La rivière Massane est le chemin le plus secret de Lavail car...il n'y a aucun chemin . C'est au voyageur explorateur de le créer. Les possibilités ne sont pas multiples mais j'imagine que chacun, dans ce dédale, pense être le premier, tant c'est secret, sauvage et envoûtant.
Je n'ai pas fini ce voyage là, je l'ai laissé en suspens, j'aime garder du mystère, garder une petite poire pour la soif dans les terrains un peu extrêmes. Pour continuer à rêver. Et surtout il me manquait du temps.
Par contre je n'encourage pas à se précipiter là bas, le terrain est difficile, à ne pas mettre dans toutes mains et pieds : on se sent seul au monde et on y est, il n'y a aucun réseau. En solo, l'accident n'est même pas à envisager!
Donc me voilà partie, un après midi, pour continuer mon périple entrepris quelques jours avant. Continuer veut dire reprendre le même chemin d'eau puisque il n'y a pas moyen de faire autrement. Je prends juste un itinéraire "bis" qui me permet de voir un petit morceau de rivière supplémentaire, de repasser par les grottes et rochers énormes et c'est parti.
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Il doit faire bon se baigner là |
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Les impressionnants gros rocs |
J'arrive rapidement à mon terminus puisque je connais le chemin, de rocs en cascades, de vasques en échappatoires, je marche vite, j'ai le pied sûr.
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Le pas y est sûr |
Quand commence l'inconnu, je sais que je vais entrer dans le parcours le plus tourmenté des gorges puisque on ne peut les appeler autrement. La carte montre ce tracé sinueux, je sais les pentes rocheuses, abruptes et couvertes d'arbres, je sais qu'il n'y a aucun sentier et surtout que si je grimpe des falaises il faut que je sois capable de redescendre puisqu'il y aura retour par là obligatoire. J'ai une corde, des tennis si je dois marcher dans l'eau et une envie folle de réussir.
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Le décor du jour |
J'entre donc dans l'antre mystérieux de la rivière cachée aux yeux de tous, aucun randonneur ne peut la voir ni l'entendre depuis les sentiers. Grande solitude...l'émerveillement sera à la hauteur de la solitude.
Je vais ainsi remonter la rivière sur 2 km, tantôt dans le lit rocheux, tantôt sur une rive ou l'autre, mais j'ai voulu garder la trajectoire au plus près de l'eau, ce que je ne ferai pas au retour, instinctivement, parce que le paysage se dessinera différemment.
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Carte Mapy.cz |
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D'eau, de roches et d'arbres : cours de la Massane (Mapy.cz) |
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Evitement en falaise |
Je suis sur mon GPS ma progression et je dois avouer qu'au fur et à mesure que je m'enfonce dans ces courbes, c'est comme si je disparaissais encore plus du monde alors qu'on ne me verrait pas davantage en ligne droite. Mais savoir que je navigue en courbes resserrées a quelque chose d'angoissant, comme si chaque virage m'extrayait du monde des vivants. Curieuse impression, inquiétante et enivrante à la fois.
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Gradins de roche |
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Dallage de roche |
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Vu de haut depuis la falaise |
C'est une enfilade de vasques et cascades, de falaises et de fonds rocheux. Quelques minuscules plages de sable donnent une impression rassurante de vie humaine, mais il n'est aucune trace humaine. Si les vasques et cascades, goulets et piscines sont superbes, car reflétant des couleurs mouvantes, les roches allant du gris bleu à l'ocre rouge en passant par le blanc, le moucheté, le veiné, le lisse, le granuleux, sont un véritable tableau.
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Invitation au bain |
De part et d'autre, les pentes fort raides, habitées de rocs fantastiques et de forêt épaisse sont un véritable barrage contre la vie humaine.
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Collet del Teuler |
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Le décor : du roc du sol aux murs |
La remontée se fait aisément, je marche bien, avec prudence toutefois, mais sans difficultés. Mes escalades de rives sont aisées, je ne rencontrerai que deux "points chauds", dont un que j'éviterai à la descente. Le premier, pour remonter une haute cascade sinueuse, me demande une attention soutenue dans son escalade et j'ai la surprise, en arrivant en haut, de trouver des plaquettes de rappel pour le canyoning. Je m'empresse de chercher un sentier dans le sous bois mais rien. Un peu plus haut, la difficulté se corse; ce n'est pas que la cascade soit plus haute, mais les parois rocheuses sont beaucoup plus lisses, les prises polies par l'eau, la moindre glissade serait le bain, d'ailleurs mon bâton file, il me faut partir à la pêche et le final de la cascade, je le grimpe en opposition, un pied de chaque côté. Je suis très fière d'être en haut mais pas autant à la pensée du retour : pas d'échappatoire.
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Un premier point chaud : escalade facile (et évitement possible sur la rive, à gauche de l'image) |
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Vue d'en haut : plaquettes de rappel |
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Le 2nd point chaud...pour l'appareil photo |
Je continue à peine et j'arrive à un plan d'eau enserré entre deux murailles infranchissables. Si la roche est infranchissable, par contre l'évitement me semble facile sur la droite, aucune difficulté, d'ailleurs un grand fracas de branche brisée m'indique le chemin : " c'est par là" me dit l'animal qui disparaît furtivement sans que je le voie.
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Le terminus du jour, franchissable sur le haut à droite de la photo |
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On franchira par là la prochaine fois |
Alors à regret, je fais demi tour, car rien jusque là n'a eu la force de m'arrêter, mais un coup d'oeil à la montre me propulse vers le retour; il faut autant de temps quelque soit le sens de la marche, il est déjà 17 h, à 19 h je serai à la voiture. Et la fatigue aidant, faut pas se manquer, à présent.
Le point chaud de la "cascade lisse" est redescendu en désescalade, il n'y aura de bain ni pour moi ni pour mes "outils" vénérés, smartphone, APN, c'est pour eux que j'ai peur. La prochaine fois il y aura du sac étanche en perspective.
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Le site le plus exposé : redescendre tout ce mur (à droite) |
Je redescends, subjuguée par le paysage à l'envers, que je savoure, il eut été dommage de trouver un sentier; subjuguée par mes copines les chèvres qui donnent un concert tout proche sous les arbres et dans les falaises et je ne les vois pas. En les cherchant, je modifie complètement ma trajectoire et toutes les difficultés de l'aller seront aplanies, le regard à l'envers est souvent plein de surprises. Je grimpe un petit couloir, j'arrive à un petit col où j'ai une superbe vue sur le méandre et surtout sur la déclivité de la rivière. Je cause avec les chèvres invisibles comme je causerai ensuite avec les vaches alors que tombe le soir. Mais...entre deux....oh je n'ai pu résister : je me suis baignée à la claire Massane.
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Les lumières du déclin du jour |
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Montée au petit col |
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D'en haut du petit col vue plongeante sur le méandre |
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Au sortir du bain |
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Le seul témoin du bain |
Plus tard, revenue de cette balade merveilleuse, littéralement enchanteresse, dans le havre de paix de ma maison et de mon lit, l'angoisse rétrospective viendra dévorer mon sommeil, il en est toujours ainsi, étrange prolongement de mes randonnées un peu folles, sans doute est ce la rançon à payer ?
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Mon escapade a incité Nicolas à partir en visite et c'est bientôt, en sa compagnie, que je repartirai, en espérant rajouter un chemin secret car...il en existe un autre.
En chiffres :
Temps de marche : 4 h
Distance : 7 km dont 4 dans le cours d'eau
C'est celui là ? Ou la partie interdite ? 😉 https://www.descente-canyon.com/canyoning/canyon/24095/Massane.html
RépondreSupprimerJ'ai consulté internet; alors la partie interdite est comprise entre la source et l'aplomb de la Place d' Armes parce que c'est réserve et de plus réserve dans la réserve donc très surveillé puisque laboratoire; il y a d'ailleurs une cabane Arago qui est labo. J'ai lu sur internet donc tu as pu lire la même chose qu'on accède au canyoning par en sentier descendant de la place d'Armes. Il y a peu d'eau actuellement pas très propice au canyoning.
SupprimerAh, mystérieuse et enchanteresse Massane, elle se mérite assurément ! Bravo ! Josy.
RépondreSupprimerOh que oui, j'aurais aimé vous y conduire mais je crains le vertige pour toi, il y a des passages un peu compliqués. Bises
SupprimerJe n’ai pas le vertige, c’est Claude qui n’aime pas l’escalade.
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