raconté de fort belle manière. Il va falloir que j'y aille à mon tour.
RépondreSupprimerMais il n'y a pas de concurrence entre les sommets, chacun apportant son panorama unique.
Cela me fait plaisir que tu aies apprécié: tu auras peut être l'impression de faire une rando 3. eme âge ...lol...mais tu sauras la corser ! il y a de beaux couloirs face ouest et même côté Camporeills après le sommet. Et une belle ouverture vers le pic de l' Homme mort que j'irai saluer un jour
SupprimerD'incroyables paysages, bravo, merci pour cette belle aventure
RépondreSupprimerBisous
Laurence
oui c'était de toute beauté c'est la récompense des fatigues...Bisous
SupprimerSenti falta do verde, mas é compeçado pelos pequenos lagos.
RépondreSupprimerComo você aguenta caminhar com dores nos pés, sabendo que falta tanto chegar ao seu destino?
Beijos
Adri
Nos montes ja começo o inverno; os lagos sao oscuros cuando estas a su lado e azuis do alto. Tenho dores de pés somente a descente. Assim caminho longe et depois sofro voltando. Beijos
SupprimerDes paysages époustouflants... et ton courage et ta fatigue en filigrane...
RépondreSupprimerBeau récit bien vivant et bien illustré. Merci à toi l'éternelle voyageuse randonneuse et reine de l'escalade.
Bisous
Merci Fanfan, je garde un super souvenir et à l'heure où tu m'écrivais j'en terminais une autre de plus dure avec ma pêche retrouvée...Tu me liras bientôt, bisous
SupprimerBonjour Lison, comme d'habitude de magnifiques photos, certaines surprenantes, je n'imaginais pas ce genre de paysages dans les Pyrénées. Tu aurais pu titrer "Bienvenue sur la planète Mars"...
RépondreSupprimeril y a des paysages fort désertiques dans les Pyrénées, déserts de pierres, déserts d'herbe rasr, montagnes rocheuses, c'est varié. D'ailleurs nos cours d'eau sont un musée géologique de roches arrachées aux Pyrénées. Oui tu as trouvé un joli titre, je vais m'en servir comme sous titre pour mon prochain billet car j'arrive à peine du désert d'altitude.
SupprimerMagnifique! J'admire ton courage et ton enthousiasme à parcourir ces immensités superbes , escarpées et inaccessibles! Tu as le don pour nous retransmettre tes périples.Un grand merci.
RépondreSupprimerBelle soirée, bises Lison
merci, j'aime faire partager mon amour pour la montagne et donner peut être envie à quelqu'un de faire aussi ces périples , qui sait ? le monde qui nous entoure loin de certains humains est très beau. Bisous
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