Pour ce WE de Pentecôte je choisis l' Ariège : j'ai besoin d'eau, de fleurs, de verdure et de retrouver "mon" Ariège surtout. Bien sûr c'est loin là où je vais (400 km AR) , de toute façon tout est loin, là bas. Et surtout pour pénétrer au coeur des montagnes. Je ne sais rien de l'enneigement, je ne sais rien de la météo ou presque, je sais que la route sera longue, la balade aléatoire et ma destination belle puisque je la connais. De l'Ariège je ne connais pas les pics, je n'en ai grimpé aucun et j'aimerais bien commencer.
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Le terminus de ma (longue) route, décor saisissant : le pic d' Enrodat (au zoom)
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Donc pour commencer, il faut partir. Samedi soir, pas le courage, je pars donc dimanche matin et, premier obstacle à Quillan (Aude) qui me vaudra un grand détour : c'est la course de côte. Le détour est beau certes...et ça m'est déjà arrivé...
Me voici à Ax les Thermes. Tout commence par un arrêt en terrasse, comme d'hab', pour respirer la ville que j'aime, un bain de pieds dans les eaux (très) chaudes (45 °, 77° à la source) et ensuite une bonne pizza à Les Cabannes car c'est là que tout va vraiment débuter.
Pour arriver à destination, c'est une longue et étroite route de 20 km à partir
d'Aston, dernier village, route de montagne avec 16 lacets, qui rejoint
les barrages de Riète et de Laparan : l' Ariège profonde, pentes plus qu'escarpées, verdure engloutissante, rivières bouillonnantes, fleurs, c'est l'Ariège "mouillée".D'ailleurs le temps est maussade, "grisouilleux"...aïe...la route se termine dans une débauche d'eaux variées et j'ai la surprise de trouver la piste de terre bien goudronnée, c'est un bon point. Quand j'arrivais de nuit, jadis, ces derniers km étaient sculptés par mes phares ce qui facilitait la navigation entre les nids de poule. Autre surprise, l'anarchique et minuscule parking a doublé de volume, bien ordonné, parfait. Le paysage n'a pas changé, magnifique: c'est l'Ariège au coeur d'eau et à la peau de rocs et pelouses où paissent de grasses vaches. L'image de la montagne. Avec des pentes impressionnantes.
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Le décor de mon hôtel roulant : Pla des Peyres, 1699 m
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Il est 14 h 30 et je pars avec mon petit sac
pour aller écrire au bord de l'eau. Je pourrais aller voir "mes " lacs , pas très loin mais je garde ça pour demain ainsi mon projet de pic aux environs pourra peut être se réaliser. D'ailleurs j'ai le pas lent et le souffle court, la pizza est en trop !
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Le pic de Rulhe, 2783 m, inaccessible pour moi sans doute mais...il m'attire |
Je marche, je marche, j'avais donc oublié qu'il y avait autant d'eau ? Je me dis que les vraies Pyrénées commencent ici, en Ariège. Je remonte
la Coume de Varilhes, avec, face à moi,
le Pic d' Anrodat (2730 m) et dans mon dos l'impressionnant
Pic de Rulhe (2783m), j'écris dans ma tête et discute avec les pêcheurs qui redescendent, je glane quelques renseignements. Faut pas leur parler de pics, ils aiment pas ça, ça grimpe trop ! D'ailleurs ils ne savent même pas leurs noms. Mais tous les lacs et tous les sentiers oui.
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Comme ces pics me paraissent inaccessibles...(Un beau couloir pour Ludo) |
J'arrive ainsi, en flânant (et digérant), à la passerelle que j'emprunterai demain et je continue un peu au bord du torrent échevelé . En Ariège, il y a les torrents et puis les ruisseaux qui descendent à la verticale le long des pentes, issus de lacs invisibles. Ils grossissent les torrents; à cette saison on ne traverse qu'aux passerelles.
Je redescends et lorsque j'arrive près de mon "gîte", je découvre avec stupéfaction que mon portable a disparu. Oh j'ai vite compris, ma poche est trouée et il est tout en haut, là où j'ai regardé l'heure. ça alors !! Ce n'est plus une flânerie mais une allure TGV qui me ramène là haut où, posé sur l'herbe, il m'attend ! En silence, il n'y a aucun réseau là bas.Cela me vaudra de belles vues sur les montagnes qui se coiffent de brume. Et un sentier pour moi seule. Sans compter une séance couture !
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La brume arrive à grands pas |
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Pic de Ransol 2731 m |
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Les pentes en Ariège |
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Ce sont d'énormes blocs d'effondrement
(Pla des Peyres, soit des rochers) |
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Ruisseau de l'étang noir de Cabaillère |
Le soir tombe, les vaches remontent et la brume descend, descend...Je connais ce temps ici, un orage est annoncé et demain ce sera grand bleu. Je peux même manger dehors en admirant un paysage rétréci et en observant l'eau, il n'y a que ça . Je suis loin de la Cesse à sec de la semaine passée !
La pluie fine et silencieuse se fond à
la nuit noire et c'est bercée par l'eau, et porte entr'ouverte, que je dors. Si bien.
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Le ruisseau de Cabaillère (étang Noir) |
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Mon décor |
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Au restau, en terrasse |
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Soir avalé par la brume |
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Dimanche matin, réveil très tôt, et...la brume cache même la rivière! J'attendrai l'éclaircie, me remets au lit, grasse matinée que j'apprécie, cela ne m'arrive jamais. Un bon café, quoi de mieux ? Séance lecture, écriture, bricolage : oui aussi. L'orage gronde, claque, rebondit de roc en roc et s'éloigne, déversant déluge et grêle. Mon auvent improvisé me permet, en lisant au lit de contempler la rivière sans mouiller ma couche. Quel bonheur !
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Un auvent improvisé mais efficace |
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Pour contempler pluie et grêle sans bouger du lit |
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10 h je pars à pied |
10 heures : il pleut, par intermittences, il bruine, c'est la purée de pois, cela ne se lèvera pas et bien je vais quand même faire un tour. Pas vraiment équipée pour ça, mais au moins entre le sentier bien tracé et le fil de l'eau je ne peux me perdre.
Et commence alors ma balade en "coton". Je croise quelques rares silhouettes fantomatiques...tout le monde descend, je monte. On me met en garde mais je rassure : je ne vais pas loin.
La visibilité, dans cette ouate qui m'étouffe un peu, oscille entre 20 et 30 mètres (mesurés aux pas). J'entends le torrent, je ne le vois pas. J'entends les vaches, je ne les vois pas. D'ailleurs je ne vois rien. Mais le peu que je perçois est magique : silhouettes d'arbres et de rochers fantomatiques, bouillonnements éphémères d'une eau grise et blanche. Les couleurs du "coton" sont blanc, vert et gris.
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Eau en sentier aussi |
Je devrais voir ceci, en suivant le sentier, visible à gauche
Et je vois cela....
Même quand il y a rien à voir il en reste encore et je m'attache à des détails : cette croix de quartz qui semble me dire "stop", ces perles d'eau qui scintillent en formant des coeurs de diamant, ces petites fleurs qui courbent l'échine sous le poids de l'eau, et j'allais dire ce silence...mais non, l'eau est si bavarde. Un petit oiseau vient me parler, agité et criard : "N'y vas pas, n'y vas pas"! J'y vais... mais où?...le paysage se réduit à 20 mètres autour de moi je suis dans une bulle , un peu inquiétante quand je me retourne. Car devant je ne sais pas ce qu'il y a mais derrière je sais mon chemin et il a disparu.
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Croix de quartz |
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Un coeur de diamant liquide |
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On dirait le printemps en Novembre |
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On dirait Novembre façon printemps |
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Petit pin courageux et vieux |
Me voici à la passerelle, j'ai envie de continuer, j'hésite mais le ciel choisit pour moi; une brume encore plus épaisse arrive en courant poussée par un vent glacé.
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Dans mon dos le chemin vers Fontargente |
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ça bouillonne sous mes pieds |
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Et c'est là que j'aurais du aller Etangs de Fontargente |
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Un des 3 étangs |
La température s'effondre, mes bras nus frissonnent et le kway vient à point nommé accueillir pluie et grésil, demi tour obligatoire! Cela crépite sur ma capuche.
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Une température de 5 ° |
Le panorama a encore rétréci cependant dans ma cage de ouate, je suis bien. Cela me permet, puisque le sentier est bien tracé d'apprivoiser cet élément qui me terrifie et me fascine : la brume épaisse.
Les vaches me saluent j'entrevois quelques cornes qui ne sont pas de brume mais sont bien noyées en elle et c'est presque le nez sur la cabane du berger que je sais que je suis arrivée. Déjà ? Oui mais trempée...
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Au zoom pour la reconnaître sous la pluie |
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Brève accalmie j'arrive, il y aura même une éclaircie (On voit la cabane derrière le rocher) le pk est attenant |
Alors arrive une fugace éclaircie qui va me permettre encore de manger dehors. Tant qu'à faire....
Bien sûr je n'ai pas vu ce pour quoi je suis venue mais ici, il reste en ma mémoire les beaux Etangs de Fontargente et leur écrin, mes souvenirs de Lison, (c'est ici que je lui ai appris à randonner), si petite, mes souvenirs de randonnée avec Wladimir, quelques belles pages de ma nouvelle vie s'écrivirent ici, il y a dix ans déjà....Comme le temps passe....
Mais faut que je rentre, la neige est prévue pour demain !
Quelques souvenirs...
De Lison;
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Dans le sac ventral |
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J'observe |
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Je plonge |
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Et je l'ai fait : me jeter à l'eau ! |
Et de Wladimir, étang de la coume de Varilhes
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J'observe....nous observons |
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Me baignerai ou pas ? Alt 2200 m Je ne me souviens plus... |
En chiffres
Jour1
Dénivelé 400 m D+
Distance 8 km
Jour 2
Dénivelé 200 m D+
Distance : 3.4 km
Route :
384 km aller retour
Superbe bonsaïs, et jolies fleurs avec un magnifique œillet barbu, malgré ça, pour la première fois je ne t'envie pas, j'en ai mal aux articulations, la météo ne nous a pas gâtées cette semaine. Et pourtant la version souvenir fait rêver ! Bises Amédine chris
RépondreSupprimerLes articulations et moi c'est depuis des années une histoire de compromis; jeu de chat et souris. La vigne et tous mes travaux martyrisent mes dispositions personnelles à souffrir des articulations alors avant chaque rando je les calme artificiellement. Et puis souffrir, je suis tellement habituée....Tu as bien compris que cette minuscule balade et ces quelques centaines de mètres sur les 2 jours m'ont quand même enchantée ! L'imprévu...Bises
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