Un nom qui chante...on dirait des sonorités alsaciennes ? Ici ? Dans ce département Pyrénéen ?
Pour comprendre Uchentein , (et tous mes décors), il faut me comprendre.
A 16 ans je rêvais de la vie qui est la mienne aujourd'hui : "ne renoncez jamais à vos rêves", telle est la leçon.
A la trentaine, je rêvais du vaste monde, mais l'autre, celui loin des sentiers battus, loin des foules et du confort, celui qui est désert et chargé de mystères, de drames, de solitudes, d'inconnu...Celui qui est loin évidemment...Inaccessible.
A 56 ans je replongeai dans mes rêves d'ado -par obligation-, je les mis à exécution et je les savoure jusqu'à la passion.
L'inconnu, le rêve, le mystère, l'histoire sont à la portée de tous.
Il s'agit juste de pousser la bonne porte. La petite porte, pour moi...
La grande a pour noms : Patagonie, Seychelles, Thaîlande etc...des listes de noms qui font rêver...pas moi.
Ma petite porte a aussi ses listes de noms, inconnus pour la plupart. Dont Uchentein...
Le dépaysement est aux portes de chez soi: il faut juste savoir le voir.
Pour cela j'ai les ingrédients : solitude, curiosité, esprit d'aventure, ouverture...un choix de vie.
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Donc un jour d'automne finissant, en 2009, je croisai sans doute, dans la vallée du Lez, en plein Couserans entre St Girons et nulle part, l'embranchement d' Uchentein. Le nom me chanta, m'attira, Et je m'y rendis. Par quelques lacets d'une route étroite.
La route d' Uchentein |
Uchentein est un village sans l'être vraiment : les demeures, accrochées à flanc de pente sont disséminées. Il y a juste un noyau fait de l'église, du cimetière, de la mairie et de quelques maisons fermées. On est en novembre de cette année là et il fait gris et froid.
Le village est désert, je doublerai la population humaine : Pierre était seul nous sommes deux sans nous rencontrer.. il y a dans ce village 14 chats que nourrit Pierre. Et un 15 eme, Lison, jeune alors et en pleine liberté d'action. Aujourd'hui la Demoiselle est trop aventureuse pour que je la lâche. Ce soir là,les chats changent de restaurant, ils viennent chez moi, ils tentent de changer d'hôtel, je dois les déloger de mon lit. Lison distribue quelques gifles dans la foulée.
Je me marre.
Lison |
Ce soir là, face aux montagnes , je savoure...
Je relis dans mon cahier d'alors mes impressions : "En bas, dans la vallée, un bruit de rivière, fin comme un fil d'argent....Tout à l'heure, un oiseau de nuit hululait légèrement à la lune croissante. Je suis bien, c'est comme plus qu'un bonheur..." Il fait ce soir là, 1°." Les montagnes sont belles drapées de neige et striées de cascades. Le silence des montagnes est immense, démesuré."
Cascades de Nerech, massif du Vallier |
Par contre "un étonnant bruit sourd danse sur les crêtes: c'est le vent, un vent puissant qui malmène les arbres; je les vois se tordre, puis le son change, Comme une avalanche, le souffle descend, agite , à mi montagne les arbres encore feuillus, Je l'attends, il ne saurait tarder. Tout est devenu calme là haut...le vent meurt comme il a vécu: soudainement..."
Ce jour de novembre sera vite noyé de pluie et je roule dans ces bouts du monde désolés et poétiques à souhait, habillés d'averses et de brumes: une extraordinaire atmosphère dont je garde encore le souvenir.
Je note alors "le périple a été magnifique. magique malgré la pluie. Routes étroites, rivières bondissantes, hameaux pointus et frangés de brumes effilochées , pistes de terre noire, luisante puis glissante m'obligeant au demi tour précautionneux, mais me donnant un goût sucré salé de revenez-y."
Granges dans les pentes et les prairies: l'architecture d'ici |
Bientôt l'hiver |
Je retrouve à Uchentein, 13 mois après, ma chambre haut perchée : en hiver je fuis les vallées trop glacées et humides. D'ailleurs ce soir de février 2011, la vallée est pâle sous une couche de givre.
Me revoilà à Uchentein.
Les villages d'ici, en Couserans, se nomment Sentein, Uchentein, "ein" signifiant "pays de..".
Cette fois le temps est magnifique, la nuit sereine, constellée d'étoiles et, de mon lit, j'aperçois les lumières éparses de la vallée et la coiffe blanche des montagnes. J'ai marché dans le froid vif du soir, sur la route revêtue de plaques de verglas, entre les jardins où crisse une neige glacée. Quelques chats frileux se terrent entre les murs. Une maison donne quelques signes de vie, mais c'est le silence glacé d'une nuit d'hiver. Les chats reviennent autour de ma chambre grappiller quelques croquettes.
De l'autre côté de ma chambre, un matin fauve m'accueille dans le silence figé du gel: c'est tout simplement beau. L'angélus a toujours son rythme bien scandé et la cloche toujours sa fêlure...De toute façon...pour qui sonnent les mâtines ?
Je consacrerai la journée ensoleillée à une randonnée dans les bois glacés et encombrés de neige , jusque vers l'étang d'Araing que je ne verrai pas : je n'ai pas encore de crampons dans mes bagages...
De mon lit |
Routes pétrifiées |
Mais avant de marcher, il faut rouler, un peu, sur des chemins pétrifiés.
Je me rends un peu plus loin à Frechendech, point de départ des sentiers.
Frechendech est le village le plus froid d' Ariège : moins 14° est assez ordinaire; il faut dire que le soleil est absent de novembre à mars...
De glace et d'ombre |
Granges de Frechendech sous le givre |
Au terme de ma jolie randonnée dans le grand désert blanc ou les sous bois dépouillés, je reviens à Frechendech où j'assiste à une scène oubliée depuis mon enfance : la "matança".
Avenants, les hommes m'ouvrent grand la porte d'une grange où ils sont affairés à un bien étrange labeur: 4 cochons domestiques ont été tués ce matin et on prépare le conditionnement des viandes et charcuteries. Il règne une douce chaleur alors que dehors il gèle impitoyablement.
Impitoyables seront aussi les femmes revêches qui dardent sur moi leurs regards courroucés et ne m'invitent pas dans la pièce à côté où elles préparent saucisses, boudins et autres délices à la saveur d'antan...
La vie ici a des relents de passé bien conservé...Quand je vous disais..."Il suffit juste de pousser la petite porte..." et le dépaysement est à portée des yeux....
A bientôt pour un autre souvenir d' Ariège...
Pour toi, Colette C...
Bonjour Lison,
RépondreSupprimerque dire ? un dépaysement complet, je me croyais en Patagonie. J'ai retenu deux phrases "Le silence des montagnes est immense, démesuré" et "Il suffit juste de pousser la petite porte..."
Oui la Patagonie faisait partie de mes rêves, comme le Spitzberg, les Lofoten ou le Sahara. Remarque je n'ai pas fait que rêver, j'ai aussi beaucoup voyagé du temps qu'on était deux, mais voyages avec ce même fourgon et à l'aventure...La petite porte des grands espaces...
SupprimerJe suis tout comme toi, Lison, je ne rêve pas de partir à l'autre bout du monde, je rêve juste de découvrir toute la beauté des régions de France, car je ne les connais pas toutes, et il y en a de si belles.
RépondreSupprimerMerci pour cette jolie balade en Ariège. Je te souhaite un très beau week-end. Gros bisous.
tu sais Françoise, le bonheur réside souvent dans les choses ou les lieux simples de la vie. Je trouve notre vie moderne trop encombrée de sollicitations. J'essaie de la dépouiller mais il faut aussi vivre avec son temps. Dilemne...Bisous
SupprimerGrâce à toi Lison je voyage dans ce beau pays de France... et l'Ariège oh l'Ariège l'un des mystères de ma généalogie qu'il faudra bien qu'un jour.. je mette à jour.. mais hélas je sais que la mère de mon père est née en Ariège mais sans que je sache où et quand... alors....
RépondreSupprimerTa narration et tes photos continuent à me faire rêver. Merci à toi. Bisous
Et oui tu ma parlé de ce mystère ariégeois. Cherche avec le nom. On peut aussi être aidé par...les cimetières! dans chaque cimetière il y a des noms dominants... Bisous et j'espère te faire encore rêver...
Supprimer.
Point besoin de partir au bout du monde. Un bout de garrigue embaumée, un petit ruisseau garni de mousse, de longues vagues léchant le sable ..autant de bonheurs sereins...Torrents d'ici grossis par temps de pluie, mer déchaînée se brisant sur le schiste noir vent en tramontane décornant boeufs et autres ..autant d'émotions ressenties... Bravo pour ces froides balades qui réchauffent ton coeur à défaut du corps. Chacun à sa plénitude intérieure...sans oublier "nos" chats mystérieux amis parfois rebelles..Toujours un plaisir de te lire.ASP
RépondreSupprimerComme tu le décris si bien, Augustin! Et comme tu me décris si bien, toi le sensible que je lis sur Fb. Je t'embrasse de tout coeur. AM
SupprimerLISON bonsoir j'aime lire les lignes et j'en sais de plus en plus*
RépondreSupprimerDe ton lit la vue est superbe et quel décor de rêve.
Mais sans chauffage je pense que j'aurai eu trés froid et toi***
La Cascades de Nerech qu'elle est belle cette photo. J'aime cette ambiance LISON
Je ne connais pas du tout cette région LISON toi tu me fais découvrir de si beau coins
Merci
et bonne soirée
Tu sais France que le bonheur réchauffe !!! Quand je voyage comme ça, la joie de la découverte me fait oublier le reste. je t'embrasse, toi la sensible
SupprimerAquelas montanhas são de tirar o fôlego, lindas! E você só precisou abrir a porta para vê-las, que privilégio.
RépondreSupprimerAdorei aqueles gatos, Lison sabe como impôr respeito. hehehehe
Beijos
Obrigada por mais esse belo passeio.
Adri
"O fôlego" ! Nao eu conhecia...agora sim...nao vou a esquecer !! obrigada para este comentario muito lindo tambem. beijinhos...
SupprimerPS : "O fôlego"=haleine, soit "à perdre haleine" ces montagnes !
SupprimerOh magnifique voyage de découvertes que la France est belle merci de nous le faire vivre. ..
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