Pic des Bastiments ou du Gegant 2883 m |
Le lundi au soleil c'est une chance qui me fut donnée.
Il y avait bien le ciel, le soleil et même la mer, qui brillait dans la baie de Rosas,
entrevue depuis les crêtes.
Il y avait surtout la neige, la glace ..et personne.
Seul le grand vent c'était invité sur les cimes, il aurait pu être le Torb mais ce dernier était déjà passé, balayant tout sur son passage. Il ne restait là haut que des landes de pelouse dénudée, une glace dans laquelle mes crampons mordaient et ce vacarme, ces hurlements du vent, qui rendaient tout autre bruit imperceptible.
Mais nous n'en sommes pas encore là...
mon "couloir" du jour |
Ma séance d'alpinisme (clic) vieille de juste 2 mois porte ses fruits.
du mordant |
Cela grimpe fort, un second piolet me permettrait davantage de vitesse.
La station et ses équipements s'amenuise vite: il y a peu de skieurs, c'est lundi.
Personne ne partage avec moi cette blanche pente assez ardue, mais je me sens bien.
La pente |
Lorsque je débouche sur la crête, après avoir retrouvé une pente plus suave, la suavité s'enfuit d'un coup !
Un vent terrible m'attend, m'accueille, me secoue furieusement et c'est sur un équilibre instable que je salue le versant français.
J'émerge |
Versant qui porte les stigmates du torb avec ces langues de terre dénudée. Il ne devait pas faire bon ici ces derniers jours.
Côté France |
Il ne fait guère meilleur : le vent hurle à mes oreilles bien cadenassées; je n'ai pas froid bien que le ressenti soit de moins 8 moins 10°, que la vitesse dépasse les 100 km/h, et que je manque à chaque pas m'envoler. Je marche parfois en crabe pour offrir le moins de prise au vent, mes bâtons battent l'air, incapables de se poser au sol et je marche seule dans ce grand désert hurlant..Les Hauts de Hurlevent.
Mes yeux se posent sur la grande croix là haut, celle du sommet, si loin encore...Quel long chemin vers cette croix.
Col de la Gegante, Esquena d' Ase (dos de l'anesse), 2600m....2700m...et plus encore...
Les photos sont quasi impossibles à prendre, perte d'équilibre garantie.
Au jugé et en vitesse je saisis:
Les bleus d' Espagne, au loin...
Les deux Gra de Fajol un peu dénudés aussi...
Sur la crête, arrivent, en même temps que moi deux skieurs catalans. l'un d'entre eux s'envole comme un papillon , emporté par le vent, vers les vallées françaises.
L'autre hésite un peu avant de plonger versant espagnol. Je reste seule, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Il s'envole... |
Derniers mètres ...Je me mesure aux éléments , à la pente, mais surtout à moi même : ma résistance, mon endurance, mon bonheur. Eternel défi que je m'impose, je m'interroge souvent en marchant sur ce que je cherche dans tout cela ...
Aller plus haut, plus loin, gravir plus dur...pourquoi ? je ne sais pas..
Etrange chemin ..
Tout en haut..2883 m |
Côté France :
Côté grand large...La chaîne des Pyrénées
Côté Espagne : la vallée du Freser
Et moi dans tout ça ? Gifflée, bousculée, maltraitée par ce vent fou, je me régale.
Je profite d'un abri au soleil, pour écrire dans mon cahier recouvert d'une pluie de glace fine que le vent, encore lui ! m'amène en cadeau.
Il n'y a personne.
Enfin je me lance dans la descente, très raide, je vole sur mes crampons, le vent ne me rattrapera pas, je suis sous abri.
Je croise quelques skieurs éreintés qui s'évertuent. Un salut amical et je file.
Il s'évertue à grimper |
Eux aussi. |
Et moi je descends, face à un décor de rêve |
Enfin, après une ultime pente de glace hors sentiers battus, juste pour le fun, je retrouve la piste de ski.
J'ai parcouru tout ce trajet ci-dessus, en crêtes, en pic et pentes, sur 900 m de dénivelé. Je suis bien!
L'effort et le périple furent rudes, certes, mais quel bonheur !
"Mon Bastiments" émerge de la piste, caressé par des skieurs.
Quand je rejoins mon camion, il est tout juste 13 h 36, le vent balaie la station
Vous savez quoi ?
Devinez ce qui m'attend à Setcases, 13 km plus en aval.
Vous voulez l'adresse ? C'est "Al Mouli", l'accueil et la cuisine sont bons.
Et l'agneau : "el xai"...mmmmm...un agneau local dont on ne peut se passer quand on l'a rencontré...
Allez y de ma part...
Brrrrr, tout ce vent glacial ! Je crois que ça me ferait tourner la tête ;-)
RépondreSupprimerMais encore une fois, les paysages sont grandioses. Il y longtemps que je n'ai pas vu la montagne. Tes billets me donnent envie de sommets, de vallées, de torrents. d'immensité et de solitude.
Bonne journée et bisous.
Mes billets emmènent en voyage dans un univers différent des voyages qui font rêver. C'est vrai. Je te fais un bisou et j'irai sur ton blog dès que possible
SupprimerIl est toujours bon de se donner des défis...
RépondreSupprimerQuant à savoir ce que l'on cherche à travers eux, c'est une autre histoire...
Mais au moins, se sent-on vivante dans ces moments-là !
Merci pour ces belles images, que nous reverrons peut-être sous une lumière plus estivale, bises, Lison. et à bientôt !
Bonne analyse qui me sied...Je t'embrasse et irai dès que possible en visite chez toi
SupprimerTrès belle performance Amédine, parce que ça en est une. Face au vent on est bien peu de chose. Des photos toujours aussi originales.
RépondreSupprimerPetite précision, le sommet du Géant culmine à 2881m (et pas 83m). :-)
Ludo merci pour ces compliments, venant de toi grand montagnard ça me touche. Tu sais qu'en Espagne il y a une variation de quelques mètres...Le Géant 2881, le Bastiments 2883...Y es el mateix !!...(((( Grrr
SupprimerBravo, quel courage Amédine !
RépondreSupprimerUn défi où tu as la barre très "haut" et que tu as merveilleusement réussi.
Un bonheur communicatif que tu nous fait partager avec de très belles photos.
Le seul endroit ou je peux te suivre c'est au restaurant et encore, si il n'y a pas trop de marches !-o))
Bisous Amédine.
Belle soirée et câlins à la Tribu du Sujet
non juste 2 ou 3 marches avec une meule de pierre pour décor "moli" oblige.J'ai des bonnes adresses, sommets ou restaus au choix de chacun. Bisous Mireille
Supprimerimpressionnant, ces grands paysages
RépondreSupprimeret un grand bravo,
les images sont très belles,
bisous