Comme j'étais fatiguée (de travailler) je décidai ce week end de faire relâche côté montagne et d'aller frotter mes semelles dans une
"petite balade aérienne", aller à la rencontre des magnifiques
"grottes de Dom" ainsi nommai-je ces grottes que Dominique avait si joliment présentées sur son blog. Au mois de février j'avais fait quelques incursions sur ce territoire de Minerve et environs, je fus conquise à perpétuité.
Samedi soir j'arrive sur le site ou presque: Minerve étant cadenassé de barrières et autres parkings réglementés, j'émigrai à
La Caunette, village voisin, superbe, et je posai l'ancre en bord de
Cesse, cette fantasque rivière qui a déjà cessé de couler. Pas le moindre flot, pas la moindre mare, elle a perdu ses eaux quelque part, mais où ? L'eau ne bercera pas ma nuit, elle est à 9.50 m de profondeur, mais les chants d'oiseaux prendront le relais, par intervalles, dans la nuit.
Au matin, je quitte les lieux, je longe la Cesse toujours blanche et vide, et à 8 h 35, me voilà équipée pour une balade en corniches . J'ai mis mon gilet de trail qui a l'avantage énorme d'être près du corps et de laisser toute liberté de mouvements quand on grimpe ; un sac qui ballotte peut faire perdre l'équilibre. Achat judicieux s'il en est.
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Je vais rester en rive droite (partie gauche de la photo alter égo de l'autre rive |
Mon sentier du matin doit passer en rive droite, descendre dans la rivière, au Moulin d' Azam, trouver l'accès à la rive gauche et....et je n'en ferai rien!
Car je me laisse guider au feeling. Le feeling commence par une bifurcation : au lieu de plonger je prends un sentier finement tracé dans les buis qui va longer la corniche, 40 mètres en dessous du sommet.
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Mon sentier, tantôt dans les buis, tantôt à découvert au pied des falaises d'escalade |
Un sentier horizontal qui est le chemin des grimpeurs, en effet de nombreux sites sont équipés pour l'escalade. Le décor à flanc de falaise est magnifique, 130 m de vide sont sous mes pieds mais imperceptibles à cause des arbres. Au dessus ce sont des murailles pâles et tourmentées. Et à mon étage, s'ouvre un monde merveilleux. Il fait frais, les oiseaux chantent, on dirait l'illustration musicale d'un film consacré à la découverte de la forêt. Mais tout est bien réel, y compris mon enthousiasme, ma légèreté, ma curiosité, bref mes sens sont en éveil. Aucune peur, je suis bien.
Je suis seule, absolument, et prudente à la fois.
Mes voisins sont les oiseaux que je vois voler en bandes (corneilles?) et en ballets (hirondelles des cavernes).
Le paysage, occulté par les arbres (chênes verts et buis) se limite à mon proche environnement et à son jumeau rive gauche. Des cavités sous roche, dans la roche, des petites, des grandes, des effondrements et des grottes. Je ne suis pas très adepte des cavernes, les pics me conviennent davantage mais je vais vite vaincre cette sorte de petite répugnance, oui, c'est le mot, et entrer dans ces antres sombres , frais et silencieux. Parfois j'ai une appréhension, petite répulsion, je recule mais je vaincs tout ça, cela fait partie du jeu. Et je ne suis pas déçue...
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Passage sous corniche |
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Les voisins d'en face |
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Anciens chemins d'eaux |
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Vu de l'extérieur et... |
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De l'intérieur |
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Facéties rocheuses |
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Facéties humaines |
Les arbres jouent les alpinistes et même les contorsionnistes
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Ce figuier a poussé la tête en bas mais se redresse |
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Les voisins d'en face : les "grottes de Dom" ma future destination |
Voilà devant moi un passage quasi taillé dans le roc, une main courante en fer le sécurise et je grimpe un étage supplémentaire. Je découvre des cavités s'enfonçant dans le sol, ou nanties d'étages , sous sol, rez de chaussée, étages c'est tourmenté, coloré et cela parle.
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L'antre de la terre |
J'écoute les récits des cavernes; elles disent toutes la même chose.." autrefois...il y a des millions d'années...l'eau empruntait notre chemin, la rivière n'était pas encore 160 m plus bas, elle était là et nous on était son cours souterrain. Regarde, sur notre sol tu vois des galets plats, les mêmes qu'en bas..."d'ailleurs dans ces cavernes on croit encore entendre l'écho des roulements de l'eau heurtant les murs, creusant ces marmites, rongeant ces parois en stries, cavités, draperies, dégringolant en cascades...Des voies aériennes qui furent celles, souterraines, de l'eau. L'Histoire d'eau de la Terre est belle.
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C'est somptueux |
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Les stries laissées par l'eau, horizontales |
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Verticales |
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Obliques |
Le chemin étroit tracé dans une faille entre les murailles de roche grimpe jusqu'au plateau, c'est le parking officiel, près de
la Bastide de Fauzan. Je replonge dans la corniche, décidée à explorer chaque coin, chaque ébauche de sentier. En voilà un coupé par une grande faille; il me suffirait de prendre mon élan, sauter et suivre ce sentier de roc, fort étroit, jalonné d'ancrages métalliques. Le mystère demeurera : et si je manquais mon saut ? Et si je manquais cela ? Car je ne le trouverai pas et elle existe pourtant...
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Je ne la verrai donc pas (image du 11 février) |
Un peu plus haut, un autre sentier très étroit, m'amène vers ce que je cherche et ne verrai pas, une grotte haut perchée que j'atteindrais en faisant un peu de varappe. Mais saurais je désescalader ? Ici pas d'erreur, une mauvaise réception et c'est le vol plané. Je sors ma corde pour m'aider mais il n'y a aucun arbre assez vaillant pour l'ancrer. Je renonce donc.
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Quel dommage de renoncer à m'aller percher là haut! |
Il y a d'autres belles choses sur mon parcours : ici une immense dalle bascula un jour et semble posée en équilibre contre la falaise, comme si une chiquenaude dut la faire glisser: mais elle est un terrain d'escalade !
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A gauche la grande dalle en équilibre |
Là un étroit passage sous la corniche est interdit à tout curieux. Je m'y engouffre, touchant presque le plafond, malgré ma petite taille. Un frisson : et si ça s'effondrait ? Le frisson fait partie de la découverte; sans lui ce serait fade, du moins dans mon approche personnelle des balades.
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L'entrée ou la sortie |
Mon regard de marcheuse est attiré, de l'autre côté de la main courante en fer par une ébauche de sente; j'enjambe prestement la balustrade, rencontre une nouvelle grotte que je visite puis je continue et je pars d'un grand éclat de rire ! Une vaste caverne a été aménagée par un farfelu qui a laissé un mot et un N° de téléphone; "Exposition de meubles". Le lit a été construit sur place, il y a un chevet, une table et deux chaises en cuir clouté. Un bouquet de roses séchées sur la table, la gamelle du chien, des bougies, pas la caverne d' Ali Baba mais une perle d'humour dans cet empilement de roches. Je vais en profiter, je fais la pause écriture et j'admire les HLM d'en face , les fameuses
"Grottes de Dom". Instant magique s'il en est...je flâne....j'entends le vent qui reprend l'écho de la rivière toujours sèche tout en bas, le vent et l'eau ont souvent la même chanson.
Des motos de cross vrombissent loin sur le plateau et dérangent par ce vacarme un vol de choucas ou corneilles que sais je ? qui protestent longuement par un vacarme prononcé et un vol agité. Assise en ma demeure, j'imagine un prochain séjour, de nuit, pourquoi pas ?
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Dommage ces peintures aux murs |
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Porte d'entrée et HLM d'en face |
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Inquiétant ciel de lit |
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La porte d'entrée : au moins 5 m de haut |
Je reprends la route à l'envers, ici c'est " Terminus et personne ne descend !".
Et ma route elle va là !
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La grotte d' Aldène |
Il me reste encore un sentier à explorer et je sais vers quoi je vais, ce que j'espérais sur ma route :
la Grotte d' Aldène. Cette grotte est un long cours d'eau souterrain qui a une fabuleuse histoire . Un panneau la conte mais je connais la version plus discrète, plus secrète, plus "couleur locale" racontée par Guy, un matin de cet hiver. Il a mis un jour entier pour la parcourir.
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Le cours d'eau s'enfonce sous terre Une grille barre l'entrée |
Au fond il y a des empreintes humaines fossilisées dont celle d'une maman et son bébé. Un squelette de hyène, des griffures d'ours sur des parois .. Ce que l'on explique sur les panneaux c'est que cette grotte, envahie par les oiseaux eut un sol recouvert d'une épaisse couche de guano; lequel, exploité pendant des années, fut répandu dans les vignes, avec...les fossiles du passé. heureusement les archéologues peuvent encore exploiter les données, des fouilles sont toujours en cours, la grotte est fermée au public et me voici sur le site dont on ne voit rien sinon un mur, une porte en bois et des restes de l'exploitation industrielle. Et si j'ouvrais la porte ?
Avec délicatesse et humilité (il faut une autorisation que je n'ai pas) j'ouvre à peine, je me faufile et ...quelle émotion...une grille barre la grotte sombre et "illisible" mais le vestibule, multicolore, vaste, silencieux, renvoie le son de ma voix car je parle à haute voix et alors je me tais, j'entends Mozart et la 40 eme, j'entends Chopin, la Valse du Printemps...quels concerts cela ferait...Pourquoi cela s'impose t'il à moi ? Je rêve tout haut...
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Le vestibule (en fond, la porte) |
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Sculptures murales |
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Tableaux colorés et modernes (millions d'années) sur les murs |
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Le carreau de la mine (à l'extérieur) |
²Je m'arrache à grand peine à ces rêves et je repars, soudain des bruits de voix troublent Chopin et Mozart, un groupe d'humains, des grimpeurs, par leur présence, enlèvent ce petit supplément que m'offrait la solitude.
Ils sont avertis de ce qui les attend :
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Peut être plus inquiétant que leur 7 a + ! |
Je les laisse passer, et repars, visitant ce que j'avais délaissé, pour le fun et le sourire . Une cavité toute petite et basse de plafond, partagée par une colonne, a une entrée supplémentaire, latérale, dans laquelle je me glisse, délestée de mon gilet de trail, en rampant. Je m'assieds en tailleur, c'est au mieux ce que je peux faire et je contemple
"Les grottes de Dom" un périple du futur. Prometteur.
Que se passerait-il si des grimpeurs arrivaient ? Et me voyaient logée dans cet abri ? Ridicule de situation; je m'évade du nid de roche en rampant, en mode contorsionniste qui me rassure sur ma condition physique.
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Intérieur |
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Extérieur, voisins d'en face |
Et je pars vers ma seconde destination, elle aussi improvisée : chercheuse d'eau dans un lit à sec .
Ce ne sera pas triste non plus...A suivre donc...Un autre monde nous attend 150 m plus bas...
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Allez on descend après 2.3 km aériens |
Quelle conteuse... Bientôt l'autre rive donc 😉
RépondreSupprimerAh oui, c'est là que tu m'as ouvert des portes : là je suis dans l'antichambre je pense
SupprimerEncore une superbe sortie, ces grottes sont magnifiques, tes photos et ton récit nous emmènent dans cette ambiance mystérieuse et fantastique. Merci Amédine. Bises. Chris
RépondreSupprimerPeut être ce récit te donnera t'il envie d'aller toi même in situ ? Je pense que ça te plairait vraiment ; il manquera des km à ton compteur de grande marcheuse mais là bas on ne fait pas du chiffre on fait de l'émotion. Je te souhaite sincèrement d'y aller et attends...tu n'as pas tout vu et moi non plus, c'est le hord d'oeuvre ! Bises
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