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| Balade sur l'estran |
Posée à ras des flots, entre mer et ciel, l'île étale ses 30 km de long comme une étrave dans l'océan. Une île tranquille, où je passai trois jours, sans imaginer qu'autre chose qu'une classique tempête bousculerait dramatiquement le calme des lieux. L'horreur vient du geste, l'horreur provient du contraste.


Je me souviens de sa voisine, l'île de Ré, resplendissante sous ses roses trémières et l'éclatante jeunesse de mes 40 ans. Oléron est plus discrète, battue des vents et des flots, classique sur une île, mais je ne la verrai que sous le calme plat.
Le premier contact avec l'île me conduit sur l'ancien accès, d'avant le viaduc, semi ruiné, fréquenté par les pêcheurs. Un bac assurait la jonction entre la vie côté île et celle côté terre. L'heure est belle car le jour décline et le soleil dore tout ce qu'il caresse. Il repeint les ruines.
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| Entre l'ancien et le nouvea |
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| Ruine de l'ancien accès |
Pendant deux jours je vais parcourir l'île; difficile de s'approcher de la mer avec un camping car, voire un fourgon, la limite est à 2 m de hauteur. Donc c'est en mode pédestre pour moi; l'île est par contre richement dotée de pistes cyclables.
Je ne vais pas raconter l'île, j'en ai retenu les couleurs, les lumières, les odeurs et tout ce que l'océan, le va et vient des marées offre à la méditerranéenne que je suis, de dépaysement, de féérie, d'enchantement.
Je ne raconterai pas les cabanes des villages ostréicoles, en bois, colorées, alignées ou dispersées, bordées de chenaux où l'eau va et vient, mirant le ciel, couvrant la vase, dévoilant le noir et se rhabillant de bleu ou de gris, selon l'humeur du temps.
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| Le va et vient de la mer habille de noir les chenaux |
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| Cabanes ostréicoles |
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| Cabane ostréicole |
Et les cabines de bain sorties de l'oubli en une sorte de musée pimpant et amusant; l'imaginaire s'y débride et la fantaisie aussi, où a t'on vu des cabines alignées sur trois rangées ?
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| Cabines de bain |
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| Beaucoup sont décorées |
Je croiserai des villages bas et blancs comme des andalous, posés sur la moquette verte des prés salés, veillant sur les marais comme des matous endormis, saluant les rangées de vigne qui osent l'automne à peine teinté. Où les clochers sont le seul relief.
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| Un clocher, un amer autrefois |
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| Nina regarde les vignes |
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| Village d'Oléron |
Je traverserai des bois épais qui suggèrent la France profonde plus que celle détachée du continent, des forêts qui font oublier l'océan qui bat la semelle tout près.
La semelle c'est l'estran, mot que j'apprends, paysage que j'apprends aussi. Un grand plateau marin semé d'ornières, celles du sable en stries, celles de la roche en cuvettes, yeux liquides où frétille la vie, où nagent des bulles d'eau et se reposent les algues.
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| La semelle de l'estran |
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| Coup de coeur pour l'île |
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| Couleurs et mouvements |
L'estran où je m'aventure, loin, en suivant les traces des véhicules devenus marins, un tracteur, souvent.
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| Chemin ostréicole |
L'estran , paysage plat, captivant et inquiétant à la fois.
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| Balade infinie |
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Balade sur une écluse de l'estran Ecluse démolie |
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| Montée des eaux |
Oléron c'est une profusion de sensations, c'est le parfum de l'océan et le goût salé et iodé de ses fruits que je récolte sur l'estran, en surveillant d'un oeil inquiet la mer qui monte, trop vite pour la méditerranéenne dépaysée. Alors que les gens récoltent encore, je fuis, gavée de fruits de mer sauvagement pêchés. J'ai oublié le couteau, je tranche les huîtres d'un coup sec et précis avec un caillou. Et je récolte à pleins doigts. Le vin blanc viendra plus tard.
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| Les huîtres de l'estran |
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| Dégustation |
Oléron me ramène toujours en bord d'eau : les falaises basses qui se défont en pondant de gros oeufs blancs richement décorés. Les oeufs de Pâques au jardin de la mer. Toute l'année.
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| Falaises d'Oléron |
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| La falaise pond ses oeufs |

Oléron c'est un très vieux et immobile paysage pour mon regard tout neuf. Trop tard pour voir Oléron depuis son sommet : le phare de Chassiron. A bourlinguer sur l'estran, j'ai oublié le temps.
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| Phare de Chassiron |
Mais Oléron a une particularité que découvre ma curiosité aiguisée : les écluses. Des écluses sans canaux, sans chenaux. Et pour cause, les écluses sont dans l'eau, voire sous l'eau!
Oléron comptait 237 écluses au milieu de 19 eme siècle. Il en reste 17, sauvegardées, par une association qui souhaite leur classement en Monument Historique. Leur origine remonte à la Préhistoire, mais vraiment ancrée au Moyen Age et a failli connaître l'extermination au 20 eme siècle.
Mais que sont donc ces écluses marines ?
C'est une construction en arc de cercle, allant jusqu'à 700m de long, en pierres sèches sans ciment, un mur de près de 2 m de haut, posé sur le sol de l'estran, vite cimenté par les coquillages qui colonisent les rocs. Le rôle des écluses ? Réserve de poisson, mais aussi brise lames, atténuant l'érosion marine. Un modèle d'organisation.
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| L'écluse vue d'en haut |
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| Marcher sur l'écluse |
Ce mur est percé de portes nommées "bouchots" munies d'une grille. L'eau pénètre avec la marée et, quand la mer se retire, le poisson reste prisonnier. Il ne reste plus qu'à récolter. Enfin, autrefois car cette pêche est interdite depuis des lustres.
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| Le bouchot |
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| Le bouchot qui laisse passer l'eau mais non le poisson |
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| Intérieur de l'écluse |
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| L'écluse, son mur d'enceinte cimenté de coquillages |
La construction dans la partie intérieure est assez complexe pour favoriser la prise de poisson.
Dernier détail, une perche de 3 m de haut signale, à marée haute, la présence de l'écluse, afin de prévenir les bateaux.
J'avoue que ce fut une vraie découverte. Que j'ai parcourue en exercice équilibriste sur le mur, en franchissant en sautant ou désescaladant les bouchots...sans savoir que pareil exercice est interdit.
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| Marée montante : l'écluse |
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| Marée presque haute, l'écluse |
Car Oléron est l'île des Interdits. Mais c'est une autre histoire, celle d'une trop grande invasion estivale qui a conduit à des mesures drastiques.
Le temps change, la tempête est prévue, la mer devient grise et mousseuse, agitée pour le plaisir des petits oiseaux qui cherchent je ne sais quoi mais surtout à garder les pieds au sec !
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| Quand la mer s'habille de gris et de houle |
J'ai ouvert mon regard sur le soleil dorant l'île, je le referme sur la grisaille, le bleu qui vire au vert, les averses, pardon, les grains qui cinglent, vont et viennent comme la mer, je conclus avec les murailles griffées Vauban de Le Château d' Oléron, premier village de l'île, dernier regard. Mes vacances continuent sur le continent, elles seront bien arrosées, de pluie, s'entend. La tempête attend sagement que j'aie regagné la maison.
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| Fortifications sur océan |
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| Rue du Château d' Oléron |
belles découvertes, j'avais été aussi intrigué de ces cercles de rochers recouverts de coquillage avant d'apprendre les écluses
RépondreSupprimerMerci pour cette visite sur mon blog !
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