vendredi 8 mars 2019

Les pics de Freser (2835 m) et d' Enfer (2869 m) Partie 2


Il est si proche, disais-je, ce pic d' Enfer que je peux presque le toucher du doigt, là bas au bout de la roche. On doit même pouvoir y aller sans crampons me dis-je en observant le terrain.
(Article précédent ici)

Tout à droite, en haut, le Pic d' Enfer, 2869 m
Carles et Ramon sont partis, je me décide et je leur emboîte le pas. Je marche simplement un peu plus haut pour le plaisir de la crête et de ses échancrures, du regard plongeant dans le vide.

Mon relief préféré

Carles escalade

Vers le nord, tout au fond, le Soularac
Ariège
 Mais il faut surtout regarder où mettre pieds et mains sur cette roche rouge et lisse, brillante et douce, du schiste en blocs, en dalles, en écailles. Je me plais à poser mains et pieds, choisir mes prises, qui, bien que ce soit facile, me donnent l'illusion d'escalader.

A mon tour, pour ce joli mur, prolongé d'un coussin moelleux !
Carles et Ramon me surveillent, ils ne me connaissent pas, ne savent pas ce que je peux faire et puis...je suis la plus âgée aussi. Je crois qu'ils sont vite rassurés. Je marche le plus souvent avec Ramon, nos âges  sont davantage en rapport, Carles peut se transformer en "cabrit". Après un passage un peu acrobatique, deux trajets tentants s'ouvrent, la pente de neige ou la roche. Carles chausse les crampons, son père et moi, ce sera la roche.




Discussion en pleine muraille  ou quand 2 catalans se
rencontrent  je choisis cette photo pour les couleurs
Je file en tête et j'attends là haut sur la crête, le paysage est magnifique, l'Enfer est à deux pas et on peut l'atteindre à pied sec. Pour le fun ce sera en neige mais un boulevard y est tracé .
Je frôle sans le savoir un pic que j'aurais pu ajouter à ma liste : Pic des Gourgs, 2853 m
Je crois  même que j'y suis perchée!

Ici vue sur Bastiments en fond et Freser



Mes yeux sont rivés sur celui-ci, dont je garde un éprouvant souvenir
Ce sera revanche aujourd'hui, pas sur le Pic, il n'y est pour rien

Carles arrive par voie blanche : en fond le Freser

Ramon me rejoint

2869 m, le 7 eme sommet du 66 nous appartient et, à cette altitude, rien n'entrave le panorama.


Piolet sommital et le mien
Vue suivante, l'envers du décor

L'envers de la vue précédente: l'autre jour du cambre d'Ase, vue sur l' Enfer



Tous les sommets familiers sont là et aussi des lieux proches qui me sont étrangers dans ce fouillis de lignes, arêtes et creux. Que c'est compliqué !!

La Serra del cadi Catalunya



Pic de Torreneules 2714 m et Montserrat au loin

Le Carlit au centre

Les 2 Pics Péric

Etrange et inquiétante géométrie : que de couloirs !!

Comme l'heure du restau, pour moi, ne sonne pas, je repars; les deux messieurs on choisi une autre route mais finalement se ravisent, donc je les suis. Même chemin, en désescalade cette fois.


Dans pareil décor un personnage est toujours un plus




 Ils surveillent ma progression mine de rien et on se retrouve versant sud, à l'entrée d'une belle pente de neige. Pour eux c'est restau; je cramponne et je file; aucun danger, je fais même mes propres traces c'est plus plaisant. Mais arrivée au bout, je ne sais plus par où continuer . Rien n'est vraiment difficile mais où que ce soit, il y a un parcours caché et ça me dérange. Saurais-je faire ? Que réservent ces vides, ces à pics mystérieux ?
Chaussée de dents pas très utiles mais rassurantes

Au 1 er plan, Pic des Gours, 2853 m, au fond Pic des Gorgs 2745 m

La "banquise" d'altitude hérissée par le vent  : Gra de Fajol en fond
Alors, prudente, je rejoins les deux messieurs, pas davantage inspirés par ces trajets. Ramon connait bien le secteur, il choisit donc un autre tracé, vers la Coma de la Vaca, et il a bien raison car on y retrouve des traces du "vrai" sentier. (Plus loin je verrai que les deux parcours étaient "faisables" un en neige , l'autre en terre)

Coma de la Vaca

Paysage plutôt de fin de printemps

Le retour sera long : le beau paysage est dans notre dos, devant ce sont des étendues un peu mornes, vallonnées, enneigées, désertiques, qu'on franchit sans crampons. Il fait très chaud malgré les 2400 m d'altitude

Chemins de neige, non loin du Col de la Marrane





Une partie du trajet : En rouge le  retour ensemble, jaune mon trajet aller 

Un petit passage ludique en roche, rouge comme il se doit, et on bavarde, en catalan. Un plaisant retour, je suis un peu fatiguée, eux sont allés au restau, pas moi. Je serai obligée en pleine côte de faire un petit arrêt fruits secs, sous peine de sécher sur place et, parvenus au Col de la Marrana, nos routes vont se séparer définitivement. Le vent me rejoint, un peu âpre, des journées comme cela sont une longue alternance de chaud/froid, tenue été/ hiver, une gymnastique assez pénible . Et un sac à dos assez chargé. Je me restaure un peu, je n'ai quasi pas mangé de la journée.

On vient de tout là bas, Coma de la Vaca
Du col de la Marrana au parking le retour sera une petite formalité; le Ter, mis à nu, normal, il naît,  me fait un clin d'oeil bleu et mouillé, le Gra de Fajol darde sur moi sa crête de coq aussi attirante que rébarbative et sur les pistes, peu de skieurs s'affairent, le manque de neige n'a pas été très tentant. Toutefois, crampons aux pieds, je m'offre la pente la plus raide du parcours, afin de terminer sur une note pétillante une journée qui le fut tout autant.
La naissance du Rio Ter

La station de Vallter 2000 : j'ai choisi cette piste en lisière de forêt
 car, parfois, des isards curieux viennent regarder les skieurs !!
                                                                 ............................................

L'intérêt de la journée fut cette succession de terrains différents, un peu acrobatiques même, mais qui ont fait de cette balade, contée en 2 parties, un "parcours 4x4". Dans lequel je me suis bien amusée.
Et surtout, une fois n'est pas coutume, une rando en compagnie, ce que j'ai fort apprécié.

Une petite réflexion...C'est étrange...ma perception de la montagne et de la randonnée, sont totalement différentes seule ou en compagnie. Etrange ? Somme toute non, mais je suis tellement habituée à marcher seule qu'il est évident que cela bouleverse tous mes concepts. Moments heureux qui me donneraient presque l'impression de n'avoir pas randonné ! Parce que je lâche un peu la vigilance. Parce que je ne suis pas sans cesse en prise avec le monde minéral qui m'entoure. Et si j'ai l'impression de me priver un peu de montagne, je m'enrichis tellement à ces contact humains...
Merci à vous qui enrichissez ma route , Ludo, Didier, Carles et Ramon, et d'autres, par le passé.

En chiffres, total sur les 2 récits 
Distance : 10.5 km
Dénivelé positif cumulé : entre 800 et 900 m
Route : 243 km AR

En lien : mon précédent et épique passage en Enfer, sur mon blog, (clic)

Carte IGCC Catalaunya





4 commentaires:

  1. Que de belles photos, l’enfer devient un paradis lorsqu’on y arrive ! Je me suis régalée, je revoyais ces mêmes paysages en été mais avec la neige ils sont plus envoûtants encore. Nous étions également revenus par là Coma de la vaca, c’est vrai que c’est long et moins plaisant que les crêtes. Ton récit est très agréable, tes compagnons de rando avaient l’air prévenants et sympa, deviendrai-tu moins sauvageonne ? Lol !
    Bises Amédine, tu es une vraie baroudeuse !

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    1. Disons que j'ai la chance de rencontrer des gens qui me désensauvagissent...lol....Et bien dans ces crêtes j'ai pensé à ceux qui y ont trouvé des "problèmes de pneus", pas drôle comme panne !! C'était le moment où jamais d laisser des empreintes de dinosaure dans la pierre, mais je n'en ai pas vues : essai raté. Plus sérieusement quand j'étais montée à l' Enfer par les crêtes venant de Nuria, ces dalles de roche lisse que j'avais entrevues m'avaient impressionnée. Là je me suis régalée de ce parcours. Je tenterai si je peux -un jour- le 3 eme trajet, mais peut être trop long, faudra voir. Bises

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