Quand j’étais petite mon plus grand plaisir était de grimper
au grenier, gravir la lourde échelle de chêne fabriquée par un lointain
ancêtre, soulever la lucarne et me jucher sur le toit, à plus de 12 m de haut
pour contempler…Un peu plus grande, adolescente, mon grand plaisir était de
grimper sur le nouveau toit, un étage plus bas…et d’y installer ma couche pour
la nuit…frisson d’adrénaline …ne pas tomber quelques mètres plus bas, sur la
terrasse.
Alors il ne faut pas s’étonner si j’aime tutoyer sommets, crêtes , arêtes ,
voire falaises.
Ainsi ce dimanche 21 mai, juste avant la séance d’escalade à
laquelle me convie Ludo, je vais arpenter un sentier sur le toit, le toit des
falaises d’escalade de Vingrau (66) .
Partie des falaises d'escalade |
La Serra de Vingrau (les 20 marches) est une montagne point
trop haute ni trop longue (2 km) mais suffisamment escarpée pour que quelques
centaines de voies d’escalade allant de quelques mètres à plus de 100 m y soient
ouvertes. (400 voies du niveau 4 au 8)
Vue d'ensemble : décembre 2016 |
Portant des noms très
surprenants. En voici un échantillon…"l'huître", "tronche de crise", "le silence est d'or", "pierre de lune", mais aussi "la cidalle et la four spits", "Harold sur le bidet"," peau douce" etc...Un vrai livre de lecture éloquent et évocateur. Je m'abstiendrai d'en citer certains ...lol
Cette « Serra » est curieusement faite comme une
maison : un rez de chaussée, un étage et un toit.
Je commence par le toit sans savoir que quelques jours plus
tard, je tâterai des deux autres niveaux.
Un sentier pentu conduit en peu de temps à l’aplomb des
falaises de grimpe, désertes en ce matin flambant neuf. Le sentier, balisé et
cairné court dans la végétation typique de garrigue calcaire où prédomine le
buis odorant et âcre, le genévrier, le chêne, les lavandes, romarins, cistes et
autres buissons odoriférants.
Puis je débouche sur la crête calcaire qui domine un à pic
sans fond et je poursuivrai mon périple au plus près de la cime, fort heureuse
de jeter des regards sur le paysage que je domine.
Montent à moi les bruits de la vie d’un dimanche matin :
escadrons de motos, voitures, cyclistes
quasi silencieux et un ou autre paysan courageux en ses vignes.
Par contre pas le moindre animal ou humain ne viendra
apporter sa touche personnelle sur cette faîtière d’un toit bien particulier.
Couleurs, lumières, une des belles atmosphères de ce pays de
Corbières que j’aime tant.
Et puis le caillou, la roche, en tous ses états :
compacte, dressée en falaises, étalée en éboulis, creusée, striée, tavelée, en
dalles ou en dentelle, percée, fissurée, creusée, le calcaire , enfin.
Constellé de fleurs multicolores. Le printemps du calcaire.
Constellé de fleurs multicolores. Le printemps du calcaire.
Falaise en à pic |
Je suis à mon aise.
La chaleur est intense ; la mer et les étangs tout
proches sont noyés de cette brume de chaleur, bleutée, la brume marine . Je
scrute ce paysage familier et si différent vu sous cet angle. Les Albères prenant leur bain de pied, les étangs
immobiles surmontés des graciles
éoliennes, le verdoiement des vignes entre terre et mer.
La mer au loin et toute proche |
Au premier plan le château d' Opoul puis les étangs et la mer |
De l’autre côté l’ Aude et ses maquis compacts et sombres,
le Mont Tauch tout plat, les villages
dorés sur fond de Pyrénées, je remplis mes yeux de paysages familiers
vus sous un angle neuf. Comme c’est étrange…
Aude et Mont Tauch |
Comme c’est beau…
le Canigou a commencé par montrer juste son nez derrière les reliefs tabulaires, mais, curieux, il s'est imposé.
Désormais il ne me quittera plus.
Je me retourne souvent pour le regarder.
Il fait chaud et soif, je rationne mon
petit litre d’eau…Quelle sotte ! Je ne suis pas en haute montagne, juste
aux environs de 500 m et pourtant…
La végétation agressive griffe sans pitié mes cuisses et j'essaie parfois de me glisser de biais dans le sentier pour éviter ces griffus redoutables. J'ai oublié qu'ici il faut protéger sa peau. Non cette voie que j'ai choisie ne pourrait se nommer "Peau Douce" :-)) . Mais "ça valait le détour" oui.
Mort de soif |
Pourtant il ne faut aller ni haut ni loin pour trouver
un réel
enchantement doublé d’un réel bonheur.
Je marche, je marche, je crois que je pourrais aller tout au
bout…mais de quoi ? Où finit ce sentier sur le toit ? J’aimerais bien descendre par un de ces
couloirs qui se glissent entre les falaises mais tomberais-je sur une impasse,
un de ces murs de pierre qu’on descend en rappel ?
Je scrute les falaises, je vais au bout des promontoires, je me penche vers ces vides mystérieux d'où ne monte que le silence....
Je scrute les falaises, je vais au bout des promontoires, je me penche vers ces vides mystérieux d'où ne monte que le silence....
Tout en bas, Vingrau Les falaises du toit; il y en a encore deux étages plus bas |
Prudente je reste en haut et j’arrive ainsi au pylône couché dont je fais mon terminus. Point culminant; 576 m. Quelle main de géant a couché et tordu ce colosse rouillé ? Quelle gifle de tramontane a-t-il prise pour faire ainsi profil bas ? Aucun humain n’a eu pitié de lui et il finit ses jours comme une pitoyable silhouette que nul ne redressera jamais. Entre vents et rochers.
Alors, la matinée étant fort avancée, je me résous au demi tour, en sachant déjà que l'envie de revenir me taraude car je veux aller plus loin, pas plus haut non, pour une fois, juste plus bas !
Plus loin...tout là bas...la prochaine fois |
Trouver un sentier, un couloir, traverser ces parois, les longer, les admirer du bas puisque du haut, tout bêtement...on ne les voit pas !
Falaises vues d'en bas |
Un peu plus tard, j'admirerai les grimpeurs suspendus à leur filin .
Avant que d'aller fort modestement faire quelques pas verticaux en compagnie de Ludo et sa famille sur les rochers joliment nommés "des abeilles"...
Depuis le flanc de la falaise des Abeilles, en escalade sur la voie "le Col - 4" (je n'ai pas tenté "Boitacon" !) |
Et en haut de la falaise où je suis montée... à pied ! |
Fin de la première partie
A suivre : "De la lumière à tous les étages" : la Serra de Vingrau
A suivre : "De la lumière à tous les étages" : la Serra de Vingrau
La vue, la roche tout est beau sur cette serra de Vingrau !
RépondreSupprimerJ'adore ! Très belles photos ! Merci Amedine.
Ah oui je ne m'attendais pas à découvrir pareil circuit ni pareil paysage. J'ai adoré et j'y reviendrai une 3 eme fois encore
Supprimerje ne connais pas beaucoup cette partie de notre département et la serra de Vingrau. Mais tu m'as donné envie de la parcourir. Je l'éviterai cet été. Cela se fera à l'automne ou au printemps prochain, lors d'une future visite. En attendant je te lis avec un énorme plaisir, à chaque aventure renouvelé.
RépondreSupprimerun plaisir aussi de partager mes balades et expériences. Amitiés. Amédine
SupprimerC est vrai Amédine que du Pas de L Échelle on peut rester longtemps en admiration devant Le Paysage :) J espère qu il Y a toujours Le Lavoir à Vingrau " comme avent " :) Merci pour Les Photos si Belles de La Roche qui fait fi du temps qui passe Lol :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)
RépondreSupprimerle lavoir ? Oui je l'ai vu, il a été restauré. Tout un ensemble a été restauré autour du lavoir. Bisous caludie
Supprimerpardon, Claudie, j'inverse souvent les lettres en tapant
SupprimerCC... Toujours un grand plaisir d'admirer les merveilleuses photos qui accompagnent ton périple !!!
RépondreSupprimerBelle semaine, Bisous, Câlins @ tes Félins
Merci pour tes compliments; a bientôt pour la suite, de belles photos à venir
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