(Correc de Sant Génis = ravin de Saint Génis. Rien à voir avec St Génis des Fontaines.)
Tout est né de la simple vue d'un cairn très banal. Sur le sentier Vauban, non loin de Llar. Qui dit cairn dit sentier et effectivement, sur ce sentier Vauban en corniche, à plus de 1200 m d'altitude, un cairn qui invite vers le vide, ça éveille la curiosité. A condition de le voir et d'être curieux. Une esquisse de sentier s'enfonce dans la végétation et je me dis immédiatement : "je reviendrai!"..
A la maison, je regarde sur "Geoportail" et je découvre, sur la carte de 1950, un sentier qui m'intrigue. Car il descend en ligne directe sur Thuès entre Valls, par un joli zigzag de 16 lacets.
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Sentier Vauban |
Qui dit lacets, dans une pente abrupte, dit murs de soutènements. Donc parcours intéressant. Cela devient une idée fixe qui ne va pas durer longtemps, tout juste une semaine. Me voilà en ce samedi étincelant, garée au plus près de ce sentier, (1288 m) il est 14 heures, ce n'est pas trop tard. Vite prête, je démarre en terrain connu à la croisée des chemins (route, piste DFCI et sentier Vauban), en une facile descente jusqu'au cairn (1234 m). Là, c'est l'inconnu qui s'ouvre sous mes pas pressés.
Le départ du sentier est lisible, la suite moins, je cherche, je devine, je cairne, surtout, et j'arrive quelques 200 m plus bas et 52 m de dénivelé à une ouverture sur le ciel bleu : une prairie d'altitude, abandonnée, flanquée de murettes, prolongée d'une terrasse, de plusieurs étages de terrasses où ne poussent que grands chênes verts, des murettes magnifiques et des terrasses qui plongent vertigineusement dans la pente, m'invitent à les dévaler, à la poursuite peut être
de cet animal qui se glisse, furtif, hors de ma vue.
Je visite un peu, c'est sauvage et inquiétant, je ne suis pas là pour ça : mon sentier reste à trouver!
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La pâture en belvédère |
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Et son cabanon |
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Les chênes verts ont tout envahi |
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Le site et les différentes parcelles envahies d'arbres
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Ce fut parcelle cultivée autrefois |
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Le décor : les Racó |
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Et le Canigou |
Je repars donc sur mon dernier cairn et je continue ma descente, quelques mètres seulement car je parviens à un joli sentier (1182 m) bien tracé, propre, dégagé, que je n'ai plus qu'à suivre : j'ai trouvé, plutôt fière de moi. Ce sentier est comme un belvédère, il suit en courbe de niveau , ouvrant sur des vues époustouflantes : la Carança, les pics enneigés, le Canigou, la vallée de la Têt, le pont Séjourné, la 116, et les bruits qui vont avec; moteurs, usine électrique, les petits oiseaux se frayant un passage dans ce vacarme.
Inutile de préciser que c'est désert. Et que je suis bien. Je vais ainsi cheminer sur une assise de sentier étayée de jolis murets, un sentier victime de quelques blocs rocheux descendus d'en haut car je suis quand même à flanc de pente rocheuse, au milieu des chênes verts, chênes kermès et cistes à feuille de laurier. Je vais pourtant réaliser que ce n'est pas le sentier que je cherche, "le mien" descend comme un toboggan sur 16 lacets. Tant pis, je comprends donc que je vais ainsi rejoindre le joli sentier Thuès Llar, 55 lacets, que j'ai parcouru en avril 2017. Ce sera un plaisir de le retrouver qui m'attend.
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Murs inclinés pour lutter contre les éboulis |
Soudain je rencontre un ruisseau (1143 m), l'eau y coule discrètement, c'est frais, il y a des joncs et des flaques, de l'eau qui sautille, bonne à boire, c'est le ruisseau de St Génis.
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Le ruisseau |
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Une eau pure et fraîche |
Un peu plus loin, à peine 300 m, je croise un autre ravin (1116 m) , sec , mais dans lequel trône un houx décoré comme un arbre de Noël de boules écarlates. Il n'a pas de nom, ce sera "le ravin du houx". Le sentier continue, toujours à plat, deux lacets vont rompre son cours, jolis murets de soutènement pour changer d'étage et le "ravin violent" coupe ma route (1090m), empli de troncs enchevêtrés, c'est le Correc de las Encantadas (des fées), il n'a rien de féérique!
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Ravin enchevêtré des Encantades |
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Dans mon dos, le Canigou |
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Porte étroite de la Carança |
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A l'aplomb de Thuès |
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Ombragé et beau, ce sentier belvédère |
La végétation change soudain et le chêne rouvre fait son apparition; plus fragile, il a gratifié le terrain de branches brisées, et des tapis de feuilles cachent traitreusement le sol. Mais je n'ai guère le loisir de m'en plaindre, 1054 m, c'est la déception! Le sentier se perd. Il existe, je vois ses murettes, son assise, tout disparaît dans un fouillis végétal, il n'est plus entretenu : pourquoi ? Le périmètre de chasse s'arrête là ? Il manque 450 mètres pour arriver à la jonction. Le demi tour s'impose, comme souvent, mais également je sais qu'un jour j'irai chercher son extrémité et essaierai de faire le chemin à l'envers de la partie manquante, ce sera facile à trouver.
Ici je dois préciser l'utilité passée de ce sentier. A postériori je comprends : il ne partait pas du Sentier Vauban, mais du sentier de Llar, ancien chemin d'exploitation entre Llar et Thuès où tout était cultivé. Dans un des lacets, un sentier partait vers l'est (celui-ci) et conduisait, en courbe de niveau aux pâtures et terrasses que j'ai entrevues. Si on regarde la carte, on voit qu'un autre, un peu en dessous, plus court mais qui lui est parallèle partait aussi dans cette direction mais s'arrêtait plus tôt . Où et pourquoi ? A voir peut être....
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Le sentier envahi impraticable |
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Mur arrondi |
Déçue, je dois revenir sur mes pas, j'aurai donc le Canigou dans les yeux, jolie consolation!
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Sentier dans ce décor...superbe ! Le Canigou.
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De quoi se plaindre ? Il fait beau, chaud, je suis au calme, en bas c'est un défilé de voitures comme si les gens prenaient un acompte de Liberté avant nouveau confinement (on finit par vivre avec cette phobie). Dans ma solitude plus que parfaite, rien ne peut troubler le calme, sauf un animal apeuré ou un rocher qui s'éboule.
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Reliefs tourmentés
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Aucune surprise au retour quand soudain !
Il m'était impossible de le voir à l'aller, mais un petit mur de soutènement (1154 m) cache une jolie surprise, un petit sentier file vers le bas, bien tracé, branches élaguées, mais c'est - bien sûr! - le sentier en lacets que je cherchais. Je reviendrai demain, quelle chance, il existe encore. Au moins le départ...Je jubile.
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Voilà mon délice de demain : le bleu Je reste sur le jaune cet aprem |
Je remonte tranquillement jusqu'à mon camion, par chance j'ai cairné, sinon ç'eut été un peu compliqué.
Comme il est de bonne heure, je continue ma balade sur la piste forestière qui ouvre joliment sur le Canigou, la plaine et la mer, jusqu'à la rencontre du canal de Canaveilles, plus bas il se divise en deux branches, celle de droite finira sa course dans les prés, tandis que l'autre s'en ira mourir bien plus loin. Une rando à faire un jour, quand l'eau coulera. Après le 15 avril.
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Le Canigou et la mer brumeuse |
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Le petit train jaune sur le pont de la rivière Carança |
Llar m'accueille pour la nuit, la visite nocturne du minuscule village sous la pleine lune s'impose. Comme une enfant j'attends avec impatience d'aller découvrir le sentier aux 16 lacets.
En chiffres:
Sentier de St Génis : distance 5.92 km, dénivelé 234 m
Piste du canal : distance 2.2 km , dénivelé 90 m
Le trajet :
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Trajet approximatif |
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Même chose sur carte En bleu le projet de demain |
Comme toujours très agréable.J'adore ton entêtement à retrouver ce foutu sentier. L'idéal serait de le remettre en service mais bon... il ne doit pas avoir l'utilité de son passé. Ce que tu trouves là bas c'est le bien être, le plaisir, la passion , la zénitude : on le ressent à chaque paragraphe. Merci Amédine, ça fait du bien.
RépondreSupprimerTu sais j'ai pensé amener mon sécateur électrique quand j'irai le retrouver à son autre extrémité, pas pour en faire un boulevard, il me faudrait trop de temps, mais pour me frayer un passage quand nécessaire...c'est pas dit que je le fasse pas, mais si on m'y voit, je me fais une réputation de cinglée. Je devine après toute cette écriture sur lui son utilité d'ailleurs je vais ajouter la précision dans le blog, car je l'ai omise. Bises
Supprimermerci pour les belles découvertes que vous nous faites vivre .
RépondreSupprimerAvec grand plaisir, j'espère transmettre ce plaisir que j'ai à les découvrir moi même.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
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RépondreSupprimerIncroyable quand tu cherches tu trouves, bravo Amedine c'est vraiment de très belles découvertes que tu nous offres.Et quel panorama ! Bises
RépondreSupprimerTon com' étant passé 3 fois je me suis permis d'en supprimer 2. Oui j'arrive toujours à trouver, enfin presque, mais il m'arrive de m'y reprendre à 2 ou 3 fois, l'obstination paye. Je peux faire ces recherches que seule, je ferais craquer les gens !! Après si un jour vous voulez faire une belle rando je pourrai vous faire faire un circuit dans le secteur...bon, il y a des arbres !! Bises
SupprimerTu es persévérante, merci de nous avoir offert ce beau récit, c’est une belle découverte pour moi. Ce sentier oublié est un véritable belvédère. Tu es toujours dans l’insolite, c’est super. Bises.
RépondreSupprimerUn jour j'espère faire la boucle avec le sentier superbe de Thuès/llar. Aurai je le temps de faire tous mes projets, chacun en fait naître un autre ! Foutue curiosité...
SupprimerC'est super la curiosité. Profite bien de ces beaux endroits que tu es bien la seule à parcourir.
RépondreSupprimerEt sans doute les chasseurs ! J'en ai un en gestation, d'article, qui sera étonnant sur ce site où on est allées ensemble, ces gorges de la Têt. Bises, faudra qu'on se revoie un jour
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