jeudi 9 février 2017

Balade en raquettes en Ariège

Quand on a à moins de 100 km de chez soi de belles montagnes bien enneigées, aisément accessibles où l'on peut se promener en raquettes à plus de 2000 m d'altitude dans un splendide décor, on ne choisit pas en étant sain d'esprit, d'aller braver le mauvais temps , voire la tempête, sur plus de 200 km de routes pour aller faire une balade en raquettes sous la grisaille à 1100 m d'altitude!

Les granges en Ariège : incontournables du paysage de montagne

Et c'est précisément ce que j'ai choisi ! En étant saine d'esprit!

Mais les raquettes ne faisaient pas partie des buts multiples de ce petit voyage .
Et pourtant, c'est ainsi que chaussée de ces drôles de sabots à neige, je m'élance dans la forêt de ce coin d' Ariège que j'aime et qu'un ami trouve plus que triste : suicidaire !

En fait j'avais envie d'aller braver la tempête avec mes deux chats: tout fut réussi, la tempête et le voyage entre chats. Je crois qu'ils en préparent le récit.
Et puis surtout revoir la grange de mes rêves...mais c'est une autre histoire...

Ici c'est juste un entracte, entre deux tempêtes.

Le col de Latrape est juste un petit col sans prétention entre deux vallées, près d'une station de ski nommée Guzet Neige. L'Ariège, pays de belles montagnes compte peu de stations et de moyenne envergure encore.




Je connaissais ce col version été: des prairies pentues, des maisons de bergers, ou cabanes plutôt, quelques bâtiments de villégiature, un restaurant et une modeste altitude.

Cette fois, en arrivant au col après avoir roulé sur une route enneigée mais praticable, je remarque que c'est bouillonnant de vie : des voitures, des familles et des enfants qui font de la luge, des skieurs et la présence d'une discrète petite station de ski.

Dont je découvre l'existence et l'histoire :
C'est en 1950 que l'idée de faire un domaine skiable germa mais en 1960 furent construites les premières pistes et la route sur laquelle je viens de rouler, reliant les deux vallées et surtout conduisant à Guzet


Au col de Latrape ou La Trappe, c'est un des téléskis de Guzet qui se trouve là, avec deux petites pistes si pentues que les dameuses n'y accèdent pas. D'ailleurs cette station ne fonctionne pas tous les hivers elle est tributaire de l'enneigement.
Cette année c'est une année avec.

C'est décidé on s'arrête là !



Après avoir initié Nina et Mathurin aux joies de la neige, avoir pris un bon repas, je chausse ces drôles de sabots sous l'oeil médusé de mes chats surpris par pareil vacarme sur l'asphalte.

Dans la vallée de l' Alet, le petit pont
derrière lequel je me suis réfugiée
Sérac d' Ustou








Le temps n'est plus à la tempête que j'ai essuyée cette nuit, bien à l'abri en contrebas du parapet d'un pont. Le vent hurlant passait au dessus de mon toit mais le grésil et la pluie cinglaient la carrosserie de toute leur puissance.



 C'est un jour calme et gris . les montagnes sont coiffées de nuages et on n'en voit pas les cimes.


Je m'élance sur la piste unique au bord de laquelle les enfants -et pas seulement- s'adonnent à la glisse rapide, la pente est raide. L'Ariège est la reine des pentes raides !





C'est pourquoi ma montée est rude et très vite le camion devient minuscule. je m'approche des différentes granges et je m'enfouis dans la poudreuse souple et ouatée.

Tout en bas la route et le minuscule camion
Une des granges (en ruines)




Le paysage est beau car la forêt est très présente et surtout les troncs de hêtres, moussus et échevelés sont de vrais tableaux sur lesquels de la mousse de neige est encore collée; il a neigé cette nuit. Quelques minuscules flocons volent encore dans l'air.
Décor d'écorce






Quelques skieurs rapides et silencieux sont mes compagnons de route, nous nous croisons dans un éclair, celui de leur descente. ma montée est très rude mais je suis en forme et je savoure.


Je savoure le paysage de montagnes, la profondeur des forêts dénudées qui sont comme un appel, l'écrin des sommets au loin tout autour de moi et puis le bien être tout simplement. Entre les arbres se devinent des granges encore , rappelant que la vie agricole est primordiale ici, le ski est juste  un moment d'exception.








J'atteins ainsi 1300m, sommet du télé ski alors qu'au loin je vois celui qui s'élance vers les hauteurs de Guzet et je prends le chemin du retour. Au moment de plonger dans la piste rouge, ce grand vide face à moi m'impressionne, dans lequel s'élance un skieur gracieux et agile. Non je ne peux pas !


Mais très vite la piste bleue m'ennuie et je plonge dans la forêt, sur des traces de skieurs qui me conduisent en un domaine où c'est davantage du noir que du rouge ! Dans un magnifique silence ponctué du choc mat de la neige tombant des arbres, un paysage brun et noir, feutré, figé, moelleux, douillet,




Pente vertigineuse




 J'ai l'impression de descendre sur de vertigineux talons aiguilles jusque au moment où je comprends comment il faut marcher en descente avec des raquettes !
Ce n'est pas une descente, c'est un vertige, un appel du vide tant c'est pentu.



Alors je fonce, je m'amuse, un grand moment, et avec regret je retrouve la piste ...trop plate ... les granges, les  luges, et les cris ! Ah ces cris stridents d'enfants comme dans les cours de récréation, qui vrillent les tympans et donnent envie de s'enfuir...

Indifférents, les skieurs épars glissent en silence.


Le contraste est surprenant.




 Un skieur passe devant moi, s'envole avec élégance sur le toit d'une grange, puis dans les airs avant que de filer à travers la forêt.
Le tremplin du skieur
Pas un souffle d'air dans ce paysage comme dessiné au crayon, lignes pures, teintes diffuses, un paysage d'estampes ou de cartes de voeux de Noël. Il manque juste le scintillement des paillettes argentées de ces cartes d'antan.





Je retrouve mes chats curieux toujours aussi captivés.




Et nous quittons le Col pour  Aulus les Bains posé bien à plat sur l'autre vallée, celle du Garbet où nous attendra une nuit noyée de pluie diluvienne .

Aulus : les restes des 70 cm de neige



Mais je suis venue pour ça , non ? Braver la tempête, puisque j'adore ça....

9 commentaires:

  1. Un beau récit envoûtant et le skieur sur le toit m'a rappelé un souvenir nous aussi ns allions sur le toit pour une descente de délire en skis j'avais 15 ans avec des amis ds une colo ...il y avait tellement de neige que certains chalets étaient enfouis sous la neige ...le matin il fallait déneigé devant la porte et devant la grande maison et tous les jours c'était super perdus dans la montagne personne alentour que nous. ..de bons moments inoubliables ..une bonne jeunesse merci pour ce souvenir ..bises

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    1. ça me fait rêver ce que tu racontes. Un regret dans ma vie : ne pas savoir skier. Fan de vitesse, qu'est ce que j'aimerais...Dans mon milieu paysan des années 60, fallait même pas y penser

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  2. Amédine La Montagne comme Nous L Aimons :) L Ariège est un Bien Beau Pays ce n est pas Les envies qui me manquent de trouver La-haut Une Petite Maison :) Ils en ont de La Chance Mathurin & Nina :) Merci Merci :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)

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    1. faute d'acheter la grange de mes rêves (un prochain blog) une petite location loin de tout avec mes chats...je crois que j'y resterais à perpète...Plus ça va plus j'aime être loin, dans un endroit calme et authentique.

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  3. CC ... quel magnifique récit !!!
    Tu es aussi douée pour grimper que pour raconter :)
    Merci pour cette merveilleuse balade ... les photos sont splendides.
    J'ai hâte de lire les impressions de Nina et Mathurin ;)
    Beau w-e, Bisous et Câlins @ tous tes Félins

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    1. je te remercie pour ces compliments; mais tu verras, mes chats sont encore plus doués pour raconter. Il pleut dans le sud, on va se mettre au clavier !Bises d'un WE pourri mais pas improductif

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  4. C'est donc la première fois que tu chaussais des raquettes ? Moi, cela ne m'est encore jamais arrivé. C'est bien ?
    Encore un joli récit de cette journée en raquettes. Les photos sont très belles. Merci Amédine. Bisous, et un beau dimanche.

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    1. Non j'ai l'habitude. je préfère les crampons sur neige plus glacée, les raquettes me fatiguent. bises du pays de la pluie

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