vendredi 27 octobre 2017

Le dernier village de France (2 eme Partie)

A quelques jours d'intervalle, je passai deux nuits sur la plage de Cerbère. Ou presque; dans mon camion, portes ouvertes sur la nuit et sur la mer. La grève succédait à mon lit et la mer également.
La première nuit fut paisible, un silence parfait troué par le dernier train de la nuit. Lumière blonde, mer étale et silence de fin de saison. La seconde nuit était ventée,bruissante dans les palmes mais murmure sur la mer; les vagues s'entendaient au delà de la jetée. Quelques fêtards tardifs m'obligèrent à fermer la porte.

Le Cerbère nocturne entamait sa nuit que viendrait rosir de plaisir l'aube. Quant au soleil, il me faudrait reprendre la route pour que l'on se saluât réciproquement !

Depuis mon lit...



Ici aussi

Depuis la route de l' Espagne
 Mais nous n'en sommes pas là...
Cerbère riche de son passé conté en un précédent billet m'a révélé sinon ses secrets, du moins de multiples facettes.
Y a t'il meilleure façon de s'imprégner d'une ville que de s'y promener "hors saison" à une heure où l'on ne s'y promène plus ?
Le soir...Le matin...
Je fais mes premiers pas de convalescente à Cerbère, un symbole il va sans dire.
Cerbère est vraiment un village étonnant. Dont la figure emblématique est le "Belvédère" construit entre 1928 et 1932.


Le ruisseau, Le Riberal, bouleversé avec la construction de la gare a ses marques aujourd'hui et ses colères qu'on ne peut oublier un seul instant.
Il est endigué, cimenté, il sert de rue et de parking, il est bordé de trottoirs au dessus de notre tête quand on arpente son cours mais...il est des passerelles haut perchées permettant de passer d'une rive à l'autre, il est aussi, à chaque maison, une barrière vissée, de plus en plus haute vers l'aval, vers la mer, destinée à empêcher les crues d'investir les maisons riveraines. Quand on voit la hauteur, ça impressionne !


Le Ribéral et sa nouvelle fonction de rue et parking
Vue prise depuis une des passerelles aériennes






Le moyen de lutter contre les crues

Avez vous vu un village où on grimpe plusieurs marches pour accéder aux trottoirs ? A Cerbère, évidemment...
Trottoirs et protection contre les crues
alors que le ruisseau est bien en contrebas

Ma balade du soir, incongrue, me fait arpenter la rive gauche , fort coincée entre la rivière et la muraille de la gare: peu importe l'étroitesse c'est comme un jardin d' Eden : des venelles, des placettes, des fleurs hors saison, des patios, un art de vivre discret voire caché . J'en  suis émerveillée.




La promenade matinale, rive droite c'est faire un pas en Italie. Un peu d'escalade car ce ne sont qu'escaliers/rues, raides, perchés, tourmentés, cernés de balustrades, au milieu des maisons colorées: on prend de l'altitude et Cerbère dévoile ses facettes ; les bougainvillées colorés, les maisons imbriquées, le mur de soutènement, immense, l'étendue devenue inutile de la gare internationale, les collines couvertes de vignes ruinées, la pierre brune et la terre ocre , et puis ce ciel bleu, par dessus tout...Un voyage aérien dont on n'a pas envie de redescendre...


Une rue

Une rue



Et encore une rue



La place de Cerbère
La vie pourtant se concentre autour du ruisseau / rue / parking : commerces, place aux vastes platanes, petit marché discret, boulangerie forum, et enfin le front de mer coloré, vivant, qui accroche les derniers chalands avant le silence et l'absence dus à l'hiver. J'en fais partie de ces chalands, moi qui bois un verre en terrasse avec un plat de menu fretin ou bien qui une semaine plus tard m'offre un vrai repas, alors que le vent fou fait chanter les premières feuilles tombées, ivres mortes .



Un collioure blanc

Café de la plage par vent d'automne







La photo est floue mais on y mange bien
café de la plage















Front de mer

Quelques jours plus tard, dans un autre matin soleil, je continue ma découverte. Une seconde partie de la "rive italienne" de Cerbère. C'est ainsi que je la nomme. C'est beau. Mais avant de m'envoler vers le ciel,  j'ai fait une excursion sous la gare. Oui sous la gare; un réseau de tunnels et galeries permettent de traverser la gare . Sous les voies, dans la muraille. La route suivie est celle des mas , celle là même qui emprunte le cours rectifié, dompté et détourné du Ribéral.  La circulation gronde fort sous ces voûtes et mes pas résonnent. Je suis des yeux les anciennes canalisations, l'ancien réseau électrique avec ses porcelaines blanches, tout est en place, inutile et plaisant musée. Un grand puits de lumière, circulaire, flanqué d'un inutile escalier désaffecté attise ma curiosité. Je n'en saurai pas davantage ...

Le tunnel, le puits de lumière
et l'escalier désaffecté




Mais  quittons un instant Cerbère, le temps de voir se lever un soleil incandescent et de gagner la frontière quelques km plus loin et un peu plus haut.


Une douane ruinée, un monument à l'exode et devant moi s'étend, immense, l'Espagne dont je ne vois que la mer et le port de Port Bou, le port pas le village bien caché dans son anse.
Bien cachée aussi la dernière borne frontière des Pyrénées, numérotée, la 602,  dissimulée dans une grotte au ras de l'eau et accessible seulement par la mer.

Le premier village d' Espagne : Port Bou

Alors, je retourne sur mes pas et que vois je soudain ?



Mais le premier village de France, bien sûr!...Cerbère !



13 commentaires:

  1. C'est joli Cerbère et avec ton récit j'ai envie de retourner explorer de plus près ce village . Le pont derrière immense...je me souviens un peu mais c'est si loin. ..bonnes balades. Bisous

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    1. Et bien lors d'un prochain grand séjour ici (ou petit) ce sera chose à faire avec aussi le col de Banyuls, La Salette , Maillol etc... Cette côte est riche de trésors cachés ou moins cachés. Bisous

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  3. bonjour,pour info l escalier desaffecté servait à l époque à rejoindre la gare,un raccourci pour les cheminots et cerbèriens!!beau reportage

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    1. ça c'est ne nouvelle de taille, aussi grande que cet escalier et je vous en remercie vivement car personne ne me donnait l'info. merci de votre passage sur "mon" Cerbère

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  4. Merci Lison pour ce magnifique reportage sur Cerbère ! Moi, la Catalane (exilée maintenant dans le Gard !!!) je ne connais pas vraiment Cerbère, et pourtant ... j'ai fait mes premiers pas à Port-Vendres où mon père était boulanger il y a ... allez disons 68 ans. Ton billet est superbe, et vraiment j'ai honte de ne pas avoir découvert Cerbère en "profondeur". Promis, j'y retourne très bientôt ! Bisous.

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    1. Je sais que cette CATALANE exilée me suis sur tous les chemins y compris les Cévenols...Ah mon Noël en Cévennes de 2016, quel bonheur ce fut de voir autrement la Cévenne profonde. J'y retournerais presque à ce Noël...Bon revenons ici Je suis contente que cela t'ait plu. Dans quelques jours, si tu me suis, tu pourras voir la côte en vues aériennes sur mon blog. Bisous

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  5. CC... Merci pour ce magnifique partage !!!
    Douce soirée, Beau dimanche, Bisous, Câlins

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    1. Merci Miss, à toi aussi beau dimanche avec une heure en plus on en profitera mieux :-)) Bisous de nous

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  6. Merci Amédine, je découvre Cerbère. Pourtant nous avons dû y passer mais je n'en ai aucun souvenir... à part la rencontre avec les douaniers dans les collines :-)

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    1. Et bien à présent tu connais ! Même si tu n'as plus l'occasion d'y revenir. Le temps passe, c'est loin pour toi mais si tu as le mal de France (métropole) tu reviendras. Je t'embrasse , secouée par le vent d'automne. Je rentre d'une captivante balade en Espagne que je conterai

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  7. Bonjour, Comme toujours superbe reportage et même quand on connaît un peu ça donne envie d'y retourner car on se dit "tiens ça je ne l'ai pas vu !, ce truc m'avait échappé ! ". Et puis toujours de très belles photos. Un régal !
    Merci. Amicalement. Gilbert

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    1. Merci beaucoup Gilbert, tu sais combien j'apprécie aussi tes reportages ! Nous avons en commun un certain regard. Amitiés

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