mercredi 9 octobre 2019

Le sentier littoral, partie 3 : Banyuls / Pierrefite


C'était un dimanche de septembre (2019), veille d'équinoxe, maussade à souhait. Un ciel gris bleu, des rafales de vent, la mer quelque peu  tourmentée, un de ces dimanches qui me tiennent loin de la montagne mais ne me confinent  pas pour autant à la maison. La mer est proche, rapidement accessible et du Sentier Littoral, il me manque encore quelques kilomètres à parcourir.
Le paysage n'offre pas une infinie variété de tableaux, mais chacun de ces tableaux vaut par la lumière, la couleur et le mouvement de la mer. Comme revisités chacun par un peintre différent, de la même école cependant.


Vue prise depuis la route


Et depuis la mer

La côte est rocheuse, tourmentée, creusée d'anses et de caps, même miniatures, hérissée de hautes falaises noires et de récifs sur lesquels se brisent les flots, cela suffit pour faire de ce paysage un décor grandiose. Le sentier ne court pas au bord de la falaise, il se tient plutôt à l'intérieur mettant le promeneur hors de danger. Il court dans un maquis maritime où l'on devine des anciennes murettes, c'était le pays de la vigne qui regardait et écoutait la mer.

Sentiers

Les raisins mûrissaient au vent salé et prenaient des couleurs au flamboyant soleil.
La vigne a reculé abandonnant aux intempéries ses ouvrages d'art patiemment érigés par les hommes.
Mais il reste encore, un peu en retrait, des vignes au relief typique, à l'architecture traditionnelle, un terroir original, celui du Banyuls et du Collioure.


Architecture vigneronne






Bien sûr je ne suis pas ce sentier là mais je flâne au plus près du bord de la falaise, du vide. Le vent n'est pas assez fort pour être dangereux et ainsi, si je double la longueur du trajet, je l'embellis à l'envi.
Quelle puissance se devine dans cette mer au souffle puissant et à la colère qui peut enfler à tout moment. C'est, ce jour, une rumeur océane, pas une clameur encore





Quelle beauté en cette côte déchiquetée, en ces roches tourmentées, creusées, plissées, ridées, comme ces marins qu'on ne voit plus à présent, et ces paysans d'antan.

Sculptures marines
La mer ici bas est devenue réserve sur 600 hectares, ce qui doit préserver son écosystème, flore et faune.

Cette portion de côte est belle et sauvage, je la découvre, n'en ayant aperçu que des bribes depuis la route.



Envoûtante : la grotte de la Femme  au papillon

Thymélée hirsute ou Passerine hérissée

Tourments

Je marche vivement , ne rencontrant personne tout en entrevoyant des silhouettes sur le parcours balisé.  Une baigneuse ose sans s'aventurer, en riant.
Son compagnon se contente des prises de vue.



Le "vrai" sentier à présent longe le haut de la falaise et je rencontre une petite merveille : une vigne échevelée qui se penche du haut de la falaise sur la mer battant à ses pieds. Une exception, prolongée par une suberaie (chênes liège)en perdition.

 





Grenache noir

Enfin, dans un dédale de murettes enfouies dans la broussaille que baigne un parfum subtil que je ne connaissais pas, celui de l'asperge sauvage en fleurs, je monte vers la route, jusqu'au belvédère qui propose la halte dégustation Banyuls et la descente sur Peyrefite, un autre morceau de sentier (doublé d'une petite route) conduisant à l'anse de Pierrefite, là où débute le Sentier marin.

Chêne liège

Sparagus en fleurs


Mais quel est donc ce ciel? De quelles trombes d'eau gratifie t'il les côtes héraultaises, poussé par ce sud ouest que rien n'arrête en mer  ?




Mon terminus du jour, j'irai cap au sud un prochain jour
Vue prise en direction de Cerbère
 Je reviens sur mes pas, en suivant cette fois le sentier "normal". Le vent a forci et la mer aussi, des nuages noirs dansent dans un ciel livide, une pluie fine me fouette un instant mais rien n'empêchera un bain rapide dans une petite crique isolée où il faut quand même être prudent. Cette fois je serai timorée. La mer a grossi, le vent a forci et une poussière d'eau digne des côtes océanes estompe la roche noire .



Poussière marine

Violence océane pour la Méditerranée (il ne faut pas chuter)

On est prévenus !

Un ciel livide sur les collines





Je ne me baigne que sur le parvis de la piscine

Les brisants au bord de ma piscine


Sculptures sur les murs

Sculptures murales

Le retour, très bref, me gratifie d'un magnifique tableau marin aux couleurs d'outre mer, je dirais presque que ce fut le plus beau tableau marin, grandeur nature , qui me fut offert ce jour là.
Que c'est beau....


Lagon ? Non, Cap Béar





Distance, environ 6 km AR

Pour compléter : 

Sentier littoral 1 ere partie , février 2017 : clic ici  Paulilles / Cap Béar

Sentier littoral 2 eme partie, Février 2017 clic ici... Paulilles / Banyuls


8 commentaires:

  1. je ne me lasse pas de te lire, même en bord de mer tu arrives à gratifier la vigne et à juste titre, celle-ci était là avant nous, c'est sa place plus que la nôtre, cependant nous n'en sommes pas tous conscients, merci à toutes celles et ceux qui préservent ce merveilleux décors, et tu en fais partie. Que de beaux tableaux tu nous offres encore. Bises Amédine La tortue

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    1. Merci belle Tortue, de partager mon ressenti ! Je l'ai fait au pas lent de la tortue, c'est sûrement de là que vient notre ressenti...hihi

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  2. Belle balade ! On sent l'iode et le ce parfum subtil du fenouil, du thym et des steppes marines. On voit ces trésors sculptés dans la roche par vent et embruns. On touche cette nature si vivante. Piètres mots d'un spectateur assis devant sa fenêtre d'ordinateur ! Merci encore pour ce retour à mes sources. Bravo pour le texte et mille mercis pour ces photos superbes. ASP

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    1. J'ai pensé à toi en le parcourant ce jour là et encore à toi en l'écrivant hier. Heureuse que tu aies aimé, toi l'enfant du pays qui sait si bien le faire chanter dans tes romans; je t'embrasse très fort et il y aura encore un ou deux épisodes

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    2. Les teintes inhabituelles de cette côte que nous avons l’habitude de parcourir avec un soleil radieux donnent à tes photos un brin d’exotisme qui les sublime. Bravo ! Je me suis régalée de te lire, tu sais trouver les mots pour raconter et intéresser, merci pour ce beau récit.

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    3. Et c'est bizarre mais j'ai envie de mauvais temps pour le continuer !! Faut être maso...J'aimerais le poursuivre carrément en tempête, jusqu'à la cova qui sera le point d'orgue en bateau !

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