Pour reposer un corps quelque peu malmené par mes vagabondages en des milieux difficiles, énergivores et hors des sentiers battus , voire des sentiers de battues, je décide l'aller me poser et d'aller pauser en bord de mer. Ce sera Cerbère, au maximum des confins de la France. A quelques 50 km de chez moi.
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Cerbère |
Parce que j'y ai des souvenirs de lâcher prise obligé, en 2017 et que sans doute , en ce moment, ai-je besoin de lâcher prise. Comme lorsque je me blesse un pied ou une jambe je file dans le Sidobre !
Donc me voilà à Cerbère, la mer est à quelques mètres de mon lit, silencieuse comme jamais, ce n'est pas plus mal, si le grand rythme de l'océan m'apaise, le rythme court de la mer me fatigue. Ainsi les reflets de lumières profitent de ce calme et frétillent doucement. Ma Nina semble ravie et ronronne doucement devant le "poêle". Un marginal essaie gentiment de me faire partir camper ailleurs où "je serai mieux", pas question lui expliquai-je tout aussi gentiment. Oui notre échange fut très correct. Pourtant, à 6 h du matin je fus obligée de déguerpir. Sous la pression d'un véhicule blanc ronflant et tonitruant.
Un matin gris, je ne verrai pas se lever le soleil du haut de mon perchoir près du cimetière. Un véhicule (blanc) revient se poser près de moi avec les mêmes arguments ronflants et tonitruants que celui de la plage (le même?) mais cette fois je ne bougerai pas et lirai en serrant les dents de fureur !
Subir au total 1 h 30 de ce sport là quand on va chercher le calme....
Le délicieux cocktail de mots du "Cri de la chouette" de Bazin sera un puissant antidote.
Plus tard dans la journée après une halte poisson au Café de la Plage, autre souvenir sensoriel de 2017, comme le soleil joue les perce neige du plafond gris, je me rends à Pierrefite, plage agréable, quasi désertée en cette saison, berceau du Sentier Marin et j'ose, je me jette à l'eau, toujours aussi inerte. Le bonheur peut exister même à 15 degrés. Dommage, ma vision ne sera pas sous marine faute d'instruments laissés au garage.
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Aixo es bó ! (ça c'est bon !) |
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Pierrefite (entre Banyuls et Cerbère) |
Mais rien ne m'empêche la vue aérienne perchée au flanc des falaises, tantôt en l'air, tantôt au ras de l'eau : les routes y sont multiples, horizontales ou verticales (je ne les ose pas), les prises corrosives et foisonnantes à souhait, de ce schiste qui paraît lacéré, percé, entaillé, par les millions d'années de vagues et tempêtes salées. Quelle géologie! Artistiquement travaillée de teintes, couleurs et formes, le pinceau et le burin géants de la Mer ont bien travaillé. Le nez dans le schiste, mains et pieds agrippés à la muraille, l'oeil fouillant les dentelles, quel régal ! Une galerie d'art à ciel ouvert que les bleus et verts qui servent de toile de fond mettent en valeur. Oui je passe un grand moment au musée!
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Et ça continue, sur des kilomètres |
Nina dort dans le cocon du camion posé presque sur la plage de galets plats et lisses, débris de cette falaise que la mer, après avoir rongée jusqu'à l'ossature a entrepris de polir jusqu'à la moindre aspérité, en faisant des pastilles de toutes tailles douces, colorées, comme surgies d'un ailleurs. Quel mécanisme fabuleux que la géologie du monde!
Dans la douceur du soir qui tombe, dans les vignes de grenaches blonds, je serpente entre route et murettes (un de mes sports!) au coeur de tout l'or de la côte.
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Une jeune plantation |
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Amandier |
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De schistes et de grenaches, l'or de la côte |
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Un motard s'est amusé à passer demi couché à mes pieds : brrr, je me suis figée ! |
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Vignoble de Banyuls |
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L'or cuivré des grenaches, le cépage d'ici |
Un beau dimanche sans montagne! Même si elle sert d'écrin à tout ce qui fut mon dimanche. Les Pyrénées meurent ici dans la mer.
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Le glas des Pyrénées sonne ici |
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Le glas des Pyrénées |
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Là on ne varappe pas, on glisse |
A bientôt...non à Cerbère mais à Sant Père
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