Je suis partie pour LE voir |
C'est par la route que j'ai rallié , la veille au soir, mon havre de Porté Puymorens
En Cerdagne |
Mon dos a dit "Je veux bien", ma hanche a riposté "Ah non, pas tout de suite !", le pied a grogné dès le départ mais évidemment je n'en ai fait qu'à ma tête comme toujours. Cette fois on a signé un compromis en cours de route et les projets ont été revus à la baisse.
Je voulais aller voir le Lanoux qui "perd ses eaux" une fois tous les dix ans. Quel événement ! On retrouve alors le Lanoux originel, celui qui était fait de deux lacs de taille égale séparés par une barre rocheuse et réunis ensuite par un barrage qui expédia la barre basse à 24 m sous le niveau de l'eau.
J'ai choisi, parmi de nombreux trajets, pour mon retour à la montagne, d'aller le revoir du haut du Pic de la Coume d'Or. Plus de 2800m.
Sur la route d' Andorre, déserte , en ce petit jour, il y avait quand même du monde. Une manif, dira t'on, c'est de saison.
Nous avons pris le temps de nous observer.
Puis j'ai posé mon camion au col, à 1915 m d'altitude et j'ai pris le chemin; c'est une longue piste forestière, à flanc de montagne, qui ouvre sur de beaux panoramas.
torrent de Cortal Rousso |
Cortal Rousso |
J'ai bien aimé ce trajet nouveau en ce petit matin calme et désert, sous un ciel étincelant et dans le mugissement du Rec de l'Orri, en bas là bas. On se croirait au bord d'une autoroute ! Je compte une soixantaine de mouflons en famille. La montagne leur appartient. On s'observe et puis ils détalent comme des flèches pour se poser un peu plus loin et me regarder. Un jeu de saute mouton où je serais la grande perdante...
La montagne, la vraie , me saute au visage quand le Torrent de Cortal Rosso jaillit et saute en hurlant vers Porté Puymorens . J'ai dormi près de lui, maintenant je sais son visage.
Une marmotte rondouillarde détale et se pose dans un buisson; on s'observe longuement. Elle n'a jamais vu un humain ? Ce matin j'ai l'impression que l'animal c'est moi tant je suis scrutée. Heureusement ils n'ont pas d'appareil photo !
Curieuse |
Curieux et intrigués |
vers l'ouest et le Puymorens : Rec de Querforc |
Cette piste routière désaffectée a servi pour la construction d'ouvrages de captage des eaux. Captées en différents points de montagne, elles sont distribuées par un réseau souterrain.
La piste se mue en un canal sur lequel on marche, l'eau sous les pieds, jusqu'à la dernière prise d'eau dans le torrent bondissant.
Alors on quitte le faux plat et on attaque : de la neige, du schiste noir qui resplendit au soleil, du terrain qui glisse sous les pieds et c'est enfin la Porteille de Lanoux.
Blanc & noir : de neige et de schistes |
Je n'ai plus de forces, de jambes, de souffle, d'énergie. alors que me reste t'il ? Des douleurs bien sûr et une somme de colère.
ça luit, ça brille et ça cascade |
A la Porteille |
Mais...la vue valait d'arriver ici, je ne verrai pas mieux plus haut.
L'étang de Lanoux depuis la Porteille 2468 m et le long névé de plus de 200 m |
Je suis à 2468 m d'altitude, sous un ciel bleu cobalt et un soleil brûlant : tenue estivale de rigueur mais tête protégée. Et j'évite les glissades.
C'est l'été là haut ! 2500 m |
Le Lanoux, dans son cadre de montagnes quittant leurs fourrures d'hermine n'a jamais été aussi vert de gris : je ne l'ai vu que bleu ou glacé. Le voilà à moitié plein, uniforme, sa barre rocheuse engloutie, j'ai raté le rendez vous. Le prochain ? 10 ans de plus ? Rdv dans dix ans..
Le Lanoux dont j'ai conté l'histoire un jour (clic)
Le Lanoux à demi plein |
Carlit (gauche) et les deux Puigs de Coll Roig |
Le sentier de Coma d'Or et les fleurs naissantes |
Je vais vite perdre le sentier dans un vaste névé et lorsque je le retrouve c'est trop tard, je n'ai plus envie de monter.
Par contre descendre en "tout droit" hors sentier me tente. J'étudie le terrain et je me lance sûre de moi. Vers ce fond de vallée où bat le coeur du Rec de Querforc (ruisseau du roc fourchu).
Mon havre tout en bas |
La pente rocheuse descendue en tout droit |
Détail de la descente |
200 m plus bas, après rocs, herbes, forêt éparse et odorante, je retrouve mon canal "les pieds sur l'eau" ,
Mais le printemps a poussé la porte et la couleur s'installe.
Ruisseau encombré de blocs de neige |
J'ai le temps de me poser, de manger, de rêvasser, d'écrire, de regarder arriver les nuages suivis d'une ombre sombre puis de lumière étincelante; d'écouter dévaler le torrent, de voir les oiseaux , les nuages, le paysage , enfin ce pour quoi je suis là aussi. Aucun humain sinon quelques silhouettes aperçues au loin sur la Porteille.
Pas d'animaux non plus.
D'ombre et de lumière, en alternance |
Juste la course des nuages dans le ciel et le silence immense des montagnes.
Peut on parler de bruit à propos des torrents ? Ils font partie du paysage et du silence des montagnes
Le torrent de Cortal Rousso va accompagner mon long et fastidieux retour avant que de plonger vertigineusement vers Porté où je le retrouverai une nuit, pour un prochain bivouac là où m'attendent des chats dont un de très très sourd.
Pic de la Mine |
Plus tard, plus loin, plus bas dans la vallée, à Sauto.
En chiffres
Dénivelé positif : environ 600m
Distance : 17 km
merci Lison pour ce superbe reportage qui nous permet de s'approcher de notre Cerdagne, de notre montagne, de ses habitants et de sa bio-diversité!!
RépondreSupprimerMerci Jean François, la rando est autant pour moi physique qu'intellectuelle ou spirituelle.
SupprimerGrandiose Magnifique Somptueux oui Amédine quel Paysage Les Animaux Y sont Tranquilles C est Le Principal :) J espère que Vous avez repris des forces depuis dimanche Merci pour Le Lanoux Caresses aux Minous Bisous à Vous :)
RépondreSupprimerJ'ai récupéré mon tonus, perdu les douleurs mais le mauvais temps du WE me convie dans des lieux plus doux. Bises et bon WE
SupprimerOh, encore de vieux souvenirs pour moi ! Et émouvants ... Au début des années 60 mon papa, qui était ouvrier boulanger à Enveitg s'est retrouvé sans boulot. Il a donc postulé pour quelques mois comme ouvrier au barrage du Lanoux où il restait 15 jours, puis il venait nous rejoindre à Canet où nous l'attendions, ma mère, ma soeur et moi. C'était la période hivernale, et je sais qu'il trouvait très dur de bosser là-bas ...
RépondreSupprimerEn tous les cas, très belles tes photos, et bravo d'être montée là-haut ! Bisous.
Coucou CATALANE Mon Papa à moi était Boulanger Lui aussi :)
SupprimerSurtout en hiver. quand on voit combien la neige perdure tard, on peut imaginer. bises. De tout coeur d'avoir réveillé ces souvenirs
SupprimerUn voyage en Patagonie. Mais pourquoi des gens vont si loin, alors qu'ils ont ces paysages à côté de chez eux ? Toujours de magnifiques photos (un bon point pour celle de l'ombre avec les 2 bâtons, et aussi la lune "En Cerdagne", le reflet d'un sommet dans le lac, la "Curieuse", enfin toutes...)
RépondreSupprimermerci Pierre, je dis toujours que le dépaysement est à sa porte si on ne le dédaigne pas. Ah la Patagonie ? j'en avais rêvé, et bien je l'ai donc !
SupprimerCoucou ... Des paysages grandioses, sublimes ... de belles rencontres :)
RépondreSupprimerMerci de ce partage, ton reportage est fabuleux !!!
Doux w-e en compagnie de tes Félins, Bisous et Caresses
merci Belle Miss, bon WE à toi, je t'embrasse
SupprimerMerci pour ce magnifique reportage, Amédine. Tu devais être drôlement heureuse de pouvoir repartir dans cette si belle montagne, hein ? :-)
RépondreSupprimerJe t'embrasse. Bonne soirée.
Oh que oui !! Les projets ont repris leur cours, seule la météo entrave...mais c'est pour mieux me consolider...Bisous
SupprimerOh que oui !! Les projets ont repris leur cours, seule la météo entrave...mais c'est pour mieux me consolider...Bisous
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