Mais là où j'étais, en solo et sans chat, perchée sur un parking de montagne à 2000 m d'altitude (station de ski de Vallter 2000, Pyrénées Catalanes) c'était un autre blizzard qui m'attendait. Et moins caressant !
Vallter : Gra de Fajol petit au 2nd plan et Serrat dels Lladres au 1er |
Au chaud dans mon bivouac |
J'ai dormi trois fois sur ce parking, trois fois dans la tempête, comme fait exprès. Ce qui ne me déplaît pas sauf que parfois j'ai l'impression que mon véhicule va s'envoler. Ce fut une nuit style "secouée comme un prunier"; nous étions deux véhicules sur ce parking désert mais le second capitula sous la tourmente et fila vers la vallée.
La neige arrachée aux montagnes cinglait la carrosserie comme des millions d'aiguilles.
Au petit matin, cela secouait toujours et un lever de soleil timide auréolait de rose les bourrasques descendues des cimes à une vitesse vertigineuse. Le vent dépassait largement les 100 km/h par rafales. J'avais donc décidé de paresser au lit avec un bon livre mais mes jambes piaffaient et , chaudement vêtue, je m'élançai à pied sur les pistes de la station fermée.
Depuis mon lit |
Départ vers les pistes |
Les hauts de Hurlevent...catalan |
Bien sûr j'avais renoncé à aller jouer les filles de l'air sur les crêtes et les parapentistes sur les sommets. Sagement j'allai donc remonter la piste, un petit 520m de dénivelé jusqu'au chalet "les marmottes", au terminus des remonte pentes, tout au fond du cirque de Morens.
Le cirque fut vite là, un autre type de cirque , dans lequel j'étais clown, équilibriste, cavalière sur les chevaux effrénés du vent, dompteur et fort heureusement pas une fois je ne m'écrasai sur la piste.
Tout en montant, je me repais du paysage, de la lumière cendrée et du bruit, que dis je ? du vacarme ! ça mugit dans les sapins, ça siffle dans les remonte pente, ça s'éclate sur les rochers, ça dévale en hurlant des cimes et ça chante des airs furieux en s'engouffrant dans le fleuve des pistes. Où je suis seule, bien évidemment. Les nacelles au dessus de moi se balancent follement .
Je me régale, cela va sans dire. J'ai l'amour des tempêtes. Parfois, pendant quelques secondes, tout se tait et devient immobile. Et moi aussi pour savourer cet instant de grâce. Mais déjà les fauves hurlants m'assaillent, et je me cramponne au sol, aux bâtons, incapable d'avancer, encline à reculer sous la poussée féroce.
Je ne risque rien, il n'y a pas un skieur et la glissade ne me tuera pas si "autant en emporte le vent". Je ris sous ma cagoule, je marche les yeux fermés parfois, tâtant le sol de mes bâtons car ces tourbillons fous entraînent la neige des cimes, déshabillent les hauteurs, les pentes et cinglent tout sur leur passage d'un épais et opaque blizzard contre lequel on ne peut rien. Que fermer les yeux.
Avancez, il n'y a RIEN à voir ! |
C'est la ouate |
Dans les Pyrénées ce phénomène météo se nomme "el Torb" il peut être mortel et j'y avais consacré un billet (clic).
Enneigement inégal car envolé |
Sapin des cimes |
Au bout de 1h25, j'arrive au chalet: ce petit chalet offre en temps de neige une restauration rapide et des boissons aux skieurs mais ce jour il est fermé, par contre sa terrasse largement ouverte vers l'est est très conviviale : tables, bancs, table d'orientation, panneaux sur la faune et la flore.
En catalan " les marmotes" avec un seul T |
Vers l'est et la mer |
Je me contenterai d'une encoignure à l'abri et au soleil, car à peine eus je posé mes crampons sur les dalles de bois, le vent disparut, le ciel se déchira et le soleil envahit un ciel devenu bleu instantanément.
Pour cimes et sommets c'était trop tard pour moi.
Mais je contemple...
Les Gra de Fajol |
Je paressai longuement dans mon coin au soleil, en grignotant, écrivant et savourant ...mais j'aurais bien aimé redescendre en tempête ...
Sous le grand ciel bleu intense |
Le beau temps revenu me permet de voir enfin quelques skieurs montés à pied pour le plaisir d'une descente rapide et surtout, la curiosité du jour, les sources vitrifiées du Ter.
Oeil de verre du Ter |
Le paysage, là haut est somptueux. Il y a toujours beaucoup de monde, sauf aujourd'hui. Quelques skieurs filent comme le vent disparu dans le silence revenu. (Dans cette station, les marcheurs sont tolérés sur le bord des pistes).
Autre oeil de verre du Ter |
Il ne me reste plus, arrivée sur le parking qu'à prendre une bonne collation avant les 100km de route.
Là haut d'où je viens et repos au grand soleil |
Autre visage des Gra de Fajol |
Lui ton chat se cramponne à toi comme s'il y avait le blizzard nous avons suivi avec Guy ton épopée fantastique avec des frayeurs ...et des rires car ton texte toujours autant savoureux ...quel plaisir pour toi et pour nous un moment partagé de pur bonheur...nous t'embrassons bien fort ...et te dit bon vent ...comme dans Thalassa. ..caresses à ta tribu de minets .
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RépondreSupprimerCoucou Annie et Guy, merci pour votre sympathique visite. Oui bon vent ? c'est chez moi en ce moment et je fais "mamie coin du feu" ! J'ai supprimé tes com en double ; bisous
SupprimerBravo Amédine Quel Courage :)
RépondreSupprimerMerci, bisous, c'est pas du courage c'est de la joie
SupprimerQuine fred i quin vent ! Bravo pour cette épopée "nordique" ..mais moi comme ton chat Blizzard ..je préfère mes aventures "a la bora del foc" ! Merci pour ce beau récit..j'en ai les "arpions" gelés ! ASP
RépondreSupprimerNon cher ASP, j'étais bien réchauffée avec tant d'efforts pour lutter contre le vent. Quand on est nés avec la tramontane on a ça dans le sang
SupprimerQuelle épopée !!!
RépondreSupprimerC'est magique et féérique ...
Merci pour cette balade dans le blizzard ;)
Bisous, douce soirée, bon w-e au coin du feu, câlins à ton Blizzard :D
Merci de ta visite dans ce paysage secoué ! Bisous , je partage mon WE entre chats
SupprimerA companhia de Blizzard é reconfortante depois de uma aventura congelante.
RépondreSupprimerLamento que você não pôde desfrutar do tempo bom, foi muito azar o tempo melhorar
só no final da tua visita.
Beijos
Adri
Bom Dia Adri gosto muito tambem da borrasca , vento, chuva o neve. Beijos
SupprimerQuel superbe billet , que tu es courageuse et endurante !
RépondreSupprimerDouce soirée au chaud , bon dimanche , bises Lison
J'aime bien les éléments déchaînés sauf quand j'ai un projet bien précis de sommet, je mets les chances de mon côté. Sinon je me laisse porter, voire emporter. Bisous
SupprimerJ'ai eu peur pour toi durant ce périple.. tu prends beaucoup de risque et je me disais qu'une avalanche aurait pu survenir.. enfin je dis ça mais je n'y connais rien. Par contre je reconnais ton immense courage et ta ténacité. Bravo et merci pour ce partage passionnant. Bisous
RépondreSupprimerNon Fanfan, aucun risque. je suis très prudente rassure toi. Bisous
SupprimerC'est merveilleux ces paysages enneigés.
RépondreSupprimerMerveilleux aussi Blizzard.
Gros bisous
Chantaloup
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RépondreSupprimerSurprenant ! un temps à ne pas mettre un nez dehors… Je n’ai connu cela que le 12 avril 1983, lors du cyclone Veena ; la mer a déferlé toute la nuit sous la maison (heureusement sur pilotis 80 cm) ; ensuite le vent avec des pointes à 180 km/h, il soulève les feuilles de cocotiers du toit mais celui-ci ne s’envolera pas contrairement à mes voisins… Mais le froid et la neige en moins, CHAPEAU AMÉDINE !!
RépondreSupprimerOh là là , je n'aurais pas mis le nez dehors, CHAPEAU PIERRE d'avoir résisté et surtout chapeau à ton toit....
SupprimerUn temps à ne pas mettre un nez dehors, mais il faut compter sans Lison ! (sourire) Tes récits et tes escapades te ressemblent, tellement pleins de vie et de fougue ! Bravo pour cette belle énergie et ces si belles photos !
RépondreSupprimerBonne soirée, Lison. Gros bisous.
Et oui, Françoise, on m'a toujours taxée d'ingouvernable et je n'ai pas changé comme le disait si bien un certain Julio... Bisous
SupprimerPour qui! à connu une telle situation vent tempête de neige en pleine montagne chapeau Amédine et en seule la on voit ta volonté et ton obstination à faire toujour plus gare gare Magnifiques photos ( ça donne froid dans le dos ) bises a plus
RépondreSupprimerBarthélémy, ici je ne risquais rien, j'étais sur une piste de ski sans skieurs donc pas de risque de collision juste je risquais le m'envoler; mais j'avais mis le dentier aux pieds ! Et je mordais bien la glace! Bisous
SupprimerBravo ! J'ai dormi sur ce parking mais en été avec très beau temps. Rando jusqu'au pic de l'enfer.
RépondreSupprimerLa tempête multiplie les efforts considérablement. Récit captivant.