vendredi 1 mai 2020

Chronique virusienne : nuit du 45 eme jour

Ou "Péril en la Demeure"

C'était la nuit conduisant au J 45 donc au J- 10...



Comme toutes les nuits je m'étais endormie tard avec la perspective d'un réveil brutal suivi d'une insomnie tenace. Moi la dormeuse d'avant le confinement.
Toutefois je dormais à poings fermés lorsqu'un immense feulement me fit brutalement bondir. A 3 h 45 du matin. Mes colocataires de lit, les chats, étaient aux aguets, oreilles dressées, vibrisses en avant.
Je me levai comme un ressort et fouillai la maison : ce gardien de Mathurin avait donné du clairon mais pour qui ? Je finis par le débusquer dans un angle de la salle de bains, tenant en respect un félin inconnu, rayé, à poils longs, la queue en écureuil. Comment ce Raminagrobis venu de Dieu sait où savait que la maison avait une chatière et le second étage les plats de croquettes?
 Ma présence le délivra mais la fête commença!
L'animal terrifié et désorienté investit les pièces ouvertes et c'est ainsi que ma chambre vit arriver un bolide qui, d'un bond se jucha sur le lourd cadre début 20 eme enfermant le portrait de mon aïeule à 17 ans.

Mon aïeule se balança dangereusement mais déjà le bolide fendait l'air de la salle de bains ponctuant son passage de chutes d'objets. Il se précipita dans les escaliers, alors que je fermais toutes les portes, me devança dans le bureau de l'étage inférieur dont j'entendis choir une étagère..située à 2 mètres de hauteur. Je ne voyais rien de lui qu'une ombre grise, poils au vent, queue en gouvernail, fendant l'air et "dégommant" tout sur son passage.
Ma position n'était pas aisée : nu pieds, mains nues et yeux orphelins de leurs verres, je ne pouvais rien faire.
La bête se réfugia dans la vaste salle de séjour, derrière le canapé.



Les autres protagonistes étaient là, tels des spectateurs fiévreux à la corrida.
Moi, le torero à mains nues et sans épée je ne me hasardais pas, sinon à protéger cadres, bibelots et autres objets que mon regard flou et  affolé voulait protéger.
Cette pièce eut été l'estocade !
Blanche hurlait en silence de sa voix éraillée de chatte de 19 ans : "Olé !!"
Elle en avait vu d'autres, ainsi que Syrah , ma protectrice qui, cette fois, ne savait que m'encourager de ses yeux globuleux.
Mathurin veillait au grain, je l'eusse voulu ailleurs, il était le déclencheur de cette sarabande. Il suivait pas à pas la scène en remuant un croupion satisfait. Et surtout ne pas oublier de le féliciter ! (Tant pis pour moi, je lui dis toujours "Tu gardes la chatière !").

Mathurin au lendemain
Repos bien mérité à poings fermés!


Farine, je ne la vis pas; au matin je la découvris perchée en haut de la treille sur la terrasse. Hésitant encore à descendre.
Nina, qui découvrait ce mode chasse à courre, me regardait, à la fois affolée et admirative, les yeux plus ronds que jamais.
Moi je ne bougeais pas. J'avais ouvert les deux porte fenêtre doublant ainsi la fuite du chat. Qui, terrorisé, quitta la sécurité de derrière les canapés et rencontra la meute. Alors ce fut la valse, sous le regard stupéfait de la Tribu : les murs et rideaux reçurent davantage de visites qu'en 20 années, et le parapluie décoré de chats pendu tête en bas près de la porte fenêtre hébergea un chat de plus, en furie, démolissant l'objet baleine après baleine, un véritable ressort d'horlogerie qui finit, grâce à la précision de mon rabattage, par trouver la sortie.




Je vis alors un fauve bas sur pattes, poils au vent, traverser le portail entre deux barreaux et tourner vers je ne sais où.
Je m'aperçus que je tremblais de tous mes membres, pour ce qui fut et pour ce qui aurait pu être...
Depuis la télé a été vissée à son meuble, le boitier qui avait valsé, disgracieusement ligaturé au dit meuble, les cadres ont retrouvé l'horizontale, les bibelots leur verticale et moi, je peinai à retrouver un sommeil aussi mis à mal que le cadre de mémé juste au dessus de ma tête : il n'aurait plus manqué qu'il se décrochât et m'assommât !




"Oh! Quelle nuit."..chantais jadis un certain Distel...Sacha ! (ça... chat..alors...)


12 commentaires:

  1. Ho mais tu peux tourner la suite des aristochats, tu m'as bien fait rire!les 400 coups des chats chez Amédine !

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    1. Faut des sujets rigolos pour confinés mais rien n'est exagéré dans ce récit picaresque

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  2. Oh ! quelle nuit, belle nuit ...chantait le beau Sacha ! Mais quelle nuit "délire" pour notre dame de Tresserre. Je te vois bien, chapeautée (il va de soi) d'une passoire, rouleau à pâtisserie en main et orteils à l'affût d'un pied de chaise malveillant. Mais Dame Amédine fort courroucée oubliant toute prudence, délaissant la matraque, préférant le tisonnier, se lança à la poursuite du mistigri. Mal lui en prit à la gente belliqueuse ! Jouvencelle aïeule malmenée par griffes vengeresses, fuite éperdue dans palais de comtesse furibonde, chat maraudeur, rôdeur en péril, cherchait chatière sésame d'une liberté retrouvée. L'épopée fut longue, contée dès le matin par dame Amédine interloquée, choquée par toute cette aventure. Ses compagnons à quatre pattes ne furent que piètres combattants mais valeureux guerriers devant leur gamelle à pâtée bien remplie. Mathurin ventre rebondi et l'âme apaisée se dit qu'un peu d'exercice nocturne faisait grand bien à son amie confinée. Une nuit folle à danser la Carmagnole ne saurait lui nuire. Il se garda bien de dire, miaulant en sourdine "Demain ou bien une autre nuit je convierait Monseigneur Sanglier ou Maître Renard chez la donzelle ! Alors cette nuit-là, sous les étoiles clignotant de tous leurs feux, Nous les animaux de bonne compagnie, accompagnés de nos mercenaires des champs, d'entre vignes et genêts,Nous les non confinés, ferons revivre moments inoubliables à notre impénitente conteuse. Qu'elle visse télé, casseroles, moquette et tapis, lustres et chaussettes ...une nouvelle folle nuit se mijote. Elle saura raconter notre gentille maîtresse ...comme à son habitude. ASP

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  3. C’est si bien raconté qu’il me semblait voir un film, les tribulations de ta tribu ne sont pas tristes.... La fuite de l’intrus aurait pu provoquer des catastrophes... elle a provoqué une FART de rire pour moi et un souvenir impérissable pour toi, ça fait du bien en ce moment ! Bises.

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    1. Chez moi il y a toujours du piquant, du mordant, du griffant, ma vie est faite de mini aventures aussi cocasses que répétitives...Mais au moins, je ris ! Même en me relisant car depuis 45 jours et plus je n'ai pas ri souvent...ça manque ! Bises

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  4. Super film d'action.. ������

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  5. Il s'en passe des choses dans le monde des félins. Si tu avais peur de t'ennuyer, tes amis à poils longs se chargent d'assurer l'ambiance, même si l'heure est mal choisi. Sacré Raminagrobis quand même !

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    1. Oh oui, mais je préfèrerais ce type de scène à la mi journée qu'à la mi nuit, nom d'un mi aou!

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  6. Oh la la, quelle aventure ! Du suspens, de l'action, du remue ménage à tous les étages...Tu m'as fait rire et j'ai envie de tout lire. Tu vas égayer mon confinement 2. Avec tes chats vous formez une équipe de choc pour ne pas dire un commando. L'intrus était de la même trempe. Surtout reprends tes chroniques pour la saison 2 ... J'ai adoré. Roberte

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    1. oui je vais reprendre cela va me donner du mordant, au J5 du nouveau confinement de la nouvelle vague, je commence à mettre la tête hors de ma colère

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