C'est une rando que je souhaitais faire le 18 janvier mais ce jour là, la neige était venue me cueillir au saut du lit. Oui il neigeait à Thorrent, ce matin là, rendant ma balade incertaine.
Car ce sentier va de Py à Thorrent, enfin presque puis qu'il termine (ou commence) sa course au Col de Fins entre Escaro et Thorrent.
Le parcours complet fait 17 km AR, ce n'est pas le but du jour.
Parce qu'une brume épaisse recouvre le secteur depuis la veille, donc, agacée, je demande au soleil d'avoir chassé tout ce beau monde à 10 h
Effectivement, à 10 h sonnant au clocher de l'église, je prends le chemin sous un soleil qui s'installe .
Le sentier part du Veïnat, un hameau du village et prend vite de la hauteur dans les terrasses abandonnées d'anciennes cultures, entre murettes de gros blocs rocheux et pavage épisodique .
Des terrasses surplombaient le village, agriculture de montagne escarpée et vivrière.
Py vue prise depuis les anciennes terrasses cultivées |
Je le détestais autrefois et envisageais de randonner masquée. A présent que les masques sont de rigueur partout, et bien,je le respire avec bonheur !! Contradictions humaines ? Non j'aime ce parfum, j'ai même dormi avec un bouquet au chevet du lit !
Aspects du chemin |
Route et vallée de la Rotja en bas |
Le sentier est intéressant car, bien que peu emprunté et dûment balisé, il reste à flanc de montagne, à une altitude moyenne de 1250 m (1283 m maximum) et suit le parcours de la Rotja tumultueuse, 400 m plus bas, ainsi que de la route. Attrayant pour le point de vue, voilà pourquoi la brume ne m'inspirait guère.
C'est vraisemblablement un sentier d'exploitation, voire l'ancien chemin de Py à Escaro. Je n'irai pas jusqu'au Tambour de Thorrent (vestige minier du transport du minerai par câble aérien), parce que mon compagnon de route, Mathurin m'attend dans le camion.
Ce qui m'intéresse ce jour c'est le parcours du sentier dans les pentes escarpées et rocheuses de la montagne.
Et je ne vais pas être déçue !
C'est un sentier qui court soit en sous bois, soit à flanc de falaises, en corniche peut on dire.
Dans ce site très escarpé il est intéressant avant tout de regarder le travail des hommes qui l'ont construit, car dans ce relief, il a été en grande partie construit de toutes pièces : le roc a été taillé, délité, les débris ont servi à faire l'assise du sentier, voire ses murs de soutènement; un travail de forçats, au pic et barre à mine mais pas d'explosifs, c'est plus ancien assurément.
Le sentier se fraie un chemin là dedans : voir sur la gauche de la photo |
Taillé dans le roc |
Travail de stabilisation des éboulis : cela n'a jamais bougé ! |
Un véritable défi humain. Le parcourir est un jeu d'enfant et je me disais en marchant que ces hommes du temps jadis, en entendant le mot "loisirs" seraient désarçonnés. Pourtant "Loisir" existait, du verbe latin "licere" être permis...En 2nde moitié du 10 eme siècle il devint un nom : le loisir. Mais ces hommes là étaient loin de se douter que ce serait un chemin de loisirs....Voyez mes pensées de marcheuse....
Sacrément escarpé : vers le haut comme vers le bas (Rotja 400 m en bas) |
Alors ce sentier ?
Et bien au fil des 5.5 km que je vais parcourir (11 AR, je n'ai pas d'autre choix), je vais y trouver :
- Des places charbonnières, trois emplacements se devinent bien, à la couleur et aux restes de charbons de bois.
-Des arbres étonnants, que je vois pour la première fois, bien fleuris, à la feuille veloutée et vert amande. Et aussi des chênes verts, des noisetiers, des bouleaux et même deux houx énormes, bruissants d'abeilles, un mâle et une femelle, proches voisins.
- Une demeure en ruines, avec son "orri" empli de tuiles du mas, et un peu plus loin son cortal, tout aussi ruiné.
- Une belle source donnant naissance à un ravin tonitruant, juste en dessous des ruines.
- Un joli "orri" tel une tour de guet (ou un poste de péage) au terminus du passage rocheux.
- Une forêt de conifères que je ne ferai qu'effleurer, fraîche, ombragée, que je laisse pour une prochaine fois, je suis seulement allée faire le plein à la Font del Diumenge (Fontaine du dimanche) qui coule 7 jours sur 7 et m'offre un plein de fraîcheur.
- Et, au retour, une superbe vipère m'attendant au milieu du sentier, à l'ombre, alors que éviter les vipères était mon obsession au soleil depuis le matin ! Elle se moquait de moi mais en compensation m'a permis la photo !
En images...
L'arbre "inconnu" (Canigou voilé en fond) |
Houx, la fleur et un des 2 arbres |
Le dernier bastion rocheux et sa tour de guet |
Dans l'autre sens |
Et là, le sentier bascule dans la forêt (je ne ferai que 500 m) |
A la rencontre de la "font del Diumenge" |
Sentier dans les conifères au dessus de Thorrent |
Sahorre |
Le mas en ruines, flanqué de pâtures et de charbonnières |
Son cortal (bergerie) |
Sa source |
Cela me tombera t'il sur la tête ? |
Retour...aussi plaisant que l'aller |
Canigou au fond |
Ainsi, ce sentier parcouru en aller retour m'octroya d'autres cadeaux : de superbes points de vue, la
Un délire fleuri et coloré |
Et enfin Py, tout en long étiré, village qui a plusieurs facettes, pouvant se montrer roulé en boule,ou étiré...comme la vipère ?
Py, le retour ! |
Je dédie ce récit à Guy Vila !
En chiffres
Dénivelé positif cumulé : environ 400 m
Distance : 11 km
La route : 150 km AR
Plein de belles choses que je découvre à chacune des lectures de ton blog. J'ai envoyé à un ami les photos de l'arbre que tu ne connais pas.. Lui il possède de grandes connaissances da's ce domaine. Dès qu'il m'aura répondu je te le ferais savoir (à moins qu'il l'ignore)
RépondreSupprimerMerci pour ton voyage chez moi et ta curiosité aiguisée qui répondra peut être à la mienne. Un beau pays que ce Py coincé entre des bastions touristiques ayant pour nom, les mines de fer, Escaro et Sahorre, les pommes de Feuilla, les beautés de Villefranche de Conflent et les grands espaces de Mantet. Un Py discret qui gagne à se dévoiler et qui a eu sa gloire, un marbre très blanc
SupprimerJe savais que ce coin de montagne te plairait, j'en est tellement de bon souvenirs
RépondreSupprimerQu'est ce qui ne me plait pas en montagne ? mais c'est vrai que Py avec sa moyenne altitude n'était pas parmi mes favoris
SupprimerUn lieu que je ne connais pas non plus la route pour y accéder m'effraie
RépondreSupprimerEt pourtant je m'y plairais
C'est très joli Bises
Ah ...la route...non il n'y a que 2 ou 3 passages un peu serrés. Tu peux sans peine les franchir et à toi les grands espaces, bisous
SupprimerOh la la, superbe ton billet qui m'a rappelé tellement de souvenirs ... Cela fait une éternité que je ne suis pas allée à Py mais évidemment, en Catalane que je suis, je connais bien le secteur. Avec mes parents nous y allions souvent car ils avaient des amis là-bas. Mais que c'est beau, merci pour ce beau billet que je vais regarder à nouveau. Bisous;
RépondreSupprimerUne occasion pour te donner envie d'y revenir ? Et puis j'aimerais bien faire ta connaissance ... Bises
SupprimerCC... MERCI pour cette magnifique balade !!!
RépondreSupprimer@ bientôt
Douce journée, bisous, gros câlins à tes Félins ;)
Mes félins, tu vois, sont toujours du voyage ...mais juste quand ils veulent, c'est eux qui décident. J'en ai 5 à présent. Bisous
SupprimerA part la vipère ton petit sentier me plaît bien, il faudra qu’on aille le découvrir, dans le coin on ne connaît que le pic des Tres Estelles. Les fleurs sont aussi belles que le sentier taillé dans le roc, c’est vrai que nos anciens ne connaissaient pas les loisirs, ils travaillaient pour survivre... Est-ce ça le bonheur ? A méditer..
RépondreSupprimerTres joli récit qui m’a agréablement éloignée de mon « chantier ».
Mathurin est magnifique.
Bises et une pensée pour ta tribu. Aya nous manque énormément.
Et je pensais à Aya en roulant vers Py, me demandant où vous en étiez....Oui ce joli récit car la balade est joli, est récréatif, c'est une bouffée de couleurs et d'odeurs dans un paysage austère. Bises à vous deux
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