Avant la route, terminée en 1892, il y avait un sentier qui joignait le Fenouillèdes des Pyrénées Orientales à l' Aude. Sentier humain, sentier commercial, sentier d'échanges et de communication, devenu à présent sentier de randonnée.
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Derrière la muraille notre parcours ph C Calvet |
Alors, lorsqu'on le parcourt, il faut garder ces deux aspects en ligne de mire, pour le comprendre et l'apprécier au mieux.
C'est ce que nous allons faire , Josy, Claude et moi, accessoirement Roxane. Que dis je ? Surtout Roxane!
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Vue de St Paul, la saignée des gorges, le sentier contourne par la droite |
Je pourrais présenter ce sentier de façon lapidaire "un joli sentier en milieu minéral puis végétal, harmonieux, équilibré, abrité, offrant parfois de jolies vues et souvent un monde végétal particulier, alliant la végétation méditerranéenne à l'humidité de la moyenne montagne". Et j'aurais tout dit, illustré de quelques photos .
J'ai envie d'offrir à mes lecteurs une présentation originale, montrant simultanément l'ancienne route et la nouvelle...enfin nouvelle depuis 130 ans....Pour rendre plus lisible mon originalité, je vais choisir deux couleurs de récit, une pour le sentier, l'autre pour la route : elle sera bleue
Alors partons pour un drôle de voyage.
Ce sentier, l'ancienne route, passe sur les hauteurs de gorges que nous ne verrons jamais, donc vous allez les découvrir en même temps et au fur et à mesure :
Le départ se fait à 1 km du parking des gorges, ce parking est grand, on ne peut le manquer; on va profiter du fait d'avoir deux véhicules .
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Départ du sentier |
Le sentier est, au départ, en couvert végétal, c'est aussi un parcours de trail, bien balisé. Très vite il sera à découvert. Ce matin le vent est violent et quelques giboulées s'annoncent, après la pluie de la veille et de la nuit, la nature s'apaisera t'elle ? Nous sommes déterminés!
Dès le début le sentier séduit, large, bien tracé, montée ferme mais équilibrée, il serpente dans une colline calcaire, rocheuse, arborée de buissons de chênes verts, arbousiers, chênes kermès. De petites jonquilles et des orchidées égayent le gris du sol, la vue porte loin sur la vallée de la Boulzane et la muraille des gorges se profile.
Le sentier fut muletier, 1.30 à 2.65 m de large, pavé aux endroits escarpés; les accidents de mule durent être nombreux.
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Ph Claude Calvet |
Un virage sec à droite et nous sommes à peu près au niveau de l'ermitage et du tunnel, dont nous ne verrons rien. Le chemin serpente en grimpant dans ce qu'on nommait jadis "le désert de St Antoine". Ce désert n'est autre qu'une succession de ravins, murailles, rocs, dents et chicots, couverts d'une végétation éparse On va progresser dans ce désert sur 1.5 km. Le vent reste discret, on le voit écheveler la nature au loin, mais le parcours reste protégé.
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Reste de pavage |
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On voit le sentier dans la rocaille |
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Le décor au loin |
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Le décor plus proche |
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Le Canigou, évidemment... |
Pendant ce temps, en bas, invisible, est la route : une solide route taillée dans le roc à coups de barre à mine, masses, pics, par des hommes encordés. En ces années 1885, la gorge de l'Agly, étroite de quelques mètres et profonde de plusieurs centaines de mètres résonne d'un vacarme qui recouvre celui du torrent et du vent furieux qui s'engouffre, il est juste dans son axe, et des hommes pendus à des cordes démolissent, taillent, étayent, construisent des murettes et creusent un tunnel.
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Saignée de barre à mine |
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Des rotondes |
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Des murs |
Il faudra attendre 1892 pour qu'enfin.....
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En terre battue |
Rien n'a vraiment changé : on se croise sur des plate formes aménagées déjà à cette époque, on recule beaucoup, on conduit prudemment et, l'été, la circulation y est alternée.
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Au volant sous la pluie |
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Sous la pluie |
Pendant ce temps, en haut, nous foulons avec allégresse l'ancienne "route" assurément moins accidentée !
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Sur l'ancienne route |
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L'ancienne route St Paul / Cubières |
Elle aussi passait entre des rocs, dans des reliefs escarpés.
Le parcours d'en bas se dessinait mais paraissait alors très aléatoire; aujourd'hui il est une des curiosités du département !
Ainsi, juste en dessous de nous, alors qu'on ne peut le voir, voici le décor : des rives qui se touchent presque et une rivière invisible qui gronde en bas
Un décor reste en commun, un instant seulement, vu sous deux angles différents : notre cher Canigou
Vu d'en haut
Et vu d'en bas...
Nous suivons, en haut un ravin étroit et profond, comme la route en bas, mais toutes proportions gardées ! Notre ravin est sec est reste un "correc", pas un défilé. Il a le joli nom de Rec de Coumo de Daniel, ravin de la Combe de Daniel. Qu'à donc fait un Daniel chez St Antoine, sinon se jeter dans l'Agly à l'aplomb de l'ermitage St Antoine?
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Ermitage St Antoine |
Le Désert de St Antoine se termine après la traversée d'un affluent du ravin, la "forêt" s'installe. Le parcours sera à couvert, on entendra le vent mugir davantage, mais on restera à l'abri parfait.
La forêt ne nous quittera plus, le Col das Souls (692 m 2.5 km) se profile et avec lui un très joli paysage, en bas la route sort du défilé et la vallée va s'évaser un peu, les baigneurs le savent bien en été.
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Forêt de chênes verts |
Alors, en bas, que se passe t'il ?
La route, pendant que nous marchons dans une forêt magnifique, dans une douceur incroyable, affronte le courant violent du vent qui retrousse l'eau, entrave la marche du piéton, et génère un invraisemblable vacarme !
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photo Claude Calvet |
Pendant ce temps, les voyageurs d'autrefois, s'ils marchaient sur le même chemin que nous, ne voyaient pas la même chose.
A la place de ces forêts, le paysage était bien plus clairsemé, en attestent des murettes visibles du chemin et des cortals (bergeries), marqués sur les cartes du 19 eme. Paysage plus ouvert, cultivé, empli d'animaux, et de vie. Pour nous, si ce n'était le vent, ce serait le silence immense qui emplirait l'espace....La balade est belle, nous sommes conquis par la beauté du site, son harmonie comme celle du sentier, oui littéralement conquis par cette randonnée.
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Col das Souls |
Les anciens toutefois voyaient comme nous ces murailles que nous avons contournées, au pied desquelles passe la route qui n'était qu'un futur incertain pour eux.
Des murailles redoutables mais à leur pied, en suivant la pente, un sentier se faufile avec une forte déclivité, auquel je rendrai visite bientôt.
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Sous la brève giboulée |
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Juste après son passage |
Comme nous, ils voyaient la fente du défilé qui irait en se resserrant, que connaissaient ils alors de ce lieu où seul Saint Antoine avait osé aller se nicher ?
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Le Bugarach |
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Petit en cas : ph C Calvet |
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Jonquilles miniatures |
Leur chemin, notre chemin, poursuit sa course un instant à découvert, cela fait du bien de prendre un bol de ciel. Puis à couvert. Jadis c'était moins couvert, il y avait des constructions et je crois, un moulin aussi. deux ruines jalonnent le sentier qui plonge brutalement vers l'Agly et...la route . Le chemin de Cubières.
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Avant de plonger dans la forêt, le Bugarach imposant |
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Et le tout petit et joli Camps sur Agly |
Dans cette forêt assez récente, certains arbres vénérables aussi variés que hêtres ou chênes présentent des caractéristiques dues à leur grand âge. Les blessures de leur vie.
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Les buis immenses et desséchés. |
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Dernier parcours en forêt, c'était des champs il y a quelques décennies |
A présent, nous arrivons à la route, juste au Moulin de l'Agly. Nos voyageurs d'autrefois poursuivaient vers le proche Cubières sur Cinoble, croisant ceux qui allaient au lointain St Paul de Fenouillet.
Nous, on se dirige vers les Gorges, profitant de la providentielle et pittoresque route, un voyage à elle seule. Les averses légères, fouettées par le vent violent nous cinglent et nos regards de vieux enfants dévorent ce paysage splendide : la rivière qui sautille de vasque en vasques, avant d'aller s'enfouir tout au fond des immenses falaises, que seuls les adeptes du canyoning peuvent découvrir, ce qui fut mon privilège en 2017. Je connais à présent tous les étages du site!
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La partie la plus étroite, au niveau de l'ermitage
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Il y a peu de circulation en cette mi journée maussade, et pas de visiteurs, la route est pour nous, dans un vacarme de passage de trains !
Alors on scrute, on se penche, on s'enfouit dans nos parkas, on visite du sol au plafond ce petit kilomètre de pur dépaysement.
En images :
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Du sol.... |
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Au plafond... |
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Le rouge domine ! |
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On entre dans l'antre |
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A bientôt ! |
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D'en haut ou d'en bas.... |
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Face au point de départ de la rando, il ne reste plus qu'à prendre le repas! |
Le trajet :
Distance : 10 km
Dénivelé positif cumulé, environ 420 m
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Tracé GPS C Calvet |
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Pointillés blancs : aller Pointillés bleus : retour par la route |
Je me suis un peu perdu entre le sentier, la route, l'ancienne route. Mais restent ton texte, vos photos. J'ai passé un bon moment de lecture . Les cartes m'ont motivé pour une relecture. C'est fort agréable. Merci à vous trois...quatre
RépondreSupprimerJ'ai essayé de rendre plus lisible, ce n'était pas une bonne idée de ma part cette innovation qui faisait de la balade quelque chose de pas linéaire. Je peux réécrire, le but n'est pas de semer mes lecteurs en cours de route !! hihi
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerSupprimé car en double
SupprimerJ'adore ces photos anciennes qui pour moi reflètent le bonheur peut-être un peu moins pour ceux qui l'ont vecu. Tu nous fais voyager dans le temps autant que dans la région. De bons moments, de bons souvenirs, vous voilà comblés.
RépondreSupprimerOui j'essaie souvent de mettre des images du temps passé, cela donne une autre vie. On s'est régalés c'est vrai, on avait un bon guide à poils de surcroit ! Bises
SupprimerIl me semblait refaire la rando avec en plus un récit intéressant, documenté et très vivant. Bravo, les photos et le texte sont dignes d’un pro. Merci de nous avoir fait découvrir ce beau sentier et pour les bons moments passés ensemble. Roxanne ne sait pas lire, je vais lui montrer quand même les photos....
RépondreSupprimerAcho me grade. Claude est conquis également.
Mais avec grand plaisir !! Il va falloir si on continue que Roxane apprenne à lire et écrire et je lui apprendrai à tenir un blog. Mes chats ont pas mal blogué. Bon je me suis autant régalée de faire cet article que de marcher avec vous. Donc on a fait du bon bouleau ! Bises
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