dimanche 30 octobre 2016

Tout de noir vêtus, les Pics de Camporeils et de la Portella Gran,

Ou quand l'été rejoint l'automne à bon escient.

A droite, mes festivités du jour, à gauche celles de 2015



Lever de lune sur le Madres

Un matin pur se lève au coeur de la montagne où un silence immense et un ciel rutilant d'étoiles ont accompagné une nuit sereine.

Dans la piste de la forêt, les lueurs de l'aube, entre les sapins, sont comme les yeux luisants d'une meute de loups gigantesques et silencieux.







Un peu plus tard, je laisse Nina à son sommeil de bébé et j'entame à grandes enjambées, sûre de ma pêche d'enfer, le chemin vers mon but ...que je revois déjà à la hausse!
Massif du Carlit

Sur le chemin, un drôle de petit personnage, né de l'imagination poétique d'un randonneur m'envoie un signe encourageant, ou bien juste un salut ?



















J'"avale" une Sierra de Mauri déserte et éblouissante , je caresse au passage un autre projet et...je fonce.
Mes poumons ne sont plus ces deux petites éponges compressées qui m'accompagnent ces derniers temps, je les emplis avec délectation, mes jambes ont perdu leur mollesse, tout baigne ! Je me sens forte de cette santé insolente qui est en général la mienne.
Je fonce vers le bas, vers les Camporeils que je regarde de haut, préférant suivre le sentier en courbe de niveau.

A gauche,  petit et grand Péric, au centre, Camporeils et Portella Gran , à droite Homme Mort
J'abandonne enfin ce sentier bien balisé pour couper à travers "prairies" vers mon but : le Pic des Camporeils qui se dessine, noir et tourmenté. J'aimerais bien l'attaquer par sa montée en roche mais je joue la prudence : si le souffle ne suit pas, que ferai-je ?

Le dernier lac et le Pic de Camporeils

Alors j'entame la montée sage et régulière dans un tapis d'herbe rousse et de rochers quand soudain, passé le dernier lac, je me mets à ramer  (c'est le moment !) et j'atteins mon pic d'essoufflement bien avant le Pic de Camporeils qui m'attire comme un aimant : ça y est c'est revenu...Alors je puise au plus profond de moi, je sue, je souffle, je m'époumone, mon coeur bat la chamade, la soif me tenaille mais j'avance, à petits pas épuisés. Enfin, arrivée au col, là haut, à 2600 m, la roche noire est là pour me rebooster et j'attaque l'arête avec bonheur, les jambes molles, des étoiles noires devant les yeux et la tête brinquebalante, tandis qu'une crampe mord férocement mon mollet.


Un morceau d'arête







J'avance avec aisance parce que la roche me va mais sur cette arête la roche est passablement "pourrie" soit instable, donc prudence accrue.




Et j'atteins enfin le sommet, sa croix à 2671 m: mon vieux rêve d'il y a un an s'est réalisé.
Mais...

Au sommet

Car il y a un mais...Je continue l'arête vers la proue de ce navire immobile pour contempler le paysage; je contemple même le ciel car ma fatigue me fait tomber à la renverse, par chance bien assise sur un roc et sans le moindre mal...juste un avertissement.

De mon perchoir je contemple un peu des lacs des Camporeils, à mes pieds,

Lacs des Camporeils


le pic de l'Homme Mort que j'ai gravi l'an passé (clic) et son petit lac
L'Homme Mort (2668 m) et son petit lac

  Et les jolis Péric qui eurent deux fois ma visite. De bons souvenirs m'entourent, le Mortier, le Terrer, il ne m'en manque qu'un seul, celui qui s'impose à moi depuis ce matin : mais...bien sûr, la Portella Gran 2761 m, tout proche, tout noir, tout hérissé de rocs et combien attirant...
On dirait le Hoggar Saharien qui me fit tant rêver jadis et où je ne mis jamais les pieds.

Les Péric et la cuvette nommée "Coquilla"

L'étonnante Dent d' Orlu ariégeoise (1er plan)


La Portella Gran que j'ai très envie de gravir
 Je prends un bon casse croûte au sommet, bien décidée à aller en découdre avec cette Portella qui m'attire comme un aimant. Mon souffle et mon énergie sont revenus et je pars à l'assaut sous un soleil de feu. Se croirait on à pareille altitude ? C'est un désert humain et minéral, les deux me vont. Je suis bêtement heureuse.


 Et sitôt franchi ce col marqué par ce drôle de cairn monolithique naturel, j'attaque la roche; il y a bien une esquisse de sentier mais je le perds vite et je préfère m'élever de roc en roc, petites cheminées, passages herbeux, grimpe à la force des bras, une forte énergie me propulse vers le haut, je file comme le vent. Bizarreries de la nature humaine...

Dédale de roche  pour grimper au Pic
 Arrivée quelque part en haut je ne sais plus lequel des trois est le bon sommet : qu'à cela ne tienne je les gravis tous les trois, ils sont beaux. Il suffit juste de marcher sur du rocher. Beaucoup de rochers.
Avec cette maudite crampe qui ne lâche pas mon mollet comme un chien enragé.

En 1er plan le "vrai" sommet


Un des trois, avec les Etangs Blau


Le 2nd le vrai sommet 2765 m

Le 3 eme au centre de la croix
Que le Pic de Camporeils d'où je viens paraît petit ...pourtant juste 100 m les séparent : illusion d'optique ?

Pic de Camporeils et quelques  lacs





Du toit du monde de ce jour, il ne reste plus qu'à se laisser glisser au bas de la pente entre sente, cailloux et gispet roussi par le gel, un joli parcours avec des lacs plein les yeux.







Une idée folle germe en moi qui ai repris ma pêche d'enfer : pourtant après mûre réflexion  et sagesse je ne mettrai pas mon projet à exécution et le Pic de l'Homme Mort que j'ai envie de gravir par ses grandes dalles rousses restera tout seul. C'est bien plus raisonnable !

Le Pic de l'Homme Mort 

J'entreprends alors le long et agréable retour, dans les pelouses desséchées où les nuits glacées ont oublié de ravir l'existence de cette petite fleur oubliée, bleue comme les lacs qui lui font écrin.




Bleue comme le Canigou que j'aurai toujours face à moi, jouant de la lyre  en une silencieuse mélodie.

Sierra de Mauri et Canigou


Le Canigou et sa lyre

Et je retrouverai enfin au bout de mon chemin une petite Nina dormant à poings fermés 
et une incommensurable fatigue. 
J'ai bien fait de laisser l'Homme Mort à son funeste Destin.

En chiffres :
Dénivelé positif cumulé environ 1080 m
Distance : env 16 km




19 commentaires:

  1. Belle rando que j'ai faite en partie mais ... en ski de fond il y a quelques années (une vingtaine) ! Magnifique ... Bises.

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    1. Ah, je ne ferai jamais car je ne sais pas skier. Alors on se complète ! En tout cas à pied sec c'est magique. De toute façon la montagne est toujours magique sauf, pour moi, dans la brume car j'ai trop peur. Accompagnée je crois que j'adorerais ... Bises

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  2. Coucou ... Magnifique balade !!!
    Douce soirée, Bisous et Câlins à tous tes Félins

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  3. Merci pour ce très beau billet qui m'a enchantée, Amédine. Je sais qu'en venant te lire, tes photos, ton récit, me raviront. Mais sois prudente, ma douce, sois prudente. (sourire)
    Je t'embrasse très fort.

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    1. Oui je suis prudente autant que possible. Demain sera une rando différente, nous partons à deux, dans des lieux bien plus "accueillants". Bisous et merci pour tes belles paroles et ta fidélité.

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  4. Comme c'est haute .... La montagne chez toi!
    Le ciel si bleu comme cette fleur!
    Une très belle balade ma chère Lison!
    Je t'adore pour pouvoir faire une balade si difficile comme ça!
    Passe un beau jour de Toussaint!
    Je t' embrasse très fort!

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  5. Amédine Vous avez Bien raison de tutoyer Les Sommets comme Vous Le faites surtout Restez Prudente Merci de Nous rapporter tout ce que La Montagne a de Plus Beau de Nous offrir un si Joli Texte de si Belles Photos A Bientôt Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)

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    1. merci Claudie et à bientôt pour un prochain sommet, j'espère ne pas épuiser mes lecteurs ! Bisous de nous tous

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  6. Comme à chaque fois, lorsque je regarde tes magnifiques photos j'ai envie de prendre mes affaires et de déménager !
    Oui quelque part avec vue sur le Canigou et la mer. Et aussi près de l'Espagne que j'adore.
    Un jour viendra ... Peut-être ...
    Gros bisous Amédine
    Chantaloup

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    1. Réfléchis bien car si tu viens tu devras me suivre sinon tu t'ennuierais devant le courant d'air que je suis. Bisous

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  7. Comme toujours, tu inspires l'envie et nous fait toucher du doigt notre impuissance. De belles images, un beau texte, de l'Amédine, quoi ! Merci à toi pour ce moment (tiens,ça me rappelle quelqu'un !)
    Bizzz

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    1. De rien "pour ce bon moment" (rire). je me régale, ça se voit non, même dans la douleur : faut être maso alors !! Bises

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  8. Quelle belle randonnée en brun et bleu ! Je suis admirative devant le dénivelé et les kilomètres parcourus , seule ; jamais je n'oserai et pourtant quelle liberté on doit ressentir.
    Sinon pour les crampes je m'applique de l'huile essentielle de lavande , elles disparaissent en deux minutes , c'est génial , enfin sur moi ça marche ! Amitiés

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    1. Oui c'est ce sentiment de liberté et d'être moi même un morceau de la montagne qui m'anime. J'ai rarement peur mais ça peut m'arriver aussi, de moins en moins je le reconnais. merci pour la recette en fait c'st le magnésium qui m'a joué des tours et je n'en avais pas emmené cette fois mais j'essaierai l'huile essentielle de lavande d'autant que j'en ai , ramenée de Provence. merci Martine, amitiés

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  9. Superbe comme toujours.
    Quelle intrépide tu fais !

    Le niveau des étangs est cruellement bas. La sécheresse est une réalité cruelle. Tes photos feront date pour la sécheresse.

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    1. Ah oui ? Ils ne sont pas toujours aussi bas ? En tout cas le barrage de Vinça est pathétique

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    2. On constate à présent le déficit de neige durant l'hiver, puis le déficit de pluie au printemps et un été interminable. Les P.O. vont avoir soif dans les prochaines années.

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    3. Certes, ici aussi la nature a "morflé" ainsi de nombreux chênes sont morts en fin d'été, du jamais vu de mémoire d'anciens.

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