Une nuit étoilée. Même les étoiles sont bousculées par le
vent du sud. La brume, chassée, n’a pas eu son mot à dire. Je dors…je
m’éveille…j’ai hâte…par la porte entr’ouverte, je guette les étoiles, je guette
le jour. Il est là, calme et serein, le soleil dore les cimes et j’ai hâte de
voir ce qu’il y a après « la rampe ». Je vais donner des noms à la
montagne.
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Etangs de la Gardelle |
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Un pic trompeur : son sommet est finalement une plate forme |
Lundi 9 août, 7 h 40, 1644 m, je démarre, j’imagine un sentier escarpé au
début car je le vois et de tout repos ensuite car je le rêve…
"La rampe" : sur 648 m de long, cette déclivité de 133 m
me conduit à la vue sur le torrent de la Gardelle. Belle vue et souffle froid
qui suit l’axe du torrent en cascades. Je traverse.
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Torrent de la Gardelle |
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Vers l'aval , barrage de Soulcem |
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Vers l'amont |
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Vue générale au retour |
Une montée douce est un leurre, elle précède une pente raide
que je vais affubler de « couloir », 102 m bien tassés , souffle
court et jambes plombées. Oui j’ai 1300 D+ de la veille dans les
pattes.
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Le soleil jette un oeil furtif, c'est bon la voie est libre |
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ça grimpe bien ! |
Des fleurs, le bruit de la cascade, mon coeur qui
cogne, c’est rude.
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Une des cascades du Gardelle |
Une halte sur une dalle pour un rapide casse dalle et c’est
reparti. Un groupe de retraités me rejoint : « Vous verrez quand vous
aurez notre âge ! »…oups, j’y suis en plein, dans leur âge !
2104 m, 460 D+, 1 h de marche.
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Le sommet trompeur avec son toit plat |
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Et son arme posée à mi course! |
A présent c’est la fête et le repos : un long faux plat
permet de visiter du regard le paysage, escarpé à 360 °, au fond coule la
future cascade, en fond, un cirque minéral clôture la scène. Dans mon dos,
c’est couleurs bleues pour un relief. La féérie, enfin…
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Je vais la bas tout au fond |
Ainsi j’arrive à un groupe d’orris, ancienne estive
reconvertie en nouvelle estive, un orri, porte métallique close. Le reste à
tous vents, et une chambre qui me fait rêver avec source à son chevet et vue
imprenable. Altitude 2160, je n’en ai pas fini, il me reste …300 m, une
broutille ?
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Ancienne estive |
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Dans l'orri |
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Dans l'orri : vue imprenable |
Je quitte vallée large, fond plat et ruisseau en méandres serpentins, ciel bleu et prairies vertes, le mur de roche rouge est devant moi, où vais-je passer ? Un crochet à droite c’est « l’escabeau », une courte et sèche grimpette, plus impressionnante que pénible et j’arrive au pied du mur, sur « la petite prairie », dernier plat herbu et mouillé.
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Vers l'aval, d'où je viens |
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Vers l'amont où je vais |
Je prends le temps de
rêver à du grand n’importe quoi et donner du relief à mes rêves…si je monte par
là, en bifurquant ici et contournant cette barre rocheuse…ah oui mais faut pas
se tromper…il peut y avoir un étang, voyons la carte…et ça y va sur l’hypothétique
et le peu probable. La tête y est, les jambes…Bon pour l’heure c’est pas le
chemin. Le chemin je le suis à la trace par le groupe de retraités penchés et
lents, bon sang quelle « échelle ». Barreau après barreau, je la
franchis, bien balancée au final, et à 2331 m, après un petit 100 D+, je guette
les eaux du premier lac de la Gardelle. Ils sont quatre, le premier
m’accueille, frissonnant, il y a près de 2 h de marche, 3.64 km et 726 m que je
grimpe. Le reste sera bonus, j’ai « fini » la sacrée bavante.
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J'habille mes rêves de roche, eau et herbe, je remonte en pensée ce torrent |
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La "petite prairie" |
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Rude grimpette dans "l 'échelle" |
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Comme un air d' Escobes ce cylindre |
Ils sont quatre lacs, le premier est flanqué d’un îlot mais
comme c’est marée haute il est inaccessible à pied sec.
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Vu sous un autre angle |
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Août 2008, une couleur verte et des névés encore |
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Couleur 2008 et la petite île à marée haute |
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Couleur 2021 |
Le second sur la droite, un petit étage de 21 m au-dessus, est une mare, et le 3eme, le plus beau , 2420 m, est une beauté frémissante sous le vent glacé, entouré de murailles noires et éboulis ocres, il est le plus fascinant.
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Le tout petit |
Plus tard, à mon retour, en regardant d’anciennes photos, je découvrirai avec stupéfaction qu’il y a 14 ans jour pour jour, j’étais là, me baignant dans « un étang bleu marine, très glacé, où un gros névé baignait ses pieds », après un bain dans le premier lac, le silence étant si impressionnant que le moindre bruissement d’insecte « était un bruit d’autoroute ». « Le silence, le silence, est la lumière de la montagne » écrivais-je alors. « Il n’est pas implacable, étouffant, comme celui qui peut envahir une nuit, non, il est léger, il est chanson, il est musique, il est plénitude, il est repos, il est une denrée non pas rare, mais exceptionnelle »…En cette année 2008, je découvrais à peine la montagne. Les souvenirs, pourtant vivaces en moi, ont occulté cette journée là. Mon carnet est un témoin imparable, qui raconte.
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Le plus haut 2420 m |
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Août 2008...il y a bien du changement climatique |
Le silence n’est pas garanti, il y a du monde partout, des
chiens, que fais je donc en ce boulevard ?
Je file un étage plus haut, suivant de gros points jaunes
qui m’amènent à 2517 m sur un promontoire rocheux dominant un décor
époustouflant. Une cabane de berger nouvelle vague, discrète et élégante, un marcheur des cimes au pas rapide et fiévreux avec qui je discute, il file vers des cimes, au vu de son séjour ariégeois il est grand sportif !
A la côte 2517, le panorama des lacs est sublime
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Trois lacs, trois étages |
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Le plus haut 2420 m |
A la côte 2517, je retiens mon souffle : je savais qu'un étang était logé dans un site grandiose devant moi mais je n'imaginais pas ce que je découvre. Petit, transparent au possible, lové dans une cuvette, les jeux d'ombre et de lumière l'habillent d'une robe chatoyante. Il s'écoule par un fin ruisseau cascadant en un grand dénivelé, vers le barrage de Soulcem, grossi au cours de sa route par les étangs de la Gardelle et autres ruisseaux. Sa couleur, il la doit peut être à la couleur rouge et ocre dominante dans le paysage. Bien sûr je m'offre un tout petit bain, l'eau est terriblement glacée, avec un maillot je crois que je l'aurais traversé à la nage !
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Et le merveilleux Canalbonne 2500m |
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Autre lumière |
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Tenue encore "grand froid" |
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Et un instant plus tard après le bain |
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Les voisins |
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Le ruisseau de la Gardelle naît ici devant; en fond les étangs |
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Couleur locale |
Je ne m'attarde pas car un groupe de jeunes touristes envahit le site et chasse ma quiétude.
Retour rapide vers les lacs, le grand lac sombre est balayé à présent par un vent furieux et des vaguelettes hérissent sa surface, Méditerranée miniature. En marchant je me sèche au vent glacé car j'ai commis la bêtise de tomber à l'eau habillée ! Mon séant sera au frais pendant toute ma descente !
Il me reste un des quatre La Gardelle à aller saluer. Il y a du monde partout, pourtant la montée est rude. Chacun s'abrite pour pique niquer, le ciel est resplendissant mais pas le vent. Ce lac, je le regarde d'en haut, 2404 m, je ne franchis pas la courte descente pour aller caresser ses reflets, il est plus beau ainsi.
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Le dernier des quatre dans mon sens de visite |
Ensuite je reprends le chemin à l'envers, descente rapide et ininterrompue, en 1 h 45, 195 km de route m'attendent. Descente qui requiert de l'attention pour des jambes un peu usées.
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Y a plus qu'à ...descendre en bas là bas, au fin fond |
Couleurs et matières...le granit, le schiste, l'eau, l'herbe, des fleurs encore, c'est intense. Le barrage de Soulcem qui s'approche dans sa plendeur alanguie, tout de long étiré
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Caillou de feu : du fer |
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Quand le schiste et le granit se fondirent entre eux |
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Comme un tapis |
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Comme un cadre |
J'aurais pu faire la boucle par Roumazet, attirante aussi, mais le paysage m'a tellement plu que je veux le revoir en sens inverse et je ne serai pas déçue; la lumière plus brutale a changé mais elle sculpte les reliefs et mes yeux se perdent et se délectent dans des détails, des couleurs, des lumières. J'assiste même au combat improbable entre un oiseau de proie et un petit oiseau qui gagnera la partie, moment intense.
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Le barrage de Soulcem |
En 2008, je n'avais pas emprunté ce sentier à la montée et j'écrivais dans mon livre de bord :"Le sentier est implacablement abrupt, je ne sais si un jour j'aurai le courage de le faire à la montée". Et bien je l'ai fait et avec 14 ans de plus.
Je peux donc me permettre de nourrir mes prochains objectifs, un projet musclé qui date lui aussi de 2008 !
En chiffres
Distance : 9.71 km
Dénivelé positif : 950 m
Temps de marche : 4 h 27
La route du retour : 195 km
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Le trajet en aller retour |
Encore une belle randonnée que je découvre ! De là-haut me vient une petite fraîcheur ! Quoique plus on monte plus il fait chaud ! Tu m'épates et tu m'épateras encore Amédine. Bravo pour toute cette énergie dont tu nous fais profiter. ASP
RépondreSupprimerEn tout vas je suis en pénitence en plaine pour ce WE du 15 août et j'ai rédigé pour me rafraichir. Quina calou ! Je t'embrasse très fort, tant mieux si je t'ai apporté un souffle de frais et de l'évasion
SupprimerUn superbe parcours, tu es revenue chargée de belles images, j'y étais en les visionnant. Bises
RépondreSupprimerEffectivement et il me tarde de reprendre la rando avec vous, si toutefois vous en avez envie ... Bises
SupprimerMais oui il faut juste qu'Alain teste sa patte sur une longue distance et ce sera reparti ;)
SupprimerAvec plaisir
SupprimerQue c’est beau ! Tu me donnes envie de découvrir ces lacs même si la montée est rude. Les photos sont splendides et tu racontes très bien ta rando, on a l’impression d’y être, merci. Il me tarde de bivouaquer et de randonner ensemble dans ce lieu magique. Bises, y que baji bé !
RépondreSupprimerJ'ai une proposition. Connaissant bien le terrain on fera une boucle on montera par Roumazet et on descendra par cet endroit si abrupt, ça nous reposera et rendra la rando bien plus agréable. Je me ferai un plaisir de vous faire découvrir ça. Bises
SupprimerC'est OK pour nous et avec grand plaisir aussi.
RépondreSupprimerOn se concocte ça ! J'ai d'abord un projet fou à partir de Soulcem, un 3000 et ensuite repos en lacs
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