Balade militaire au pas lent du civil, en Conflent

 Ou le sentier Vauban et le chemin des canons, de Canaveilles à Llar et retour.

 Dans ce décor, (partie ensoleillée)
le sentier Vauban

Bien avant que n'existe la route de Cerdagne, qui suit au plus près la vallée de la Têt, des chemins, à fins militaires avaient été construits. Villefranche de Conflent, en aval, a été fortifiée par Vauban, architecte militaire, entre 1669 et 1676, puis le Fort Libéria lui fut adjoint en 1681, pour bien verrouiller la vallée. (Pour l'Histoire, le Canal du Midi fut inauguré en 1681 aussi et renforcé plus tard par Vauban). Plus haut, Mont Louis (ancienne Ovansa rebaptisée Mont Louis en hommage au Roi Soleil, Louis 14) fut fortifiée par Vauban, de 1679 à 1681.

Donc en vertu de cela il était nécessaire de circuler entre ces deux villes distantes de près de 30 km, et cela se faisait par les hauteurs, au dessus d'Olette, Canaveilles etc...

La route des canons fut nécessaire pour amener les canons de Mont Louis à Olette, afin de défendre Olette et Villefranche en 1793, contre l'armée espagnole de Ricardos. Le Général Dagobert fit construire de nuit et discrètement, ce chemin, ainsi les canons, tirés par des boeufs, purent bombarder la place espagnole. Ce patrimoine perdure.

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Je vous emmène donc à sa rencontre sur une boucle permettant de marier les deux parcours; je choisis le sens de la boucle, de gauche à droite, le choix fut bon.

940  m, 7 h 35 ; Je quitte mon QG de Canaveilles contre le cimetière, dans un matin bleu, presque tiède et fermé côté est par une brume rebelle, venue de la mer et noyant tout jusqu'à Olette. Relief mouvant et tourmenté.

Petit matin bleu

 Canaveilles dort, il faut le traverser en suivant ce panneau qui n'est pas tout à fait exact.                                                       

Le chemin prolongeant l 'unique ruelle du village est tout de suite magnifique; creusé à flanc de falaise, étayé de solides murs, pavé encore par places, il s'élève paisiblement dans un paysage méditerranéen malgré l'altitude, jusqu'aux 1347 m de Llar. 

Traces de pavage

Pavage

Paysage méditerranéen

 

                                                                

Chênes verts, cistes cotonneux ou à feuille de laurier, thym, kermès, entre autres, dans du schiste, mis à part une petite veine calcaire à 1000 m. Ce paysage austère au sol pauvre regorge de murettes du temps où tout était cultivé, aux limites du possible. Et au delà de l'imaginable. 

Quels beaux murs !

Canaveilles et la brume qui rôde

Dans mes yeux, les sommets enneigés se découvrent l'un après l'autre, tous mes "amis", j'ai enrichi la liste cet été. Les pentes ardues de l'autre rive me racontent mes escapades, je balaye du regard ces pentes boisées d'où je fais émerger sentiers, constructions et atmosphère qui furent mes compagnons.

Le Canigou, évidemment

 Oui je connais bien ce Conflent à présent, où il me reste encore tant à découvrir. Ce sont des voyages dans le voyage qui remontent à la surface, en fait ce sont mes Chemins de Compostelle.

Canyon du Fayet
eaux chaudes

Du côté du mas Baret

Sentier dégradé par les motos et l'érosion

Sentier en creux

Végétation méditerranéenne

Quand le Malaza jaillit à l'air libre

De la vallée je ne vois pas grand chose mais j'entends les rares véhicules matinaux, et la rivière. Plus tard, j'entendrai le premier train.

Pont Séjourné

Retour sur Llar (1347 m, 4.5 km) désert comme il se doit. La maison du vieil Antoine est fermée, il est mort, qu'est devenue sa femme, déjà diminuée, lorsque j'avais rencontré ce sympathique vieux monsieur? La traversée de Llar est le morceau le plus fatigant du parcours !

Llar se profile

Eglise St André de Llar

Un petit casse croûte à l'abri du vent

De la porte de l'église: Llar et les crêtes sud

Le chemin creux de l'église

               

Langage  et icônes  désuets

L'autre église, St André aussi : Llar minuscule mais 2 églises !

Le sentier Vauban demandait de bonnes jambes : la montée sur la crête est assez raide, 7 lacets supplémentaires m'amènent au col, 1609m, le paysage dans mon dos est somptueux, les sapins font leur apparition. Cette montée de 262 m D+, est riche au point de vue patrimoine agreste : d'abord les terrasses en dessous du canal, abandonnées mais qui bénéficiaient de l'arrosage , devaient créer un camaïeu de cultures étagées. Au dessus du canal d'autres terrasses devaient être consacrées aux cultures moins gourmandes en eau. 

La Carança jusqu'au sud frontièree

Au zoom tu es qui toi ? Xauxes ?

Llar et le décor sud : Monellet, Neufonts,
Malaza

Canal de Llar (et même de Sauto) 
 à Canaveilles

1609 m, 6.8 km, les crêtes, je n'irai pas plus haut. Je savoure le panorama que je ne reverrai pas: 

Gallinas et Redon

Pic des Neufonts

Arête du Malaza, à droite
le Rodó à gauche

Crête des Racó

1609 m, le sentier Vauban plonge sur le versant nord, dans une épaisse pinède qui couvre une immense superficie.  Et rencontre rapidement le chemin des canons. Virage à droite pour moi.Forêt parcourue par une piste forestière à des fins d'exploitation du bois, c'est propre, bien fait, impressionnant. La piste a respecté le chemin des canons que pas un seul panneau n'indique...étonnant...je n'aimais pas marcher en forêt, à présent, le Conflent m'a appris que ce n'est ni étouffant ni angoissant. Même très plaisant, il y a tant à voir en forêt...Et à entendre, tel ce rossignol qui habille l'espace de sa mélodie. Ici, hormis le chemin des canons, très rectiligne, on voit des murettes, on devine des places plus humides, on rencontre des sources, des bâtiments. Et puis il y a ce silence, le vent est resté de l'autre côté, je marche sans bruit, dans une ouate de silence.

1609 m et sur des hectares !

1er contact avec le chemin des canons

Forêt propre

Exploitation forestière

Chemin des canons

L'horizon ouvre sur les contreforts du Madres 1500m

Vestiges de l'exploitation d'autrefois: 1482 m

Font de Guillemet : pas belle mais efficace, 1395 m

Derniers pas dans la forêt

1300 m, 10 km,  le chemin émerge de la forêt et sur les anciennes cartes, continue sa course directement vers Olette. Sur le terrain, aucune indication. pourquoi ?

Alors je vais encore me croire sur lui et rester admirative, voire stupéfaite, qu'un tel relief accidenté put un jour voir passer des canons! Mais non ! Mon chemin devient un chemin agricole, ce qui atténue à peine mon admiration car il est extrêmement pentu, escarpé, accidenté, éboulé...

Il va retrouver le relief, les cultures abandonnées, les murettes, chemins creux et autres ruines de cortals ou orris. Les vaches sont proches, je les entends sonner de la clochette. Le paysage s'ouvre, la pente plonge, le pavage revient, le tracé est sinueux, escarpé, la descente sur Canaveilles "vertigineuse" , il y a d'anciens canaux, des immenses chênes verts, le clocher de Canaveilles pointe son nez, le Canigou s'étale en majesté, les autres sommets ont disparu, la vallée s'ouvre sur Olette et les miasmes de brumes maritimes. Il fait chaud, c'est un printemps précoce, le vent est de retour. 

Vue d'ensemble, il est majestueux, il n'a pas de concurrence

Traces de pavage du chemin des canons

                   

Autre visage, en creux dans les murs

Olette, la vallée de la Têt, vers l'est

Même chose avec un cortal superbe mais en ruine, autrefois Cortal Payos

En schiste joliment agencé

Mais le toit est tombé d'un coup

Poutres et ardoises ; est ce la neige ?

A présent je quitte le chemin des canons mais je ne le sais pas. La carte est muette, le terrain aussi.

Plus modeste mais intact : un orri

Nyer et son décor

Chemin agricole et passage de ruisseau

Vers le village, en pente et solide

Passage d'eau

Le clocher de Canaveilles

Retour des grands chênes verts

938 m, 12.2 km, 13 h sonnent au clocher, il ne me restera plus qu'à prendre mon repas bien mérité...au cimetière tant qu'à faire, ce ne sera que la seconde fois aujourd'hui. L'église de Canaveilles me connaît et pardonne mes excentricités : d'ailleurs ne l'ai-je pas visitée un matin à l'aube, en chemise de nuit? 

Et oui, je campe toujours à ses côtés ! D'ici, le sentier Vauban descend vers Olette, traversant encore le village , ce sera pour un autre jour.

Canaveilles; réconfort et pas de convives

En chiffres :

Dénivelé positif : 671 m

Distance : 12.16 km

Temps réel de marche (hors arrêts) : 4 h

La route...130 km AR

En jaune : sentier Vauban (aller)
En rouge: chemin des canons
En bleu : chemin agricole