samedi 15 avril 2023

Albères : la Massane, chemin secret (acte 3)


 Il y a quelques jours, j'avais remonté en solo le cours de la rivière Massane (clic) dans ses gorges tourmentées et j'avais été impressionnée par la beauté sauvage du lieu mais aussi par la sensation d'isolement. Une très grande solennité parait ce lieu devant mon regard tout neuf. Un peu angoissé.

En ce samedi, je vais finir le parcours avec Nicolas qui a proposé de m'accompagner. Il a fait ce "voyage aquatique" récemment, invité par ma découverte,  et a bien envie de le recommencer.



Sur la piste, je lui présente tous ces chemins qui partent vers l'inconnu, que j'ai parcourus et qui parlent du travail des bûcherons et des charbonniers du temps passé.

Crosses de fougères

Puis nous abordons aux rivages du torrent, le remonter va être presque un jeu d'enfant puisque nous connaissons. Il y a toujours quelque chose à découvrir. Une roche, une caverne, un végétal  et aussi quelques changements.


L'aisance du grimpeur














et de fleurs


Bouquet de couleurs


Des mousses vertes envahissant l'eau, des lentilles d'eau colonisant la surface, il m'explique les roches, leur formation, les inclusions, les couleurs, l'érosion, j'aime apprendre et découvrir.


Mousses et reflets


Cette fois, je n'emprunterai pas "la vire des pêcheurs" pour éviter un passage difficile, guidée par lui, je le franchirai. Cela aussi est plaisant, oser ce qu'on ne tente pas seule.


Le trajet paraît familier, plus court, pas du tout stressant, j'en profite bien mieux; quelques passages qui me parurent un peu difficiles semblent avoir été aplanis, sécurisés, c'est stupéfiant comme le ressenti peut différer alors que rien n'a changé...Sinon qu'on est accompagnée...



Décor grandiose depuis le petit col dans une arête



Finalement elle était facile.



Nous arrivons au passage où je m'étais arrêtée faute de temps, deux murs de roche plongeant dans l'eau; il faut escalader la petite falaise sur la droite et contourner la difficulté par une vire un peu encombrée de végétaux, passage très facile toutefois.

Là où j'avais stoppé


Le passage vu depuis l'évitement



Un tronc




Derniers franchissements



La roche




Derniers goulets


Alors on aborde une belle cascade qui sera le dernier obstacle du parcours. L'aurais-je osée, seule ? Je pense que oui, quitte à mettre les pieds dans l'eau car le départ est impressionnant mais finalement c'est presque un jeu d'enfant pour moi. 

Aisance

et aisance














Nicolas, bien plus jeune que moi est un compagnon attentif et attentionné pour "mon grand âge", faire avec lui ce trajet sauvage et inédit est un vrai régal.  C'est un sportif, un grimpeur, je me sens très à l'aise. Le temps est superbe, lumineux, estival, on bavarde entre amis, on se connait depuis longtemps à présent. On mesure l'importance de la sécheresse cette année, le danger à faire un parcours dans ces reliefs l'été, vu les risques d'incendie.

Le passage délicat et ludique franchi, à présent, on va baisser le son des conversations, on rentre in "vetiti terra", en terre interdite. 



Elle se devine


Ou presque, puisque on aborde la réserve naturelle. On n'en est quand même pas à avancer à pas de sioux mais bon...Et pourtant, si le parcours "musclé" s'achève dans de doux murmures d'une rivière apaisée qui va se jeter dans le vide, et changer d'aspect, pour nous commence une autre étape, rechercher ce que Nicolas nomme "le chemin historique" et moi la route d' Espagne à Argelès, portée encore sur le cadastre napoléonien et la carte d'état major. Ici il faut élargir le champ visuel et chercher la cohérence du chemin, en observant du sol au ciel. Ce chemin venu des crêtes et de la cabane des Couloumates descendait à la rivière, la franchissait et remontait sur le col de la Place d' Armes. Il fallait donc que ce parcours évitât les falaises, les barres rocheuses, les pentes trop raides et mon regard furète, évalue, jauge, je remonte sur la crête envahie d'arbres et buissons ne laissant aucune visibilité, rive gauche de la rivière. On se concerte. Une cohérence se dessine, nulle trace sur le terrain mais on y est, c'est sûr. On ne partira pas sur la crête, on laisse ce trajet pour une prochaine fois, on se concerte encore sur la suite, on fait un choix drastique dans nos curiosités, ce sera rive droite, vers le col.


La Massane assagie : pour elle le parcours des gorges va commencer

Dans ces forêts de frayait "la route"

Aucun scientifique ni garde n'arpente le coin, la cabane laboratoire est muette, la source proche, tarie.

Cabane laboratoire


 C'est avec une facilité déconcertante que se profile l'assiette de cet ancien chemin qui monte en diagonale, assiette exempte de ces hêtres qui vivent ici. Un vrai plan incliné, rectiligne qui nous conduit à ce petit col qui m'avait surprise à double titre : une jolie cabane en pierre et une assiette de chemin taillée dans la roche. Deux "routes" se rencontraient ici, issues d' Espagne toutes deux, des Couloumattes toutes deux, une en rive droite et l'autre en rive gauche : ce tronçon sera la prochaine recherche...


Peut être était il ici le gué ? 


La source muette

L'assiette du chemin d' Espagne

Ici on le voit bien avec même un muret transversal pour le stabiliser

Rencontre des deux chemins, un petit col taillé dans la roche

Toute proche était cette cabane


La suite du chemin sera "terra cognita", la montée à la tour de la Massane, un petit en cas sur ce lieu de villégiature qui va nous inciter à la fuite, malgré la beauté du panorama. Nicolas ne descendra pas en courant, ce qui est un de ses moyens de locomotion favoris, il va m'accompagner tranquillement et je lui ferai ainsi découvrir le joli sentier du Pomer,  celui qui traverse l'élevage et est plus ou moins interdit à la circulation piétonne, mais...chut...l'interdit, on y est rôdés.










Dans le sentier du Pomer

Escalade

Moins haut pour moi


La suite de l'histoire se noiera entre groupe élargi d'amis et bulles, telles ces bulles bouillonnantes des cascades de la Massane, un peu plus blondes, un peu plus fruitées....La Massane en Liberté le valait bien !


                                                                                                         Merci Nicolas !

Bon voyage...


En chiffres 

Distance : 12 km environ.

Dénivelé positif cumulé : 700 m environ




2 commentaires:

  1. Très belle aventure secrète. Il serait intéressant d'y retourner au mois de juillet pour constater s'il reste encore de l'eau ou non. Qui a le plus guidé l'autre ? A tour de rôle j'imagine. Mention spéciale du jury pour la photo sans légende de la plaine et la mer : splendide. Ludo

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    1. Vois tu je pense qu'en juillet le massif sera fermé depuis deux mois; il ne reste que quelques jours. Je dirais qu'on s'est guidés mutuellement , il m'a aidée dans un passage que j'évitais mais je n'ai pas fait les mêmes pas que lui forcément, vu ma taille; ce fut un bon partenariat. Nous allons renouveler car je vais cette fois l'amener sur le chemin que j'ai retrouvé et qui est hors blog; j'en ferai un récit quand on le fera ensemble car je dois peaufiner des détails. J'aime bien partager des randos aussi, malgré ma "sauvagerie"...tu sais bien !

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