Pourquoi par "voie de femme" ? Parce que je choisis un parcours inédit, que personne n'emprunte pour cette destination là. Une voie qui va nécessiter crampons et piolets.
A gauche mon chemin A droite , en action |
8 h 05: je quitte le parking de la station de ski de Vallter 2000, de l'autre côté de la frontière à juste 100 km de chez moi. Je suis trop chargée mais comme souffle le vent, je sais que sur les crêtes ce sera violent, insupportable. Pourtant, raquettes, cagoule, doudoune, gros gants et donc grand sac...seront tous en trop mais un litre de liquide supplémentaire eut été le bienvenu !
Sur la piste rouge |
Prise rapide de dénivelé |
La station se peuple, les machines vont entamer leur long ronron et je marche, me délestant très vite du pull et des gants. Personne sur les pistes, le soleil intense a enflammé les rochers et la neige, un instant, magie des cimes....
Pour eux c'est perte rapide de dénivelé |
Une harde d'isards batifole dans la neige et prend tout son temps sur le chemin que je ferai mien. Au lieu de continuer et de grimper au fond du cirque (un joli mur quand même) arrivée au bout du tire-fesses de cette piste rouge à l'écart, je bifurque vers un de mes sites de choix, le Trident. C'est un amas de rochers à l'opposé des Ximeneas de Bacivers. L'an passé je m'y étais aventurée, l'avais traversé et avais rejoint les cimes.
Le secteur du Trident, avant mon départ Je fais mon choix de "voie de femme" |
Depuis un moment je scrute, à la recherche de ma voie; je traverserais bien l'amas rocheux mais je suis fatiguée, une vilaine morsure de chat "sauvage" tourmente mon poignet et je prends un traitement costaud.
Ainsi je choisis la voie qui m'offrira le plus de commodités, elle est à vue, donc sans surprises en théorie.
J'ai fait mon choix |
J'entame la montée avec les piolets à 2454 m. La neige est excellente, pas glacée mais assez dure pour que les piolets mordent bien et m'assurent, mes crampons se logent bien. Sans fatigue ce serait un jeu d'enfant, la cadence comme je l'aime, c'est un exercice que je découvre tardivement et qui me va comme un gant. Ce matin je manque d'énergie...Pourtant lorsque je me retourne, les skieurs sont tout petits en bas.
Secteur du Trident : début de la montée |
C'est parti ! |
Et je me régale !! |
Là bas, dans mon dos, vers l'est, c'est la mer Mais on ne voit que celle de nuages |
Dès que j'arrive aux rochers, je me faufile et m'installe sur un perchoir, j'y resterais des heures. A contempler, à observer, que c'est beau...Et quelle lumière...Je renoue avec la neige de bien belle façon. Le vent est tombé.
Pause sur un roc |
Le paysage dans mon dos |
Je reprends ma route de neige, la pente se redresse sensiblement, je pose les piolets le temps de quelques photos, exercice pas recommandé. Je savoure cette montée pour laquelle je n'ai aucune appréhension, il n'y a aucune difficulté, la prudence et la concentration sont de mise.
Derrière moi je viens d'en bas (milieu image) |
Pause sur pelouse, c'est prudent Une idée de la pente |
Je fais la pause ! |
La pente s'adoucit; en fond, Gra de Fajol Gran |
La sortie est proche |
Tout au bout, les Bastiments ou Géant, 2883m |
Mais une merveille de formalité : quel panorama à 360°! Et quelles couleurs! Sans parler de la ligne fine de l'arête qui ondoie. Toute la plaine des deux côtés de la frontière est baignée d'une mer de nuages. Car je suis sur la ligne frontière.
Tout au bout le Pic de la Dona. Crête frontalière |
Oui bien chargée ! |
Il y a du monde, il fait très chaud, c'est l'été au grand soleil.
2702 m le sommet frontalier est sous mes pieds, très peuplé. Je ne reconnais pas les lieux de mon passage en plein coeur de l'été. Des skieurs, des chapelets de raquettistes, un monde coloré , bruyant, qui s'installe en terrasse comme sur les boulevards et devise allègrement. Nous toussons tous, c'est l'air trop sec et brûlant qui nous irrite. Je reprends des forces. Midi est encore loin et je n'ai pas faim. Mais j'ai tant dévoré d'énergie que les crampes m'obligent à manger debout.
Sommet : 2702 m A gauche de la croix, les GRa de Fajol, à droite les Bastiments (2883m) |
Face à moi, plein sud, je reconnais le Turó de l'Home, les Agudes, le Matagalls. Les Bufadors se cachent derrière les Gra de Fajol dont les couloirs d'alpinisme, dans l'ombre, sont magnifiques.
La mer est invisible, noyée sous les nuages. On a une chance extraordinaire ici...Je musarde tranquillement, état de contemplation soutenu.
Col Mitja, Gallinas 2624 m) à droite et pente du Pic Rodon (2677 m) à gauche |
Mes dernières et récentes randos catalanes |
Vallée de Mantet |
Les Gra de Fajol et leurs couloirs fascinants |
Côté Capcir |
En fait cette rando sera un chemin à l'envers.
J'ai choisi, ce sera Porteille de Mantet (après les plaques dénudées) et "à droite toute" direct sur le parking |
Car cela descend bien pour gagner la Porteille de Mantet : 300 m de dénivelé. Et encore plus après elle. Je passe à l'écart des gens, je suis des traces de crampons. Mais je crée ma propre trace, en appliquant un conseil reçu un jour de peur, et cela fonctionne très bien.
Je m'amuse bien |
Une belle pente aussi ! |
Couloir "l'estreta" Gra de Fajol |
Porteille de Mantet 2412 m, la dernière lige droite: un bel entonnoir |
2150 m d'altitude, 22° à l'ombre, 44 ° au soleil , qui dit mieux ?
Plus tard...à Setcases...
Je l'ai bien mérité ! |
Une anecdote qui pose question:
De la crête je vois soudain dévaler un amas rouge qui s'écrase contre un rocher et quelque chose (un casque ?) qui s'envole. Pétrifiée j'observe le corps immobile. Et je prends une photo . Que faire ? Appeler le 112 ? Attendre un peu pour en parler avec cet homme qui approche ? Le Trident cache ce corps et l'homme n'a rien vu. Enfin, lorsque revient la vue, le corps est revenu à la vie. Il y a d'autres personnes Tout est bien , je suis soulagée. Plus tard, chez moi, j'observerai la photo et...c'était juste un gros sac à dos qui avait joué les skieurs. C'eut été malin d'appeler les secours !
Mais la question reste en l'air : que faire en cas de doute ?...
En Chiffres
Dénivelé cumulé: près de 600 m
Distance : 6.3 km
Mur de neige : 150 m D+
Temps : 40 mn
La route :200 km AR
Merci Amedine de m'avoir offert ce magnifique paysage. J'adore marcher dans la neige, c'est si apaisant. Je m'en irais dormir dans ce paradis blanc. Bises
RépondreSupprimerConnais tu Vallter ? Après vos travaux de Titans, une balade à la journée pour découvrir les lieux serait bénéfique; perso, la première fois, alors que je ne randonnais encore pas me fit un choc au coeur. Je n'y vais jamais l'été pourtant il y a une sortie que je ne peux y faire que l'été. Mais l'été ne confère plus ce charme. Bises
SupprimerVallter sous la neige est encore plus envoûtant, il faudra absolument que nous y allions en hiver car la neige ajoute de la magie à ce site grandiose. Merci pour ces belles photos qui me font rêver, nous avons hâte d’avoir le van...
RépondreSupprimeril est vrai que l’histoire du sac à dos pose problème. Un jour que nous allions faire l’Ossau, nous avons été alertés par des cris que nous avons d’abord pris pour des rigolades, il s’est avéré que c’était 2 espagnols coincés sur une vire, un hélico est venu les sauver après notre appel.
Ce type d'incident est arrivé à 2 copains, en Espagne, ils ont du leur sauvetage à des gens qui ont compris et ont appelé les secours. Vallter est magnifique enfin le cadre environnant; faut que je l'essaie l'été; j'y suis allée une fois mais sans neige je n'ai pas trouvé ce charme là...
SupprimerUne voix de femme pour une "voie de femme". Je n'en vois pas la fin...hi hi hi
RépondreSupprimerJ'essaye à nouveau !
RépondreSupprimerRedeù ça a marché. ASP
RépondreSupprimer