Ce qui est curieux c'est que ces deux "personnages" liquides naissent presque au même endroit, (Camps sur Agly et Cubières sur Cinoble, 11) et prennent tout de suite des directions opposées. S'ennuyant sans doute l'un de l'autre, ils se rejoignent au bout de 46 km, à Estagel, 66, pour faire voyage commun vers la mer.
Chacun a un cours très marqué par le calcaire et c'est à la rencontre d'une portion de Verdouble à découvrir hors saison que je vais. Au pied du célèbre château de Peyrepertuse et de son village, Duilhac.
Avant d'arriver à Duilhac, une petite route mène en 1.5 km au Moulin de Ribaute, lieu hautement fréquenté l'été. C'était un des buts de ma balade ce week end. Le temps était médiocre et promettait de le rester et plus encore si affinités. Les affinités furent...
Un des visages du parcours |
Un autre visage |
D'abord le panneau d'entrée expliquait qu'on passait la passerelle, longeait le moulin puis on continuait en rive gauche du Verdouble. Etais-je dyslexique ? Je ne vis pas de passerelle mais un canal à franchir d'un bond monumental, alors je filai rive droite nantie aussi d'un sentier. La suite fut très sympa. Faut dire que l'été la rivière est barrée, un lac se forme, réserve pour la défense contre les incendies et lieu de baignade. La passerelle doit être ôtée lorsque le barrage est vidé.
Je remonte la rivière dont le lit fait de dalles calcaires est large mais le fil de l'eau reste étroit. Le vaste moulin en ruine, est dépassé et j'arrive à "la cascade" c'est le nom du site.
Je découvre une douzaine de trous carrés creusés dans la roche, alignés , doubles parfois, avec des saignées aussi, c'était un très ancien barrage destiné à alimenter le moulin en eau, par son bief, lorsque l'eau était peu conséquente. Quel âge ont ces trous ? Comme le moulin, 16 eme, 500 ans assurément...C'est exceptionnel!
A partir de là je vais louvoyer entre sentier, (car il y en a un qui mène à Duilhac je présume), rochers, falaises et bord d'eau. Je peux le faire car j'ai le pas sûr, habitué à la montagne, mais avec un certain danger, mon dos est démonté depuis de longues semaines. Prudence et témérité font bon ménage et me conduisent à bon port soit une belle baignade dans l'eau très froide d'une des belles piscines naturelles.
En images
Vers l'amont |
Vers l'aval |
Gardien du site |
Ma piscine |
Le parcours est court, il présente des roches polies par l'eau, véritables marbres, des marmites de géant en eau ou en altitude, qui racontent les successifs parcours dans ces calcaires du crétacé (moins 145 à moins 66 millions d'années) et aussi des passages impressionnants, à portée de main, comme polis par des millions de mains qui se seraient hasardées en ce site perché en haut de la cascade où je me risque sans danger. Alors pourquoi ce polissage ?
Marmite de géant "désaffectée" (en hauteur) |
Marmite en usage |
Roche polie par les mains |
Le sentier entre les murettes |
Le sentier, dans la terre ocre, bordé de murettes parlant aussi de cultures fort anciennes est étroit, entre chênes verts, buis, buplèvres et romarins. C'est simplement beau.
Je reviens sur mes pas, et cette fois je pars à la rencontre du moulin. A partir de l'antique barrage, on suit très bien le bief avant que d'arriver à la bâtisse qui fonctionna voici quelques siècles; son originalité vient du fait que ce moulin à blé, fonctionnant avec la force motrice de l'eau, appartenait à la population locale et non au Seigneur, lequel était donc privé des taxes habituelles. Fait assez rare pour être signalé. C'était au 16 eme siècle. Donc ce moulin a bravé ans et crues , sans doute maintes fois rénové et agrandi.
C'est ici que le Verdouble était barré au 16 eme siècle (et au delà) pour alimenter le bief du moulin |
Sentier/canal |
Il reste une vaste bâtisse, un bief comblé, une chambre de la meule peut être comblée aussi car une petite arche ensablée émerge a peine du lit sablonneux du Verdouble et quelques vieilles meules empilées que l'on reconnaît venues de St Julien des Meulières (34) leur grain de "peau" est le même.
Leur facture en plusieurs morceaux assemblés et cerclés de fer également.
Intérieur |
Vue d'ensemble; on remarque en 1er plan la partie ensablée et la voûte du canal |
Je m'attarde, je cherche une date sur le moulin et finalement je traverse la rivière pour rejoindre mes deux compagnons de route Nina et Mathurin alanguis aux rares rayons du soleil mourant.
Un joli parcours court, original, poétique voire enchanteur, quand on aime l'eau et ses atypiques parcours en calcaires. Une eau d'une rare transparence....
Une rare transparence... |
Ils raconteront "leur" Aude bientôt... |
Coucou, ça m'a pendant un temps passer par l'esprit de remonter le Verdouble, des gorges de gouleyrous mais je ne connais pas assez bien ce site, d'ailleurs je n'ai découvert le moulin que cette année(en image) c'est très joli et d'autant plus à cette saison, tu as toujours de bonnes idées. Bises Amédine La tortue
RépondreSupprimerC'est bien le Verdouble mais ce parcours-ci n'a rien à voir avec Tautavel, il y a aussi des gorges, un moulin. Points communs. La différence, à Tautavel c'est plat, pas de cascades, de hautes falaises et un parcours avec un câble pour remonter les gorges; le câble est cassé actuellement. Mon récit c'est au pied de Peyrepertuse; bises
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