De retour de Parau, après un bain revigorant dans l' Oriège, je reprends la route, un petit 100 km à fond la forme, pour rejoindre mes amis Claude et Josy à Bessède de Sault. Aude, en ce charmant Pays de Sault que j'adore.
Soirée sympathique à côté de nos "camions", agrémentée de boisson pétillante et de grignotages énergétiques, une bonne nuit de sommeil, au matin, je suis en pleine forme. Je leur ai concocté une rando originale, qui se veut pas trop compliquée malgré la quinzaine de km, et qui a pour originalité d'être un sentier du curé. A l'époque où sans doute, le brave homme faisait la navette entre Bessèdes et Le Clat, mais on sait qu'ils étaient excellents marcheurs et que la soutane regagnait la valise, pour ne pas s'empêtrer dans roches et végétaux. Tous ne la remisaient pas pour les mêmes motifs que le curé de Nohèdes.
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Dans ce charmant décor serpente un sentier Le Sentier du Curé |
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Tout avait commencé la veille : convivialité au menu |
Surprise matinale : le parcours est interdit ! Tiens donc...un air de déjà vu...hier à Parau, 2000 m d'altitude. Les 900 m d'ici n'ont pas d'imagination.
On part quand même. J'ai une corde au cas où...Et la frontale, ce qui fait -encore- ricaner Claude..."Et si on trouve un trou ou une grotte ?" lui dis-je .
Le sentier débute à 1.5 km en aval du village et se présente sous forme d'une belle piste qui nous annonce la couleur. Cette piste était une route qui devait rallier Le Clat, mais un énorme rocher se détacha de la montagne, dévala la pente, traversa les deux routes et termina sa course dans le lit de l'Aude, près de 400 m en contrebas. Cet incident qui pouvait se répéter signa l'avis mortuaire de la route et son arrêt brutal nous surprendra dans le paysage, le contraste entre cette large voie et le relief vertical et tourmenté étant terriblement flagrant. Tiens cela fait penser à la route engloutie de Nyer / Mantet.
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Au départ |
On marche sur 3.5 km d' une route empierrée, bordée de murs de soutènement évasés pour la solidité mais parfois bien dégradés. La route, elle, n'a pas bougé. Impeccable.
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C'est clair !! Interdit |
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La roche d'ici |
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La route et sa large emprise |
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Arrêt brutal de la route, le sentier débute |
Le sentier sera vraiment le site dangereux par excellence. Il est escarpé ce qui n'en fait pas l'originalité mais la nature du terrain est absolument surprenante: rien de stable ni de solide. Des couloirs d'éboulis se succèdent, nus de tout végétal qui n'a eu aucune chance d'avoir le temps de faire racine, tout dévale à mort sur des centaines de mètres, le moindre caillou que l'on déplace file grand train, on perd son bruit alors qu'il roule encore. Rien pour freiner la course, on imagine la nôtre !!
Il fait très chaud sur ce sentier du Curé et sous le soleil de Satan....
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Vue générale de la vallée de l'Aude |
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et vers le haut |
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Vue plongeante sur la vallée |
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Photo J Calvet |
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Dubitative... |
Sans se consulter, on a choisi la même couleur...
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Couloirs de terre très glissants |
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Nombreux passages escarpés |
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Le décor |
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Prudence |
Je propose à Josy de faire avec la corde une main courante aux endroits les plus exposés mais elle refuse et finalement, très prudente, elle passe sans dommage malgré son appréhension palpable. Elle fait même de l'escalade pour le fun! Aussi studieuse que Roxane.
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Des ponts végétaux, chênes majoritaires |
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Chêne vert |
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Le vide |
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et même pas peur |
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Ancien balisage |
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Calcaire sanglant |
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Univers végétal et minéral |
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Une famille de grimpeurs |
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Et l'habituelle grimpeuse....ph C Calvet |
Le sentier est sous le couvert végétal ce qui gêne pour les points de vue, mais on est davantage occupés à regarder où on met les pieds! Pourtant quand le paysage s'ouvre, quel fascinant décor! La vallée tout en bas, les rochers pâles et sanglants au dessus de nous, les saignées d'éboulis, longs traits livides, et ce sentier qui serpente là dedans! On est étonnés d'avoir parcouru pareil relief!
Mais qu'est ce qui m'a fait trouver cet improbable "Sentier du curé " ? Une arête somptueuse, vue l'autre jour depuis la route qui longe l' Aude, m'a fait chercher sur la carte et j'ai découvert ainsi un Sentier du Curé qui louvoyait dans un relief des plus spectaculaires...Cette arête nous y sommes presque, mais elle reste inaccessible et gardera son mystère pour la postérité. Je l'entrevois, élégante, escarpée, je la nomme "Le pachyderme", j'aimerais bien lui caresser le dos...Allons ne rêvons pas...
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Mon "pachyderme" |
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Vue d'ensemble, ph C Calvet |
La chaleur est supportable. Mais on sue ! La surprise du jour est une vaste grotte - merci la frontale, Claude peut se moquer !- une grotte résurgence d'eau lors des pluies. On la visitera du sol au plafond découvrant des goulets d'eau, des araignées, des recoins cachés, et même des inscriptions du temps passé.
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La grotte |
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Monde calcaire |
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Monde "abyssal" et animal |
Pendant qu'on étudie minutieusement les détails, Josy construit un cairn comme si elle égrenait un chapelet...sentier du curé oblige et inspire...
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Le gardien |
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Dernier passage délicat |
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Près de la fin |
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Terrifiants éboulis |
Lorsque le sentier en a terminé avec son parcours tourmenté nous débouchons en vue du Clat, minuscule village posé au milieu de prairies dont une grande partie est à l'abandon. Comme le sentier qu'il faut chercher entre les murettes, avec de l'herbe jusqu'aux cuisses. Bonjour les serpents, fuyez devant notre meute!
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On vient de là (ph C Calvet) |
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Et on va là bas : Le Clat (11) |
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ça sent le serpent !! ou l'éléphant ? |
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A travers champs |
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Nous avons traversé tout cela |
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Un petit air de savane : ph C Calvet |
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Un petit air du temps : le Clat souffre du vent ! |
Le long retour offre plusieurs facettes: bien conseillés par un habitant, on choisira la solution de commodité, la route qui nous garantira un parcours plus confortable et aéré. Choix judicieux malgré une petite monotonie, le randonneur n'aime pas le goudron, ça chauffe les pieds. J'ai l'impression d'avoir changé de chaussures pour bien moins confortables.
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Le chemin de retour initialement prévu, mais il fait trop trop chaud |
L'ombre parfumée des sapins nous offrira une halte quasi fraîche et même le dessert sous forme de petites fraises des bois.
Et on reprend la route, on n'en voit jamais la fin. Il paraît qu'une ébauche de sentier doit nous faire un bon raccourci; justement, en fouillant du regard le bas côté, alors que Bessède nous nargue sous le soleil, roulé en boule à la manière d'un chapeau pointu, je vois une trace qui fonce dans le talus planté de sapins enchevêtrés.
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Enfin ! Je meurs de faim. Ph C Calvet |
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On en voit la fin...on ne sait pas que ce sera pire (Ph C C) |
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Bessède de Sault enroulé sous le soleil |
On dévale, soulagés, on franchit quelques fils de clôture gisant au sol et on pousse un grand soupir de soulagement en arrivant dans l'immense prairie sèche. Soupir qui se transforme en sueur froide, des bêlements se font entendre et trois patous hurlants se précipitent vers nous. Alors je me transforme en distributeur d'ordres ! Un rôle inhabituel. Ordres à Josy d'emmener Roxane dans ses bras le plus loin possible et de taire sa terreur, ordre à Claude de partir avec elle, ordre aux patous de se tenir à distance. Un dialogue s'installe entre eux et moi, entre mots, gestes et aboiements et finalement, ces chiens remarquablement dressés par les bergers nous emboitent le pas sans menace ni cris, juste en intimidation, leurs ordres muets valant les miens et enfin, voyant que le troupeau ne pâtira pas, ils nous abandonnent. Et dire que j'ai peur des chiens ! Sauvés ? Certes pas ! Une redoutable clôture barre notre sortie impitoyablement. Electrifiée ou pas ? Question sans réponse et sans solution. Revenir sur nos pas ? Impossible. Sauter ? Impossible. Josy trouve une première réponse, le piquets plastique peuvent s'incliner sans casser pour permettre de passer, et on passe. La seconde réponse, elle la trouve aussi, ce n'est pas électrifié car elle prend ses pieds dans la clôture et...reste indemne. Séance fou rire garantie.
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Nous avons dévalé toute cette pente pleine de piquant (s), dans quoi s'est on fourrés ? |
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Chasse aux patous Ph C Calvet |
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Dernier casse tête : la clôture de ce champ
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Plein soleil |
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Roxane hésite...encore du soleil et du goudron ? |
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Vertus magiques pour cette plante |
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Le retour vu par Claude |
Désormais on ne quitte plus la petite route, sous le "cagnard" du plein midi, buvant la moindre ombre d'arbres vénérables et enfin buvant délicieusement l'eau fraîche de la fontaine de Bessèdes.
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Bessède tremble sous le feu du ciel comme un mirage, ou un miracle |
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Le plein |
Avant la savoureuse boisson fraîche logée dans le frigo du camping car...Ah la modernité...Mon camion vintage ne fais pas grise mine, il n'est pas jaloux.
Evidemment je terminerai la journée par un bain tiède dans l' Aude, il ne manquerait plus que le pachyderme dévalât la montagne pour venir me rejoindre...
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A bientôt !! |
En chiffres :
Distance ; 15 km
Dénivelé cumulé évalué : +/- 400 m
Et la route : 100 km retour
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Tracé GPS Claude Calvet |
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Une grande partie du trajet , Géoportail |
Beaucoup d'humour comme d'habitude, un régal de revivre cette journée pleine de surprises en tout genre.
RépondreSupprimerMerci pour la maîtrise dont tu as fait preuve. Que du bonheur, bises.
Franchement, cela restera dans mes beaux souvenirs et pas qu'à cause du sentier ni du curé !! Mais de nos bons moments. Bisounets !
SupprimerTrès jolie aventure. Plus à ma portée au vu du bilan. Mais pour moi, l' interdiction ne m'encourage qu'assez peu. Donc je ne noterais pas. Merci Amedine pour ton texte et tes photos. Bizzz...
RépondreSupprimerOn avait fait tout ce chemin, on allait pas rester sur notre faim. Alors, on a foncé...avec précaution. Oui tu peux le faire, si tu veux je t'y conduis. Bises
SupprimerBravo Amedine pour ce conte ecclésiastique, sportif, original et sympathique. Allongé sur la plage de Canet, j'ai refait avec beaucoup de satisfaction notre randonnée grâce à ta prose agréable à lire et aux belles photos en illustration. Super "Conte d Amedine".Claude.
RépondreSupprimerMais que de compliments, cher touriste de plage. Allez, j'espère que nous aurons encore l'occasion d'inventer des contes sauvages en campagne ou en montagne. Bises
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